rica, ricinium


RICA, RICINIUM. - — Pièce de vêtement. On discute sur le sens précis du mot. Les uns y voient un manteau, d'autres un voile ou même un simple mouchoir posé sur la tête. Il est probable que les définitions différentes des auteurs correspondent aux étapes successives qui, à travers les âges, ont peu à peu conduit la rica ou ricinium, manteau, à n'être plus qu'un simple voile couvrant le haut des épaules ou la tête. Une description fort claire en est donnée par Festus : vêtement de forme carrée, muni de franges, de couleur pourpre ; c'est celui que portait la flaminica, femme du flamine. D'autres la disent de laine blanche ou teinte de couleur bleuâtre. C'était donc un très ancien costume, une véritable palla qui avait précédé la toge ronde, et qui pouvait être même attribuée aux hommes ; les mimes au théâtre la portaient encore et étaient riciniati. On l'assimile aussi à la toge prétexte avec le clavus de pourpre. Une très ancienne statue de Jupiter le représentait riciniatus. Les quatre jeunes garçons patrimi, qui assistaient les frères Arvales dans leurs cérémonies, étaient riciniati. Les femmes romaines mettaient ce vêtement dans les funérailles ou dans les deuils publics pour exprimer leurs sentiments graves et douloureux. On ne peut donc pas douter que nous ayons affaire à un manteau d'origine fort ancienne, à un pallium porté en forme de châle, analogue, comme nous l'avons déjà noté, au mafors ou mavortium. D'autres textes, parlant du ricinium, que l'on porte double et que l'on rejette en arrière, confirment le fait.

Mais tout le monde sait que dans les temps anciens, à Rome comme en Grèce, les femmes, pour s'abriter contre le soleil ou les intempéries, avaient l'habitude de ramener leur manteau en voile sur leur tête. Par conséquent, on pouvait être insensiblement amené, une fois la palla et la stola adoptées pour le costume féminin, à ne donner à l'ancienne rica ou ricinium que l'aspect d'un voile, d'une sorte de mantille, comme le κρήδεμνον et la καλύπτρα des Grecs, ou même d'un mouchoir de tête. De là, les textes qui représentent les ricae, riculae et ricinia comme des palliola, abritant seulement la tête, ou comme un simple sudarium. C'est une transformation et une réduction de l'antique vêtement.
                                                                                             E. Pottier.