Versions grecques


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Trois sources sacrées en Inde
      
        
voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 66; éditions Gallimard.


           
 


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[4] ἐπεὶ δὲ πλησίον ἐγένοντο καὶ εἶδον ἀλλήλους, οἱ μὲν Ἰνδοὶ προτάξαντες τοὺς ἐλέφαντας ἐπῆγον τὴν φάλαγγα, ὁ Διόνυσος δὲ τὸ μέσον μὲν αὐτὸς εἶχε, τοῦ κέρως δὲ αὐτῷ τοῦ δεξιοῦ μὲν ὁ Σιληνός, τοῦ εὐωνύμου δὲ ὁ Πὰν ἡγοῦντο· λοχαγοὶ δὲ καὶ ταξίαρχοι οἱ Σάτυροι ἐγκαθειστήκεσαν· καὶ τὸ μὲν σύνθημα ἦν ἅπασι τὸ εὐοῖ. εὐθὺς δὲ τὰ τύμπανα ἐπαταγεῖτο καὶ τὰ κύμϐαλα τὸ πολεμικὸν ἐσήμαινε καὶ τῶν Σατύρων τις λαϐὼν τὸ κέρας ἐπηύλει τὸ ὄρθιον καὶ ὁ τοῦ Σιληνοῦ ὄνος ἐνυάλιόν τι ὠγκήσατο καὶ αἱ Μαινάδες σὺν ὀλολυγῇ ἐνεπήδησαν αὐτοῖς δράκοντας ὑπεζωσμέναι κἀκ τῶν θύρσων ἄκρων ἀπογυμνοῦσαι τὸν σίδηρον. οἱ Ἰνδοὶ δὲ καὶ οἱ ἐλέφαντες αὐτῶν αὐτίκα ἐγκλίναντες σὺν οὐδενὶ κόσμῳ ἔφευγον οὐδ´ ἐντὸς βέλους γενέσθαι ὑπομείναντες, καὶ τέλος κατὰ κράτος ἑαλώκεσαν καὶ αἰχμάλωτοι ἀπήγοντο ὑπὸ τῶν τέως καταγελωμένων, ἔργῳ μαθόντες ὡς οὐκ ἐχρῆν ἀπὸ τῆς πρώτης ἀκοῆς καταφρονεῖν ξένων στρατοπέδων.



[6]
Ἐγὼ δέ, ἐπειδήπερ ἔτι ἐν Ἰνδοῖς ἐσμέν, ἐθέλω καὶ ἄλλο ὑμῖν διηγήσασθαί τι τῶν ἐκεῖθεν, οὐκ ἀπροσδιόνυσον οὐδ´ αὐτό, οὐδ´ ὧν ποιοῦμεν ἀλλότριον. ἐν Ἰνδοῖς τοῖς Μαχλαίοις, οἳ τὰ λαιὰ τοῦ Ἰνδοῦ ποταμοῦ, εἰ κατὰ ῥοῦν αὐτοῦ βλέποις, ἐπινεμόμενοι μέχρι πρὸς τὸν Ὠκεανὸν καθήκουσι, παρὰ τούτοις ἄλσος ἐστὶν ἐν περιφράκτῳ, οὐ πάνυ μεγάλῳ χωρίῳ, συνηρεφεῖ δέ· κιττὸς γὰρ πολὺς καὶ ἄμπελοι σύσκιον αὐτὸ ἀκριϐῶς ποιοῦσιν. ἐνταῦθα πηγαί εἰσι τρεῖς καλλίστου καὶ διειδεστάτου ὕδατος, ἡ μὲν Σατύρων, ἡ δὲ Πανός, ἡ δὲ Σιληνοῦ. καὶ εἰσέρχονται εἰς αὐτὸ οἱ Ἰνδοὶ ἅπαξ τοῦ ἔτους ἑορτάζοντες τῷ θεῷ, καὶ πίνουσι τῶν πηγῶν, οὐχ ἁπασῶν ἅπαντες, ἀλλὰ καθ´ ἡλικίαν, τὰ μὲν μειράκια τῆς τῶν Σατύρων, οἱ ἄνδρες δὲ τῆς Πανικῆς, τῆς δὲ τοῦ Σιληνοῦ οἱ κατ´ ἐμέ.




[7]
Ἃ μὲν οὖν πάσχουσιν οἱ παῖδες ἐπειδὰν πίωσιν, ἢ οἷα οἱ ἄνδρες τολμῶσι κατεχόμενοι τῷ Πανί, μακρὸν ἂν εἴη λέγειν· ἃ δ´ οἱ γέροντες ποιοῦσιν, ὅταν μεθυσθῶσιν τοῦ ὕδατος, οὐκ ἀλλότριον εἰπεῖν· ἐπειδὰν πίῃ ὁ γέρων καὶ κατάσχῃ αὐτὸν ὁ Σιληνός, αὐτίκα ἐπὶ πολὺ ἄφωνός ἐστι καὶ καρηϐαροῦντι καὶ βεϐαπτισμένῳ ἔοικεν, εἶτα ἄφνω φωνή τε λαμπρὰ καὶ φθέγμα τορὸν καὶ πνεῦμα λιγυρὸν ἐγγίγνεται αὐτῷ καὶ λαλίστατος ἐξ ἀφωνοτάτου ἐστίν, οὐδ´ ἂν ἐπιστομίσας παύσειας αὐτὸν μὴ οὐχὶ συνεχῆ λαλεῖν καὶ ῥήσεις μακρὰς συνείρειν. συνετὰ μέντοι πάντα καὶ κόσμια καὶ κατὰ τὸν Ὁμήρου ἐκεῖνον ῥήτορα· νιφάδεσσι γὰρ ἐοικότα χειμερίῃσι διεξέρχονται, οὐδ´ ἀποχρήσει σοι κύκνοις κατὰ τὴν ἡλικίαν εἰκάσαι αὐτούς, ἀλλὰ τεττιγῶδές τι πυκνὸν καὶ ἐπίτροχον συνάπτουσιν ἄχρι βαθείας ἑσπέρας.

Τοὐντεῦθεν δὲ ἤδη ἀφεθείσης αὐτοῖς τῆς μέθης σιωπῶσι καὶ πρὸς τὸ ἀρχαῖον ἀνατρέχουσι. τὸ μέντοι παραδοξότατον οὐδέπω εἶπον· ἢν γὰρ ἀτελῆ ὁ γέρων μεταξὺ καταλίπῃ ὃν διεξῄει τὸν λόγον, δύντος ἡλίου κωλυθεὶς ἐπὶ πέρας αὐτὸν ἐπεξελθεῖν, ἐς νέωτα πιὼν αὖθις ἐκεῖνα συνάπτει ἃ πέρυσι λέγοντα ἡ μέθη αὐτὸν κατέλιπεν.
                                                                          Lucien, Bacchus, 4, 6 et 7

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[4] Quand ils furent proches, en vue les uns des autres, alors que les Indiens avaient rangé leurs éléphants à l'avant et lançaient la phalange, Dyonysos lui-même s'était placé au centre, Silène commandait son aile  droite et Pan la gauche. Les Satyres étaient lochages et taxiarques, et le mot d'ordre général était évohé. (Tout à coup le tambour résonne, les cymbales font entendre un bruit guerrier. Un des Satyres, prenant une corne, sonne le nome orthien. L'âne de Silène se met à braire d'un ton martial. Les Ménades, ceintes de serpents, bondissent en hurlant, et mettent à nu le fer de leurs thyrses. Les Indiens et leurs éléphants ploient bientôt et prennent la fuite en désordre, sans oser s'avancer à la portée du trait. Enfin, ils sont complètement vaincus et emmenés prisonniers par ceux mêmes dont ils se moquaient tout à l'heure, apprenant par cette issue qu'il ne faut jamais mépriser, sur le bruit de la renommée, des troupes que l'on ne connaît pas).




[6]
(En tout cas, que ces gens-là fassent ce qu'ils veulent, l'audition  est libre !) Pour ma part, pendant que nous sommes encore chez les Indiens, je veux vous raconter une autre histoire de là-bas, qui n'est pas sans rapport avec Dionysos, ni étrangère à notre entreprise. Chez les Indiens Machléens, qui habitent la rive gauche de l'Indus (si l'on regarde le fleuve dans le sens du courant) et vivent jusqu'à l'Océan, se trouve un bois sacré, dans un enclos fortifié, un site qui n'est pas très grand et touffu (du lierre abondant et des vignes l'ombragent totalement). Ils renferment trois sources d'une eau très belle et très transparente. L'une est celle du satyre, la deuxième de Pan, la troisième de Silène. Les Indiens vont dans ce bois une fois  par an pour fêter le dieu. Ils boivent aux sources, mais non tous à chacune indistinctement. Ils choisissent en fonction de leur âge, les adolescents boivent à celle des  satyres, les adultes à celle de Pan, et à celle de Silène les hommes de ma génération.



[7] Ce qui arrive aux enfants, quand ils ont bu ou ce qu'osent les adultes lorsqu'ils sont possédés par Pan, serait trop long à raconter. Mais ce que font les vieillards quand ils sont ivres d'eau n'est pas étranger à notre sujet. Quand un vieillard a bu et que Silène a pris possession de lui, il reste aussitôt incapable de parler pendant un long moment : il semble avoir la tête pesante et être plongé dans l'ivresse. Puis soudain sa voix devient éclatante, sa parole distincte, son souffle mélodieux, et de complètement muet qu'il était, le voici très bavard. Même si tu le bâillonnais, tu ne pourrais l'empêcher de discourir sans cesse et d'enchaîner de longues tirades. Cependant toutes ses phrases son intelligentes, ordonnées et semblables à celles de l'orateur homérique : elles se suivent.



Il ne te suffit pas de comparer ces vieillards à des cygnes, à cause de leur âge, mais aussi parce qu'ils font se succéder des crissements de cygale, pressés et rapides, jusque tard dans la soirée. Alors, quand leur ivresse s'est enfin dissipée, ils se taisent et reviennent à leur état antérieure. Mais je n'ai pas encore dit le plus surprenant : si entre temps le vieillard a laissé inachevé son discours qu'il tenait, parce que le coucher du soleil l'a empêché de le terminer, il revient boire l'année suivante et enchaîne ses propos avec ce qu'il disait l'année précédente au moment où l'ivresse l'a quitté.

                  trad. Anne-Marie Ozanam; éd. les belles lettres


                                                                                                                                                                                             
                                                                                                                                                                                                                     


[4]
πλησίος, α, ον : proche, voisin. --- voir dico Bailly, version établie par Gérard Gréco
ἐπεὶ δὲ πλησίον ἐγένοντο καὶ εἶδον ἀλλήλους : quand les deux partis furent proches et se virent l'un l'autre.

εἶδον : --- voir dico Bailly
φάλαγξ, αγγος (ἡ) : phalange, ligne de bataille. -- voir dico Bailly
προτάσσω : ranger en avant, placer au premier rang.
οἱ προτεταγμένοι, Xén. Hell. 2, 4, 15 : les combattants du premier rang.
πρόταγμα, ατος (τὸ) : rang devant un autre, rang de devant.
ἐπάγω (imparf. ἐπῆγον, f. ἐπάξω, aor. 2 ἐπήγαγον; passif futur ἐπαχθήσομαι, aor. ἐπήχθην) : amener, pousser contre.
ἐπακτός, ός, όν : amené, amené du dehors, introduit, importé (eau, blé, etc.)

ἐγκλίνω (futur ἐγκλινῶ : incliner, s'incliner, pencher, plier.
κόσμος, ου (ὁ) : ordre.
βέλος, εος-ους (τὸ) : ce qu’on lance, projectile, javelot, trait.
ἐντός, adv. et prép.  à l’intérieur, en deça.
ἐντὸς βέλους : en deça du trait, à la portée du trait. 
ὑπομένω (futur ὑπομενῶ, aor. ὑπέμεινα, etc.) : rester en arrière, attendre.
memento avec inf. οὐδ' ὑπέμεινε γνώμεναι : il n’attendit pas qu’on apprît à le connaître.
οἱ Ἰνδοὶ δὲ καὶ οἱ ἐλέφαντες αὐτῶν αὐτίκα ἐγκλίναντες σὺν οὐδενὶ κόσμῳ ἔφευγον οὐδ´ ἐντὸς βέλους γενέσθαι ὑπομείναντες : les Indiens et leurs éléphants ploient bientôt et prennent la fuite en désordre, sans oser s'avancer à la portée du trait.

μανθάνω (futur μαθήσομαι, aor.2 ἔμαθον, parf. μεμάθηκα; passif parf. μεμάθημαι) : apprendre, étudier, s’instruire.
ἔργον, ου (τὸ) : action; œuvre, ouvrage, occupation, travail; besoin, nécessité (cf. lat. opus).
memento οὐδὲν ἔργον ἐστί + gén. ou inf. :  il n’y a aucun besoin de.
ἀκοή, ῆς (ἡ) : ouïe; oreille.
καταφρονέω-ῶ : mépriser, dédaigner, ne faire aucun cas de.
στρατόπεδον, ου (τὸ) : le sol sur lequel campe une armée, campement, camp; troupe campée, armée dans un camp.
ἔργῳ μαθόντες ὡς οὐκ ἐχρῆν ἀπὸ τῆς πρώτης ἀκοῆς καταφρονεῖν ξένων στρατοπέδων : apprenant par cette issue qu'il ne faut jamais mépriser, sur le bruit de la renommée, des troupes que l'on ne connaît pas.

[6]   
ἐθέλω καὶ ἄλλο ὑμῖν διηγήσασθαί τι τῶν ἐκεῖθεν : je veux vous raconter une autre histoire de là-bas.
διηγέομαι-οῦμαι : exposer en détail, raconter, décrire.
ἀπροσδιόνυσος, ος, ον : sans rapport avec la fête de Dionysos = de Bacchus); sans à-propos, à contretemps.
ἀλλότριος, α, ον : qui concerne autrui, d’autrui; d’un autre pays, étranger; qui ne concerne pas, étranger à.
Ἐγὼ δέ, ἐπειδήπερ ἔτι ἐν Ἰνδοῖς ἐσμέν, ἐθέλω καὶ ἄλλο ὑμῖν διηγήσασθαί τι τῶν ἐκεῖθεν, οὐκ ἀπροσδιόνυσον οὐδ´ αὐτό, οὐδ´ ὧν ποιοῦμεν ἀλλότριον : Mais, puisque nous sommes dans les Indes, je veux encore vous raconter une des merveilles du pays; elle n'est pas étrangère à Bacchus et rentre parfaitement dans notre sujet.
ἀκριϐῶς  : tout à fait.
ἐλεύθερος, α, ον : libre, d’où : libre, indépendant, p. opp. à δοῦλος.
ἄλσος, εος-ους (τὸ) : bois, particul. bois sacré.
ἄμπελος, ου (ἡ) : plant de vigne, vigne.
ἄφνω, adv. : soudain, tout à coup.
ἄφωνος, ος, ον : sans voix, aphone.
βεϐαπτισμένος, η, ον : ivre.
ἀνδροκτασία, ας, ion. ἀνδροκτασίη, ης (ἡ) : massacre d’hommes, carnage.

[7] 
Ἃ μὲν οὖν πάσχουσιν οἱ παῖδες ἐπειδὰν πίωσιν, ἢ οἷα οἱ ἄνδρες τολμῶσι κατεχόμενοι τῷ Πανί, μακρὸν ἂν εἴη λέγειν : ce qui arrive aux enfants, après qu'ils ont bu à leur source, ou quelle est l'audace des hommes qui ont puisé à celle de Pan, serait chose trop longue à vous dire.
πίνω (futur πίομαι, postér. πιοῦμαι, aor.2 ἔπιον, parf. πέπωκα; passif aor. ἐπόθην, parf. πέπομαι) : boire.
πηγή, ῆς (ἡ) : la source.
ἅπας, -ασα, -αν, gén. ἅπαντος, άσης, -αντος : tout entier.
au plur. ἅπαντες, -ασαι, -αντα : tous ensemble, tous sans exception.
μειράκιον, ου (τὸ) : jeune garçon, adolescent.
πίνουσι τῶν πηγῶν, οὐχ ἁπασῶν ἅπαντες, ἀλλὰ καθ´ ἡλικίαν, τὰ μὲν μειράκια τῆς τῶν Σατύρων, οἱ ἄνδρες δὲ τῆς Πανικῆς, τῆς δὲ τοῦ Σιληνοῦ οἱ κατ´ ἐμέ  : ils boivent à ces fontaines, non pas indistinctement, mais chacun suivant son âge, les jeunes gens à la fontaine des Satyres, les hommes faits à celle de Pan, et les vieillards de mon âge à celle de Silène.

παράδοξος, ος, ον : étrange, bizarre, paradoxal; extraordinaire, merveilleux.
τὸ μέντοι παραδοξότατον οὐδέπω εἶπον : je ne vous ai pourtant pas dit encore ce qu'il y a de plus merveilleux.
ἀτελής, ής, ές (τέλος, fin) : sans fin, qui n’arrive pas à terme, qui n’aboutit pas; sans effet, sans résultat, vain; inachevé, incomplet, imparfait.
μεταξύ adv. et prép. : dans l’intervalle, au milieu, en train de.
καταλείπω (futur καταλείψω, aor.1 κατέλειψα, d’ord. aor.2 κατέλιπον, etc. ; passif aor. κατελείφθην, parf. καταλέλειμμαι)  : laisser, laisser derrière soi.
διέξειμι (διά, à travers) : sortir ou passer à travers, parcourir, traverser; parcourir par la parole, exposer, raconter.
(prés. ind. 3 sg. διέξεισι ; 1 plur. διέξιμεν; 3 plur. διεξίασι; inf. διεξιέναι (var. -ίμεναι); part. διεξιών;  1 plur. att. διεξῇμεν (pour διεξῄειμεν)
πέρας, ατος (τὸ) : terme, fin, limite, extrémité.
δύω (futur δύσω, aor.2 ἔδυν et parf. δέδυκα) : s’enfoncer, se plonger; se plonger (dans la mer), se coucher.
ἐπεξέρχομαι (futur ἐπεξελεύσομαι, aor.2 ἐπεξῆλθον, parf. ἐπεξελήλυθα) : s’avancer contre, marcher contre; s'avancer jusqu'à.
πέρυσι(ν) adv. : l’an passé; autrefois, auparavant.
μέθη, ης (ἡ) : excès de boisson; ivresse.
ἢν γὰρ ἀτελῆ ὁ γέρων μεταξὺ καταλίπῃ ὃν διεξῄει τὸν λόγον, δύντος ἡλίου κωλυθεὶς ἐπὶ πέρας αὐτὸν ἐπεξελθεῖν, ἐς νέωτα πιὼν αὖθις ἐκεῖνα συνάπτει ἃ πέρυσι λέγοντα ἡ μέθη αὐτὸν κατέλιπεν : c'est que, si le vieillard, forcé par le coucher du soleil d'interrompre son discours, le laisse inachevé, l'année suivante, en buvant à la même source, il le reprend à l'endroit même où l'ivresse qui l'inspirait l'avait abandonné.
ἄφνω, adv. : soudain, tout à coup.
ἄφωνος, ος, ον : sans voix, aphone.
βεϐαπτισμένος, η, ον : ivre.
ἐγγίγνομαι ou ἐγγίνομαι (fut. ἐγγενήσομαι, aor. ἐνεγενόμην) : naître dans, redevenir.
impers. ἐγγίγνεται : se produire, d’où être possible, avec l’inf.
λάλος, ος, ον : babillard, bavard. -- voir dico Bailly, version établie par Gérard Gréco

















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L'aigle et ses petits


   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 72; éditions Gallimard.
 



 


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Οἱ ἀετοὶ τρέφουσι δὲ τοὺς νεοττοὺς ἕως ἂν δυνατοὶ γένωνται πέτεσθαι· τότε δ᾽ ἐκ τῆς νεοττιᾶς αὐτοὺς ἐκϐάλλουσι καὶ ἐκ τοῦ τόπου τοῦ περὶ αὐτὴν παντὸς ἀπελαύνουσιν. Ἐπέχει γὰρ ἓν ζεῦγος ἀετῶν πολὺν τόπον· διόπερ οὐκ ἐᾷ πλησίον αὑτῶν ἄλλους αὐλισθῆναι.  Ἐκϐάλλειν δὲ δοκεῖ ὁ ἀετὸς τοὺς νεοττοὺς διὰ φθὸνον· φύσει γάρ ἐστι φθονερὸς καὶ ὀξύπεινος. Φθονεῖ οὖν τοῖς νεοττοῖς ἁδρύνομένοις, ὅτι φαγεῖν ἀγαθοὶ γίγνονται, καὶ σπᾷ τοῖς ὄνυξι καὶ ἐκϐάλλει καὶ κόπτει αὐτούς · οἱ δὲ νεοττοὶ ἐκϐαλλόμενοι βοῶσι καὶ ἐνίστε ὑπολαμϐάνει αὐτοὺς ἡ φήνη.


Οἱ ἀετοὶ οὐκ ἐῶσι πλησίον αὐτῶν ἄλλους αὐλ
ισθῆναι  ·  φθονοῦσι δὲ τοῖς νεοττοῖς καὶ σπαῦσιν αὐτοὺς τοῖς ὄνυξι ἐκ τῆς νεοττιᾶς · καὶ ὁ νεοττὸς ἐκϐαλλόμενος ϐοᾷ καὶ ἐνίστε ὑπολαμϐάνει αὐτὸν ἡ φήνη.
Ὁ ἀετὸς λεγέται φθονεῖν τοῖς νεοττοῖς καὶ σπᾶν αὐτοὺς τοῖς ὄνυξιν ἐκ τῆς νεοττιᾶς. 



9 Οἱ ἀετοὶ τρέφουσι δὲ τοὺς νεοττοὺς ἕως ἂν δυνατοὶ γένωνται πέτεσθαι· τότε δ᾽ ἐκ τῆς νεοττιᾶς αὐτοὺς ἐκϐάλλουσι καὶ ἐκ τοῦ τόπου τοῦ περὶ αὐτὴν παντὸς ἀπελαύνουσιν. Ἐπέχει γὰρ ἓν ζεῦγος ἀετῶν πολὺν τόπον· διόπερ οὐκ ἐᾷ πλησίον αὑτῶν ἄλλους αὐλισθῆναι. 10 Τὴν δὲ θήραν ποιεῖται οὐκ ἐκ τῶν σύνεγγυς τόπων τῆς νεοττιᾶς, ἀλλὰ συχνὸν ἀποπτάς. Ὅταν δὲ κυνηγήσῃ καὶ ἄρῃ, τίθησι καὶ οὐκ εὐθὺς φέρει, ἀλλ᾽ ἀποπειραθεὶς τοῦ βάρους ἀφίησιν. Καὶ τοὺς δασύποδας δ᾽ οὐκ εὐθὺς λαμϐάνει, ἀλλ᾽ εἰς τὸ πεδίον ἐάσας προελθεῖν· καὶ καταϐαίνει δ᾽ οὐκ εὐθὺς εἰς τὸ ἔδαφος, ἀλλ᾽ἀεὶ ἀπὸ τοῦ μείζονος ἐπὶ τὸ ἔλαττον κατὰ μικρόν. Ἄμφω δὲ ταῦτα ποιεῖ πρὸς ἀσφάλειαν τοῦ μὴ ἐνεδρεύεσθαι. 11 Καὶ ἐφ᾽ ὑψηλῶν καθίζει διὰ τὸ βραδέως αἴρεσθαι ἀπὸ τῆς γῆς. Ὑψοῦ δὲ πέτεται, ὅπως ἐπὶ πλεῖστον τόπον καθορᾷ· διόπερ θεῖον οἱ ἄνθρωποί φασιν εἶναι μόνον τῶν ὀρνέων. Πάντες δ᾽ οἱ γαμψώνυχοι ἥκιστα καθιζάνουσιν ἐπὶ πέτραις διὰ τὸ τῇ γαμψότητι ἐμπόδιον εἶναι τὴν σκληρότητα. Θηρεύει δὲ λαγὼς καὶ νεϐροὺς καὶ ἀλώπεκας καὶ τὰ λοιπά, ὅσων κρατεῖν οἷός τ᾽ ἐστίν. Μακρόϐιος δ᾽ ἐστίν· δῆλον δὲ τοῦτο ἐκ τοῦ τὴν νεοττιὰν τὴν αὐτῶν ἐπὶ πολὺ διαμένειν.
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Les aigles nourrissent leurs petits jusqu'à ce qu'ils soient capables de voler; alors ils les expulsent du nid et les chassent du territoire environnant. Un seul couple d'aigles occupe en effet un vaste domaine; c'est pourquoi ils ne laissent pas d'autres aigles nicher près d'eux. Il semble bien que l'aigle expulse ses petits par jalousie, car il est naturellement jaloux et vorace. Par là-même il jalouse ses petits quand ils prennent de l'appétit parce qu'ils deviennent bons mangeurs; il les tire avec ses serres et les chasse à coups de bec (les chasse et les frappe); et les petits, chassés du nid, poussent des cris et parfois une orfraie les recueille.

Les aigles ne laissent pas d'autres aigles nicher près d'eux; ils jalousent leurs petits et les tirent du nid avec leurs serres. Et l'oisillon chassé du nid crie et parfois une orfraie le recueille.  L'aigle a la réputation de jalouser ses petits  et de les tirer du nid (de l'aire)  avec ses serres.





Les aigles nourrissent leurs petits jusqu'à ce qu'ils soient capables de voler; alors ils les chassent du nid, et ils les éloignent à de grandes distances, tout à l'entour. Une seule paire d'aigles occupe en effet un vaste espace, et c'est pour cela qu'ils empêchent les autres de se faire une demeure près d'eux. L'aigle ne chasse jamais dans les environs de son nid; mais c'est toujours au loin, s'y envolant d'un seul trait. Quand il a chassé et qu'il a surpris une proie, il la dépose et ne l'emporte pas sur-le-champ. Si le poids lui en paraît trop lourd, il l'abandonne. Il ne prend pas non plus les lièvres tout à coup; mais il les laisse d'abord courir dans la plaine. Il ne fond pas tout droit sur le terrain, mais peu à peu, et en faisant un grand cercle, qu'il réduit successivement. Il prend ces deux précautions pour n'être pas lui-même surpris à terre. Il se pose en général sur un point élevé, parce qu'il ne s'envolerait de terre que lentement. D'ailleurs, il vole très haut pour embrasser l'espace le plus loin possible. Aussi, est-ce le seul oiseau dont les hommes aient fait un oiseau divin. Comme tous les autres oiseaux à serres recourbées, l'aigle ne se repose pas sur les rochers, parce que la dureté de la pierre serait un obstacle à la courbure des ongles. Il chasse les faons, les lièvres, les renards, et tous les jeunes animaux qu'il est assez fort pour saisir. L'aigle vit longtemps; et ce qui le prouve, c'est que son nid reste très longtemps le même...


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καί, ὡς ἔοικε, τῶν κύκνων δοκῶ φαυλότερος ὑμῖν εἶναι τὴν μαντικήν, οἳ ἐπειδὰν αἴσθωνται ὅτι δεῖ αὐτοὺς ἀποθανεῖν, ᾄδοντες καὶ ἐν (85a) τῷ πρόσθεν χρόνῳ, τότε δὴ πλεῖστα καὶ κάλλιστα ᾄδουσι, γεγηθότες ὅτι μέλλουσι παρὰ τὸν θεὸν ἀπιέναι οὗπέρ εἰσι θεράποντες. Οἱ δ᾽ ἄνθρωποι διὰ τὸ αὑτῶν δέος τοῦ θανάτου καὶ τῶν κύκνων καταψεύδονται, καί φασιν αὐτοὺς θρηνοῦντας τὸν θάνατον ὑπὸ λύπης ἐξᾴδειν, καὶ οὐ λογίζονται ὅτι οὐδὲν ὄρνεον ᾄδει ὅταν πεινῇ ἢ ῥιγῷ ἤ τινα ἄλλην λύπην λυπῆται, οὐδὲ αὐτὴ ἥ τε ἀηδὼν καὶ χελιδὼν καὶ ὁ ἔποψ, ἃ δή φασι διὰ λύπην θρηνοῦντα ᾄδειν.

 Ἀλλ᾽ οὔτε ταῦτά μοι φαίνεται (85b) λυπούμενα ᾄδειν οὔτε οἱ κύκνοι, ἀλλ᾽ ἅτε οἶμαι τοῦ Ἀπόλλωνος ὄντες, μαντικοί τέ εἰσι καὶ προειδότες τὰ ἐν Ἅιδου ἀγαθὰ ᾄδουσι καὶ τέρπονται ἐκείνην τὴν ἡμέραν διαφερόντως ἢ ἐν τῷ
ἔμπροσθεν χρόνῳ. Ἐγὼ δὲ καὶ αὐτὸς ἡγοῦμαι ὁμόδουλός τε εἶναι τῶν κύκνων καὶ ἱερὸς τοῦ αὐτοῦ θεοῦ, καὶ οὐ χεῖρον ἐκείνων τὴν μαντικὴν ἔχειν παρὰ τοῦ δεσπότου, οὐδὲ δυσθυμότερον αὐτῶν τοῦ βίου ἀπαλλάττεσθαι. ἀλλὰ τούτου γ᾽ ἕνεκα λέγειν τε χρὴ καὶ ἐρωτᾶν ὅτι ἂν βούλησθε, ἕως ἂν Ἀθηναίων ἐῶσιν ἄνδρες ἕνδεκα.

- Καλῶς, ἔφη, λέγεις, ὁ Σιμμίας· καὶ ἐγώ τέ σοι ἐρῶ ὃ (85c) ἀπορῶ, καὶ αὖ ὅδε, ᾗ οὐκ ἀποδέχεται τὰ εἰρημένα. Ἐμοὶ γὰρ δοκεῖ, ὦ Σώκρατες, περὶ τῶν τοιούτων ἴσως ὥσπερ καὶ σοὶ τὸ μὲν σαφὲς εἰδέναι ἐν τῷ νῦν βίῳ ἢ ἀδύνατον εἶναι ἢ παγχάλεπόν τι, τὸ μέντοι αὖ τὰ λεγόμενα περὶ αὐτῶν μὴ οὐχὶ παντὶ τρόπῳ ἐλέγχειν καὶ μὴ προαφίστασθαι πρὶν ἂν πανταχῇ σκοπῶν ἀπείπῃ τις, πάνυ μαλθακοῦ εἶναι ἀνδρός· δεῖν γὰρ περὶ αὐτὰ ἕν γέ τι τούτων διαπράξασθαι, ἢ μαθεῖν ὅπῃ ἔχει ἢ εὑρεῖν ἤ, εἰ ταῦτα ἀδύνατον, τὸν γοῦν βέλτιστον τῶν ἀνθρωπίνων λόγων λαβόντα καὶ δυσεξελεγκτότατον, (85d) ἐπὶ τούτου ὀχούμενον ὥσπερ ἐπὶ σχεδίας κινδυνεύοντα διαπλεῦσαι τὸν βίον, εἰ μή τις δύναιτο ἀσφαλέστερον καὶ ἀκινδυνότερον ἐπὶ βεβαιοτέρου ὀχήματος, ἢ λόγου θείου τινός, διαπορευθῆναι. καὶ δὴ καὶ νῦν ἔγωγε οὐκ ἐπαισχυνθήσομαι ἐρέσθαι, ἐπειδὴ καὶ σὺ ταῦτα λέγεις, οὐδ᾽ ἐμαυτὸν αἰτιάσομαι ἐν ὑστέρῳ χρόνῳ ὅτι νῦν οὐκ εἶπον ἅ μοι δοκεῖ. Ἐμοὶ γάρ, ὦ Σώκρατες, ἐπειδὴ καὶ πρὸς ἐμαυτὸν καὶ πρὸς τόνδε σκοπῶ τὰ εἰρημένα, οὐ πάνυ φαίνεται ἱκανῶς εἰρῆσθαι Καὶ ὁ Σωκράτης, ἴσως γάρ, ἔφη, ὦ ἑταῖρε, ἀληθῆ σοι φαίνεται· ἀλλὰ λέγε ὅπῃ δὴ οὐχ ἱκανῶς.                                                                                                                                                    Platon, Phédon, 85a-85d


A ce qu'il paraît, vous me jugez moins bon devin que les cygnes. Eux, quand ils sentent qu'ils doivent mourir, ces oiseaux qui déjà dans leur vie chantaient, ils font entendre leur chant le plus éclatant, le plus beau; ils sont joyeux, car ils vont trouver le dieu qu'ils servent. Mais les hommes, dans leur effroi de la mort, calomnient jusqu'aux cygnes : ils se lamentent, disent-ils, sur leur mort, et la douleur inspire ce dernier chant. C'est oublier que nul oiseau ne chante quand il a faim, ou qu'il a froid, ou qu'il ressent  une autre souffrance  - ni le rossignol, ni l'hirondelle, ni la huppe, qui d'après la légendent chantent parce qu'ils souffrent.

Mais pour moi, ce n'est point la douleur qui les fait chanter, ni eux, ni les cygnes, car ils sont les oiseaux d'Apollon, et par là même ils ont, je crois, un don divinatoire. Comme ils prévoient les biens de l'Invisible, ils chantent en ce jour plus joyeusement que jamais. Or, moi, je m'estime attaché au même service que les cygnes, et consacré au même dieu; je ne crois être moins bon devin qu'ils le sont, je tiens ce don de notre Maître et je n'ai pas plus de chagrin q'eux à quitter la vie. Voilà ce qu'il vous faut considérer, pour parler et pour les questions, aussi longtemps que le permettront, au nom d'Athènes, les Onze.

- Fort bien, dit Simmias. Je vais donc t'expliquer ce qui m'embarrasse, et Cébès à son tour te donnera ses raisons de ne pas accepter  ce qui a été dit. Il me semble, Socrate, dans les questions de cet ordre, et tu es sans doute de mon avis,  que la connaissance certaine est hors de notre portée dans cette vie, ou qu'il est très difficile de l'accueillir, mais si l'on ne critique pas de toutes les manières ce que l'on en dit, sans quitter la partie avant d'avoir tout examiné jusqu'à la limite de ses forces, c'est qu'on manque singulièrement de vigueur. Car, dans ce domaine, il faut faire en sorte; pour le moins, ou de s'instruire de la question auprès d'un autre, ou de trouver soi-même, ou, si l'un et l'autre sont impossibles, de prendre dans les raisonnements humains ce qui s'y trouve en tout cas de meilleur et de moins contestable, et de se laisser porter ainsi comme un radeau avec le risque d'y faire la traversée de l'existence, si l'on n'a pas la possibilité de se faire porter avec plus de sûreté et moins de risque sur un vaisseau plus solide, c'est-à-dire par une révélation divine.
Aussi bien, à présent, je n'aurai aucun scrupule à t'interroger, puisque tu me demandes toi-même de le faire, et je ne m'accuserai pas dans l'avenir de ne pas t'avoir dit aujourd'hui ce que je pense. En effet, Socrate, quand je fais retour sur moi-même, et qu'avec Cébès je réfléchis sur ce qui a té dit, cela me paraît in suffisant." Alors, Socrate : "Cette impression, mon ami, est peut-être juste, dit-il. Mais en quoi tu trouves cela insuffisant".
        trad. Paul Vicaire; éd. les belles lettres
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τρέφω (fut. θρέψω, aor. ἔθρεψα, parf. τέτροφα ; passif fut. τραφήσομαι, aor. 1 ἐτρέφθην, aor. 2 ἐτράφην, parf. τέθραμμαι) : litt. épaissir, d’où : rendre compact; rendre gras, engraisser, nourrir.
νεοσσός, att. νεοττός, οῦ (ὁ) : petit d'un oiseau, oisillon.
ἀετός, ου (ὁ) : aigle (épq. αἰετός)
proverbe ἀετός ἐν νεφέλαις, AR. Eq. 1010 : aigle dans les nuages, c. à d. chose inabordable.
ἀπελαύνω (fut. ἀπελάσω, att. ἀπελῶ ; aor. ἀπήλασα, parf. ἀπελήλακα ; passif aor. ἀπηλάθην, parf. ἀπελήλαμαι) : pousser hors de, chasser.
βοάω-βοῶ (imparf. ἐϐόων, futur βοήσομαι, postér. βοήσω, aor. ἐϐόησα, parf. réc. βεϐόηκα ; passif aor. ἐϐοήθην, parf. βεϐόημαι) : crier.
αὐλίζομαι (imparf. ηὐλιζόμην, futur. inus., aor. ηὐλισάμην et ηὐλίσθην, parf. ηὔλισμαι) : vivre en plein air.
imparf. ion. αὐλιζόμην; futur récent αὐλισθήσομαι.
ἐκϐάλλω (futur  ἐκϐαλῶ, aor.2 ἐξέϐαλον, parf. ἐκϐέϐληκα) : jeter hors de.
νεοσσιά, att. νεοττιά, ᾶς (ἡ) : nid.

τόπος, ου (ὁ) : lieu, endroit, territoire, domaine.
τότε δ'ἐκ τῆς νεοττιᾶς αὐτοὺς ἐκϐάλλουσι καὶ ἐκ τοῦ τόπου τοῦ περὶ αὐτὴν ἀπελαύνουσιν : alors ils les expulsent du nid et les chassent du territoire environnant.
ζεῦγος, εος-ους (τὸ) : attelage de deux animaux; couple, paire.
εἷς, μία, ἕν : un (adj. numéral)
ἕν ζεῦγος ἀετῶν : un seul couple d'aigle.
Ἐπέχει γὰρ ἕν ζεῦγος ἀετῶν πολὺν τόπον, διόπερ οὐκ ἐᾷ πλησίον αὐτῶν ἄλλους (ἀετούς) αὐλισθῆναι : un seul couple d'aigles occupe en effet un vaste domaine; c'est pourquoi ils ne laissent pas d'autres aigles nicher près d'eux.
ὄνυξ, υχος (ὁ) :  ongle; griffe ou serre d’oiseau (touj. au plur. en parl. d’aigle).
σπάω-ῶ (futur σπάσω, aor. ἔσπασα, parf. ἔσπακα, passif aor. ἐσπάσθην, parf. ἔσπασμαι) :  tirer, tirer hors.
Ὁ ἀετὸς λέγεται φθονεῖν τοῖς νεοττοῖς καὶ σπᾶν αὐτοὺς τοῖς ὄνυξιν ἐκ τῆς νεοττιᾶς : l'aigle, dit-on, jalouse ses petits, les tire avec ses serres et les chasse de leur nid.

μακρόϐιος, ος, ον : qui vit longtemps.
δῆλος, η, ον : visible;  clair, manifeste, évident.
διαμένω : rester jusqu’au bout, demeurer, persister.
νεοσσιά, att. νεοττιά, ᾶς (ἡ) : nid.
δῆλον δὲ τοῦτο ἐκ τοῦ τὴν νεοττιὰν τὴν αὐτῶν ἐπὶ πολὺ διαμένειν : et ce qui le prouve, c'est que son nid reste très longtemps le même..








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Récit d'une escarmouche entre Grecs et Barbares

   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 80; éditions Gallimard.


 

 


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(3.3.7) καὶ προσῄει μὲν ὡς φίλος ὢν πρὸς τοὺς Ἕλληνας· ἐπεὶ δ᾽ ἐγγὺς ἐγένοντο, ἐξαπίνης οἱ μὲν αὐτῶν ἐτόξευον καὶ ἱππεῖς καὶ πεζοί, οἱ δ᾽ ἐσφενδόνων καὶ ἐτίτρωσκον. οἱ δὲ ὀπισθοφύλακες τῶν Ἑλλήνων ἔπασχον μὲν κακῶς, ἀντεποίουν δ᾽ οὐδέν· οἵ τε γὰρ Κρῆτες βραχύτερα τῶν Περσῶν ἐτόξευον καὶ ἅμα ψιλοὶ ὄντες εἴσω τῶν ὅπλων κατεκέκλειντο, οἱ δὲ ἀκοντισταὶ βραχύτερα ἠκόντιζον ἢ ὡς ἐξικνεῖσθαι τῶν σφενδονητῶν.





(3.3.8) ἐκ τούτου Ξενοφῶντι ἐδόκει διωκτέον εἶναι· καὶ ἐδίωκον τῶν ὁπλιτῶν καὶ τῶν πελταστῶν οἳ ἔτυχον σὺν αὐτῷ ὀπισθοφυλακοῦντες· διώκοντες δὲ οὐδένα κατελάμϐανον τῶν πολεμίων. (3.3.9) οὔτε γὰρ ἱππεῖς ἦσαν τοῖς Ἕλλησιν οὔτε οἱ πεζοὶ τοὺς πεζοὺς ἐκ πολλοῦ φεύγοντας ἐδύναντο καταλαμϐάνειν ἐν ὀλίγῳ χωρίῳ· πολὺ γὰρ οὐχ οἷόν τε ἦν ἀπὸ τοῦ ἄλλου στρατεύματος διώκειν·






[3,3,10]
οἱ δὲ βάρϐαροι ἱππεῖς καὶ φεύγοντες ἅμα ἐτίτρωσκον εἰς τοὔπισθεν τοξεύοντες ἀπὸ τῶν ἵππων, ὁπόσον δὲ διώξειαν οἱ Ἕλληνες, τοσοῦτον πάλιν ἐπαναχωρεῖν μαχομένους ἔδει. (3.3.11) ὥστε τῆς ἡμέρας ὅλης διῆλθον οὐ πλέον πέντε καὶ εἴκοσι σταδίων, ἀλλὰ δείλης ἀφίκοντο εἰς τὰς κώμας. ἔνθα δὴ πάλιν ἀθυμία ἦν. καὶ Χειρίσοφος καὶ οἱ πρεσϐύτατοι τῶν στρατηγῶν Ξενοφῶντα ᾐτιῶντο ὅτι ἐδίωκεν ἀπὸ τῆς φάλαγγος καὶ αὐτός τε ἐκινδύνευε καὶ τοὺς πολεμίους οὐδὲν μᾶλλον ἐδύνατο βλάπτειν.


                                                                     Xénophon, Anabase, 3, 3-11
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[3.3.7] Et il s'approchait des Grecs, comme s'il était leur ami, mais quand il fut près d'eux avec ses gens, tout à coup les cavaliers, les fantassins lancèrent leurs flèches, les frondeurs leurs pierres, et ils blessèrent du monde. L'arrière-garde des Grecs eut à souffrir, sans pouvoir rendre les coups : les archers crétois ne tiraient pas aussi loin que les Perses; de plus, comme ils étaient armés à la légère, ils se tenaient enfermés dans le carré des hoplites. D'un autre côté, les soldats armés du javelot ne le lançaient pas assez loin pour atteindre les frondeurs.



(3.3.8)Aussi Xénophon décida-t-il de charger l'ennemi, et la charge fut faite par ceux des hoplites et des peltastes qui se trouvaient avec lui à l'arrière-garde, mais dans leur charge ils ne purent rejoindre aucun des ennemis. (3.3.9) Les Hellènes, en effet, n'avaient pas de cavalerie et les fantassins ne pouvaient pas atteindre les fantassins de l'ennemi, parce que ceux-ci ne se laisaient pas approcher et que la poursuite était courte : on ne pouvait pas, en effet, s'éloigner beaucoup du gros de l'armée.




[3,3,10] Les cavaliers barbares, au contraire, blessaient tout en fuyant ceux qui les poursuivaient, car ils tiraient en arrière du haut de leurs montures; quant aux Grecs, autant ils s'étaient avancés dans leur poursuite, autant ils devaient faire de chemin, en se défendant, quand ils revenaient sur leurs pas. (3.3.11) Aussi dans toute la journée ils ne firent pas plus de vingt-cinq stades et ils n'arrivèrent au village que tard le soir. Alors donc le découragement recommença. Chirisophe et les plus âgés des stratèges blâmaient Xénophon de s'être éloigné de la phalange dans sa poursuite et de s'être exposé lui-même au péril, sans pouvoir pour cela faire plus de mal à l'ennemi.
      trad.  Paul Masqueray; éd. les belles lettres  




 


ἐξαπίνης adv. : subitement, soudain.
dorien ἐξαπίνας.
καὶ προσῄει μὲν ὡς φίλος ὢν πρὸς τοὺς Ἕλληνας : et il s'approchait des Grecs, comme s'il était leur ami
τοξεύω (fut. τοξεύσω, aor. ἐτόξευσα, parf. τετόξευκα) : tirer de l’arc, lancer des flèches.
πεζός, ή, όν : pédestre, c. à d. qui va à pied.
πεζός στρατός : l'infanterie.
εἶναι ὑπὸ τὸν πεζὸν στρατόν, Hdt. 9, 96 : être sous la protection de l’armée de terre.
ἀντιποιέω-ῶ : faire à son tour ou en retour, riposter efficacement.

αἰτιάομαι-ῶμαι (futur αἰτιάσομαι, ao. ᾐτιασάμην, parf. ᾐτίαμαι : regarder comme cause ou auteur de; rendre responsable, accuser.
διώκω (futur διώξω ou διώξομαι, aor ἐδίωξα, parf. δεδίωχα; passif aor. ἐδιώχθην, parf. δεδίωγμαι): faire mouvoir rapidement; poursuivre.
καὶ Χειρίσοφος καὶ οἱ πρεσϐύτατοι τῶν στρατηγῶν Ξενοφῶντα ᾐτιῶντο ὅτι ἐδίωκεν ἀπὸ τῆς φάλαγγος : et Chirisophe et les plus âgés des généraux blâmaient Xénophon parce qu'il avait donné la charge, en s'éloignant de la phalange
βλάπτω (imparf. ἔϐλαπτον, fut. βλάψω, aor. ἔϐλαψα, parf. βέϐλαφα; passif fut. βλαϐήσομαι; aor. 1 ἐϐλάφθην, aor. 2 ἐϐλάϐην; parf. βέϐλαμμαι) : léser, endommager.
βλάπτειν ἵππους, Il. 23, 571 : blesser des chevaux.
καὶ αὐτός τε ἐκινδύνευε καὶ τοὺς πολεμίους οὐδὲν μᾶλλον ἐδύνατο βλάπτειν : il s'est exposé lui-même au péril, sans pouvoir pour cela faire plus de mal à l'ennemi






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Textes d'études : comparatifs et superlatifs

   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 100; éditions Gallimard.

La beauté radieuse d'une jeune fille. ---- Sappho.

γάλακτος λευκοτέρα,
ὓδατος ἀπαλωτέρα,
πηκτίδων ἐμμελεστέρα,
ἵππου γαυροτέρα,
ῥόδων ἁϐροτέρα,
ἱματίου ἑανοῦ μαλακωτέρα,
χρυσοῦ τιμιωτέρα

γάλακτος λευκοτέρα : plus blanche que le lait.
ἁπαλός, ή, όν : tendre, délicat; mou, efféminé.
adv. ἁπαλὸν γελᾶν, Od. 14, 465 ; Hh. Merc. 281, etc. : rire d’un rire aimable.
compar. ἁπαλώτερος, Xén. An. 1, 5, 2 ; Plat. Pol. 270 e; superl. ἁπαλώτατος,
ἱμάτιον, ου (τὸ) : pièce de vêtement, pardessus, manteau.
ἑανός, ή, όν : qui habille bien, d’où beau, brillant, en parl. de vêtements ou d’objets d’habillement.
μαλακός, ή, όν : mou; mœlleux; doux, agréable. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
μαλακὸς θάνατος, Od. 18, 202 : mort douce.
μαλακὸς ὕπνος, Il. 10, 2 : sommeil qui détend.
μαλακὰ φρονεῖν, Pd. N. 4, 95 : avoir des sentiments bienveillants.

plus blanche que le lait
plus douce que de l'eau
plus mélodieuse que les lyres (harpes)
plus fière qu'un cheval
plus gracieuse que les roses
plus moelleuse qu'un vêtement
plus précieuse que l'or.





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Eloge de Cyrus



  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 100; éditions Gallimard.



 


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[1,9,1] Κῦρος μὲν οὖν οὕτως ἐτελεύτησεν, ἀνὴρ ὢν Περσῶν τῶν μετὰ Κῦρον τὸν ἀρχαῖον γενομένων βασιλικώτατός τε καὶ ἄρχειν ἀξιώτατος, ὡς παρὰ πάντων ὁμολογεῖται τῶν Κύρου δοκούντων ἐν πείρᾳ γενέσθαι. (1.9.2) πρῶτον μὲν γὰρ ἔτι παῖς ὤν, ὅτʹ ἐπαιδεύετο καὶ σὺν τῷ ἀδελφῷ καὶ σὺν τοῖς ἄλλοις παισί, πάντων πάντα κράτιστος ἐνομίζετο. (1.9.3) πάντες γὰρ οἱ τῶν ἀρίστων Περσῶν παῖδες ἐπὶ ταῖς βασιλέως θύραις παιδεύονται · ἔνθα πολλὴν μὲν σωφροσύνην καταμάθοι ἄν τις, αἰσχρὸν δʹοὐδὲν οὔτʹἀκοῦσαι οὔτʹ ἰδεῖν ἔστι. (1.9.4) θεῶνται δʹοἱ παῖδες καὶ τιμωμένους ὑπὸ βασιλέως καὶ ἀκούουσι, καὶ ἄλλους ἀτιμαζομένους · ὥστε εὐθὺς παῖδες ὄντες μανθάνουσιν ἄρχειν τε καὶ ἄρχεσθαι.

(1.9.5) ἔνθα Κῦρος αἰδημονέστατος μὲν πρῶτον τῶν ἡλικιωτῶν ἐδόκει εἶναι, τοῖς τε πρεσϐυτέροις καὶ τῶν ἑαυτοῦ ὑποδεεστέρων μᾶλλον πείθεσθαι, ἔπειτα δὲ φιλιππότατος καὶ τοῖς ἵπποις ἄριστα χρῆσθαι · ἔκρινον δ'αὐτὸν καὶ τῶν εἰς τὸν πόλεμον ἔργων, τοξικῆς τε καὶ ἀκοντίσεως, φιλομαθέστατον εἶναι καὶ μελετηρότατον. (1.9.6) ἐπεὶ δὲ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεπε, καὶ φιλοθηρότατος ἦν καὶ πρὸς τὰ θηρία μέντοι φιλοκινδυνότατος. καὶ ἄρκτον ποτὲ ἐπιφερομένην οὐκ ἔτρεσεν, ἀλλὰ συμπεσὼν κατεσπάσθη ἀπὸ τοῦ ἵππου, καὶ τὰ μὲν ἔπαθεν, ὧν καὶ τὰς ὠτειλὰς εἶχεν, τέλος δὲ κατέκανε · καὶ τὸν πρῶτον μέντοι βοηθήσαντα πολλοῖς μακαριστὸν ἐποίησεν.


(1.9.7)
ἐπεὶ δὲ κατεπέμφθη ὑπὸ τοῦ πατρὸς σατράπης Λυδίας τε καὶ Φρυγίας τῆς μεγάλης καὶ Καππαδοκίας, στρατηγὸς δὲ καὶ πάντων ἀπεδείχθη οἷς καθήκει εἰς Καστωλοῦ πεδίον ἁθροίζεσθαι, πρῶτον μὲν ἐπέδειξεν αὑτόν, ὅτι περὶ πλείστου ποιοῖτο, εἴ τῳ σπείσαιτο καὶ εἴ τῳ συνθοῖτο καὶ εἴ τῳ ὑπόσχοιτό τι, μηδὲν ψεύδεσθαι.
                                         Xénophon, Anabase, 1, 9, 1-7

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[1,9,1] Telle fut donc la fin de Cyrus. Des Perses qui vécurent après Cyrus l'ancien il était le plus apte à régner et le plus apte à commander, de l'avis unanime de ceux qui estiment l'avoir bien connu. (1.9.2) Dès son jeune âge, quand il était élevé avec son frère et les autres enfants des Perses, on le tenait en tout pour supérieur à tous. (1.9.3) Les fils des Perses de distinction sont, en effet, élevés tous aux portes du Roi : là, on a les meilleures leçons de sagesse et de tenue et on ne peut rien entendre ni voir de déshonnête. (1.9.4) Ils ont sous les yeux, ces enfants, ils entendent nommer ceux que le Roi honore, ceux qui encouragent sa disgrâce; ainsi, dès leurs premiers ans,  ils apprennent à commander et à obéir.

(1.9.5) Il paraissait le plus réservé de ceux de son âge; à l'égard de ceux qui étaient plus âgé que lui il montrait plus de soumission que même ceux qui lui étaient inférieurs. Plus tard, plus que personne il aima les chevaux et il les maniait avec une extrême habileté. On le jugeait aussi dans les exercices de guerre, le tir à l'arc, le jet de javelot, le plus ardent à s'instruire et à les pratiquer. (1.9.6) Quand l'âge le lui permit, il se montra passionné pour la chasse, passionné aussi, en face des bêtes sauvages,  pour le danger.  Un jour, un ours se jeta sur lui : il n'eut pas peur, chargea la bête, fut désarçonné par elle, en reçut des blessures dont il portait des cicatrices, mais, finalement, il la tua. Ce qui ne l'empêcha point de rendre bien des gens jaloux de celui qui  le premier accourut à son secours.

(1.9.7) Quand il fut envoyé par son père pour être satrape de la Lydie, de la grande Phrygie et de la Cappadoce, et qu'il fut aussi nommé stratège de tous ceux qui doivent se rassembler à Castolou-pédion, il commença par montrer que ce qui lui tenait le plus à cœur, c'était dans les traités, dans les contrats, dans les promesses,  de ne jamais mentir.
            trad.  Paul Masqueray; éd. les belles lettres 




                                                                                                                                                                                             

Κῦρος μὲν οὖν οὕτως ἐτελεύτησεν : telle fut donc la mort de Cyrus.
αἰδήμων, ων, ον, gén. ονος : discret, réservé.
compar. αἰδήμονέστερος; superl. αἰδήμονέστατος, Xén. An. 1, 9, 5 (αἰδέομαι).
αἰδέομαι-οῦμαι (futur αἰδέσομαι, aor. ᾐδεσάμην ou ᾐδέσθην, parf. ᾔδεσμαι) : éprouver un sentiment de honte, de pudeur, de respect; avoir de la pudeur; avoir honte, craindre de.
φιλόθηρος, ος, ον : qui aime la chasse.
superl. φιλόθηρότατος.
φιλοκίνδυνος, ος, ον : qui aime le danger, hardi, téméraire.
superl. φιλοκινδυνότατος.
μέντοι : pourtant

πρέπω (d’ord. seul. prés. et imparf., rar. fut. πρέψω et aor. ἔπρεψα, parf. inus.): se faire remarquer, se distinguer.
πρέπει : il sied, il convient.
ἐπεὶ δὲ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεπε : comme il convenait à son âge.
ἐπεὶ δὲ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεπε, καὶ φιλοθηρότατος ἦν καὶ πρὸς τὰ θηρία μέντοι φιλοκινδυνότατος : quand son âge l'y autorisa, il aima aussi la chasse avec passion et, en face des bêtes sauvages, il était à coup sûr, le plus prompt à s'exposer au danger.

 


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Textes d'étude : les propositions subordonnées compléments d'objet



   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 104; éditions Gallimard.

La mort du cygne

 


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οἳ κύκνοι ἐπειδὰν αἴσθωνται ὅτι δεῖ αὐτοὺς ἀποθανεῖν, ᾄδοντες καὶ ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ, τότε δὴ πλεῖστα καὶ κάλλιστα ᾄδουσι, γεγηθότες ὅτι μέλλουσι παρὰ τὸν θεὸν ἀπιέναι οὗπέρ εἰσι θεράποντες. Οἱ δ᾽ ἄνθρωποι διὰ τὸ αὑτῶν δέος τοῦ θανάτου καὶ τῶν κύκνων καταψεύδονται, καί φασιν αὐτοὺς θρηνοῦντας τὸν θάνατον ὑπὸ λύπης ἐξᾴδειν, καὶ οὐ λογίζονται ὅτι οὐδὲν ὄρνεον ᾄδει ὅταν πεινῇ ἢ ῥιγῷ ἤ τινα ἄλλην λύπην λυπῆται, οὐδὲ αὐτὴ ἥ τε ἀηδὼν καὶ χελιδὼν καὶ ὁ ἔποψ, ἃ δή φασι διὰ λύπην θρηνοῦντα ᾄδειν. Ἀλλ᾽ οὔτε ταῦτά μοι φαίνεται λυπούμενα ᾄδειν οὔτε οἱ κύκνοι, ἀλλ᾽ ἅτε οἶμαι τοῦ Ἀπόλλωνος ὄντες, μαντικοί τέ εἰσι καὶ προειδότες τὰ ἐν Ἅιδου ἀγαθὰ ᾄδουσι καὶ τέρπονται ἐκείνην τὴν ἡμέραν διαφερόντως  ἢ ἐν τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ.                                                                                                                                                                              Platon, Phédon, 35 passim

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Quand les cygnes comprennent qu'il leur faut mourir, eux qui même auparavant chantaient, chantent ce jour-là plus souvent et plus fortement, heureux à l'idée qu'ils sont sur le point de partir rejoindre le dieu dont ils sont les servants. Mais les hommes calomnient les cygnes et prétendent qu'ils chantent sous l'effet du chagrin; et ils ne réfléchissent pas qu'aucun oiseau ne chante quand il éprouve quelque chagrin. Mais non, les cygnes sont devins, prévoyant le bonheur de l'au-delà, ils chantent et se réjouissent ce jour-là plus que dans le passé

 




voir hors site : le chant du cygne.

κύκνος, ου (ὁ) : cygne.
αἰσθάνομαι (imparf. ᾐσθανόμην, futur αἰσθήσομαι, aor. 2 ᾐσθόμην, parf. ᾔσθημαι) : percevoir par les sens, s'apercevoir, comprendre.
λύπη, ης (ἡ) :  peine, p. opp. à ἡδονή, PLAT. Phil. 31 c, etc., d’où chagrin, tristesse, affliction.
λυπέω-ῶ (futur λυπήσω, aor. inus., parf. λελύπηκα) : chagriner, affliger. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
διαφερόντως, adv. : différemment, autrement; à un degré différent; avant tout, surtout, particulièrement.
διαφερόντως ἤ : autrement que, différemment de.
ἔμπροσθεν, adv. et prép. : en avant, avant. --- voir dico Bailly
ἐν τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ : dans le passé.
διαφερόντως ἤ ἐν τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ : autrement que dans le passé.







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Socrate et l'ivrogne

   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 107; éditions Gallimard.


 


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Ἔτυπτέ τις τὸν Σωφρονίσκου Σωκράτην εἰς αὐτὸ τὸ πρόσωπον ἐμπεσὼν ἀφειδῶς· ὁ δὲ οὐκ ἀντῆρεν, ἀλλὰ παρεῖχε τῷ παροινοῦντι τῆς ὀργῆς ἐμφορεῖσθαι, ὥστε ἐξοιδεῖν ἤδη καὶ ὕπουλον αὐτῷ τὸ πρόσωπον ὑπὸ τῶν πληγῶν εἶναι. 7 Ὡς δ´ οὖν ἐπαύσατο τύπτων, ἄλλο μὲν οὐδὲν ὁ Σωκράτης ποιῆσαι, ἐπιγράψαι δὲ τῷ μετώπῳ λέγεται, ὥσπερ ἀνδριάντι τὸν δημιουργόν, ὁ δεῖνα ἐποίει· καὶ τοσοῦτον ἀμύνασθαι.

Ταῦτα σχεδὸν εἰς ταὐτὸν τοῖς ἡμετέροις φέροντα πολλοῦ ἄξιον εἶναι μιμήσασθαι τοὺς τηλικούτους φημί.
8 Τουτὶ μὲν γὰρ τὸ τοῦ Σωκράτους ἀδελφὸν ἐκείνῳ τῷ παραγγέλματι, ὅτι τῷ τύπτοντι κατὰ τῆς σιαγόνος καὶ τὴν ἑτέραν παρέχειν προσῆκε, τοσούτου δεῖν ἀπαμύνασθαι, τὸ δὲ τοῦ Περικλέους ἢ τὸ Εὐκλείδου τῷ τοὺς διώκοντας ὑπομένειν καὶ πρᾴως αὐτῶν τῆς ὀργῆς ἀνέχεσθαι, καὶ τῷ τοῖς ἐχθροῖς εὔχεσθαι τὰ ἀγαθά, ἀλλὰ μὴ ἐπαρᾶσθαι.


9
Ὡς ὅ γε ἐν τούτοις προπαιδευθεὶς οὐκ ἔτ´ ἂν ἐκείνοις ὡς ἀδυνάτοις διαπιστήσειεν. 10 Οὐδ´ ἂν παρέλθοιμι τὸ τοῦ Ἀλεξάνδρου, ὃς τὰς θυγατέρας Δαρείου αἰχμαλώτους λαϐὼν θαυμαστόν τι οἷον τὸ κάλλος παρέχειν μαρτυρουμένας οὐδὲ προσιδεῖν ἠξίωσεν, αἰσχρὸν εἶναι κρίνων τὸν ἄνδρας ἑλόντα γυναικῶν ἡττηθῆναι. 11 Τουτὶ γὰρ εἰς ταὐτὸν ἐκείνῳ φέρει, ὅτι ὁ ἐμϐλέψας πρὸς ἡδονὴν γυναικί, κἂν μὴ τῷ ἔργῳ τὴν μοιχείαν ἐπιτελέσῃ, ἀλλὰ τῷ γε τὴν ἐπιθυμίαν τῇ ψυχῇ παραδέξασθαι, οὐκ ἀφίεται τοῦ ἐγκλήματος.



12
Τὸ δὲ τοῦ Κλεινίου, τῶν Πυθαγόρου γνωρίμων ἑνός, χαλεπὸν πιστεῦσαι ἀπὸ ταὐτομάτου συμϐῆναι τοῖς ἡμετέροις, ἀλλ´ οὐχὶ μιμησαμένου σπουδῇ. Τί δὲ ἦν ὃ ἐποίησεν ἐκεῖνος; Ἐξὸν δι´ ὅρκου τριῶν ταλάντων ζημίαν ἀποφυγεῖν, ὁ δὲ ἀπέτισε μᾶλλον ἢ ὤμοσε, καὶ ταῦτα εὐορκεῖν μέλλων, ἀκούσας ἐμοὶ δοκεῖν τοῦ προστάγματος τὸν ὅρκον ἡμῖν ἀπαγορεύοντος.
                                                Saint Basile de Césarée, Discours aux jeunes, 7, 1-12.

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Quelqu'un frappait en plein visage le fils de Sophronisque, Socrate, en faisant pleuvoir les coups sans répit. Lui, sans faire de résistance, laissait l'ivrogne se rassasier de colère, jusqu'à en avoir le visage tuméfié et meurtri sous les coups. 7 Lorsque l'homme eut cessé de frapper, Socrate ne fit rien, dit-on, sinon écrire sur son front, comme l'artisan sur une statue : "C'est Untel qui l'a fait". Et ce fut là toute sa vengeance.

Ces exemples qui vont à peu près dans le même sens que nos préceptes, j'affirme qu'il est d'une grande valeur que les gens de votre âge les imitent. 8 Car l'exemple de Socrate dont je viens de parler est analogue au précepte qui dit que, à celui qui frappe la joue, il conviendrait de tendre l'autre joue aussi, bien loin d'en tirer vengeance, et l'exemple de Périclès ou d'Euclide l'est au précepte d'endurer les persécuteurs et de supporter leur colère avec douceur, ainsi qu'au précepte de prier pour le bien des ennemis et de ne pas les maudire.


9
Car celui qui est éduqué préalablement par le biais de ces exemples ne saurait plus se défier de nos préceptes, comme de choses impossibles. 10 Et je ne voudrais pas laisser de côté non plus l'exemple d'Alexandre : alors qu'il avait fait prisonnières les filles de Darius, connues pour leur beauté admirables entre toutes, il ne jugea pas bon ne serait-ce que de les voir, estimant honteux que celui qui l'a emporté sur des hommes soit vaincu par des femmes. 11 Cet exemple va dans le même sens que : "Celui qui a jeté les yeux sur une femme avec concupiscence, même s'il n'a pas accompli l'adultère en acte, n'échappe pas pour autant à l'accusation, pour avoir accueilli le désir en son âme.

12
Quant à l'exemple de Clinias, un des disciple de Pythagore, il est difficile de croire qu''il rencontre nos préceptes par le fait du hasard, et non pas parce qu'il les a imités intentionnellement. Qu'a-t-il fait, ce personnge ?  Alors qu'il pouvait éviter une amende de trois talents grâce à un serment, il préféra, lui, payer plutôt que jurer, quand bien même il était en mesure de jurer la vérité, parce qu'il avait entendu, me semble-t-il, le commandement qui nous interdit le serrment.
          trad. Arnaud Perrot; éd. les belles lettres




τύπτω aor. 1 ἔτυψα, aor. 2 ἔτυπον ; passif aor. 2 ἐτύπην ; parf. τέτυμμαι; futur τυπτήσω, aor. ἐτύπτησα, parf. τετύπτηκα; passif futur τυπτήσομαι, parf. τετύπτημαι) : frapper de près, par opp. à βάλλω, frapper de loin; frapper, battre.
ἀνταίρω (futur ἀνταρῶ, aor. ἀντῆρα, d’où inf. ἀντᾶραι) : lever contre.
ἀνταίρειν χεῖράς τινι, Anth. 7, 139 : lever les mains contre qqn.
ἀφειδῶς adv. : sans ménagement; sans compter, sans réserve; sans se ménager, avec zèle; sans merci, sans pitié.
Ἔτυπτέ τις τὸν Σωφρονίσκου Σωκράτην εἰς αὐτὸ τὸ πρόσωπον ἐμπεσὼν ἀφειδῶς· : un homme frappait violemment et à plusieurs reprises sur le visage, Socrate, fils de Sophronisque

παρέχω (futur παρέξω, aor. 2 παρέσχον, parf. παρέσχηκα) : fournir, procurer, permettre.
ἐμφορέω-ῶ : porter dans ou sur; au passif être porté dans ou sur.
moyen. (aor. ἐνεφορήθην, rar. ἐνεφορησάμην) : porter en soi sans mesure, c. à d. se remplir de
ἐμφορεῖσθαι τιμωρίας, Plut. M. 551 a : se rassasier de vengeance.
τῆς ὀργῆς ἐμφορεῖσθαι : assouvir sa vengeance.
παροινέω-ῶ (imparf. ἐπαρῴνουν, aor. ἐπαρῴνησα, parf. πεπαρῴνηκα; aor. passif ἐπαρῳνήθην, parf. πεπαρῴνημαι) : dire ou faire, en état d’ivresse, des choses inconvenantes.
ὕπουλος, ος, ον : litt. caché par une cicatrice, qui n’est cicatrisé qu’en dessus, qui continue de suppurer au dedans; qui n’est sain qu’en apparence.
παρεῖχε τῷ παροινοῦντι τῆς ὀργῆς ἐμφορεῖσθαι, ὥστε ἐξοιδεῖν ἤδη καὶ ὕπουλον αὐτῷ τὸ πρόσωπον ὑπὸ τῶν πληγῶν εἶναι : il laissa ce furieux assouvir sa colère, jusqu'à ce qu'il sortît de ses mains le visage enflé et meurtri de coups.

δεῖνα (ὁ, ἡ, τὸ) décl. ou indécl. toujours précédé de l’article : un tel, une telle ( ici un ivrogne)
τοσοῦτον : tellement, à ce point.
cf. ὅσον δυνατὸς ἦν ὠφελεῖν, τοσοῦτον κακὸς ἦν, Lys. 188, 1 : autant il était puissant pour rendre service, autant il était méchant.
ἀμύνω (futur ἀμυνῶ, aor. ἤμυνα, parf. inus.) : écarter, d’où punir.
τοσοῦτον ἀμύνασθαι : s'être vengé à ce point seulement (pas davantage).
διώκω (futur διώξω ou διώξομαι, aor ἐδίωξα, parf. δεδίωχα ; passif aor. ἐδιώχθην, parf. δεδίωγμαι) : poursuivre.
ἐπαράομαι-ῶμαι (aor. ἐπηρασάμην, parf. ἐπήραμαι) : faire des imprécations.
μιμέομαι-οῦμαι : imiter. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
ἀκούσας ἐμοὶ δοκεῖν τοῦ προστάγματος τὸν ὅρκον ἡμῖν ἀπαγορεύοντος : ayant entendu, me semble-t-il, le commandement qui nous interdit le serrment..








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L'artisan invalide se défend devant le tribunal

  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 107; éditions Gallimard.




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[24,4] Περὶ μὲν οὖν τούτων τοσαῦτά μοι εἰρήσθω; ὑπὲρ ὧν δέ μοι προσήκει λέγειν, ὡς ἂν οἷόν τε διὰ βραχυτάτων ἐρῶ. φησὶ γὰρ ὁ κατήγορος οὐ δικαίως με λαμϐάνειν τὸ παρὰ τῆς πόλεως ἀργύριον; καὶ γὰρ τῷ σώματι δύνασθαι καὶ οὐκ εἶναι τῶν ἀδυνάτων, καὶ τέχνην ἐπίστασθαι τοιαύτην ὥστε καὶ ἄνευ τοῦ διδομένου τούτου ζῆν.

[24,5] καὶ τεκμηρίοις χρῆται τῆς μὲν τοῦ σώματος ῥώμης, ὅτι ἐπὶ τοὺς ἵππους ἀναϐαίνω, τῆς δ᾽ ἐν τῇ τέχνῃ εὐπορίας, ὅτι δύναμαι συνεῖναι δυναμένοις ἀνθρώποις ἀναλίσκειν. τὴν μὲν οὖν ἐκ τῆς τέχνης εὐπορίαν καὶ τὸν ἄλλον τὸν ἐμὸν βίον, οἷος τυγχάνει, πάντας ὑμᾶς οἴομαι γιγνώσκειν; ὅμως δὲ κἀγὼ διὰ βραχέων ἐρῶ.

[24,6] ἐμοὶ γὰρ ὁ μὲν πατὴρ κατέλιπεν οὐδέν, τὴν δὲ μητέρα τελευτήσασαν πέπαυμαι τρέφων τρίτον ἔτος τουτί, παῖδες δέ μοι οὔπω εἰσὶν οἵ με θεραπεύσουσι. τέχνην δὲ κέκτημαι βραχέα δυναμένην ὠφελεῖν, ἣν αὐτὸς μὲν ἤδη χαλεπῶς ἐργάζομαι, τὸν διαδεξόμενον δ᾽ αὐτὴν οὔπω δύναμαι κτήσασθαι. πρόσοδος δέ μοι οὐκ ἔστιν ἄλλη πλὴν ταύτης, ἣν ἐὰν ἀφέλησθέ με, κινδυνεύσαιμ᾽ ἂν ὑπὸ τῇ δυσχερεστάτῃ γενέσθαι τύχῃ.

[24,7] μὴ τοίνυν, ἐπειδή γε ἔστιν, ὦ βουλή, σῶσαί με δικαίως, ἀπολέσητε ἀδίκως; μηδὲ ἃ νεωτέρῳ καὶ μᾶλλον ἐρρωμένῳ ὄντι ἔδοτε, πρεσϐύτερον καὶ ἀσθενέστερον γιγνόμενον ἀφέλησθε; μηδὲ πρότερον καὶ περὶ τοὺς οὐδὲν ἔχοντας κακὸν ἐλεημονέστατοι δοκοῦντες εἶναι νυνὶ διὰ τοῦτον τοὺς καὶ τοῖς ἐχθροῖς ἐλεινοὺς ὄντας ἀγρίως ἀποδέξησθε; μηδ᾽ ἐμὲ τολμήσαντες ἀδικῆσαι καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς ὁμοίως ἐμοὶ διακειμένους ἀθυμῆσαι ποιήσητε.





[24,13] Τοσοῦτον δὲ διενήνοχεν ἀναισχυντίᾳ τῶν ἁπάντων ἀνθρώπων, ὥστε ὑμᾶς πειρᾶται πείθειν, τοσούτους ὄντας εἷς ὤν, ὡς οὔκ εἰμι τῶν ἀδυνάτων ἐγώ; καίτοι εἰ τοῦτο πείσει τινὰς ὑμῶν, ὦ βουλή, τί με κωλύει κληροῦσθαι τῶν ἐννέα ἀρχόντων, καὶ ὑμᾶς ἐμοῦ μὲν ἀφελέσθαι τὸν ὀϐολὸν ὡς ὑγιαίνοντος, τούτῳ δὲ ψηφίσασθαι πάντας ὡς ἀναπήρῳ; οὐ γὰρ δήπου τὸν αὐτὸν ὑμεῖς μὲν ὡς δυνάμενον ἀφαιρήσεσθε τὸ διδόμενον, οἱ δὲ θεσμοθέται ὡς ἀδύνατον ὄντα κληροῦσθαι κωλύσουσιν.

[24,14] ἀλλὰ γὰρ οὔτε ὑμεῖς τούτῳ τὴν αὐτὴν ἔχετε γνώμην, οὔθ᾽ οὗτος <ὑμῖν> εὖ ποιῶν. ὁ μὲν γὰρ ὥσπερ ἐπικλήρου τῆς συμφορᾶς οὔσης ἀμφισϐητήσων ἥκει καὶ πειρᾶται πείθειν ὑμᾶς ὡς οὔκ εἰμι τοιοῦτος οἷον ὑμεῖς ὁρᾶτε πάντες; ὑμεῖς δὲ (ὃ τῶν εὖ φρονούντων ἔργον ἐστί) μᾶλλον πιστεύετε τοῖς ὑμετέροις αὐτῶν ὀφθαλμοῖς ἢ τοῖς τούτου λόγοις.


[24,15] Λέγει δ᾽ ὡς ὑϐριστής εἰμι καὶ βίαιος καὶ λίαν ἀσελγῶς διακείμενος, ὥσπερ εἰ φοϐερῶς ὀνομάσειε, μέλλων ἀληθῆ λέγειν, ἀλλ᾽ οὔκ, ἐὰν πάνυ πραόνως {μηδὲ ψεύδηται}, ταῦτα ποιήσων. ἐγὼ δ᾽ ὑμᾶς, ὦ βουλή, σαφῶς οἶμαι δεῖν διαγιγνώσκειν οἷς τ᾽ ἐγχωρεῖ τῶν ἀνθρώπων ὑϐρισταῖς εἶναι καὶ οἷς οὐ προσήκει.

[24,16] οὐ γὰρ <τοὺς> πενομένους καὶ λίαν ἀπόρως διακειμένους ὑϐρίζειν εἰκός, ἀλλὰ τοὺς πολλῷ πλείω τῶν ἀναγκαίων κεκτημένους; οὐδὲ τοὺς ἀδυνάτους τοῖς σώμασιν ὄντας, ἀλλὰ τοὺς μάλιστα πιστεύοντας ταῖς αὑτῶν ῥώμαις; οὐδὲ τοὺς ἤδη προϐεϐηκότας τῇ ἡλικίᾳ, ἀλλὰ τοὺς ἔτι νέους καὶ νέαις ταῖς διανοίαις χρωμένους.

[24,17] οἱ μὲν γὰρ πλούσιοι τοῖς χρήμασιν ἐξωνοῦνται τοὺς κινδύνους, οἱ δὲ πένητες ὑπὸ τῆς παρούσης ἀπορίας σωφρονεῖν ἀναγκάζονται; καὶ οἱ μὲν νέοι συγγνώμης ἀξιοῦνται τυγχάνειν παρὰ τῶν πρεσ
ϐυτέρων, τοῖς δὲ πρεσϐυτέροις ἐξαμαρτάνουσιν ὁμοίως ἐπιτιμῶσιν ἀμφότεροι.

[24,18] καὶ τοῖς μὲν ἰσχυροῖς ἐγχωρεῖ μηδὲν αὐτοῖς πάσχουσιν, οὓς ἂν βουληθῶσιν, ὑϐρίζειν, τοῖς δὲ ἀσθενέσιν οὐκ ἔστιν οὔτε ὑϐριζο μένοις ἀμύνεσθαι τοὺς ὑπάρξαντας οὔτε ὑϐρίζειν βουλομένοις περιγίγνεσθαι τῶν ἀδικουμένων. ὥστε μοι δοκεῖ ὁ κατήγορος εἰπεῖν περὶ τῆς ἐμῆς ὕϐρεως οὐ σπουδάζων, ἀλλὰ παίζων, οὐδ᾽ ὑμᾶς πεῖσαι βουλόμενος ὥς εἰμι τοιοῦτος, ἀλλ᾽ ἐμὲ κωμῳδεῖν βουλόμενος, ὥσπερ τι καλὸν ποιῶν.
                                                                                                                                                Lysias, pour l'invalide (passim)
       


[24,4] Là dessus, voilà tout; en ce qui concerne les points sur lesquels je dois présenter ma défense, je serai le plus bref possible. D'après mon accusateur, il n'est pas juste que je touche l'l'argent de l'Etat, parce que je suis valide physiquement et que je ne fais pas partie de la catégorie des invalides; j'ai d'autre part un métier susceptible de me faire vivre même sans cette allocation..

[24,5] Comme preuve de ma vigueur physique, il avance que je monte à cheval, comme preuve de la prospérité que je trouve dans mon métier, le fait que je puisse fréquenter des gens capables de dépenser de l'argent. Sur la prospérité que je tire de mon métier et le reste de mon train de vie, je crois que vous savez tous ce qu'il en est; je vais pourtant en dire quelques mots.

[24,6] Mon père ne m'a rien laissé en héritage; quant à ma mère, cela fait deux ans qu'elle est morte et que j'ai cessé de l'avoir à ma charge, et je n'ai pas encore d'enfants pour s'occuper de moi un jour. J'ai un métier, mais il ne me rapporte pas grand chose : j'ai déjà du mal à l'exercer moi-même, et je n'ai pas encore de successeur pour prendre le relais. Je n'ai pas d'autre revenu que cette allocation. Si vous me l'enlevez, je risquerais de tomber  dans la condition la plus misérable.

[24,7] Par conséquent, alors qu'il est tout est tout à fait possible, messieurs les Conseillers, d'assurer mon salut dans la justice, n'allez pas causer ma perte dans l'injustice; ce que vous m'avez alloué quand j'étais plus jeune et plus robuste, n'allez pas me l'enlever maintenant que je suis devenu plus âgé et plus faible; vous qui jadis vous êtes montrés si compatissants même pour ceux qui ne souffraient d'aucun handicap, n'allez pas maintenant, par la faute de cet individu, traiter cruellement ceux qui inspirent de la pitié à leurs ennemis mêmes; n'allez pas, en osant  vous montrer injustes à mon égard, démoraliser tous les autres qui sont dans la même situation que la mienne.





[24,13] C'est vraiment le champion du monde de l'impudence, à tel point qu'il  tâche de vous persuader -- vous qui êtes si nombreux alors qu'il est tout seul -- que je ne fais pas partie des invalides, pourant, s'il en persuade certains d'entre vous, messieurs les Conseillers,  qu'est-ce qui m'empêche de participer au tirage au sort des neufs archontes, qu'est-ce qui empêche si vous m'enlevez l'obole sous prétexte que je serais en bonne santé, que vous la lui votiez tous en tant que handicapé ? Car, si je ne m'abuse, il n'est pas possible que vous retiriez son allocation à quelqu'un parce qu'il est valide et que (les thesmothètes) interdisent le tirage au sort à la même personne sous prétexte qu'elle est invalide.

[24,14] Mais non, vous ne partagez pas son sentiment, ni lui non plus, et il fait bien. Car il est venu me chercher querelle comme si mon malheur était une héritière, et il s'évertue à vous persuader que je ne suis pas comme vous voyez tous que je suis; mais vous -- et c'est la pratique des personnes de bon sens -- vous en croyez davantage vos yeux que ses discours.

[24,15] Il dit également que je suis arrogant, violent, et excessivement grossier comme s'il suffisait d'utiliser des mots à faire peur pour dire la vérité  tandis que, s'il s'exprimait très calmement et sans mentir, il ne devait pas obtenir le même résultat. Mais moi, messieurs les Conseillers, je crois que votre devoir est de distinguer clairement parmi les hommes entre ceux qui peuvent se permettre d'être arrogants et ceux pour qui cela n'est pas de mise.

[24,16] En effet ce ne sont pas les personnes pauvres et dans une indigence extrême dont on peut attendre un comportement arrogant, mais ceux qui possèdent beaucoup plus que le nécessaire; non pas les hommes qui souffrent d'un handicap, mais ceux qui ont la plus grande confiance dans leurs forces physiques; ni les hommes déjà avancés en âge, mais ceux qui sont encore jeunes et qui ont les façons de penser des jeunes.

24,17] Car les riches peuvent, avec leur argent, racheter les périls qui les menacent, tandis que les pauvres sont bien obligés par la disette de se tenir comme ils font; les jeunes, ils escomptent le pardon de leurs aînés, tandis que les vieux, quand ils fautent, jeunes et vieux s'accordent pour les blâmer;

[24,18] Quant aux forts
, ils peuvent se permettre de maltraiter qui ils veulent sans qu'il leur arrive rien, alors que les faibles, s'ils sont maltraités, ne peuvent se défendre contre leurs agresseurs et, s'ils veulent maltraiter autrui, sont incapables de dominer leurs victimes. C'est la raison pour laquelle, à mon avis, quand l'accusateur parle de mon arrogance, il n'est pas sérieux, il plaisante, et il ne veut pas vraiment vous persuader que je suis comme cela : ce qu'il veut, c'est me tourner en ridicule, comme si c'était malin.
       trad. Pierre Chiron; éd. les belles lettres (2024)


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ἀργύριον, ου (τὸ) : pièce d’argent; argent monnayé; pension.
ἀργύριον μὲν οὐκ ἔχω ἀλλ’ ἢ μικρόν τι, Xén. An. 7, 7, 53 : quant à de l’argent, je n’ai qu’une petite somme.
τὸ παρὰ τῆς πόλεως ἀργύριον : allocation que je reçois de la cité.
ἀδύνατος, ος, ον : impuissant, faible.
ἀδύνατος σώματι, Lys. 197, 26 : invalide.
οἱ ἀδύνατοι, Eschn. 14, 40 : les invalides, c. à d. les citoyens que des blessures ou des infirmités naturelles rendaient impropres à soutenir leur vie.
οἷς τε ... τῶν ἀνθρώπων ... καὶ οἷς : les gens à qui ... et ceux à qui.
οὐ σπουδάζων, ἀλλὰ παίζων, οὐδ᾽ ὑμᾶς πεῖσαι βουλόμενος ὥς εἰμι τοιοῦτος, ἀλλ᾽ ἐμὲ κωμῳδεῖν βουλόμενος, ὥσπερ τι καλὸν ποιῶν : (à mon avis, quand l'accusateur parle de mon arrogance), il n'est pas sérieux, il plaisante, et il ne veut pas vraiment vous persuader que je suis comme cela : ce qu'il veut, c'est me tourner en ridicule, comme si c'était malin.
οὐδ᾽ ὑμᾶς πεῖσαι βουλόμενος ὥς εἰμι τοιοῦτος, ἀλλ᾽ ἐμὲ κωμῳδεῖν βουλόμενος, ὥσπερ τι καλὸν ποιῶν : ne prétendant pas vous convaincre, mais faire rire à mes dépens, comme s'il faisait là quelque chose de très malin.







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La médecine psychosomatique ne date pas d'aujourd'hui !

  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 109; éditions Gallimard.

 




Ζάλμοξις λέγει ὅτι ὥσπερ ὀφθαλμοὺς ἄνευ κεφαλῆς οὐ δεῖ ἐπιχειρεῖν ἰᾶσθαι οὐδὲ κεφαλὴν ἄνευ σώματος, οὕτως οὐδὲ σῶμα ἄνευ ψυχῆς, ἀλλὰ τοῦτο καὶ αἴτιον εἴη τοῦ διαφεύγειν τοὺς παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἰατροὺς τὰ πολλὰ νοσήματα, ὅτι τοῦ ὅλου ἀμελοῖεν οὗ δέοι τὴν ἐπιμέλειαν ποιεῖσθαι, οὗ μὴ καλῶς ἔχοντος ἀδύνατον εἴη τὸ μέρος εὖ ἔχειν. Πάντα γὰρ ἔφη ἐκ τῆς ψυχῆς ὡρμῆσθαι καὶ τὰ κακὰ καὶ τὰ ἀγαθὰ τῷ σώματι καὶ παντὶ τῷ ἀνθρώπῳ, καὶ ἐκεῖθεν ἐπιρρεῖν ὥσπερ ἐκ τῆς κεφαλῆς ἐπὶ τὰ ὄμματα· δεῖν οὖν ἐκεῖνο καὶ πρῶτον καὶ μάλιστα θεραπεύειν, εἰ μέλλει καὶ τὰ τῆς κεφαλῆς καὶ τὰ τοῦ ἄλλου σώματος καλῶς ἔχειν. θεραπεύεσθαι δὲ τὴν ψυχὴν ἔφη, ὦ μακάριε, ἐπῳδαῖς τισιν, τὰς δ' ἐπῳδὰς ταύτας τοὺς λόγους εἶναι τοὺς καλούς· ἐκ δὲ τῶν τοιούτων λόγων ἐν ταῖς ψυχαῖς σωφροσύνην ἐγγίγνεσθαι, ἧς ἐγγενομένης καὶ παρούσης ῥᾴδιον ἤδη εἶναι τὴν ὑγίειαν καὶ τῇ κεφαλῇ καὶ τῷ ἄλλῳ σώματι πορίζειν. Διδάσκων οὖν με τό τε φάρμακον καὶ τὰς ἐπῳδάς, “ Ὅπως,” ἔφη, “τῷ φαρμάκῳ τούτῳ μηδείς σε πείσει τὴν αὑτοῦ κεφαλὴν θεραπεύειν, ὃς ἂν μὴ τὴν ψυχὴν πρῶτον παράσχῃ τῇ ἐπῳδῇ ὑπὸ σοῦ θεραπευθῆναι. Καὶ γὰρ νῦν,” ἔφη, “τοῦτ' ἔστιν τὸ ἁμάρτημα περὶ τοὺς ἀνθρώπους, ὅτι χωρὶς ἑκατέρου, σωφροσύνης τε καὶ ὑγιείας, ἰατροί τινες ἐπιχειροῦσιν εἶναι·” καί μοι πάνυ σφόδρα ἐνετέλλετο μήτε πλούσιον οὕτω μηδένα εἶναι μήτε γενναῖον μήτε καλόν, ὃς ἐμὲ πείσει ἄλλως ποιεῖν. Ἐγὼ οὖν - ὀμώμοκα γὰρ αὐτῷ, καί μοι ἀνάγκη πείθεσθαι - πείσομαι οὖν.                                                                                                                                             Platon, Charmides, 156.

Zalmoxis, notre roi, qui est un dieu, affirme que, s'il ne faut pas essayer de guérir les yeux sans la tête, ni la tête sans les yeux, il ne faut pas non plus traiter la tête sans l'âme et que, si la plupart des maladies échappent aux médecins grecs, la raison en est qu'ils méconnaissent le tout dont ils devraient prendre soin ; car, quand le tout est en mauvais état, il est impossible que la partie se porte bien. En effet, disait-il, c'est de l'âme que viennent pour le corps et pour l'homme tout entier tous les maux et tous les biens ; ils en découlent comme ils découlent de la tête dans les yeux. C'est donc l'âme qu'il faut tout d'abord et avant tout soigner, si l'on veut que la tête et tout le corps soient en bon état. Or l'âme se soigne, disait-il, par des incantations, et ces incantations, cher ami, ce sont les beaux discours. Ces discours engendrent la sagesse dans les âmes, et une fois qu'elle est formée et présente, il est facile de procurer la santé à la tête et au reste du corps. Et lorsqu'il m'enseigna le remède et les incantations, il me dit : « Garde-toi bien de te laisser engager par qui que ce soit à soigner sa tête avec ce remède, s'il ne t'a d'abord livré son âme pour que tu la soignes par l'incantation. C'est aujourd'hui, disait-il, l'erreur répandue parmi les hommes de vouloir guérir séparément l'âme ou le corps. Et il me recommanda instamment de ne céder à personne, si riche, si noble, si beau qu'il fût, qui voudrait me persuader d'agir autrement. J'en ai fait le serment, je dois le tenir et je le tiendrai.



 
διαφεύγω (futur διαφεύξομαι, aor. 2 διέφυγον, etc.) : s’enfuir, échapper par la fuite.
ὄμμα, ατος (τὸ) : œil, regard.
ἐπῳδή, ῆς (ἡ) : chant ou parole magique, charme.
φημί, φῄς, φησί, φάμεν, φατέ, φασί, (toutes ces formes, à l’exception de φῄς, sont enclitiques) ; impér. φαθί ou φάθι : dire.
θεραπεύω : prendre soin de, soigner; servir, être serviteur; entourer de soins, de sollicitude; honorer (les dieux).
θεραπεύεσθαι + dat. : être soigné par.
ἁμάρτημα, ατος (τὸ) : erreur, faute; infirmité, maladie.

Ζάλμοξις λέγει ὅτι ὥσπερ ὀφθαλμοὺς ἄνευ κεφαλῆς οὐ δεῖ ἐπιχειρεῖν ἰᾶσθαι οὐδὲ κεφαλὴν ἄνευ σώματος : Zalmoxis, notre roi, qui est un dieu, affirme que, s'il ne faut pas essayer de guérir les yeux sans la tête, ni la tête sans les yeux.

Ἐγὼ οὖν - ὀμώμοκα γὰρ αὐτῷ, καί μοι ἀνάγκη πείθεσθαι - πείσομαι οὖν : J'en ai fait le serment, je dois le tenir et je le tiendrai.


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Texte d'étude : les emplois de l'aoriste.

   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 110; éditions Gallimard.

Bouviers insolents métamorphosés en grenouilles


 



Λητὼ ἐπεὶ ἔτεκεν Ἀπόλλωνα καὶ Ἄρτεμιν ἐν Ἀστερίᾳ τῇ νήσῳ, ἀφίκετο εἰς Λυκίαν ἐπιφερομένη τοὺς παῖδας ἐπὶ τὰ λουτρὰ τοῦ Ξάνθου· καὶ ἐπεὶ τάχιστα ἐγένετο ἐν τῇ γῇ ταύτῃ, ἐνέτυχε πρῶτα Μελίτῃ κρήνῃ καὶ προεθυμεῖτο πρὶν ἐπὶ τὸν Ξάνθον ἐλθεῖν ἐνταυθοῖ τοὺς παῖδας ἀπολοῦσαι. ἐπεὶ δ' αὐτὴν ἐξήλασαν ἄνδρες βουκόλοι, ὅπως ἄν αὐτοῖς οἱ βόες ἐκ τῆς κρήνης πίωσιν, ἀπαλλάττεται καταλιποῦσα τὴν Μελίτην ἡ Λητώ, λύκοι δὲ συναντόμενοι καὶ σήναντες ὑφηγήσαντο τῆς ὁδοῦ καὶ ἀπήγαγον ἄχρι πρὸς τὸν ποταμὸν αὐτὴν τὸν Ξάνθον. ἡ δὲ Λητὼ, πιοῦσα τοῦ ὕδατος καὶ ἀπολούσασα τοὺς παῖδας, τὸν μὲν Ξάνθον ἱερὸν ἀπέδειξεν Ἀπόλλωνος, τὴν δὲ γῆν Τρεμιλίδα λεγομένην Λυκίαν μετωνόμασεν ἀπὸ τῶν καθηγησαμένων λύκων. ἐπὶ δὲ τὴν κρήνην αὖτις ἐξίκετο δίκην ἐπιϐαλοῦσα τοῖς ἀπελάσασιν αὐτὴν βουκόλοις· καὶ οἱ μὲν ἀπέλουον τότ' ἔτι παρὰ τὴν κρήνην τοὺς βοῦς, Λητὼ δὲ μεταϐαλοῦσα πάντας ἐποίησε βατράχους καὶ λίθῳ τραχεῖ τύπτουσα τὰ νῶτα καὶ τοὺς ὤμους κατάϐαλε πάντας εἰς τὴν κρήνην καὶ βίον ἔδωκεν αὐτοῖς καθ' ὕδατος· οἱ δ' ἄχρι νῦν παρὰ ποταμοὺς βοῶσι καὶ λίμνας.
                                                                                                                                                                                                  Antoninus Liberalis, 35



Après avoir mis au monde Apollon et Artémis dans l'île d'Astérie, Léto vint en Lycie, amenant ses enfants aux bains du Xanthos. Aussitôt arrivée dans ce pays, elle rencontra d'abord sur son chemin la fontaine Mélité et elle eut grande envie d'y baigner ses enfants avant d'atteindre le Xanthos. Mais des bouviers l'en chassèrent pour faire boire leurs bœufs à la fontaine, et Léto quitta Mélité et s'en alla; des loups venus à sa rencontre lui firent fête et, lui servant de guides, l'amenèrent jusqu'au fleuve Xanthos. La déesse but de l'eau et baigna ses enfants, puis elle consacra le Xanthos  à Apollon, et, au pays qui jusqu'alors s'appelait Trémilis, elle donna le nom de Lycie d'après les loups qui lui avait montré le chemin. Puis elle revint sur ses pas pour châtier les bouviers qui l'avaient chassée; à ce moment-là ils étaient encore auprès de la fontaine en train de baigner leurs bœufs; Léto les transforma tous en grenouilles et, leur frappant d'une pierre rugueuse le dos et les épaules, elle les précipita tous dans la fontaine et les fit vivre dans l'eau. Et maintenant encore ils coassent en bordure des rivières et des marais.

             trad. Papathomopoulos Manolis; éd. les belles lettres



τίκτω (imparf. ἔτικτον, futur τέξω, plus souvent τέξομαι, aor.2 ἔτεκον, parf. τέτοκα; passif futur τεχθήσομαι, aor. ἐτέχθην, parf. τέτεγμαι) : mettre au monde, enfanter, engendrer.
ἀφικνέομαι-οῦμαι (imparf. ἀφικνούμην, futur ἀφίξομαι, aor.2 ἀφικόμην, parf. ἀφῖγμαι, pl.q.parf. ἀφίγμην) : arriver, parvenir; venir.
ἐπιφέρω (futur ἐποίσω, aor.1 ἐπήνεγκα, etc.) : porter sur; porter contre.
passif-moyen ἐπιφέρομαι (futur passif ἐπενεχθήσομαι, futur moyen ἐποίσομαι) : apporter avec soi, amener avec soi.
Λητὼ ... ἀφίκετο εἰς Λυκίαν ἐπιφερομένη τοὺς παῖδας ἐπὶ τὰ λουτρὰ τοῦ Ξάνθου : Léto vint en Lycie, amenant ses enfants aux bains du Xanthos.
ἐπεὶ τάχιστα ἐγένετο ἐν τῇ γῇ ταύτῃ : aussitôt arrivée dans ce pays.
προθυμέομαι-οῦμαι (imparf. προὐθυμούμην, futur προθυμήσομαι, aor. προὐθυμήθην, parf. inus.) : être plein de bonne volonté, être plein d'ardeur, être empressé pour.
ἐξελαύνω (futur ἐξελάσω, att. et ion. ἐξελῶ, aor. ἐξήλασα, parf. ἐξελήλακα) : pousser hors de; expulser, chasser.
βουκόλος, ου (ὁ) : conducteur ou gardien de bœufs, bouvier.

βοῦς, gén. βοός (ὁ et ἡ) : bœuf, vache.
déclin. βοῦς, βοός, βοΐ, βοῦν, etc. ; plur. βόες, d’où βοῦς, βοῶν, βουσί, βοῦς.

μετωνόμασεν : elle nomma, elle appela, elle donna le nom de.
καθηγέομαι-οῦμαι : montrer le chemin, servir de guide.
Λυκίαν μετωνόμασεν ἀπὸ τῶν καθηγησαμένων λύκων : elle donna le nom de Lycie d'après les loups qui lui avait montré le chemin.
ποιέω-ῶ (imparf. ἐποίουν, futur ποιήσω, aor. ἐποίησα, parf. πεποίηκα; passif futur ποιηθήσομαι, aor. ἐποιήθην; parf. πεποίημαι) : faire, fabriquer, produire.
μεταϐάλλω (futur μεταϐαλῶ, aor.2 μετέϐαλον, etc.) : changer, prendre en changeant, transformer, métamorphoser; devenir en changeant, se transformer.
Λητὼ μεταϐαλοῦσα πάντας ἐποίησε βατράχους : Léto par métamorphose les transforma tous en grenouilles.
οἱ δ' ἄχρι νῦν παρὰ ποταμοὺς βοῶσι καὶ λίμνας : maintenant encore ils coassent en bordure des rivières et des marais.
βοάω-βοῶ (imparf. ἐϐόων, futur βοήσομαι, postér. βοήσω, aor. ἐϐόησα, parf. récent βεϐόηκα; passif aor. ἐϐοήθην, parf. βεϐόημαι) : crier; coasser.





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Un exemple de magnificence

     voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 119; éditions Gallimard.





Τοιούτους ἔδει καὶ τοὺς λοιποὺς εἶναι πλείους ὡς τοῖς γε μὴ τοῦτο ποιοῦσιν ἐρεῖ τις ‘τί μικρολόγος εἶ;’ —‘πλεῖαί τοι οἴνου κλισίαι· δαίνυ δαῖτα γέρουσι θάλειαν· ἔοικέ τοι.’ τοιοῦτος ἦν τῇ μεγαλοψυχίᾳ ὁ μέγας Ἀλέξανδρος. Κόνων δὲ τῇ περὶ Κνίδον ναυμαχίᾳ νικήσας Λακεδαιμονίους καὶ τειχίσας τὸν Πειραιᾶ ἑκατόμϐην τῷ ὄντι θύσας καὶ οὐ ψευδωνύμως πάντας Ἀθηναίους εἱστίασεν. Ἀλκιϐιάδης δὲ Ὀλύμπια νικήσας ἅρματι πρῶτος καὶ δεύτερος καὶ τέταρτος, εἰς ἃς νίκας καὶ Εὐριπίδης ἔγραψεν ἐπινίκιον, θύσας Ὀλυμπίῳ Διὶ τὴν πανήγυριν πᾶσαν εἱστίασε. τὸ αὐτὸ ἐποίησε καὶ Λεώφρων Ὀλυμπίασιν, ἐπινίκιον γράψαντος τοῦ Κείου Σιμωνίδου. Ἐμπεδοκλῆς δ´ ὁ Ἀκραγαντῖνος ἵπποις Ὀλύμπια νικήσας, Πυθαγορικὸς ὢν καὶ ἐμψύχων ἀπεχόμενος, ἐκ σμύρνης καὶ λιϐανωτοῦ καὶ τῶν πολυτελεστάτων ἀρωμάτων βοῦν ἀναπλάσας διένειμε τοῖς εἰς τὴν πανήγυριν ἀπαντήσασιν. ὁ δὲ Χῖος Ἴων τραγῳδίαν νικήσας Ἀθήνησιν ἑκάστῳ τῶν Ἀθηναίων ἔδωκε Χίου κεράμιον. τοῦ γάρ τις ἄλλου πρὸς θεῶν ἂν οὕνεκα εὔξαιτο πλουτεῖν εὐπορεῖν τε χρημάτων ἢ τοῦ δύνασθαι παραϐοηθεῖν τοῖς φίλοις σπείρειν τε καρπὸν Χάριτος, ἡδίστης θεῶν; τοῦ μὲν πιεῖν γὰρ καὶ φαγεῖν τὰς ἡδονὰς ἔχομεν ὁμοίας· οὐδὲ τοῖς λαμπροῖσι γὰρ δείπνοις τὸ πεινῆν παύεται, Ἀντιφάνης φησίν. ὅτι Ξενοκράτης ὁ Χαλκηδόνιος καὶ Σπεύσιππος ὁ Ἀκαδημαικὸς καὶ Ἀριστοτέλης βασιλικοὺς νόμους ἔγραψε. ἀλλὰ μὴν καὶ ὁ Ἀκραγαντῖνος Τελλίας, φιλόξενος ὢν καὶ πάντας πολυωρῶν, πεντακοσίοις ἱππεῦσιν ἐκ Γέλας ποτὲ καταλύσασιν ὡς αὐτὸν χειμῶνος ὥρᾳ ἔδωκεν ἑκάστῳ χιτῶνα καὶ ἱμάτιον.
                                                                                                                                                                                              Athénée, le banquet, 1, 42



Voilà comme devraient se comporter tous ceux qui ont du bien; autrement on est en droit de leur dire avec un poète : «Pourquoi cette épargne sordide ? tandis que vos celliers regorgent de vin, invitez des gens (vieillards) expérimentés à votre table : c'est ainsi qu'il faut se comporter.» C'est aussi de cette manière qu'Alexandre faisait connaître sa grande âme; et que Conon, après avoir gagné une bataille navale contre les Lacédémoniens, près de Cnide, et fortifié le Pirée, offrit une hécatombe réelle de cent bœufs, et invita tous les Athéniens à un festin. Alcibiade remporte à Olympie la première, la seconde et la troisième palme des chars (comme nous l'apprend Euripide, qui a célébré ces victoires); il fait de même un sacrifice à Jupiter Olympien, et donne un repas à toute l'assemblée d'Olympie. Léophron, dont Simonide a chanté la victoire, ne se comporta pas autrement. Mais Empédocle, qui était pythagoricien, et ainsi ne mangeait de rien qui eût eu vie, fit avec de la myrrhe, de l'encens et d'autres aromates précieux, un bœuf qu'il distribua à toute l'assemblée des jeux olympiques. Ion de Chio ayant remporté à Athènes le prix de la tragédie, donna à chaque Athénien un flacon de vin de Chio. Antiphane a dit : «Par les dieux ! pourquoi désirer être riche et dans l'abondance.» Mais Tellias d'Agrigente, qui exerçait avec tant de plaisir l'hospitalité, et se tenait, pour ainsi dire, à la porte pour recevoir le premier qui se présentait, ne reçut-il pas un jour cinq cents cavaliers de Gela, qui vinrent chez lui au milieu de l'hiver, donnant même à chacun une tunique et un manteau ?






μικρολόγος, att. σμικρολόγος, ος, ον : avare, mesquin; minutieux, pointilleux.
Τοιούτους ἔδει καὶ τοὺς λοιποὺς εἶναι πλείους ὡς τοῖς γε μὴ τοῦτο ποιοῦσιν ἐρεῖ τις ‘τί μικρολόγος εἶ; : Voilà comme devraient se comporter tous ceux qui ont du bien; autrement on est en droit de leur dire avec un poète : "Pourquoi es-tu avare ? "

ἑστιάω-ῶ (imparf. εἱστίων, futur ἑστιάσω, aor. εἱστίασα, parf. εἱστίακα ; passif aor. εἱστιάθην, parf. εἱστίαμαι : recevoir à son foyer, donner l’hospitalité à; donner un repas, recevoir à sa table.
πάντας Ἀθηναίους εἱστίασεν : il invita tous les Athéniens à un festin.
τειχίζω (imparf. ἐτείχιζον, futur att. τειχιῶ, aor. ἐτείχισα, parf. τετείχικα; passif pl.q.parf. ἐτετειχίσμην): construire un mur, fortifier (pour se défendre).
Κόνων τῇ περὶ Κνίδον ναυμαχίᾳ νικήσας Λακεδαιμονίους καὶ τειχίσας τὸν Πειραιᾶ : Conon, ayant gagné une bataille navale contre les Lacédémoniens, près de Cnide, et ayant fortifié le Pirée.
τῷ ὄντι, adv. : en réalité, réellement, véritablement.
ἑκατόμϐη, ης (ἡ) : hécatombe ou sacrifice de cent bœufs, d’où grand sacrifice public.
ψευδωνύμως,  adv. : sous un faux nom.
Κόνων ... ἑκατόμϐην τῷ ὄντι θύσας καὶ οὐ ψευδωνύμως πάντας Ἀθηναίους εἱστίασεν : Conon ... offrit une hécatombe réelle de cent bœufs, et invita à sa table toute la ville d'Athènes.
μεγαλοψυχία, ας (ἡ) : grandeur d’âme, magnanimité; libéralité, munificence; grandeur; arrogance; exaltation d’esprit.
κεράμιον, ου (τὸ) : vase de terre cuite, d’argile, jarre, amphore (pour le vin).

ἀπέχω (imparf. ἀπεῖχον, futur ἀφέξω, aor. 2 ἀπέσχον) : tenir à l’écart; tenir éloigné.
moyen ἀπέχομαι (futur ἀφέξομαι, aor. 2 ἀπεσχόμην, parf. ἀπέσχημαι) : tenir éloigné, éloigner, écarter; s'abstenir de.








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Les Héraclides

          voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 119; éditions Gallimard.



Μετὰ τὸν Ἡρακλέους ἐξ ἀνθρώπων ἀφανισμὸν Εὐρυσθεὺς ἐξελάσας αὐτοῦ τοὺς παῖδας τῆς πατρίδος αὐτὸς ἐϐασίλευεν. οἱ δὲ Ἡρακλεῖδαι καταφυγόντες πρὸς Δημοφῶντα τὸν Θησέως ᾤκησαν τὴν τετράπολιν τῆς Ἀττικῆς· Εὐρυσθεὺς δὲ πέμψας ἄγγελον εἰς Ἀθήνας πόλεμον προέλεγε τοῖς Ἀθηναίοις, εἰ μὴ τοὺς Ἡρακλείδας ἐξελάσωσιν.

οἱ μὲν οὖν Ἀθηναῖοι τὸν πόλεμον οὐκ ἀπολέγονται, Εὐρυσθεὺς δ' ἐνέϐαλεν εἰς τὴν Ἀττικὴν καὶ παραταξάμενος αὐτὸς μὲν ἀποθνῄσκει μαχόμενος, ἡ δὲ πληθὺς ἐτράπη τῶν Ἀργείων. Ὕλλος δὲ καὶ οἱ ἄλλοι Ἡρακλεῖδαι καὶ οἱ σὺν αὐτοῖς, ἀποθανόντος Εὐρυσθέως, κατοικίζονται πάλιν ἐν Θήϐαις.

ἐν δὲ τούτῳ καὶ Ἀλκμήνη κατὰ γῆρας ἀποθνῄσκει καὶ αὐτὴν ἐξεκόμισαν Ἡρακλεῖδαι· ᾤκουν δὲ παρὰ τὰς Ἠλέκτρας πύλας, ὅθιπερ καὶ Ἡρακλῆς ἐν τῇ ἀγορᾷ. Ζεὺς δὲ Ἑρμῆν πέμπει κελεύων Ἀλκμνήνην ἐκκλέψαι καὶ ἀπενεγκεῖν εἰς Μακάρων νήσους καὶ δοῦναι Ῥοδαμάνθυι γυναῖκα· Ἑρμῆς δὲ πεισθεὶς Ἀλκμνήνην ἐκκλέπτει, λίθον δ' ἀντ' αὐτῆς ἐντίθησιν εἰς τὴν σορόν. οἱ δ' Ἡρακλεῖδαι ἐπεὶ τὴν λάρνακα φέροντες ἐϐαρύνοντο, κατατίθενται καὶ ἀποκαλύψαντες εὗρον ἀντὶ τῆς Ἀλκμνήνης λίθον καὶ αὐτὸν ἐξελόντες ἔστησαν ἐν τῷ ἄλσει, ὅθιπέρ ἐστι τὸ ἡρῷον τὸ τῆς Ἀλκμνήνης ἐν Θήϐαις.
                                                                                                                                                                                                     Antoninus Liberalis, 33



Quand Héraclès eut disparu d'entre les hommes, Eurysthée chassa ses enfants de leur patrie et régna en personne sur le pays. Les Héraclides qui s'étaient réfugiés auprès de Démophon, fils de Thésée, habitèrent la tétrapole de l'Attique.

Eurysthée envoya un messager à Athènes en menaçant les habitants de la guerre s'ils ne chassaient pas les Héraclides. Les Athéniens ne reculèrent pas devant la guerre; Eurysthée envahit l'Attique et, ayant mis ses troupes en ordre de bataille, il périt lui-même au cours du combat; quant à la foule des Argiens, elle fut mise en déroute. Hyllos, les autres Héraclides et leurs partisans, après la mort d'Eurysthée, s'installèrent à nouveau à Thèbes.

En ce temps-là Alcmène mourut de vieillesse et les Héraclides lui firent des funérailles; ils habitaient près des portes Electres à l'endroit même où Héraclès avait aussi vécu, Zeus envoya Hermès avec l'ordre d'enlever furtivement Alcmène, de l'emmener aux îles des Bienheureux et de la donner comme épouse à Rhadamanthe, Hermès obéit, enleva Alcmène et mit une pierre à sa place dans le cercueil. Et comme les Héraclides qui portaient le cercueil le trouvaient trop lourd, ils le posèrent par terre, ôtèrent le couvercle et y découvrirent une pierre à la place d'Alcmène; ils la prirent  et la dressèrent dans le bois sacré, à l'endroit même où est situé l'hérôon d'Alcmène à Thèbes.


                                                                         


ἀφανισμός, οῦ (ὁ) : destruction, dommage; action de dissimuler; disparition (de la lune, des astres)
ἀφανίζω (imparf. ἠφάνιζον, futur ἀφανίσω, att. ἀφανιῶ; aor. ἠφάνισα, parf. ἠφάνικα; passif futur ἀφανισθήσομαι, aor. ἠφανίσθην, parf. ἠφάνισμαι) : faire disparaître, rendre invisible.
ἐξελαύνω (futur ἐξελάσω, att. et ion. ἐξελῶ, aor. ἐξήλασα, parf. ἐξελήλακα) : pousser hors de, chasser.
εἰ μὴ τοὺς Ἡρακλείδας ἐξελάσωσιν : s'ils ne chassaient pas les Héraclides.

βασιλεύω (futur βασιλεύσω, aor ἐϐασίλευσα, par βεϐασίλευκα):  être roi, régner.
τετράπολις, εως (ἡ) : réunion de quatre villes ou États, tétrapole (en Attique, réunion des quatre bourgs d'Œnoè, Marathon, Probalinthos et Trikorythos).


ἐν δὲ τούτῳ (τῷ χρόνῳ) : en ce temps, à ce moment.
ἐκκλέπτω (futur ἐκκλέψω) : enlever furtivement.
ἀποφέρω (futur ἀποίσω, aor.1 ἀπήνεγκα, aor.2 ἀπήνεγκον, etc.) : emporter, emmener.
Ζεὺς δὲ Ἑρμῆν πέμπει κελεύων Ἀλκμνήνην ἐκκλέψαι καὶ ἀπενεγκεῖν εἰς Μακάρων νήσους καὶ δοῦναι Ῥοδαμάνθυι γυναῖκα : Zeus envoya Hermès avec l'ordre d'enlever furtivement Alcmène, de l'emmener aux îles des Bienheureux et de la donner comme épouse à Rhadamanthe.
βαρύνω (imparf. ἐϐάρυνον, futur βαρυνῶ, aor. ἐϐάρυνα, parf. inus. ; passif futur βαρυνθήσομαι, aor. ἐϐαρύνθην) : rendre pesant, alourdir.
ἄλσος, εος-ους (τὸ) : bois; bois sacré. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
ἡρῷος, ος, ον : de héros, héroïque.
τὸ ἡρῷον : temple d’un héros.






 

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Hylas métamorphosé en  écho

     voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 115; éditions Gallimard.




Ἐπεὶ δὲ πρὸς τὸ στενὸν ἐξίκοντο τοῦ Πόντου καὶ τὰ σφυρὰ παρέπλευσαν τῆς Ἀργανθώνης καὶ ἐγένετο χειμὼν καὶ σάλος, ἐνταῦθα καταϐαλόντες ἀγκύρας ἀνέπαυσαν τὴν ναῦν. καὶ Ἡρακλῆς παρεῖχε τοῖς ἥρωσι τὸ δεῖπνον. ὁ δὲ παῖς Ὕλας ἔχων κρωσσὸν ἦλθε πρὸς τὸν Ἀσκάνιον ποταμὸν ὕδωρ ἀποίσων τοῖς ἀριστεῦσι· καὶ αὐτὸν ἰδοῦσαι νύμφαι, τοῦ ποταμοῦ τούτου θυγατέρες, ἠράσθησαν, ἀρυόμενον δὲ καταϐάλλουσιν εἰς τὴν κρήνην. καὶ ὁ μὲν Ὕλας ἀφανὴς ἐγένετο, Ἡρακλῆς δ᾿, ἐπεὶ αὐτῷ οὐκ ἐνόστει, καταλιπὼν τοὺς ἥρωας ἐξερευνᾷ πανταχοῖ τὸν δρυμὸν καὶ ἐϐόησε πολλάκις τὸν Ὕλαν. νύμφαι δὲ δείσασαι τὸν Ἡρακλέα, μὴ αὐτὸν εὕροι κρυπτόμενον παρ᾿ αὐταῖς, μετέϐαλον τὸν Ὕλαν καὶ ἐποίησαν ἠχώ, καὶ πρὸς τὴν βοὴν πολλάκις ἀντεφώνησεν Ἡρακλεῖ. καὶ ὁ μὲν ὡς οὐκ ἐδύνατο πλεῖστα ποιησάμενος ἐξευρεῖν τὸν Ὕλαν, παρεγένετο πρὸς τὴν ναῦν καὶ αὐτὸς μὲν ἔπλει μετὰ τῶν ἀριστέων, Πολύφημον δὲ καταλείπει ἐν τῷ χωρίῳ, εἴ πως δύναιτο ζητῶν ἐξευρεῖν αὐτῷ τὸν Ὑλαν. καὶ ὁ μὲν Πολύφημος ἔφθη τελευτήσας, Ὕλᾳ δὲ θύουσιν ἄχρι νῦν παρὰ τὴν κρήνην οἱ ἐπιχώριοι καὶ αὐτὸν ἐξ ὀνόματος εἰς τρὶς ὁ ἱερεὺς φωνεῖ καὶ εἰς τρὶς ἀμείϐεται πρὸς αὐτὸν ἠχώ.
                                                                                                                                                                                                Antoninius Liberalis, 26



Ils avaient atteint le détroit du Pont-Euxin lorsqu'il s'éleva en ces lieux une tempête; ils jetèrent l'ancre et immobilisèrent leur navire. Héraclès donna aux héros leur repas. Quant au jeune Hylas, il s'en alla avec une cruche au bord du fleuve Ascanios afin d'en rapporter de l'eau pour les chefs. En le voyant, les nymphes, filles du fleuve, s'éprirent de lui et, tandis qu'il puisait de l'eau, elles le précipitent dans la source. Et Hylas disparut; Héraclès, laissant là les héros, se mit à fouiller  la forêt de tous côtés, appelant souvent Hylas à grands cris. Les nymphes, par peur d'Héraclès, métamorphosèrent Hylas en écho et il répondit souvent aux appels d'Héraclès. Celui-ci, ne pouvant le trouver, revint au navire et il accompagna les héros dans leur traversée. Hylas, aujourd'hui encore, est honoré par des sacrifices qui lui offrent, près de la source, les habitants du lieu : à trois reprises, le prêtre l'appelle par son nom et à trois reprise, l'écho lui répond. 





στενός, ή, όν : étroit, resserré.
subst. τὸ στενόν : passage étroit, défilé; détroit.
ἀναπαύω ... : faire cesser, arrêter, suspendre.
χειμὼν ἔργων ἀνθρώπους ἀνέπαυσεν, Il. 17, 550 : l’hiver arrête les hommes dans leurs travaux.
ἀνέπαυσαν τὴν ναῦν : ils firent arrêter le navire.
κρωσσός, οῦ (ὁ) : cruche (pour l’eau, le vin, l’huile, etc.)
ἀριστεύς, έως (ὁ) : celui qui tient le premier rang, chef le plus distingué, particul. le plus brave.
ἀποφέρω (futur ἀποίσω, aor.1 ἀπήνεγκα, aor.2 ἀπήνεγκον, etc.) : emporter (dans les bras, sur une voiture, etc.); rapporter, ramener; apporter en retour, payer, acquitter.  ---- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
ὁ δὲ παῖς Ὕλας ἔχων κρωσσὸν ἦλθε πρὸς τὸν Ἀσκάνιον ποταμὸν ὕδωρ ἀποίσων τοῖς ἀριστεῦσι : quant au jeune Hylas, il s'en alla avec une cruche au bord du fleuve Ascanios afin d'en rapporter de l'eau pour les chefs.
καταϐάλλω (futur καταϐαλῶ, aor. 2 κατέϐαλον) : jeter de haut en bas; abattre, renverser, jeter à bas.
ἐπιχώριος, α ou ος, ον : qui est du pays, indigène, national. ---- voir dico Bailly
ἀμείϐω (futur ἀμείψω, aor. ἤμειψα, parf. inus.; passif futur ἀμειφθήσομαι, aor. ἠμείφθην, parf. ἤμειμμαι) : échanger.
ἀμείϐομαι : je réponds. --- voir dico Bailly
Ὕλᾳ δὲ θύουσιν ἄχρι νῦν παρὰ τὴν κρήνην οἱ ἐπιχώριοι καὶ αὐτὸν ἐξ ὀνόματος εἰς τρὶς ὁ ἱερεὺς φωνεῖ καὶ εἰς τρὶς ἀμείϐεται πρὸς αὐτὸν ἠχώ : Hylas, aujourd'hui encore, est honoré par des sacrifices qui lui offrent, près de la source, les habitants du lieu : à trois reprises, le prêtre l'appelle par son nom et à trois reprise, l'écho lui répond.






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Dialogues des morts : L'empoisonneur empoisonné
  
  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 126; éditions Gallimard.



ZÉNOPHANTE ET CALLIDÉMIDE, 17


ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΥ ΚΑΙ ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΟΥ
ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
Σὺ δὲ͵ ὦ Καλλιδημίδη͵ πῶς ἀπέθανες; ἐγὼ μὲν γὰρ ὅτι παράσιτος ὢν Δεινίου πλέον τοῦ ἱκανοῦ ἐμφαγὼν ἀπεπνίγην͵ οἶσθα· παρῆς γὰρ
ἀποθνήσκοντί μοι.
ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
Παρῆν͵ ὦ Ζηνόφαντε· τὸ δὲ ἐμὸν παράδοξόν τι ἐγένετο. οἶσθα γὰρ καὶ σύ που Πτοιόδωρον τὸν γέροντα;
ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
Τὸν ἄτεκνον͵ τὸν πλούσιον͵ ᾧ σε τὰ πολλὰ ᾔδειν συνόντα.
ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
Ἐκεῖνον αὐτὸν ἀεὶ ἐθεράπευον ὑπισχνούμενον ἐπ΄ ἐμοὶ τεθνήξεσθαι. ἐπεὶ δὲ τὸ πρᾶγμα εἰς μήκιστον ἐπεγίνετο καὶ ὑπὲρ τὸν Τιθωνὸν ὁ γέρων ἔζη͵ ἐπίτομόν τινα ὁδὸν ἐπὶ τὸν κλῆρον ἐξηῦρον· πριάμενος γὰρ φάρμακον ἀνέπεισα τὸν οἰνοχόον͵ ἐπειδὰν τάχιστα ὁ Πτοιόδωρος αἰτήσῃ πιεῖν͵ πίνει δὲ ἐπιεικῶς ζωρότερονἐμϐαλόντα εἰς κύλικα ἕτοιμον ἔχειν αὐτὸ καὶ ἐπιδοῦναι αὐτῷ· εἰ δὲ τοῦτο ποιήσει͵ ἐλεύθερον ἐπωμοσάμην ἀφήσειν αὐτόν.
ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
Τί οὖν ἐγένετο; πάνυ γάρ τι παράδοξον ἐρεῖν ἔοικας.
ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
Ἐπεὶ τοίνυν λουσάμενοι ἥκομεν͵ δύο δὴ ὁ μειρακίσκος κύλικας ἑτοίμους ἔχων τὴν μὲν τῷ Πτοιοδώρῳ τὴν ἔχουσαν τὸ φάρμακον͵ τὴν δὲ
ἑτέραν ἐμοί͵ σφαλεὶς οὐκ οἶδ΄ ὅπως ἐμοὶ μὲν τὸ φάρμακον͵ Πτοιοδώρῳ δὲ τὸ ἀφάρμακτον ἔδωκεν· εἶτα ὁ μὲν ἔπινεν͵ ἐγὼ δὲ αὐτίκα μάλα ἐκτάδην ἐκείμην ὑποϐολιμαῖος ἀντ΄ ἐκείνου νεκρός. τί τοῦτο γελᾷς͵ ὦ Ζηνόφαντε; καὶ μὴν οὐκ ἔδει γε ἑταίρῳ ἀνδρὶ ἐπιγελᾶν.
ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
Ἀστεῖα γάρ͵ ὦ Καλλιδημίδη͵ πέπονθας. ὁ γέρων δὲ τί πρὸς ταῦτα;
ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
Πρῶτον μὲν ὑπεταράχθη πρὸς τὸ αἰφνίδιον͵ εἶτα συνείς͵ οἶμαι͵ τὸ γεγενημένον ἐγέλα καὶ αὐτός͵ οἷά γε ὁ οἰνοχόος εἴργασται.
ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
Πλὴν ἀλλ΄ οὐδὲ σὲ τὴν ἐπίτομον ἐχρῆν τραπέσθαι· ἧκε γὰρ ἄν σοι διὰ τῆς λεωφόρου ἀσφαλέστερον͵ εἰ καὶ ὀλίγῳ βραδύτερος ἦν.


τὸ δὲ ἐμὸν : mon affaire à moi = mon sort.
ὑπὲρ τὸν Τιθωνὸν : plus longtemps que Tithon = plus que Mathusalem.
κλῆρος, ου (ὁ) : héritage..

[17] ZÉNOPHANTE ET CALLIDÉMIDE.
ZÉNOPHANTE.
Et toi, comment es-tu mort, Callidémide ? Moi, qui étais parasite de Dinias, j'ai été étouffé pour avoir trop mangé; tu te le rappelles, tu étais présent à ma mort.
CALLIDÉMIDE.
Oui, Zénophante ; mais ce qui m'est arrivé est incroyable Tu connais, je crois, le vieux Ptoodore.
ZÉNOPHANTE.
Ce vieillard sans enfants, riche, et avec qui je te voyais souvent ?
CALLIDÉMIDE.
Lui-même ! Je lui faisais une cour assidue, et il me promettait que je ne perdrais rien à sa mort. Mais comme la chose traînait en longueur, et que le bonhomme vivait plus que Tithon, j'imaginai un chemin plus court pour arriver à l'héritage. J'achète du poison, j'engage l'échanson de Ptéodore à le mêler dans sa coupe, et, quand le vieillard, qui boit volontiers, demanderait à boire, à la tenir prête et à la lui présenter : je lui jure que, s'il le fait ainsi, je lui donnerai sa liberté.
ZÉNOPHANTE.
Eh bien ! qu'est-il arrivé ? Il me semble qu'il va se passer quelque chose d'extraordinaire.
CALLIDÉMIDE.
Quand nous fûmes revenu du bain, le jeune homme, qui déjà tenait les deux coupes toutes prêtes, l'une où était le poison pour Ptéodore, l'autre pour moi, me présenta, je ne sais par quelle erreur, la coupe empoisonnée, et à Ptéodore celle qui ne l'était pas. Il boit, et moi je tombe aussitôt à la renverse et j'expire à la place du vieillard. Eh quoi ! tu ris, Zénophante ? Tu ne devrais pas te moquer d'un ami !
ZÉNOPHANTE.
C'est que l'aventure est plaisante, cher Callidémide ! Et le vieillard ?
CALLIDÉMIDE.
D'abord cette mort soudaine le troubla; mais comprenant, je crois, ce qu'il en était, il se mit à rire du tour que m'avait joué l'échanson. ZÉNOPHANTE.
Tu as eu tort de prendre le chemin le plus court ; la grande route était plus sûre, quoique un peu plus longue.


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Héraclès entre le vice et la vertu

      voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 127; éditions Gallimard.





Ὁ μῦθος λέγει νέῳ ὄντι τῷ Ἡρακλεῖ κομιδῇ, καὶ σχεδὸν ταύτην ἄγοντι τὴν ἡλικίαν, ἣν καὶ ὑμεῖς νῦν, βουλευομένῳ ποτέραν τράπηται τῶν ὁδῶν, τὴν διὰ τῶν πόνων ἄγουσαν πρὸς ἀρετήν, ἢ τὴν ῥᾴστην, προσελθεῖν δύο γυναῖκας, ταύτας δὲ εἶναι Ἀρετὴν καὶ Κακίαν. Εὐθὺς μὲν οὖν καὶ σιωπώσας ἐμφαίνειν ἀπὸ τοῦ σχήματος τὸ διάφορον. Εἶναι γὰρ τὴν μὲν ὑπὸ κομμωτικῆς διεσκευασμένην εἰς κάλλος, καὶ ὑπὸ τρυφῆς διαρρεῖν, καὶ πάντα ἑσμὸν ἡδονῆς ἐξηρτημένην ἄγειν· ταῦτά τε οὖν δεικνύναι, καὶ ἔτι πλείω τούτων ὑπισχνουμένην, ἕλκειν ἐπιχειρεῖν τὸν Ἡρακλέα πρὸς ἑαυτήν· τὴν δ´ ἑτέραν κατεσκληκέναι, καὶ αὐχμεῖν, καὶ σύντονον βλέπειν, καὶ λέγειν τοιαῦτα ἕτερα· ὑπισχνεῖσθαι γὰρ οὐδὲν ἀνειμένον, οὐδὲ ἡδύ, ἀλλ´ ἱδρῶτας μυρίους καὶ πόνους καὶ κινδύνους, διὰ πάσης ἠπείρου τε καὶ θαλάσσης, ἆθλον δὲ τούτων εἶναι θεὸν γενέσθαι, ὡς ὁ ἐκείνου λόγος· ᾗπερ δὴ καὶ τελευτῶντα τὸν Ἡρακλέα συνέπεσθαι.
                                                                                                                                                                   Saint Basile, aux jeunes gens, chap. 5.





Voici ce que raconte la légende : Héraclès était tout jeune encore, il avait à peu près l'âge que vous avez maintenant; il réfléchissait pour savoir laquelle de ces deux routes il devait prendre, celle qui par l'effort conduit à la vertu, ou bien la plus aisée, quand il vit venir à lui deux femmes : c'étaient la Vertu et le Vice. De prime abord, en dépit de leur silence, elles révélaient par leur maintient ce qui les différenciait. L'une avec du fard s'était ingéniée à se rendre belle, elle était alanguie de luxure et elle s'efforçait d'attirer Héraclès; la seconde, décharnée et d'un aspect négligé tenait un autre langage : ce qu'elle promettait n'avait rien de facile ni d'agréable;  c'étaient des sueurs, des fatigues et des dangers sans nombre, sur toute la terre ferme et sur toute la mer, mais la récompense de ces travaux était pour Héraclès de devenir un dieu : ce fut elle qu'en définitive il suivit.




κομιδῇ adv. : avec soin, d’où tout à fait, complètement; dans le dialogue, parfaitement, certainement.
ἡλικία, ας (ἡ) : âge.
ἡλικίαν ἅγειν : avoir comme âge, être agé de.
σχεδόν, adv. : proche, près, presque, à peu près.
ὅς, ἥ, ὅ : qui (pronom relatif) --- voir gram. grecque UCL
σχεδὸν ταύτην τὴν ἡλικίαν ἣν καὶ ὑμεῖς νῦν : à peu près le même âge que vous avez maintenant.
Ὁ μῦθος λέγει νέῳ ὄντι τῷ Ἡρακλεῖ κομιδῇ, καὶ σχεδὸν ταύτην ἄγοντι τὴν ἡλικίαν, ἣν καὶ ὑμεῖς νῦν : la fable parle d'Hercule, encore très jeune et dans l'âge à peu près où vous êtes.
ὁδός, οῦ (ἡ) voie, route, chemin.
βουλευομένῳ ποτέραν τράπηται τῶν ὁδῶν : (d'Hercule) délibérant sur la route qu'il devait choisir.
τρέπω (futur τρέψω, aor. 1 ἔτρεψα, aor. 2 ἔτραπον, parf. 2 τέτροφα ou τέτραφα ; passif aor. 1 ἐτρέφθην, aor. 2 ἐτράπην, parf. τέτραμμαι) : tourner, c. à d.  tourner, diriger, prendre (un chemin).
τρέπεσθαι ὁδόν : prendre un chemin.
ποτέραν τράπηται τῶν ὁδῶν : laquelle des deux routes il devait emprunter.
τοιαῦτα ἕτερα : des choses bien différentes.
συνέπομαι, ancien att. ξυνέπομαι (imparf. συνειπόμην, futur συνέψομαι, aor.2 συνεσπόμην) : suivre, poursuivre.
ὅσπερ, ἥπερ, ὅπερ : (celui, celle, ce) qui précisément.
τελευτάω-ῶ : finir. -- voir dico Bailly
ᾗπερ (ὁδῷ) δὴ καὶ τελευτῶντα τὸν Ἡρακλέα συνέπεσθαι : c'est par cette route précisément que suivit Hercule m. à m. finissant = jusqu'à sa mort.



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Le chat et les rats

      voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 137; éditions Gallimard.



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[13] Αἴλουρος καὶ μύες. Ἔν τινι οἰκίᾳ πολλοὶ μύες ἦσαν. Αἴλουρος δὲ τοῦτο γνοὺς ἦκεν ἐνταῦθα καὶ συλλαμϐάνων ἕνα ἕκαστον κατήσθιεν. Οἱ δὲ μύες συνεχῶς ἀναλισκόμενοι κατὰ τῶν ὀπῶν ἔδυνον, καὶ ὁ αἴλουρος μηκέτι αὐτῶν ἐφικνεῖσθαι δυνάμενος, δεῖν ἔγνω δι' ἐπινοίας αὐτοὺς ἐκκαλεῖσθαι. Διόπερ ἀναϐὰς ἐπί τινα πάσσαλον καὶ ἑαυτὸν ἐνθένδε ἀποκρεμάσας προσεποιεῖτο τὸν νεκρόν. Τῶν δὲ μυῶν τις παρακύψας, ὡς ἐθεάσατο αὐτὸν, εἶπεν· "Ἀλλ', ὦ οὗτος, σοί γε, κἂν θύλαψ γένῃ, οὐ προσελεύσομαι."

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι οἱ φρόνιμοι τῶν ἀνθρώπων, ὅταν τῆς ἐνίων μοχθηρίας πειραθῶσιν, οὐκέτι αὐτῶν ταῖς ὑποκρίσεσιν {οὗτοι} ἐξαπατῶνται.                                                                                                                           Esope


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[13] LE CHAT ET LES RATS Une maison était infestée de rats. Un chat, l'ayant su, s'y rendit, et, les attrapant l'un après l'autre, il les mangeait. Or les rats, se voyant toujours pris, s'enfonçaient dans leurs trous. Ne pouvant plus les atteindre, le chat pensa qu'il fallait imaginer quelque ruse pour les en faire sortir. C'est pourquoi il grimpa à une cheville de bois et, s'y étant suspendu, il contrefit le mort. Mais un des rats sortant la tête pour regarder, l'aperçut et dit : « Hé ! l'ami, quand tu serais sac, je ne t'approcherais pas. »

Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils ont éprouvé la méchanceté de certaines gens, ne se laissent plus tromper à leurs grimaces.


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αἴλουρος, ου (ὁ, ἡ) : chat, chatte.
ion. αἰέλουρος
γιγνώσκω (imparf. ἐγίγνωσκον, futur γνώσομαι, aor. 2 ἔγνων, parf. ἔγνωκα, pl. q. parf. ἐγνώκειν ; passif futur γνωσθήσομαι, aor. ἐγνώσθην, parf. ἔγνωσμαι) : apprendre à connaître; comprendre, reconnaître; se rendre compte.
τοῦτο γνοὺς : l'ayant appris.
γνῶθι σεαυτόν, Arstt. Rhet. 2, 21 : apprends à te connaître toi-même.
ἀλλά : souvent dans le dialogue, au sens de eh bien mais ; eh bien !
ἀγαθὸν εἰ βούλει με καλεῖν, ἀλλὰ βούλομαι, Plat. Gorg. 449 a, veux-tu m’appeler bon ? eh bien mais j’y consens
Ἀλλ', ὦ οὗτος : eh toi !
πάσσαλος, néo-att. πάτταλος, ου (ὁ) : piquet ou cheville de bois, clou pour suspendre qqe chose..
ὑπόκρισις, εως (ἡ) : réponse, feinte, faux-semblant.





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Le sang-froid est le propre du sage
    
   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 132; éditions Gallimard.




Σωκράτης μὲν γάρ, λακτίσαντος αὐτὸν νεανίσκου θρασέος μάλα καὶ βδελυροῦ, τοὺς ἀμφ´ αὑτὸν ὁρῶν ἀγανακτοῦντας καὶ σφαδᾴζοντας ὡς καὶ διώκειν αὐτὸν ἐθέλειν, "ἆρ´," ἔφησε, "καὶ εἴ μ´ ὄνος ἐλάκτισεν, ἀντιλακτίσαι τοῦτον ἠξιώσατ´ ἄν;" οὐ μὴν ἐκεῖνός γε παντελῶς κατεπροίξατο, πάντων δ´ αὐτὸν ὀνειδιζόντων καὶ λακτιστὴν ἀποκαλούντων ἀπήγξατο. Ἀριστοφάνους δέ, ὅτε τὰς Νεφέλας ἐξέφερε, παντοίως πᾶσαν ὕϐριν αὐτοῦ κατασκεδαννύντος, καί τινος τῶν παρόντων "κᾆτα τοιαῦτ´ ἀνακωμῳδοῦντος οὐκ ἀγανακτεῖς" εἰπόντος "ὦ Σώκρατες;" "μὰ Δί´ οὐκ ἔγωγ´," ἔφησεν· "ὡς γὰρ ἐν συμποσίῳ μεγάλῳ τῷ θεάτρῳ σκώπτομαι. " ἀδελφὰ τούτοις καὶ σύζυγα φανήσονται πεποιηκότες Ἀρχύτας ὁ Ταραντῖνος καὶ Πλάτων.
                                                                                                                                  Plutarque, de l'éducation des enfants, 10 C.




Voyez Socrate. Un jeune insolent, d'une perversité inconcevable, lui avait donné des coups de pied; il vit que ceux qui l'entouraient étaient indignés et trépignaient au point de vouloir poursuivre l'agresseur. «Seriez-vous donc d'avis, dit-il, au cas où un âne m'aurait lancé des ruades, que je lui en rendisse à mon tour ?" Du reste, l'autre n'en fut pas complètement quitte à si bon marché. Tout le monde l'accablant de reproches et l'appelant «l'homme aux ruades», il se pendit. Aristophane, quand il représenta ses Nuées, fit pleuvoir sur le même Socrate toutes les injures imaginables. Pendant que le sage était ainsi joué sur la scène, un des assistants lui dit : «Tu ne t'indignes pas, ô Socrate ? - Non pas, en vérité, répondit-il : le théâtre me semble un grand festin où je suis le point de mire des railleurs». On reconnaîtra une similitude et une concordance parfaite avec ces principes dans ce que firent Archytas de Tarente et Platon.





νεανίσκος, ου, m. : jeune homme.
βδελυρός, ά, όν : impudent, infâme; qui sent mauvais, fétide.
θρασύς, εῖα, ύ : hardi, résolu; audacieux, arrogant.
Σωκράτης ... λακτίσαντος αὐτὸν νεανίσκου θρασέος μάλα καὶ βδελυροῦ : un jeune homme particulièrement arrogant et effronté lui ayant donné un coup de pied, Socrate...
ὄνος, ου : âne.
παντοίως : de toutes les façons.
παντελῶς : complètement.
ἀντιλακτίσα : j'ai riposté (à qqn en donnant des coups de pieds).
λακτιστής, οῦ, m. : qui rue, le rueur.
λακτίζω (futur λακτίσω, att. λακτιῶ, aor. ἐλάκτισα, parf. λελάκτικα) : frapper du talon ou du pied, ruer.
κατασκεδάννυμι, futur κατασκεδάσω, att. κατασκεδῶ : répandre sur + gén.
κατασκεδαννύς, ύντος : répandant sur.
μὰ Δία : par Zeus (juron).
συμπόσιον, ου (τό) : banquet.
σκώπτομαι : on se moque de moi
ὡς ἐν συμποσίῳ μεγάλῳ τῷ θεάτρῳ σκώπτομαι : on se moque de moi au théâtre comme on le ferait dans un grand banquet.
σύζυγος, ος, ον : uni sous le même joug; uni, accouplé.
φαίνω (futur φανῶ; aor. ἔφηνα, parf. πέφαγκα, parf. 2 πέφηνα ; passif futur φανήσομαι, aor. 1 ἐφάνθην, aor. 2 ἐφάνην, parf. πέφασμαι, ασαι, ανται ou αται, etc.) : faire voir, montrer, manifester.
ἀδελφός, οῦ (ὁ) : frère; adj. semblable, analogue.
ἀδελφὰ τούτοις καὶ σύζυγα φανήσονται πεποιηκότες Ἀρχύτας ὁ Ταραντῖνος καὶ Πλάτων : on reconnaîtra une similitude et une concordance parfaite avec ces principes dans ce que firent Archytas de Tarente et Platon.








La biche borgne
    
   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 140; éditions Gallimard.




[105]
Ἔλαφος πηρωθεῖσα.
Ἔλαφος πηρωθεῖσα τὸν ἕτερον τῶν ὀφθαλμῶν παρεγένετο εἴς τινα εἰγιαλὸν καὶ ἐνταῦθα ἐνέμετο, τὸν μὲν ὁλόκληρον πρὸς τὴν γῆν ἔχουσα καὶ τὴν τῶν κυνηγῶν ἔφοδον παρατηρουμένη, τὸν δὲ πεπηρωμένον πρὸς τὴν θάλασσαν· ἔνθεν γὰρ οὐδένα ὑφωρᾶτο κίνδυνον. Καὶ δή τινες παραπλέοντες ἐκεῖνον τὸν τόπον καὶ θεασάμενοι αὐτὴν κατηυστόχησαν. Καὶ ἐπειδὴ ἐλιποψύχει, εἶπε πρὸς αὑτήν· Ἀλλ' ἐγὼ ἀθλία, ἥτις τὴν γῆν ὡς ἐπίϐουλον φυλαττομένη πολὺ χαλεπωτέραν ἔσχον τὴν θάλασσαν ἐφ' ἣν κατέφυγον.
Οὕτω πολλάκις παρὰ τὴν ἡμετέραν ὑπόληψιν τὰ μὲν χαλεπὰ τῶν πραγμάτων δοκοῦντα εἶναι ὠφέλιμα εὑρίσκεται, τὰ δὲ σωτήρια νομιζόμενα ἐπισφαλῆ.



[105] Une biche qui avait un œil crevé se rendit sur le rivage de la mer et se mit à y paître, tournant son oeil intact vers la terre pour surveiller l'arrivée des chasseurs, et l'oeil mutilé vers la mer, d'où elle ne soupçonnait aucun danger. Mais voilà que des gens qui naviguaient le long de cet endroit l'aperçurent, l'ajustèrent et l'abattirent. Tout en rendant l'âme, elle se dit à elle-même : « Vraiment je suis bien malheureuse; je surveillais la terre que je croyais pleine d'embûches, et la mer, où je comptais trouver un refuge, m'a été beaucoup plus funeste.»
C'est ainsi que souvent notre attente est trompée : les choses qui nous semblaient fâcheuses tournent à notre avantage, et celles que nous tenions pour salutaires se montrent préjudiciables.
                                                                                                                   Esope, 105





Ἀλλ' ἐγὼ ἀθλία : eh bien !
ἔλαφος, ου (ὁ, ἡ) : cerf, biche.
πηρόω-ῶ : estropier, mutiler, priver de l’usage d’un ou de plusieurs membres.
au passif être estropié.
τὴν χεῖρα πεπηρῶσθαι, Dém. 247, 12 : être manchot.
λιποψυχέω-ῶ, mieux que λειποψυχέω-ῶ : perdre ses sens, s’évanouir; perdre courage. (λείπω, ψυχή).

ἄθλιος, α, ον : contr. de l’épq. et ion. ἀέθλιος : qui lutte pour un prix, qui remporte le prix; qui lutte, qui souffre, malheureux, misérable. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
καταφεύγω (futur καταφεύξομαι, aor.2 κατἔφυγον, parf. καταπέφευγα, passif aor. κατἐφεύχθην, parf. καταπέφυγμαι) : se réfugier.
Ἀλλ' ἐγὼ ἀθλία, ἥτις τὴν γῆν ὡς ἐπίϐουλον φυλαττομένη πολὺ χαλεπωτέραν ἔσχον τὴν θάλασσαν ἐφ' ἣν κατέφυγον : vraiment je suis bien malheureuse; je surveillais la terre que je croyais pleine d'embûches, et la mer, où je comptais trouver un refuge, m'a été beaucoup plus funeste.

ὑπόληψις, εως (ἡ) : succession, remplacement; supposition, croyance, conjecture, attente.
ὠφέλιμος, ος, ον : secourable; utile, avantageux, profitable.
ἐπισφαλής, ής, ές : sujet à glisser, chancelant, instable, hasardeux, préjudiciable. --- voir dico Bailly
οὕτω πολλάκις παρὰ τὴν ἡμετέραν ὑπόληψιν τὰ μὲν χαλεπὰ τῶν πραγμάτων δοκοῦντα εἶναι ὠφέλιμα εὑρίσκεται, τὰ δὲ σωτήρια νομιζόμενα ἐπισφαλῆ : c'est ainsi que souvent notre attente est trompée : les choses qui nous semblaient fâcheuses tournent à notre avantage, et celles que nous tenions pour salutaires se montrent préjudiciables.







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Acccusé de mener une vie dissolue, un Athénien essaie de montrer que sa conduite dans le passé a été irréprochable

   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 141; éditions Gallimard.
 



16
 ἐγὼ τοίνυν, ὦ ἄνδρες δικασταί, μεθ᾽ ὑμῶν διατρίϐων ἐν τῇ πόλει τὸν ἅπαντα χρόνον, οὔτε αἰτίαν πονηρὰν οὐδεμίαν πώποτ᾽ ἔλαϐον, οὔτ᾽ ἔγκλημά μοι πρὸς οὐδένα τῶν πολιτῶν γέγονεν, οὐδὲ πέφευγα δίκην οὐδεμίαν, οὐδ᾽ ἕτερον δεδίωχα, ἱπποτροφῶν δὲ διατετέλεκα φιλοτίμως τὸν ἅπαντα χρόνον παρὰ δύναμιν καὶ ὑπὲρ τὴν οὐσίαν τὴν ἐμαυτοῦ. ἐστεφάνωμαι δ᾽ ὑπό τε τῶν ἱππέων πάντων ἀνδραγαθίας ἕνεκα, καὶ ὑπὸ τῶν συναρχόντων.
17 ὑμεῖς γάρ με, ὦ ἄνδρες δικασταί, πρῶτον μὲν φύλαρχον ἐχειροτονήσατε, ἔπειτα εἰς Λῆμνον ἵππαρχον : καὶ ἦρξα μὲν αὐτόθι δύ᾽ ἔτη τῶν πώποθ᾽ ἱππαρχηκότων μόνος, προσκατέμεινα δὲ αὐτόθι τὸν τρίτον ἐνιαυτόν, οὐ βουλόμενος πολίτας ἄνδρας ἐπὶ κεφαλὴν εἰσπράττειν τὸν μισθὸν τοῖς ἱππεῦσιν ἀπόρως διακειμένους.
18 καὶ ἐν τούτῳ μοι τῷ χρόνῳ ἔγκλημα μὲν οὐδεὶς τῶν ἐκεῖ ἐνεκάλεσεν οὔτε ἰδίᾳ οὔτε δημοσίᾳ, στεφάνοις δὲ τρισὶν ἐστεφανώθην ὑπὸ τοῦ δήμου τοῦ ἐν Ἡφαιστίᾳ καὶ ἑτέροις ὑπὸ τοῦ ἐν Μυρίνῃ. ἃ χρὴ τεκμήρια ὑμῖν εἶναι εἰς τοῦτον τὸν ἀγῶνα, ὡς ψευδεῖς κατ᾽ ἐμοῦ αἱ αἰτίαι εἰσίν.
                                                                                   Hypéride, pour Lycophon, 16-18




16 Pour ma part, juges, ayant vécu continuellement parmi vous dans la cité, je n'ai jamais encouru une accusation infamante, je n'ai mis en accusation aucun de mes concitoyen, je n'ai jamais été traduit en justice, je n'ai exercé de poursuite contre personne. C'est à l'élevage des chevaux que je me suis adonné sans relâche, en y mettant mon point d'honneur, au-delà de mes possibilités et d'une manière qui dépassait mes moyens d'existence.
17 Quant à vous, juges, vous m'avez élu tout d'abord phylarque, puis hipparque pour Lemmos. Et j'y ai exercé mon commandement pendant deux ans. Et, pendant ce temps, aucun des habitants de là-bas na intenté d'accusation contre moi, que ce fût à titre privé ou au nom de la cité, mais à trois reprises, le peuple d'Héphestia m'a attribué une couronne et j'en ai reçu d'autres du peuple de Myrina.
18 Ce sont là des faits qui doivent, pour ce procès, vous apporter la preuve que les accusations dont je suis l'objet sont mensongères.








ἔγκλημα, ατος (τὸ) : chef d’accusation, grief, accusation.
οὐδεὶς τῶν ἐκεῖ : aucun des habitants de là-bas.
ἔγκλημα μὲν οὐδεὶς τῶν ἐκεῖ ἐνεκάλεσεν οὔτε ἰδίᾳ οὔτε δημοσίᾳ : aucun des habitants de là-bas n'a intenté d'accusation que ce fût à titre privé ou au nom de la cité.
δημόσιος, α, ον : de l’État; qui appartient à l’État, public, p. opp. à ἴδιος,.
ἃ χρὴ τεκμήρια ὑμῖν εἶναι εἰς τοῦτον τὸν ἀγῶνα, ὡς ψευδεῖς κατ᾽ ἐμοῦ αἱ αἰτίαι εἰσίν : ce sont là des faits qui doivent, pour ce procès, vous apporter la preuve que les accusations dont je suis l'objet sont mensongères.







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Xerxès, roi de Perse, veut soumettre la Grèce

   voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 142; éditions Gallimard.


 


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τοῖς μὲν ναυάρχοις παρήγγειλεν ἀθροίζειν τὰς ναῦς εἰς Κύμην καὶ Φώκαιαν, αὐτὸς δ´ ἐξ ἁπασῶν τῶν σατραπειῶν συναγαγὼν τὰς πεζὰς καὶ ἱππικὰς δυνάμεις, προῆγεν ἐκ τῶν Σούσων. ὡς δ´ ἧκεν εἰς Σάρδεις, κήρυκας ἐξέπεμψεν εἰς τὴν Ἑλλάδα, προστάξας εἰς πάσας τὰς πόλεις ἰέναι καὶ τοὺς Ἕλληνας αἰτεῖν ὕδωρ καὶ γῆν. τὴν δὲ στρατιὰν διελόμενος ἐξαπέστειλε τοὺς ἱκανοὺς ζεῦξαι μὲν τὸν Ἑλλήσποντον, διασκάψαι δὲ τὸν Ἄθω κατὰ τὸν αὐχένα τῆς Χερρονήσου, ἅμα μὲν ταῖς δυνάμεσιν ἀσφαλῆ καὶ σύντομον τὴν διέξοδον ποιούμενος, ἅμα δὲ τῷ μεγέθει τῶν ἔργων ἐλπίζων προκαταπλήξεσθαι τοὺς Ἕλληνας. οἱ μὲν οὖν πεμφθέντες ἐπὶ τὴν κατασκευὴν τῶν ἔργων ταχέως ἤνυον διὰ τὴν πολυχειρίαν τῶν ἐργαζομένων. οἱ δ´ Ἕλληνες πυθόμενοι τὸ μέγεθος τῆς τῶν Περσῶν δυνάμεως, ἐξέπεμψαν εἰς Θετταλίαν μυρίους ὁπλίτας...


μετὰ δὲ ταῦτα τῶν παρὰ Ξέρξου πρέσϐεων ἐπιόντων τὴν Ἑλλάδα καὶ γῆν καὶ ὕδωρ αἰτούντων, αἱ πόλεις ἅπασαι διὰ τῶν ἀποκρίσεων ἀπεδείκνυντο τὴν περὶ τῆς κοινῆς ἐλευθερίας σπουδήν. Ξέρξης δὲ ὡς ἐπύθετο τὸν Ἑλλήσποντον ἐζεῦχθαι καὶ τὸν Ἄθω διεσκάφθαι, προῆγεν ἐκ τῶν Σάρδεων ἐφ´ Ἑλλησπόντου τὴν πορείαν ποιούμενος· ὡς δὲ ἧκεν εἰς Ἄϐυδον, διὰ τοῦ ζεύγματος τὴν δύναμιν διήγαγεν εἰς τὴν Εὐρώπην.
                                                                                                                                                  Diodore de Sicile, 11, 2 (passim) et 11, 3 (passim)

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Xerxès ordonna à ses amiraux de concentrer les navires à Kymé et à Phocée; lui-même, après avoir rassemblé l'infanterie et la cavalerie, se mit en marche avec elles au départ de Suze. Une fois parvenu à Sardes, il dépêcha en Grèce des hérauts, leur prescrivant de se rendre dans toutes les villes et de demander aux Grecs l'eau et la terre. Après avoir divisé son armée, il en fit partir un contingent suffisamment important, qui devait, d'une part, construire un pont de bateaux sur l'Hellespont, d'autre part, creuser un canal à travers le massif de l'Athos, là où la Chersonèse forme un isthme : par ce moyen, il permettait à ses troupes de disposer d'un itinéraire sûr et court, mais en même temps, il espérait, par l'étendue de ces travaux, frapper les Grecs d'épouvante avant son arrivée. Ceux-ci, informés de l'importance numérique des troupes perses, envoyèrent en Thessalie dix mille hoplites...

Après ces événements, quand les envoyés de Xerxès leur demandèrent la terre et l'eau, toutes les cités manifestèrent par leur réponse leur attachement à la liberté commune. Quant à Xerxès, une fois arrivé à Abidos, il fit franchir à son armée le pont de bateaux et la transféra en Europe.




τοῖς μὲν ναυάρχοις παρήγγειλεν ἀθροίζειν τὰς ναῦς εἰς Κύμην καὶ Φώκαιαν : ordonna à ses amiraux de concentrer les navires à Kymé et à Phocée.
παραγγέλλω (aor. παρήγγειλα) : annoncer à côté, c. à d. de l’un à l’autre; faire savoir dans son entourage, transmettre un avis, une nouvelle;  prescrire, ordonner, enjoindre.










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Le vrai stoïcien

 


Τηρεῖτε οὕτως ἑαυτοὺς ἐν οἷς ἐπράσσετε καὶ εὑρήσετε τίνος ἔσθ´ αἱρέσεως. τοὺς πλείστους ὑμῶν Ἐπικουρείους εὑρήσετε, ὀλίγους τινὰς Περιπατητικοὺς καὶ τούτους ἐκλελυμένους. ποῦ γὰρ ἵν´ ὑμεῖς τὴν ἀρετὴν πᾶσιν τοῖς ἄλλοις ἴσην ἢ καὶ κρείττονα ἔργῳ ὑπολάϐητε; Στωικὸν δὲ δείξατέ μοι, εἴ τινα ἔχητε. ποῦ ἢ πῶς; ἀλλὰ τὰ λογάρια τὰ Στωικὰ λέγοντας μυρίους. τὰ γὰρ Ἐπικούρεια αὐτοὶ οὗτοι χεῖρον λέγουσι; τὰ γὰρ Περιπατητικὰ οὐ καὶ αὐτὰ ὁμοίως ἀκριϐοῦσιν; τίς οὖν ἐστι Στωικός; ὡς λέγομεν ἀνδριάντα Φειδιακὸν τὸν τετυπωμένον κατὰ τὴν τέχνην τὴν Φειδίου, οὕτως τινά μοι δείξατε κατὰ τὰ δόγματα ἃ λαλεῖ τετυπωμένον. δείξατέ μοί τινα νοσοῦντα καὶ εὐτυχοῦντα, κινδυνεύοντα καὶ εὐτυχοῦντα, ἀποθνῄσκοντα καὶ εὐτυχοῦντα, πεφυγαδευμένον καὶ εὐτυχοῦντα, ἀδοξοῦντα καὶ εὐτυχοῦντα. δείξατ´· ἐπιθυμῶ τινα νὴ τοὺς θεοὺς ἰδεῖν Στωικόν. ἀλλ´ οὐκ ἔχετε τὸν τετυπωμένον δεῖξαι· τόν γε τυπούμενον δείξατε, τὸν ἐπὶ ταῦτα κεκλικότα. εὐεργετήσατέ με· μὴ φθονήσητε ἀνθρώπῳ γέροντι ἰδεῖν θέαμα, ὃ μέχρι νῦν οὐκ εἶδον. οἴεσθε ὅτι τὸν Δία τὸν Φειδίου δείξετε ἢ τὴν Ἀθηνᾶν, ἐλεφάντινον καὶ χρυσοῦν κατασκεύασμα. ψυχὴν δειξάτω τις ὑμῶν ἀνθρώπου θέλοντος ὁμογνωμονῆσαι τῷ θεῷ καὶ μηκέτι μήτε θεὸν μήτ´ ἄνθρωπον μέμφεσθαι, μὴ ἀποτυχεῖν τινος, μὴ περιπεσεῖν τινι, μὴ ὀργισθῆναι, μὴ φθονῆσαι, μὴ ζηλοτυπῆσαι (τί γὰρ δεῖ περιπλέκειν;), θεὸν ἐξ ἀνθρώπου ἐπιθυμοῦντα γενέσθαι καὶ ἐν τῷ σωματίῳ τούτῳ τῷ νεκρῷ περὶ τῆς πρὸς τὸν Δία κοινωνίας βουλευόμενον. δείξατε. ἀλλὰ οὐκ ἔχετε.
                                                                                                                                                                                  Arrien, les entretiens d'Epictète, 2, 19





Observez-vous vous-mêmes d'après cela quand vous agissez, et vous trouverez à quelle Ecole vous appartenez. Vous trouverez que la plupart d'entre vous sont Epicuriens, quelques-uns Péripatéticiens, mais bien relâchés ceux-là. Où est-ce, en effet, que dans la pratique vous tenez la vertu pour égale et même supérieure à tout le reste! Montrez-moi un Stoïcien, si vous en avez un. Où, et comment le feriez-vous ? Vous me montrerez, il est vrai, des milliers d'individus parlant le langage du Stoïcisme. Mais ces mêmes gens parlent-ils moins bien le langage d'Epicure ? N'expliquent-ils pas aussi parfaitement le Péripatétisme lui-même ? Où donc est le Stoïcien ? De même que nous appelons statues Phidiaques celles qui sont faites d'après le système de Phidias, montrez-moi un homme qui se trouve fait sur le patron des maximes qu'il énonce en babillant. Montrez-moi un homme qui soit à la fois malade et heureux, en péril et heureux, mourant et heureux, exilé et heureux, flétri et heureux. Montrez-le moi. De par tous les dieux, je voudrais voir un Stoïcien ! Si vous ne pouvez m'en montrer un tout fait, montrez-m'en un qui soit en train de se faire, un qui penche vers cette manière d'être. Soyez bons pour moi. Ne refusez pas à ma vieillesse la vue d'un spectacle que je n'ai pas encore eu sous les yeux. Croyez-vous que ce que vous avez à me montrer, ce soit le Jupiter ou la Minerve de Phidias, ouvrages d'or et d'ivoire ? Non. Que quelqu'un d'entre vous me montre une âme d'homme, qui veuille être en communauté de pensées avec Dieu, n'accuser ni Dieu ni homme, n'être frustrée de rien, n'aller se heurter contre rien, n'avoir ni colère, ni haine, ni jalousie; une âme qui veuille (car à quoi bon tant d'ambages) devenir un Dieu au lieu d'un homme, et qui songe, dans ce misérable corps périssable, à vivre en société avec Jupiter. Montrez-m'en une. Vous ne le pouvez pas.





τηρέω-ῶ (futur -ήσω, aor. ἐτήρησα, parf. τετήρηκα) : avoir la garde de, veiller sur; observer, épier, guetter.
πράσσω, att. réc. πράττω (futur πράξω, aor. ἔπραξα, parf. πέπραχα, πέπραγα; passif futur πραχθήσομαι, f. πραγήσομαι, aor. ἐπράχθην, aor. 2 ἐπράγην  parf. πέπραγμαι : aller à travers, traverser, faire, exécuter; faire payer.
τὰ ἑαυτοῦ πράττειν : s’occuper de ses propres affaires; ne pas faire de politique.
εὖ πράττειν, Pd. O. 4, 7, etc. ; Eschl. Sept. 77 ; Hdt. 1, 24, etc. : faire bien ses affaires, réussir, être heureux.
πράττειν κακῶς : échouer.
αἵρεσις, εως (ἡ) : action de prendre; choix.
ἐκλύω : délier, c. à d. délivrer, affranchir.
ἐκλύεσθαι : être relâché, être épuisé.
ἔχω (imparf. εἶχον ; fut. ἕξωou σχήσω ; aor. 2 ἔσχον, d’où impér. σχές, sbj. σχῶ, opt. σχοίην, inf. σχεῖν, part. σχών ;
parf. ἔσχηκα ; pl. q. pf. ἐσχήκειν. Pass. prés. ἔχομαι, imparf. εἰχόμην, f. ἕξομαι, aor. ἐσχέθην, parf. ἔσχημαι : tenir, avoir, garder;
ἔχειν τι χερσίν, Il. 1, 463 ; ἐν χερσίν, Il. 18, 105 ; Eschl. fr. 51 ; μετὰ χερσίν, Il. 11, 484 ; διὰ χερῶν, Eschl. Suppl. 193 ; ou διὰ χειρός, Thc.
2, 13, 76 : porter qqe ch. dans les mains.
πρός τινα τὸν νοῦν ἔχειν, Thc. 3, 22 ; ou πρός τινα τὴν γνώμην ἔχειν, Thc. 3, 25 ; πρός τι τὸν νοῦν ἔχειν, Thc. 7, 19 ; ou ἐπί τινι, Att. porter son attention, son esprit sur qqn ou sur qqe ch. ; abs. à l’impér. ἔχε au sens de ἄγε, allons ! eh bien ! voyons ! d’ord. avec une particule : ἔχε
δὴ καλῶς γὰρ λέγεις, Plat. Gorg. 460 a, eh bien, voyons, car tu parles bien.
εὖ ἔχειν, Od. 24, 245 ; Plat. Rsp. 330 a, etc. ; καλῶς ἔχειν, Soph. El. 816, etc. : être en bon état, se bien porter.
οὕτως ἔχει (s. e. τὰ πράγματα) Xén. Cyr. 2, 1, 8, etc. ; AR. Pl. 110, etc. il en est ainsi ; οὕτως ἐχόντων, Xén. An. 3, 2, 10 ; ou ὡς οὕτως ἐχόντων, Hdt. 8, 144 ; ou ὡς ὧδ’ ἐχόντων, Hdt. 1, 126 ; Soph. Aj. 981 : les affaires étant ainsi (lat. cum res ita se habeant).







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Retraite spirituelle





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[4, 3, 1] Ἀναχωρήσεις αὑτοῖς ζητοῦσιν ἀγροικίας καὶ αἰγιαλοὺς καὶ ὄρη, εἴωθας δὲ καὶ σὺ τὰ τοιαῦτα μάλιστα ποθεῖν. Ὅλον δὲ τοῦτο ἰδιωτικώτατόν ἐστιν, ἐξόν, ἧς ἂν ὥρας ἐθελήσῃς, εἰς ἑαυτὸν ἀναχωρεῖν. Οὐδαμοῦ γὰρ οὔτε ἡσυχιώτερον οὔτε ἀπραγμονέστερον ἄνθρωπος ἀναχωρεῖ ἢ εἰς τὴν ἑαυτοῦ ψυχήν, μάλισθ ὅστις ἔχει ἔνδον τοιαῦτα, εἰς ἃ ἐγκύψας ἐν πάσῃ εὐμαρείᾳ εὐθὺς γίνεται· τὴν δὲ εὐμάρειαν οὐδὲν ἄλλο λέγω ἢ εὐκοσμίαν. Συνεχῶς οὖν δίδου σεαυτῷ ταύτην τὴν ἀναχώρησιν καὶ ἀνανέου σεαυτόν· βραχέα δὲ ἔστω καὶ στοιχειώδη ἃ εὐθὺς ἀπαντήσαντα ἀρκέσει εἰς τὸ πᾶσαν λύπην ἀποκλύσαι καὶ ἀποπέμψαι σε μὴ δυσχεραίνοντα ἐκείνοις ἐφ ἃ ἐπανέρχῃ.  [2] Τίνι γὰρ δυσχερανεῖς ; Τῇ τῶν ἀνθρώπων κακίᾳ ; Ἀναλογισάμενος τὸ κρῖμα, ὅτι τὰ λογικὰ ζῷα ἀλλήλων ἕνεκεν γέγονε καὶ ὅτι τὸ ἀνέχεσθαι μέρος τῆς δικαιοσύνης καὶ ὅτι ἄκοντες ἁμαρτάνουσι καὶ πόσοι ἤδη διεχθρεύσαντες, ὑποπτεύσαντες, μισήσαντες, διαδορατισθέντες ἐκτέτανται, τετέφρωνται, παύου ποτέ. Ἀλλὰ καὶ τοῖς ἐκ τῶν ὅλων ἀπονεμομένοις δυσχερανεῖς ; ἀνανεωσάμενος τὸ διεζευγμένον τό· ἤτοι πρόνοια ἢ ἄτομοι, καὶ ἐξ ὅσων ἀπεδείχθη ὅτι ὁ κόσμος ὡσανεὶ πόλις. Ἀλλὰ τὰ σωματικά σου ἅψεται ἔτι ; Ἐννοήσας ὅτι οὐκ ἐπιμίγνυται λείως ἢ τραχέως κινουμένῳ πνεύματι ἡ διάνοια, ἐπειδὰν ἅπαξ ἑαυτὴν ἀπολάϐῃ καὶ γνωρίσῃ τὴν ἰδίαν ἐξουσίαν, καὶ λοιπὸν ὅσα περὶ πόνου καὶ ἡδονῆς ἀκήκοας καὶ συγκατέθου.  [3]  Ἀλλὰ τὸ δοξάριόν σε περισπάσει ; Ἀπιδὼν εἰς τὸ τάχος τῆς πάντων λήθης καὶ τὸ χάος τοῦ ἐφ ἑκάτερα ἀπείρου αἰῶνος καὶ τὸ κενὸν τῆς ἀπηχήσεως καὶ τὸ εὐμετάϐολον καὶ ἄκριτον τῶν εὐφημεῖν δοκούντων καὶ τὸ στενὸν τοῦ τόπου, ἐν ᾧ περιγράφεται· ὅλη τε γὰρ ἡ γῆ στιγμὴ καὶ ταύτης πόστον γωνίδιον ἡ κατοίκησις αὕτη ; Καὶ ἐνταῦθα πόσοι καὶ οἷοί τινες οἱ ἐπαινεσόμενοι;  [4] Λοιπὸν οὖν μέμνησο τῆς ὑποχωρήσεως τῆς εἰς τοῦτο τὸ ἀγρίδιον ἑαυτοῦ καὶ πρὸ παντὸς μὴ σπῶ μηδὲ κατεντείνου, ἀλλὰ ἐλεύθερος ἔσο καὶ ὅρα τὰ πράγματα ὡς ἀνήρ, ὡς ἄνθρωπος, ὡς πολίτης, ὡς θνητὸν ζῷον. Ἐν δὲ τοῖς προχειροτάτοις, εἰς ἃ ἐγκύψεις, ταῦτα ἔστω τὰ δύο· ἕν μέν, ὅτι τὰ πράγματα οὐχ ἅπτεται τῆς ψυχῆς, ἀλλ ἔξω ἕστηκεν ἀτρεμοῦντα, αἱ δὲ ὀχλήσεις ἐκ μόνης τῆς ἔνδον ὑπολήψεως· ἕτερον δέ, ὅτι πάντα ταῦτα, ὅσα ὁρᾷς, ὅσον οὐδέπω μεταϐαλεῖ καὶ οὐκ ἔτι ἔσται· καὶ ὅσων ἤδη μεταϐολαῖς αὐτὸς παρατετύχηκας, συνεχῶς διανοοῦ. Ὁ κόσμος ἀλλοίωσις, ὁ βίος ὑπόληψις.
                                                                                                                                                                                     Marc-Aurèle, Pensées, 4, 3, 1-4

Voir le même texte avec une autre traduction.





On va se chercher de lointaines retraites dans les champs, sur le bord de la mer, dans les montagnes; et toi-même aussi tu ne laisses pas que de satisfaire volontiers les mêmes désirs. Mais que tout ce soin est singulier, puisque tu peux toujours, quand tu le veux, à ton heure, trouver un asile en toi-même ! Nulle part, en effet, l’homme ne peut goûter une retraite plus sereine ni moins troublée que celle qu’il porte au dedans de son âme, surtout quand on rencontre en soi ces ressources sur lesquelles il suffit de s’appuyer un instant, pour qu’aussitôt on se sente dans la parfaite quiétude. Et par la « Quiétude », je n’entends pas autre chose qu’une entière soumission à la règle et à la loi. Tâche donc de t’assurer ce constant refuge, et viens t’y renouveler toi-même perpétuellement. Conserve en ton cœur de ces brèves et inébranlables maximes que tu n’auras qu’à méditer un moment, pour qu’à l’instant ton âme entière recouvre sa sérénité, et pour que tu en reviennes, exempt de toute amertume, reprendre le commerce de toutes ces choses où tu retournes. A qui, je te le demande, pourrais-tu en vouloir ? Est-ce à la perversité des humains ? Mais si tu rappelles à ta mémoire cet axiome que tous les êtres doués de raison sont faits les uns pour les autres, que se supporter réciproquement est une partie de la justice, et que tant de gens qui se sont détestés, soupçonnés, haïs, querellés, sont étendus dans la poussière et ne sont plus que cendres, tu t’apaiseras peut-être assez aisément. Ou bien, par hasard, est-ce que tu en veux au sort qui t’a été réparti dans l’ordre universel ? Alors considère de nouveau cette alternative : De deux choses l’une, ou il y a une Providence, ou il n’y a que des atomes. Pense aussi à cette vieille démonstration d’où il ressort que le monde n’est après tout qu’une vaste cité. Sont-ce les choses corporelles qui ont encore prise sur toi ? Dis-toi alors, à part toi, que la pensée, une fois qu’elle a pu se saisir elle-même et comprendre son essence propre, ne se confond plus avec les mouvements du souffle vital qui t’anime, que d’ailleurs ce mouvement soit puissant ou débile. Ou bien encore, rappelle-toi toutes ces maximes qu’on t’a apprises et que tu as acceptées sur la douleur et le plaisir. Serait-ce par hasard la vaine opinion des hommes qui t’agite et te déchire ? Alors regarde un peu l’oubli rapide de toutes choses, l’abîme du temps pris dans les deux sens, l’inanité de ce bruit et de cet écho, la mobilité et l’incompétence des juges, qui semblent t’applaudir, et l’exiguïté du lieu où la renommée se renferme. La terre entière n’est qu’un point, et la partie que nous habitons n’en est que le coin le plus étroit. Là même, ceux qui entonneront tes louanges, combien sont-ils et quels sont-ils encore ? Il reste donc uniquement à te souvenir que tu peux toujours faire retraite dans cet humble domaine qui n’appartient qu’à toi. Avant tout, garde-toi de t’agiter, de te raidir; conserve ta liberté, et envisage les choses comme doit le faire un cœur énergique, un homme, un citoyen, un être destiné à mourir. Puis, entre les maximes où la réflexion peut s’arrêter le plus habituellement, place ces deux-ci : la première, que les choses ne touchent pas directement notre âme, puisqu’elles sont en dehors d’elle, sans qu’elle puisse les modifier, et que nos troubles ne viennent que de l’idée tout intérieure que nous nous en faisons; la seconde, que toutes ces choses que tu vois vont changer dans un instant, et que tout à l’heure elles ne seront plus. Enfin, rappelle-toi sans cesse tous les changements que tu as pu toi-même observer. Le monde n’est qu’une transformation perpétuelle; la vie n’est qu’une imagination.










ἀναχωρέω-ῶ : aller en arrière, retourner sur ses pas; reculer (devant l’ennemi); se retirer, s’éloigner.
ζητέω-ῶ (imparf. ἐζήτουν, futur ζητήσω, aor. ἐζήτησα, parf. ἐζήτηκα) : chercher, rechercher, chercher à obtenir, réclamer, exiger.
ἀγροικία, ας (ἡ) : séjour ou résidence à la campagne; maison de campagne; mœurs rustiques, grossièreté.
ἀγροῖκος, ος, ον : qui vit à la campagne, rustique, rural; rustre, grossier.
αἰγιαλός, οῦ (ὁ) : bord de la mer, rivage, grève.
ποθέω-ῶ (futur ήσω ou έσομαι, aor. ἐπόθησα ou ἐπόθεσα, parf. πεπόθηκα ; passif aor. ἐποθέσθην, parf. πεπόθημαι) : désirer une chose absente ou éloignée ; regretter.
ὄρος, εος-ους (τὸ) : montagne, colline, hauteur. --- cf. ὄρνυμι.
ἔθος, εος-ους (τὸ) : coutume, usage.
ἔθος (s. e. ἐστίν) avec l’inf. : c’est la coutume de, etc.
ἔθος ἐστί τινι : c’est l’habitude de qqn de, etc.
ἐν ἔθει τῇ πόλει ἦν, Thc. 2, 64 : c’était la coutume de la cité.
ἔθος ἔχειν avec l’inf. : avoir l’habitude.
κατὰ τὸ ἔθος ou ἐξ ἔθους ou δι’ ἔθος : d’après la coutume.
ἔθω (seul. part. prés. ἔθων, parf. 2 εἴωθα, pl. q. parf. εἰώθειν): avoir coutume.
κακὰ ἔρρεζε ἔθων, Il. 9, 540 : il faisait le mal selon son habitude.
parf. εἴωθα ; j’ai l’habitude de, avec l’inf. Il. 5, 766 ; Hdt. 3, 36 ; Thc. 1, 97, etc.
ἀλλοίωσις, εως (ἡ) : changement, altération.
ὑπόληψις, εως (ἡ) : action de succéder à qqn; succession, remplacement; conception, pensée, imagination.



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La pratique de l'agriculture selon Socrate

  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 146; éditions Gallimard.




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(7) παρορμᾷ δέ τι καὶ εἰς τὸ ἀρήγειν σὺν ὅπλοις τῇ χώρᾳ καὶ ἡ γῆ τοὺς γεωργοὺς ἐν τῷ μέσῳ τοὺς καρποὺς τρέφουσα τῷ κρατοῦντι λαμβάνειν. (8) καὶ δραμεῖν δὲ καὶ βαλεῖν καὶ πηδῆσαι τίς ἱκανωτέρους τέχνη γεωργίας παρέχεται; τίς δὲ τοῖς ἐργαζομένοις πλείω τέχνη ἀντιχαρίζεται; τίς δὲ ἥδιον τὸν ἐπιμελόμενον δέχεται προτείνουσα προσιόντι λαϐεῖν ὅ τι χρῄζει; (9) τίς δὲ ξένους ἀφθονώτερον δέχεται; χειμάσαι δὲ πυρὶ ἀφθόνῳ καὶ θερμοῖς λουτροῖς ποῦ πλείων εὐμάρεια ἢ ἐν χώρῳ τῳ; ποῦ δὲ ἥδιον θερίσαι ὕδασί τε καὶ πνεύμασι καὶ σκιαῖς ἢ κατ' ἀγρόν; (10) τίς δὲ ἄλλη θεοῖς ἀπαρχὰς πρεπωδεστέρας παρέχει ἢ ἑορτὰς πληρεστέρας ἀποδεικνύει; τίς δὲ οἰκέταις προσφιλεστέρα ἢ γυναικὶ ἡδίων ἢ τέκνοις ποθεινοτέρα ἢ φίλοις εὐχαριστοτέρα; (11) ἐμοὶ μὲν θαυμαστὸν δοκεῖ εἶναι εἴ τις ἐλεύθερος ἄνθρωπος ἢ κτῆμά τι τούτου ἥδιον κέκτηται ἢ ἐπιμέλειαν ἡδίω τινὰ ταύτης ηὕρηκεν ἢ ὠφελιμωτέραν εἰς τὸν βίον. (12) ἔτι δὲ ἡ γῆ θεὸς οὖσα τοὺς δυναμένους καταμανθάνειν καὶ δικαιοσύνην διδάσκει · τοὺς γὰρ ἄριστα θεραπεύοντας αὐτὴν πλεῖστα ἀγαθὰ ἀντιποιεῖ. (13) ἐὰν δ' ἄρα καὶ ὑπὸ πλήθους ποτὲ στρατευμάτων τῶν ἔργων στερηθῶσιν οἱ ἐν τῇ γεωργίᾳ ἀναστρεφόμενοι καὶ σφοδρῶς καὶ ἀνδρικῶς παιδευόμενοι, οὗτοι εὖ παρεσκευασμένοι καὶ τὰς ψυχὰς καὶ τὰ σώματα, ἂν μὴ θεὸς ἀποκωλύῃ, δύνανται ἰόντες εἰς τὰς τῶν ἀποκωλυόντων λαμϐάνειν ἀφ' ὧν θρέψονται. πολλάκις δ' ἐν τῷ πολέμῳ καὶ ἀσφαλέστερόν ἐστι σὺν τοῖς ὅπλοις τὴν τροφὴν μαστεύειν ἢ σὺν τοῖς γεωργικοῖς ὀργάνοις.
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(7) La terre incite aussi les agriculteurs à défendre leur pays par les armes : les récoltes qu'elle fait pousser sont offert à tous, à la merci du plus fort. (8) Quel art nous rend plus capable que l'agriculture de courir, de lancer le javelot, de sauter ? Quel art paie mieux de retour ceux qui la pratiquent ? Lequel fait plus plaisant accueil à qui s'y adonne ? Vous l'abordez, et il vous tend et vous offre tout ce que vous désirez. Lequel accueille  des hôtes plus généreusement ?  (9) Et pour passer l'hiver avec un bon feu et des bains chauds, où est-ce plus facile que dans quelque campagne ?  Où donc, pour passer l'été, jouit-on  davantage qu'aux champs des ruisseaux,  de la brise, des ombrages ?  (10) Quel autre art  offre aux dieux des prémisses plus dignes d'eux ou présente le spectacle de fêtes plus parfaites ? Lequel est plus agréable pour les serviteurs,  plus plaisant pour la femme, plus désirable pour les enfants,  plus généreux pour les amis ? (11) Pour ma part, il m'apparaît surprenant qu'un homme libre puisse posséder un bien plus plaisant, avoir trouvé une occupation plus paisante et plus avantageuse pour le faire vivre. (12) Ce n'est pas tout, la terre, étant une divinité, enseigne aussi la justice à ceux qui sont capables de l'apprendre; c'est à ceux qui lui témoignent le plus d'égards qu'elle accorde en échange le plus de biens. (13) Le hasard fait-il que des troupes nombreuses de soldats obligent d'abandonner leurs travaux et leurs champs des gens qui pratiquent l'agriculture et qui reçoivent une éducation forte et virile ? Ces hommes à l'âme et au au corps bien trempés peuvent, si la divinité le permet, marcher sur le pays de ceux qui leut font abandonner leurs travaux, pour leur prendre de quoi se nourir. Souvent, en temps de guerre, il est plus sûr d'aller chercher la nourriture les armes à la main que de se la procurer en maniant les instruments aratoires.
    trad. Pierre Chantraine; éd. les belles lettres


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ἀντιχαρίζομαι : témoigner en retour sa reconnaissance.
ἐργάζομαι : accomplir, pratiquer (un art, un métier).
ἄφθονος, ος, ον : qui n’envie pas, exempt d’envie; libéral, bienfaisant; abondant, copieux.
ἄφθονα πάντα παρέσται, Hh. Ap. 536 : tous les biens seront fournis en abondance.
εὐμάρεια, ας (ἡ) : commodité, facilité.
εὐμαρειά (ἐστιν) χειμάσαι : il est commode de passer l'hiver.
χειμάσαι δὲ πυρὶ ἀφθόνῳ καὶ θερμοῖς λουτροῖς ποῦ πλείων εὐμάρεια ἢ ἐν χώρῳ τῳ (= τινί) : en hiver, où trouvera-t-on plus de facilité qu'à la campagne pour avoir un bon feu et des bains chauds ?
χῶρος, ου (ὁ) : espace; emplacement déterminé, lieu limité; domaine (de campagne).
προσφιλής, ής, ές : plein d’amitié ou de bienveillance pour; attrayant.
τίς δὲ (τέχνη) οἰκέταις προσφιλεστέρα : lequel (métier) est plus attrayant.
εὔχαρις, ις, ι, gén. ιτος : gracieux, qui a bonne grâce, aimable; agréable, charmant.
(τέχνη) εὐχαριστοτέρα : métier plus charmant.
(12) ἔτι δὲ ἡ γῆ θεὸς οὖσα τοὺς δυναμένους καταμανθάνειν καὶ δικαιοσύνην διδάσκει· τοὺς γὰρ ἄριστα θεραπεύοντας αὐτὴν πλεῖστα ἀγαθὰ ἀντιποιεῖ : en outre la terre, étant une déesse, enseigne aussi la justice à ceux qui peuvent s'en instruire, car à ceux qui l'entourent de la plus grande sollicitude, elle accorde en retour de très nombreux avantages.




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Thésée vainqueur du Minotaure

  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 164; éditions Gallimard.



[1,7]
καὶ εἰς τὸν τρίτον δασμὸν τῷ Μινωταύρῳ συγκαταλέγεταιὡς δέ τινες λέγουσιν, ἑκὼν ἑαυτὸν ἔδωκεν. ἐχούσης δὲ τῆς νεὼς μέλαν ἱστίον Αἰγεὺς τῷ παιδὶ ἐνετείλατο, ἐὰν ὑποστρέφῃ ζῶν, λευκοῖς πετάσαι τὴν ναῦν ἱστίοις. καὶ εἰς τὸν τρίτον δασμὸν τῷ Μινωταύρῳ συγκαταλέγεταιὡς δέ τινες λέγουσιν, ἑκὼν ἑαυτὸν ἔδωκεν. ἐχούσης δὲ τῆς νεὼς μέλαν ἱστίον Αἰγεὺς τῷ παιδὶ ἐνετείλατο, ἐὰν ὑποστρέφῃ ζῶν, λευκοῖς πετάσαι τὴν ναῦν ἱστίοις.
[1,8] ὡς δὲ ἧκεν εἰς Κρήτην, Ἀριάδνη θυγάτηρ Μίνωος ἐρωτικῶς διατεθεῖσα πρὸς αὐτὸν συμπράσσειν ἐπαγγέλλεται, ἐὰν ὁμολογήσῃ γυναῖκα αὐτὴν ἕξειν ἀπαγαγὼν εἰς Ἀθήνας. ὁμολογήσαντος δὲ σὺν ὅρκοις Θησέως δεῖται Δαιδάλου μηνῦσαι τοῦ λαϐυρίνθου τὴν ἔξοδον.
[1,9] ὑποθεμένου δὲ ἐκείνου, λίνον εἰσιόντι Θησεῖ δίδωσι : τοῦτο ἐξάψας Θησεὺς τῆς θύρας ἐφελκόμενος εἰσῄει. καταλαϐὼν δὲ Μινώταυρον ἐν ἐσχάτῳ μέρει τοῦ λαϐυρίνθου παίων πυγμαῖς ἀπέκτεινεν, ἐφελκόμενος δὲ τὸ λίνον πάλιν ἐξῄει. καὶ διὰ νυκτὸς μετὰ Ἀριάδνης καὶ τῶν παίδων εἰς Νάξον ἀφικνεῖται. ἔνθα Διόνυσος ἐρασθεὶς Ἀριάδνης ἥρπασε, καὶ κομίσας εἰς Λῆμνον ἐμίγη. καὶ γεννᾷ Θόαντα Στάφυλον Οἰνοπίωνα καὶ Πεπάρηθον.
[1,10] λυπούμενος δὲ Θησεὺς ἐπ' Ἀριάδνῃ καταπλέων ἐπελάθετο πετάσαι τὴν ναῦν λευκοῖς ἱστίοις. Αἰγεὺς δὲ ἀπὸ τῆς ἀκροπόλεως τὴν ναῦν ἰδὼν ἔχουσαν μέλαν ἱστίον, Θησέα νομίσας ἀπολλέναι ῥίψας ἑαυτὸν μετήλλαξε.
[1,11] Θησεὺς δὲ παρέλαϐε τὴν Ἀθηναίων δυναστείαν, τοὺς μὲν Πάλλαντος παῖδας πεντήκοντα τὸν ἀριθμὸν ἀπέκτεινεν· ὁμοίως δὲ καὶ ὅσοι ἀντᾶραι ἤθελον παρ' αὐτοῦ ἀπεκτάνθησαν, καὶ τὴν ἀρχὴν ἅπασαν ἔσχε μόνος.
[1,12] ὅτι Μίνως, αἰσθόμενος τοῦ φεύγειν τοὺς μετὰ Θησέως, Δαίδαλον αἴτιον ἐν τῷ λαϐυρίνθῳ μετὰ τοῦ παιδὸς Ἰκάρου καθεῖρξεν, ὃς ἐγεγέννητο αὐτῷ ἐκ δούλης Μίνωος Ναυκράτης. ὁ δὲ πτερὰ κατασκευάσας ἑαυτῷ καὶ τῷ παιδὶ ἀναπτάντι ἐνετείλατο μήτε εἰς ὕψος πέτεσθαι, μὴ τακείσης τῆς κόλλης ὑπὸ τοῦ ἡλίου αἱ πτέρυγες λυθῶσι, μήτε ἐγγὺς θαλάσσης, ἵνα μὴ τὰ πτερὰ ὑπὸ τῆς νοτίδος λυθῇ.




[1,7] Thésée fut ensuite tiré au sort parmi les jeunes gens qui devaient faire partie du tribut à Minos (c'était la troisième fois); mais on dit aussi qu'il se porta volontaire. Comme le navire avait une voile noire, Egée recommanda à son fils, s'il revenait vivant, de déployer, sur le navire, des voiles blanches.
[1,8] Quand Thésée arrive en Crète, Ariane, la fille de Minos, tomba amoureuse de lui, et elle lui promit qu'elle l'aiderait, si elle obtenait en retour la promesse qu'il la mènerait à Athènes en tant qu'épouse. Thésée en fit le serment, et Ariane obligea Dédale à lui révéler la sortie du labyrinthe.
[1,9] Conseillée encore par Dédale, elle donna à Thésée un fil grâce auquel il pourrait sortir : Thésée l'attacha à la porte et, en le tirant derrière lui, il entra. Ayant débusqué le Minotaure précisément dans la partie la plus reculée du labyrinthe, il le tua à coups de poings puis, en rembobinant le fil, il rebroussa chemin et sortit. Dans la nuit, il arriva à Naxos avec Ariane et les jeunes gens qu'il avait sauvés. Mais là, Dionysos fut pris d'amour pour Ariane et l'enleva; il l'amena à Lemnos et s'unit à elle. De leur union naquirent Thoas, Staphylos, Onopion et Péparéthos.
[1,10] Affligé par le sort d'Ariane, Thésée repartit, mais il oublia de hisser les voiles blanches. Égée, du haut de l'acropole, aperçut de loin flotter sur le navire les voiles noires, et il pensa que son fils était mort : alors il se jeta dans le vide et mourut.
[1,11] Thésée lui succéda sur le trône d'Athènes, et il tua les cinquante fils de Pallas. Thésée tua aussi tous ses autres adversaires, et il eut le pouvoir absolu.
[1,12] Quand Minos s'aperçut de la fuite de Thésée et de ses compagnons, il en tint Dédale pour responsable, et il l'enferma dans le labyrinthe avec son fils Icare, que Dédale avait eu de Naucraté, une esclave de Minos. Alors Dédale construisit des ailes, et les attacha sur son propre dos et sur celui de son jeune fils, en lui recommandant de ne pas voler trop haut, afin que les rayons du soleil ne fassent pas fondre la colle qui tenait assemblées les plumes, ni non plus trop près de la mer, afin que l'humidité n'alourdisse pas les ailes.









δασμός, οῦ (ὁ) : partage, part; part de butin; part de contribution imposée à un peuple, tribut, impôt.
συγκαταλέγω (λέγω, choisir, rassembler) : choisir et arranger; choisir avec ou ensemble; choisir ou élire une personne avec une autre.
εἰς τὸν τρίτον δασμὸν : en vue du troisième tribut.
δίδωμι (imparf. ἐδίδουν ; futur δώσω; aor. 1 ἔδωκα) : donner.
ἑκών, οῦσα, όν, gén. ἑκόντος, -ούσης, -όντος : qui agit de son plein gré, spontanément.
ἑκὼν ἑαυτὸν ἔδωκεν : il se porta volontaire.
ὑποστρέφω : intr. se retourner, revenir sur ses pas.
ἐὰν ὑποστρέφῃ ζῶν : s'il revenait vivant.
ὁμολογέω-ῶ (imparf. ὡμολόγουν, futur ὁμολογήσω, aor. ὡμολόγησα, parf. ὡμολόγηκα ; pl. q. parf. ὡμολογήκειν ; passif futur ὁμολογηθήσομαι, aor. ὡμολογήθην, parf. ὡμολόγημαι, pl. q. parf. ὡμολογήμην) : manifester son accord, accepter ses conditions.
ἀπάγω (futur ἀπάξω, aor. 2 ἀπήγαγον, etc.) : emmener.
ἐὰν ὁμολογήσῃ γυναῖκα αὐτὴν ἕξειν ἀπαγαγὼν εἰς Ἀθήνας : s'il est d'accord pour la prendre pour épouse et pour l'emmener à Athènes.
πέτομαι (futur πτήσομαι et πετήσομαι, aor. 2 ἐπτόμην, d’où inf. πτέσθαι ; aor. radical ἐπτάμην) : voler.
πετάσαι : déployer des voiles (dat.) sur un navire (acc.)
λευκοῖς πετάσαι τὴν ναῦν ἱστίοις : (il lui recommanda) de déployer, sur le navire, des voiles blanches.
ἐντέλλομαι, aor. ἐνετειλάμην : recommander, ordonner.
τοὺς Πάλλαντος παῖδας πεντήκοντα τὸν ἀριθμὸν ἀπέκτεινεν : il tua les cinquante fils de Pallas.
καὶ τὴν ἀρχὴν ἅπασαν ἔσχε μόνος : et il eut le pouvoir absolu.
νοτίς, ίδος (ἡ) : humidité.
λύω (futur λύσω, aor. ἔλυσα, parf. λέλυκα) : délier, défaire.
ἵνα μὴ τὰ πτερὰ ὑπὸ τῆς νοτίδος λυθῇ : afin que les ailes ne soient pas défaites par l'effet de l'humidité.







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Excellence des lois de Minos

  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 166; éditions Gallimard.

ΣΩΚΡΑΤΗΣ

Τίς δὲ λέγεται τῶν παλαιῶν βασιλέων ἀγαθὸς νομοθέτης γεγονέναι, οὗ ἔτι καὶ νῦν τὰ νόμιμα μένει ὡς θεῖα ὄντα;

ΕΤΑΙΡΟΣ
Οὐκ ἐννοῶ.

ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκ οἶσθα τίνες παλαιοτάτοις νόμοις χρῶνται τῶν Ἑλλήνων;

ΕΤΑΙΡΟΣ
Ἆρα Λακεδαιμονίους λέγεις καὶ Λυκοῦργον τὸν νομοθέτην;

ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλὰ ταῦτά γε οὐδέπω ἴσως ἔτη τριακόσια ἢ ὀλίγῳ τούτων πλείω. ἀλλὰ τούτων τῶν νομίμων τὰ βέλτιστα πόθεν (318d) ἥκει; Οἶσθα;

ΕΤΑΙΡΟΣ
Φασί γε ἐκ Κρήτης.

ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν οὗτοι παλαιοτάτοις νόμοις χρῶνται τῶν Ἑλλήνων;

ΕΤΑΙΡΟΣ
Ναί.

ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οἶσθα οὖν τίνες τούτων ἀγαθοὶ βασιλῆς ἦσαν; Μίνως καὶ Ῥαδάμανθυς, οἱ Διὸς καὶ Εὐρώπης παῖδες, ὧν οἵδε εἰσὶν οἱ νόμοι.

ΕΤΑΙΡΟΣ
Ῥαδάμανθύν γέ φασιν, ὦ Σώκρατες, δίκαιον ἄνδρα, τὸν δὲ Μίνων ἄγριόν τινα καὶ χαλεπὸν καὶ ἄδικον.

ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀττικόν, ὦ βέλτιστε, λέγεις μῦθον καὶ τραγικόν. [...] Ὅμηρος γὰρ περὶ Κρήτης λέγων ὅτι πολλοὶ ἄνθρωποι ἐν αὐτῇ εἰσιν καὶ ἐνενήκοντα πόληες, τῇσι δέ, φησίν· Ἔνι Κνωσὸς μεγάλη πόλις, ἔνθα τε Μίνως ἐννέωρος βασίλευε Διὸς μεγάλου ὀαριστής. [...] Καὶ Ὀδυσσείας ἐν Νεκυίᾳ δικάζοντα χρυσοῦν σκῆπτρον ἔχοντα πεποίηκε τὸν Μίνων.
                                                                                                                                 Platon, Minos 318 et 319 (passim).


ἀγαθὸς νομοθέτης : bon législateur.
ἔτι καὶ νῦν : encore maintenant.
οὐδέπω : ne ... pas encore.

ταῦτά γε οὐδέπω ἴσως ἔτη τριακόσια ἢ ὀλίγῳ τούτων πλείω : ce sont là des textes de lois qui, peut-être, ne remontent pas encore à trois cents ans ou à peine au-delà.
τὰ νόμιμα μένει ὡς θεῖα ὄντα : les prescriptions demeurent comme divines.
Ἆρα Λακεδαιμονίους λέγεις καὶ Λυκοῦργον τὸν νομοθέτην; : Veux-tu parler des Lacédémoniens et de Lycurgue, leur législateur ?
ὧν οἵδε εἰσὶν οἱ νόμοι : c'est à eux que l'on doit ces lois.
ὀαριστής, οῦ (ὁ) : qui vit en commerce intime avec, compagnon familier; familier avec.
Διὸς μεγάλου ὀαριστής : confident du grand Zeus..



Socrate
Quel est, parmi les anciens rois, celui qui passe pour avoir été un bon législateur et dont les prescriptions subsistent encore aujourd'hui, parce qu'on les considèrent comme divines ?
le disciple
Je ne comprends pas.
Socrate
Ne sais-tu pas quels sont les peuples parmi les Grecs qui possèdent les lois très anciennes ?
le disciple
Veux-tu parler des Lacédémoniens et de Lycurgue, leur législateur ?
Socrate
Voyons ! Ce sont là  des textes de lois qui, peut-être, ne remontent pas encore à trois cents ans ou à peine au-delà. Mais les meilleures de ces prescriptions, d'où viennent-elles ? Le sais-tu ? 
le disciple
On dit que c'est de Crète.
Socrate
Sais-tu quels ont été les bons rois de ces peuples ? Minos et Rhadamanthe, fils de Zeus et d'Europe; c'est à eux que l'on doit ces lois.
le disciple
Rhadamanthe était, dit-on, un homme juste, mais Minos quelqu'un de farouche, de peu accommodant et d'injuste.
Socrate
C'est une légende attique, mon cher, dont tu me parles, d'une légende faite pour la tragédie. En effet, Homère, disant de la Crète qu'elle a une population nombreuse et "quatre-vingt dix villes" et ajoute : ""parmi elles, Cnossos, une grande cité où régnait Minos, tous les neuf ans confident du grand Zeus". Et  dans l'évocation des morts de l'Odyssée, il a représenté Minos en train de juger, le sceptre d'or entre les mains.
 

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Socrate et l'oracle de Delphes

  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 180; éditions Gallimard.



ἴστε δὴ οἷος ἦν Χαιρεφῶν, ὡς σφοδρὸς ἐφ᾽ ὅτι ὁρμήσειεν. καὶ δή ποτε καὶ εἰς Δελφοὺς ἐλθὼν ἐτόλμησε τοῦτο μαντεύσασθαι -- καί, ὅπερ λέγω, μὴ θορυϐεῖτε, ὦ ἄνδρες -- ἤρετο γὰρ δὴ εἴ τις ἐμοῦ εἴη σοφώτερος. ἀνεῖλεν οὖν ἡ Πυθία μηδένα σοφώτερον εἶναι. καὶ τούτων πέρι ὁ ἀδελφὸς ὑμῖν αὐτοῦ οὑτοσὶ μαρτυρήσει, ἐπειδὴ ἐκεῖνος τετελεύτηκεν. (21b) σκέψασθε δὴ ὧν ἕνεκα ταῦτα λέγω· μέλλω γὰρ ὑμᾶς διδάξειν ὅθεν μοι ἡ διαϐολὴ γέγονεν. ταῦτα γὰρ ἐγὼ ἀκούσας ἐνεθυμούμην οὑτωσί· “τί ποτε λέγει ὁ θεός, καὶ τί ποτε αἰνίττεται; ἐγὼ γὰρ δὴ οὔτε μέγα οὔτε σμικρὸν σύνοιδα ἐμαυτῷ σοφὸς ὤν· τί οὖν ποτε λέγει φάσκων ἐμὲ σοφώτατον εἶναι; οὐ γὰρ δήπου ψεύδεταί γε· οὐ γὰρ θέμις αὐτῷ”. καὶ πολὺν μὲν χρόνον ἠπόρουν τί ποτε λέγει· ἔπειτα μόγις πάνυ ἐπὶ ζήτησιν αὐτοῦ τοιαύτην τινὰ ἐτραπόμην. ἦλθον ἐπί τινα τῶν δοκούντων σοφῶν εἶναι, ὡς (21c) ἐνταῦθα εἴπερ που ἐλέγξων τὸ μαντεῖον καὶ ἀποφανῶν τῷ χρησμῷ ὅτι “οὑτοσὶ ἐμοῦ σοφώτερός ἐστι, σὺ δ᾽ ἐμὲ ἔφησθα”. διασκοπῶν οὖν τοῦτον -- ὀνόματι γὰρ οὐδὲν δέομαι λέγειν, ἦν δέ τις τῶν πολιτικῶν πρὸς ὃν ἐγὼ σκοπῶν τοιοῦτόν τι ἔπαθον, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ διαλεγόμενος αὐτῷ -- ἔδοξέ μοι οὗτος ὁ ἀνὴρ δοκεῖν μὲν εἶναι σοφὸς ἄλλοις τε πολλοῖς ἀνθρώποις καὶ μάλιστα ἑαυτῷ, εἶναι δ᾽ οὔ· κἄπειτα ἐπειρώμην αὐτῷ δεικνύναι ὅτι οἴοιτο μὲν εἶναι σοφός, εἴη δ᾽ οὔ. (21d) ἐντεῦθεν οὖν τούτῳ τε ἀπηχθόμην καὶ πολλοῖς τῶν παρόντων· πρὸς ἐμαυτὸν δ᾽ οὖν ἀπιὼν ἐλογιζόμην ὅτι τούτου μὲν τοῦ ἀνθρώπου ἐγὼ σοφώτερός εἰμι· κινδυνεύει μὲν γὰρ ἡμῶν οὐδέτερος οὐδὲν καλὸν κἀγαθὸν εἰδέναι, ἀλλ᾽ οὗτος μὲν οἴεταί τι εἰδέναι οὐκ εἰδώς, ἐγὼ δέ, ὥσπερ οὖν οὐκ οἶδα, οὐδὲ οἴομαι· ἔοικα γοῦν τούτου γε σμικρῷ τινι αὐτῷ τούτῳ σοφώτερος εἶναι, ὅτι ἃ μὴ οἶδα οὐδὲ οἴομαι εἰδέναι. ἐντεῦθεν ἐπ᾽ ἄλλον ᾖα τῶν ἐκείνου δοκούντων σοφωτέρων εἶναι καί (21e) μοι ταὐτὰ ταῦτα ἔδοξε, καὶ ἐνταῦθα κἀκείνῳ καὶ ἄλλοις πολλοῖς ἀπηχθόμην. μετὰ ταῦτ᾽ οὖν ἤδη ἐφεξῆς ᾖα, αἰσθανόμενος μὲν (καὶ) λυπούμενος καὶ δεδιὼς ὅτι ἀπηχθανόμην, ὅμως δὲ ἀναγκαῖον ἐδόκει εἶναι τὸ τοῦ θεοῦ περὶ πλείστου ποιεῖσθαι -- ἰτέον οὖν, σκοποῦντι τὸν χρησμὸν τί λέγει, ἐπὶ ἅπαντας τούς τι (22a) δοκοῦντας εἰδέναι.
                                                                                                                                                                                         Platon, Apologie, 21 et 22 (passim)



Vous savez donc quel homme c'était que Chéréphon, et combien il était ardent dans tout ce qu'il entreprenait. Un jour, étant parti pour Delphes, il eut la hardiesse de demander à l'oracle (et je vous prie encore une fois de ne pas vous émouvoir de ce que je vais (lire) s'il y avait au monde un homme plus sage que moi; la Pythie lui répondit qu'il n'y en avait aucun. Chéréphon est mort, mais son frère, qui est ici, pourra vous le certifier. Considérez bien, Athéniens, pourquoi je vous dis toutes ces choses : c'est uniquement pour vous faire voir d'où viennent les faux bruits qu'on a fait courir contre moi. Quand je sus la réponse de l'oracle, je pensai en moi-même : que veut dire le Dieu ? quel sens cachent ces paroles ? car je sais bien qu'il n'y a en moi aucune sagesse, ni petite, ni grande; que veut-il donc dire, en me déclarant le plus sage des hommes ? car il ne nie point, la Divinité ne saurait mentir. Je doutai donc pendant longtemps du sens de l'oracle, jusqu'à ce qu'enfin, après bien de la peine, je m'avisai de faire l'épreuve que voici : j'allai chez un de nos concitoyens qui passe pour un des plus sages de la ville; et j'espérais que là, mieux qu'ailleurs, je pourrais réfuter l'oracle, et lui faire voir un homme plus sage que moi, bien qu'il m'eût déclaré le plus sage des hommes. Examinant donc cet homme, dont je n'ai que faire de vous dire le nom, il suffit que c'était un de nos plus grands politiques, et m'entretenant avec lui, je trouvai que tout le monde le croyait sage, qu'il se croyait tel lui-même, et qu'il ne l'était point. Après cette découverte, je m'efforçai de lui faire voir qu'il n'était nullement ce qu'il croyait être; et voilà déjà ce qui me rendit odieux à cet homme et à tous ses amis, qui assistaient à notre conversation. Quand je l'eus quitté, je raisonnais en moi-même et me disais : Je suis plus sage que cet homme. Il peut bien se faire que ni lui ni moi ne sachions rien de beau ni de bon; mais il y a cette différence, que lui, il croit savoir, quoiqu'il ne sache rien, et que ne sachant rien, je ne crois pas non plus savoir me semble donc qu'en cela j'étais tant soit peu plus sage, parce que je ne croyais pas savoir ce que je ne savais point. De là, j'allai chez un autre, qui passait pour plus sage encore que le premier; je trouvai la même chose, et je me fis là de nouveaux ennemis. Je ne me rebutai point, j'allai encore chez d'autres, sentant bien que je me faisais haïr, et en étant très fâché, parce que j'en craignais les suites; mais il me paraissait que, sans balancer, je devais préférer à toutes choses la voix du Dieu, et pour en trouver le véritable sens, aller de porte en porte chez tous ceux qui avaient le plus de réputation.









ἴστε : vous savez.
*εἴδω (futur εἴσομαι ; aor. 2 εἶδον, d’où impér. ἴδε ou ἰδέ, subj. ἴδω, opt. ἴδοιμι, inf. ἰδεῖν, part. ἰδών ; parf. 2 οἶδα, au sens d’un prés.; pl. q. parf. ᾔδειν, att. ᾔδη, au sens d’un imparf.) : voir, savoir.
σφοδρός : ardent, passionné.
ὡς σφοδρὸς ἐφ᾽ ὅτι ὁρμήσειεν : combien il était ardent dans tout ce qu'il entreprenait.
ἀναιρέω-ῶ (futur ἀναιρήσω, aor. 2 ἀνεῖλον, parf. ἀνῄρηκα, etc.) : répondre (en parlant d'un oracle).
θορυϐέω-ῶ : pousser des cris hostiles, protester.
μαντεύω : rendre des oracles.
moyen μαντεύομαι (futur εύσομαι, aor. ἐμαντευσάμην, parf. μεμάντευμαι) : consulter un oracle.
μαντείαν μαντεύεσθαι παρὰ τῷ θεῷ, Eschn. 68, 41 : demander une réponse à la divinité.




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Démosthène exhorte les Athéniens à un sursaut d'énergie.



  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 184; éditions Gallimard.





[65]
ὃ νὴ τὸν Δία καὶ τὸν Ἀπόλλω δέδοικ᾽ ἐγὼ μὴ πάθηθ᾽ ὑμεῖς, ἐπειδὰν εἰδῆτ᾽ ἐκλογιζόμενοι μηδὲν ἔθ᾽ ὑμῖν ἐνόν. ἕως ἂν σῴζηται τὸ σκάφος, ἄν τε μεῖζον ἄν τ᾽ ἔλαττον ᾖ, τότε χρὴ καὶ ναύτην καὶ κυϐερνήτην καὶ πάντ᾽ ἄνδρ᾽ ἑξῆς προθύμους εἶναι, καὶ ὅπως μήθ᾽ ἑκὼν μήτ᾽ ἄκων μηδεὶς ἀνατρέψει, τοῦτο σκοπεῖσθαι : ἐπειδὰν δ᾽ ἡ θάλαττα ὑπέρσχῃ, μάταιος ἡ σπουδή.

[70] καὶ ἡμεῖς τοίνυν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἕως ἐσμὲν σῷοι, πόλιν μεγίστην ἔχοντες, ἀφορμὰς πλείστας, ἀξίωμα κάλλιστον, τί ποιῶμεν; πάλαι τις ἡδέως ἂν ἴσως ἐρωτήσας κάθηται. ἐγὼ νὴ Δί᾽ ἐρῶ, καὶ γράψω δέ, ὥστ᾽ ἂν βούλησθε χειροτονήσετε.

αὐτοὶ πρῶτον ἀμυνόμενοι καὶ παρασκευαζόμενοι, τριήρεσι καὶ χρήμασι καὶ στρατιώταις λέγω (καὶ γὰρ ἂν ἅπαντες δήπου δουλεύειν συγχωρήσωσιν οἱ ἄλλοι, ἡμῖν γ᾽ ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας ἀγωνιστέον) [71] ταῦτα δὴ πάντ᾽ αὐτοὶ παρεσκευασμένοι καὶ ποιήσαντες φανερὰ τοὺς ἄλλους ἤδη παρακαλῶμεν, καὶ τοὺς ταῦτα διδάξοντας ἐκπέμπωμεν πρέσϐεις πανταχοῖ, εἰς Πελοπόννησον, εἰς Ῥόδον, εἰς Χίον, ὡς βασιλέα λέγω, ἵν᾽ ἐὰν μὲν πείσητε, κοινωνοὺς ἔχητε καὶ τῶν κινδύνων καὶ τῶν ἀναλωμάτων, ἄν τι δέῃ, εἰ δὲ μή, χρόνους γ᾽ ἐμποιῆτε τοῖς πράγμασιν.
                                                                                                                              Démosthène, 3 ème Philippique, 65 et 69-71




[65] Voilà, par Zeus et Apollon, le sort que je redoute pour vous, lorsque vous vous rendrez compte qu'il ne vous est possible de ne rien faire.... Tant que le navire se maintient en bon état, qu'il soit grand ou petit, c'est à ce moment-là que le matelot, le pilote et tous les passagers indifféremment doivent faire preuve de résolution et veiller à ce que personne ne le fasse chavirer, volontairement ou non; mais, lorsque la mer l'a submergé, il ne sert plus à rien de faire des efforts.

[70] Quant à nous, citoyens athéniens, tant que nous sommes encore sains et saufs, que nous possédons une très grande cité, de très nombreuses ressources, une éclatante renommée, que devons-nous faire ? Je vais vous le dire, par Zeus et, qui plus est, je vais vous en faire la proposition écrite : ainsi, si vous le voulez, vous voterez cette motion.

Tout d'abord, assurons nous mêmes notre défense et faisons nos préparatifs; je dis bien : avec des trières, de l'argent et des soldats (car, même si tous les autres se résignent à l'esclavage, nous, du moins, nous devons combattre pour la liberté); une fois que nous aurons achevé nous-mêmes tous ces préparatifs, et que les autres en auront pris clairement conscience, alors invitons- les à nous rejoindre et, dans le but de les instruire de ces projets, envoyons partout des ambassadeurs, à Rhodes, à Chios, je dis même auprès du Grand Roi; de cette façon, si vous les persuadez, vous les associerez à vos risques et à vos dépenses en cas de besoin; sinon, vous retarderez tout au moins le cours des événements.









ἀφορμή, ῆς (ἡ) : base d’opérations militaires; fig. origine, principe (d’une maladie); cause, occasion, prétexte; moyen d’entreprendre qqe chose, ressources.

εἰ δὲ μή, χρόνους γ᾽ ἐμποιῆτε τοῖς πράγμασιν : sinon, vous retarderez tout au moins le cours des événements










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La jeunesse de Cyrus

    voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 192; éditions Gallimard.



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πρῶτον μὲν γὰρ ἔτι παῖς ὤν, ὅτ’ ἐπαιδεύετο καὶ σὺν τῷ ἀδελφῷ καὶ σὺν τοῖς ἄλλοις παισί, πάντων πάντα κράτιστος ἐνομίζετο. πάντες γὰρ οἱ τῶν ἀρίστων Περσῶν παῖδες ἐπὶ ταῖς βασιλέως θύραις παιδεύονται· ἔνθα πολλὴν μὲν σωφροσύνην καταμάθοι ἄν τις, αἰσχρὸν δ’ οὐδὲν οὔτ’ ἀκοῦσαι οὔτ’ ἰδεῖν ἔστι. θεῶνται δ’ οἱ παῖδες καὶ τιμωμένους ὑπὸ βασιλέως καὶ ἀκούουσι, καὶ ἄλλους ἀτιμαζομένους· ὥστε εὐθὺς παῖδες ὄντες μανθάνουσιν ἄρχειν τε καὶ ἄρχεσθαι. ἔνθα Κῦρος αἰδημονέστατος μὲν πρῶτον τῶν ἡλικιωτῶν ἐδόκει εἶναι, τοῖς τε πρεσϐυτέροις καὶ τῶν ἑαυτοῦ ὑποδεεστέρων μᾶλλον πείθεσθαι, ἔπειτα δὲ φιλιππότατος καὶ τοῖς ἵπποις ἄριστα χρῆσθαι· ἔκρινον δ’ αὐτὸν καὶ τῶν εἰς τὸν πόλεμον ἔργων, τοξικῆς τε καὶ ἀκοντίσεως, φιλομαθέστατον εἶναι καὶ μελετηρότατον. ἐπεὶ δὲ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεπε, καὶ φιλοθηρότατος ἦν καὶ πρὸς τὰ θηρία μέντοι φιλοκινδυνότατος. καὶ ἄρκτον ποτὲ ἐπιφερομένην οὐκ ἔτρεσεν, ἀλλὰ συμπεσὼν κατεσπάσθη ἀπὸ τοῦ ἵππου, καὶ τὰ μὲν ἔπαθεν, ὧν καὶ τὰς ὠτειλὰς εἶχεν, τέλος δὲ κατέκανε· καὶ τὸν πρῶτον μέντοι βοηθήσαντα πολλοῖς μακαριστὸν ἐποίησεν. ἐπεὶ δὲ κατεπέμφθη ὑπὸ τοῦ πατρὸς σατράπης Λυδίας τε καὶ Φρυγίας τῆς μεγάλης καὶ Καππαδοκίας, στρατηγὸς δὲ καὶ πάντων ἀπεδείχθη οἷς καθήκει εἰς Καστωλοῦ πεδίον ἁθροίζεσθαι, πρῶτον μὲν ἐπέδειξεν αὑτόν, ὅτι περὶ πλείστου ποιοῖτο, εἴ τῳ σπείσαιτο καὶ εἴ τῳ συνθοῖτο καὶ εἴ τῳ ὑπόσχοιτό τι, μηδαμῶς ψεύδεσθαι.

ἐκέλευσε δὲ τοὺς Ἕλληνας ὡς νόμος αὐτοῖς εἰς μάχην οὕτω ταχθῆναι καὶ στῆναι, συντάξαι δ’ ἕκαστον τοὺς ἑαυτοῦ. ἐτάχθησαν οὖν ἐπὶ τεττάρων.
                                                                                                                                                                             Xénophon, Anabase 1, 9 (passim)
..
Dès ces premières années, alors qu'il était élevé avec son frère et les autres enfants, on le considérait en tout comme le meilleur de tous. En effet tous les jeunes Perses de grande famille sont élevés aux portes du Roi (= dans le palais royal); c'est en ces lieux que l'on peut trouver mainte leçon de sagesse sans que rien  de déshonnête puisse frapper  l'oreille ou la vue. Ils ont sous les yeux, ces enfants, ceux que le Roi honore et ils entendent les propos à leur sujet : ils voient aussi ceux qui sont l'objet de sa disgrâce : de la sorte, dès l'enfance, ils apprennent à commander et à recevoir des ordres ... Quand il fut envoyé par son père en qualité de satrape de Lydie, de la grande Phrygie et de Cappadoce et qu'il fut aussi désigné comme commandant en chef de tous ceux qui doivent se rassembler  dans la plaine de Castole,  il montra de prime abord que ce qui avait pour lui le plus de prix, c'était, à l'occasion d'un traité, de ne jamais mentir.










Il ordonna à tous les Grecs de s'aligner comme ils avaient l'habitude de le faire pour le combat et à chacun des stratèges de mettre ses hommes en position. Ils s'alignèrent donc sur quatre rangs.



...







πρῶτον ἔτι παῖς ὤν : dès les premières années.
ἐπαιδεύετο καὶ σὺν τῷ ἀδελφῷ καὶ σὺν τοῖς ἄλλοις παισί : il était élevé avec son frère et les autres enfants.
πάντων πάντα κράτιστος ἐνομίζετο : il était considéré en tout comme le meilleur de tous.
παιδεύω (futur παιδεύσω, aor. ἐπαίδευσα, parf. πεπαίδευκα) : élever un enfant; élever, instruire, former. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
πάντες οἱ τῶν ἀρίστων Περσῶν παῖδες ἐπὶ ταῖς βασιλέως θύραις παιδεύονται : tous les jeunes Perses de grande famille sont élevés aux portes du Roi (= dans le palais royal).
ἐπιδείκνυμι (futur ἐπιδείξω, aor. ἐπἔδειξα, parf. ἐπιδέδειχα; passif futur ἐπιδειχθήσομαι, aor. ἐπἐδείχθην, parf. ἐπιδέδειγμαι) : montrer ouvertement, exhiber.
περὶ πλείστου ποιεῖσθαι : faire le plus grand cas.
ψεύδω (futur ψεύσω, aor. ἔψευσα, parf. ἔψευκα, passif futur ψευσθήσομαι, qqf ψεύσομαι, aor. ἐψεύσθην, parf. ἔψευσμαι) : tromper, mentir.
ψεύδομαι : je manque à ma parole, je mens.
πρῶτον μὲν ἐπέδειξεν αὑτόν, ὅτι περὶ πλείστου ποιοῖτο, εἴ τῳ σπείσαιτο καὶ εἴ τῳ συνθοῖτο καὶ εἴ τῳ ὑπόσχοιτό τι, μηδαμῶς ψεύδεσθαι : il montra de prime abord que ce qui avait pour lui le plus de prix, c'était, à l'occasion d'un traité, de ne jamais mentir.

εἰς Καστωλοῦ πεδίον : dans la plaine de Castole.
τάσσω, néo-att. τάττω (futur τάξω, aor. ἔταξα, parf. τέταχα; passif futur ταχθήσομαι, aor. ἐτάχθην, aor.2 ἐτάγην, parf. τέταγμαι, pl.q.parfait. ἐτετάγμην, futur ant. τετάξομαι) : mettre à une place fixe ou appropriée; ranger, aligner.
ἐκέλευσε δὲ τοὺς Ἕλληνας ὡς νόμος αὐτοῖς εἰς μάχην οὕτω ταχθῆναι καὶ στῆναι : il ordonna à tous les Grecs de s'aligner comme ils avaient l'habitude de le faire pour le combat.
ἐτάχθησαν οὖν ἐπὶ τεττάρων : ils furent donc rangés (alignés) sur quatre rangs.








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Le lion, l'âne et le renard





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[209] Λέων καὶ ὄνος καὶ ἄλωπηξ.
   Λέων καὶ ὄνος καὶ ἀλώπηξ κοινωνίαν εἰς ἀλλήλους σπεισάμενοι ἐξῆλθον εἰς ἄγραν. Πολλὴν δὲ αὐτῶν συλλαϐόντων, ὁ λέων  προσέταξε
τῷ ὄνῳ διελεῖν αὐτοῖς. Τοῦ δὲ τρεῖς μοίρας ἐξ ἴσου ποιήσαντος, καὶ ἐκλέξασθαι αὐτῷ παραινοῦντος, ὁ λέων ἀγανακτήσας ἁλλόμενος
κατεθοινήσατο καὶ τῇ ἀλώπεκι μερίσαι προσέταξεν. Ἡ δε πάντα εἰς μίαν μερίδα συναθροίσασα καὶ μικρὰ ἑαυτῇ ὑπολιπομένη παρῄνει
αὐτῷ ἑλέσθαι. Ἐρομένου δὲ αὐτὴν τοῦ λέοντος τίς αὐτὴν οὕτω διανέμειν ἐδίδαξεν, ἡ ἀλώπηξ εἶπεν· " Αἱ τοῦ ὄνου συμφορά."

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι σωφρονισμὸς γίνεται τοῖς ἀνθρώποις τὰ τῶν πέλας δυστυχήματα.
                                                                                                                                                                                                                           Esope, 209



Le lion, l'âne et le renard, ayant lié société ensemble, partirent pour la chasse. Quand ils eurent pris du gibier en abondance, le lion enjoignit à l'âne de le partager entre eux. L'âne fit trois parts égales et dit au lion de choisir. Le lion indigné bondit sur lui et le dévora. Puis il enjoignit au renard de faire le partage. Celui-ci entassa tout sur un seul lot, ne se réservant que quelques bribes; après quoi il pria le lion de choisir. Celui-ci lui demanda qui lui avait appris à partager ainsi : « Le malheur de l'âne », répliqua t-il.

Cette fable montre qu'on s'instruit en voyant le malheur de son prochain.




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σπένδω : faire une libation.
σπένδομαι : consacrer par une libation; conclure un arrangement.
κοινωνίαν εἰς ἀλλήλους σπεισάμενοι : ayant conclu un arrangement entre eux.
ἄγρα, ας (ἡ) : chasse; gibier, proie, butin.
πολλὴν δὲ (s.-ent. ἄγραν) αὐτῶν συλλαϐόντων : après qu'ils eurent pris beaucoup de gibier.




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Connais-toi toi-même.

     voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 217; éditions Gallimard.



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Σχεδὸν γάρ τι ἔγωγε αὐτὸ τοῦτό φημι εἶναι σωφροσύνην, τὸ γιγνώσκειν ἑαυτόν, καὶ συμφέρομαι τῷ ἐν Δελφοῖς ἀναθέντι τὸ τοιοῦτον γράμμα. Καὶ γὰρ τοῦτο οὕτω μοι δοκεῖ τὸ γράμμα ἀνακεῖσθαι, ὡς δὴ πρόσρησις οὖσα τοῦ θεοῦ τῶν εἰσιόντων ἀντὶ τοῦ χαῖρε, ὡς (164e) τούτου μὲν οὐκ ὀρθοῦ ὄντος τοῦ προσρήματος, τοῦ χαίρειν, οὐδὲ δεῖν τοῦτο παρακελεύεσθαι ἀλλήλοις ἀλλὰ σωφρονεῖν. Οὕτω μὲν δὴ ὁ θεὸς προσαγορεύει τοὺς εἰσιόντας εἰς τὸ ἱερὸν διαφέρον τι ἢ οἱ ἄνθρωποι, ὡς διανοούμενος ἀνέθηκεν ὁ ἀναθείς, ὥς μοι δοκεῖ· καὶ λέγει πρὸς τὸν ἀεὶ εἰσιόντα οὐκ ἄλλο τι ἢ Σωφρόνει, φησίν. Αἰνιγματωδέστερον δὲ δή, ὡς μάντις, λέγει· τὸ γὰρ Γνῶθι σαυτόν καὶ τὸ Σωφρόνει ἔστιν (165a) μὲν ταὐτόν, ὡς τὰ γράμματά φησιν καὶ ἐγώ, τάχα δ' ἄν τις οἰηθείη ἄλλο εἶναι, ὃ δή μοι δοκοῦσιν παθεῖν καὶ οἱ τὰ ὕστερον γράμματα ἀναθέντες, τό τε μηδὲν ἄγαν καὶ τὸ Ἐγγύη πάρα δ' ἄτη. Καὶ γὰρ οὗτοι συμϐουλὴν ᾠήθησαν εἶναι τὸ Γνῶθι σαυτόν, ἀλλ' οὐ τῶν εἰσιόντων (ἕνεκεν) ὑπὸ τοῦ θεοῦ πρόσρησιν· εἶθ' ἵνα δὴ καὶ σφεῖς μηδὲν ἧττον συμϐουλὰς χρησίμους ἀναθεῖεν, ταῦτα γράψαντες ἀνέθεσαν. Οὗ δὴ οὖν ἕνεκα λέγω, ὦ Σώκρατες, ταῦτα πάντα, τόδ' ἐστίν· τὰ μὲν (165b) ἔμπροσθέν σοι πάντα ἀφίημι - ἴσως μὲν γάρ τι σὺ ἔλεγες περὶ αὐτῶν ὀρθότερον, ἴσως δ' ἐγώ, σαφὲς δ' οὐδὲν πάνυ ἦν ὧν ἐλέγομεν - νῦν δ' ἐθέλω τούτου σοι διδόναι λόγον, εἰ μὴ ὁμολογεῖς σωφροσύνην εἶναι τὸ γιγνώσκειν αὐτὸν ἑαυτόν.
                                                                                                                                                                                               Platon, Charmide, 164d ...


J'irais même jusqu'à dire que c'est précisément à se connaître soi-même que consiste la sagesse, d'accord en cela avec l'auteur de l''inscription de Delphes. Je m'imagine que cette inscription a été placée au fronton comme un salut du dieu aux arrivants, au lieu du salut ordinaire « réjouis-toi », comme si cette dernière formule n'était pas bonne et qu'on dût s'exhorter les uns les autres, non pas à se réjouir, mais à être sages. C'est ainsi que le dieu s'adresse à ceux qui entrent dans son temple, en des termes différents de ceux des hommes, et c'est ce que pensait, je crois, l'auteur de l'inscription à tout homme qui entre il dit en réalité : « Sois sage. » Mais il le dit, comme un devin, d'une façon un peu énigmatique ; car « Connais-toi toi-même » et « Sois sage », c'est la même chose, au dire de l'inscription et au mien. Mais on peut s'y tromper : c'est le cas, je crois de ceux, qui ont fait graver les inscriptions postérieures : « Rien de trop » et « Cautionner, c'est se ruiner. » Ils ont pris le « Connais-toi toi-même » pour un conseil et non pour le salut du dieu aux arrivants, puis, voulant offrir eux-mêmes des conseils non moins salutaires, ils les ont consacrés dans ces inscriptions. Pour quelle raison je te dis tout cela, Socrate, le voici : tout ce qui a été dit précédemment, je te l'abandonne. Peut-être était-ce toi qui as vu le plus juste, peut-être était-ce moi ; en tout cas nous n'avons rien dit de bien clair. Mais à présent, je suis prêt à m'expliquer avec toi, si tu n'admets pas qu'être sage, c'est se connaître soi-même.


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σχεδόν, adv. litt. en tenant à, d’où proche, près; presque.
σωφροσύνη, ης (ἡ) : litt. état sain de l’esprit ou du cœur; bon sens, prudence, sagesse.
ὁμολογέω-ῶ (imparf. ὡμολόγουν, futur ὁμολογήσω, aor. ὡμολόγησα, parf. ὡμολόγηκα; pl.q.parf. ὡμολογήκειν; passif futur ὁμολογηθήσομαι, aor. ὡμολογήθην, parf. ὡμολόγημαι, pl.q.parf. ὡμολογήμην): être d’accord.

ἔμπροσθέν :  devant, avant, précédemment.
ἀφίημι (imparf. ἀφίην ou ἠφίην, futur ἀφήσω, aor.1 ἀφῆκα, parf. ἀφεῖκα; passif ἀφίεμαι, imparf. ἀφιέμην, ou ἠφιέμην, futur ἀφεθήσομαι, aor. ἀφείθην, parf. ἀφεῖμαι, pl.q.parf. ἀφείμην : lâcher, abandonner, rejeter.
οὗ δὴ οὖν ἕνεκα λέγω, ὦ Σώκρατες, ταῦτα πάντα, τόδ' ἐστίν· τὰ μὲν ἔμπροσθέν σοι πάντα ἀφίημι : pour quelle raison je te dis tout cela, Socrate, le voici : tout ce qui a été dit précédemment, je te l'abandonne.
νῦν δ' ἐθέλω τούτου σοι διδόναι λόγον, εἰ μὴ ὁμολογεῖς σωφροσύνην εἶναι τὸ γιγνώσκειν αὐτὸν ἑαυτόν : mais à présent, je suis prêt à m'expliquer avec toi, si tu n'admets pas qu'être sage, c'est se connaître soi-même.





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Le pur sang grec coule dans nos veines

        voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 219; éditions Gallimard.




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Φοϐηθεὶς δὲ βασιλεὺς τὴν πόλιν, ἐπειδὴ ἑώρα Λακεδαιμονίους τῷ κατὰ θάλατταν πολέμῳ ἀπαγορεύοντας, ἀποστῆναι βουλόμενος ἐξῄτει τοὺς Ἕλληνας τοὺς ἐν τῇ ἠπείρῳ, οὕσπερ πρότερον Λακεδαιμόνιοι αὐτῷ ἐξέδοσαν, εἰ μέλλοι συμμαχήσειν ἡμῖν τε καὶ τοῖς ἄλλοις συμμάχοις, ἡγούμενος οὐκ ἐθελήσειν, ἵν' αὐτῷ πρόφασις εἴη (245c) τῆς ἀποστάσεως. Καὶ τῶν μὲν ἄλλων συμμάχων ἐψεύσθη· ἠθέλησαν γὰρ αὐτῷ ἐκδιδόναι καὶ συνέθεντο καὶ ὤμοσαν Κορίνθιοι καὶ Ἀργεῖοι καὶ Βοιωτοὶ καὶ οἱ ἄλλοι σύμμαχοι, εἰ μέλλοι χρήματα παρέξειν, ἐκδώσειν τοὺς ἐν τῇ ἠπείρῳ Ἕλληνας· μόνοι δὲ ἡμεῖς οὐκ ἐτολμήσαμεν οὔτε ἐκδοῦναι οὔτε ὀμόσαι. Οὕτω δή τοι τό γε τῆς πόλεως γενναῖον καὶ ἐλεύθερον βέϐαιόν τε καὶ ὑγιές ἐστιν καὶ φύσει μισοϐάρϐαρον, (245d) διὰ τὸ εἰλικρινῶς εἶναι Ἕλληνας καὶ ἀμιγεῖς βαρϐάρων. Οὐ γὰρ Πέλοπες οὐδὲ Κάδμοι οὐδὲ Αἴγυπτοί τε καὶ Δαναοὶ οὐδὲ ἄλλοι πολλοὶ φύσει μὲν βάρϐαροι ὄντες, νόμῳ δὲ Ἕλληνες, συνοικοῦσιν ἡμῖν, ἀλλ' αὐτοὶ Ἕλληνες, οὐ μειξοϐάρϐαροι οἰκοῦμεν, ὅθεν καθαρὸν τὸ μῖσος ἐντέτηκε τῇ πόλει τῆς ἀλλοτρίας φύσεως. Ὅμως δ' οὖν ἐμονώθημεν πάλιν (245e) διὰ τὸ μὴ ἐθέλειν αἰσχρὸν καὶ ἀνόσιον ἔργον ἐργάσασθαι Ἕλληνας βαρϐάροις ἐκδόντες. Ἐλθόντες οὖν εἰς ταὐτὰ ἐξ ὧν καὶ τὸ πρότερον κατεπολεμήθημεν, σὺν θεῷ ἄμεινον ἢ τότε ἐθέμεθα τὸν πόλεμον· καὶ γὰρ ναῦς καὶ τείχη ἔχοντες καὶ τὰς ἡμετέρας αὐτῶν ἀποικίας ἀπηλλάγημεν τοῦ πολέμου οὕτως, ἀγαπητῶς ἀπηλλάττοντο καὶ οἱ πολέμιοι.
                                                                                                                                                                                                    Platon, Ménexène, 245.


Mais le roi eut peur de notre ville (Athènes), quand il vit les Lacédémoniens renoncer à la guerre maritime. Désireux de quitter notre alliance, il réclama les Grecs du continent, que les Lacédémoniens lui avaient livrés précédemment, si l’on voulait qu’il continuât son concours à nous et à nos alliés. Ils s’attendaient à un refus, qui servirait de prétexte à sa désertion. Et il fut déçu du côté des autres alliés : les Corinthiens, les Argiens, les Béotiens et le reste des alliés consentirent à cet abandon ; ils convinrent et jurèrent, s’il voulait leur fournir de l’argent, de livrer les Grecs du continent. Seuls, nous n’eûmes pas le cœur de les lui abandonner ni de prêter serment. Et si les sentiments généreux et libres de notre ville sont si fermes, si sains et si naturellement hostiles au barbare, c’est que nous sommes des Grecs pur sang, sans mélange de barbares. Il n’y a point de Pélops, de Cadmos, d’Égyptos, de Danaos, sans parler de tant d’autres, barbares de nature et grecs par la loi, qui vivent côte à côte avec nous ; nous sommes de vrais Grecs, sans alliage de barbares, d’où la haine sans mélange dont notre cité est imbue pour la race étrangère. Quoi qu’il en soit pourtant, nous fûmes de nouveau réduits à l’isolement pour n’avoir pas voulu commettre une action honteuse et impie en livrant des Grecs à des barbares. Nous fûmes dès lors ramenés à la même situation qui avait auparavant causé notre défaite; mais, avec l’aide de Dieu, nous terminâmes la guerre plus heureusement qu’alors; car nous gardâmes notre flotte, nos murs et nos propres colonies à l’issue des hostilités, tant les ennemis eux-mêmes étaient contents d’en avoir fini avec la guerre !


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φοϐέω-ῶ (futur φοϐήσω, aor. ἐφόϐησα, parf. inus.; passif futur φοϐήσομαι, aor. ἐφοϐήθην, parf. πεφόϐημαι) : mettre en fuite; faire peur, effrayer.
φοϐοῦμαι : avoir peur.
ὁράω-ῶ (imparf. ἑώρων, futur ὄψομαι, aor. 2 εἶδον, parf. ἑόρακα, réc. ἑώρακα; passif futur ὀφθήσομαι, aor. ὤφθην, parf. ἑώραμαι et ὦμμαι; moyen aor. 2 εἰδόμην) : voir.
ἐπειδὴ ἑώρα Λακεδαιμονίους : quand il vit les Lacédémoniens.
ἀπαγορεύω (imparf. ἀπηγόρευον, futur ἀπαγορεύσω, aor. ἀπηγόρευσα, parf. ἀπηγόρευκα; passif aor. ἀπηγορεύθην, parf. ἀπηγόρευμαι) : défendre, interdire; renoncer (à une guerre).
τῷ κατὰ θάλατταν πολέμῳ ἀπαγορεύοντας : (les Lacédémoniens) qui renonçaient à la guerre sur mer.

καταπολεμέω-ῶ : abattre par la guerre, vaincre à la guerre; épuiser par la guerre.
πρότερος, α, ον : premier de deux; qui va avant un autre, supérieur, antérieur.
τὸ πρότερον : auparavant.
λθόντες οὖν εἰς ταὐτὰ ἐξ ὧν καὶ τὸ πρότερον κατεπολεμήθημεν : nous fûmes dès lors ramenés à la même situation qui avait auparavant causé notre défaite.

ἀποικία, ας (ἡ) : colonisation, colonie.
ἀπαλλάσσω, att. ἀπαλλάττω (imparf. ἀπήλλασσον, futur. ἀπαλλάξω, aor. ἀπήλλαξα, parf. ἀπήλλαχα ; passif futur ἀπαλλαχθήσομαι, futur. 2 plus usuel ἀπαλλαγήσομαι, aor. ἀπηλλάχθην, ao.2 plus usuel ἀπηλλάγην, parf. ἀπήλλαγμαι) : diriger ou pousser d’un autre côté, écarter, éloigner.
καὶ γὰρ ναῦς καὶ τείχη ἔχοντες καὶ τὰς ἡμετέρας αὐτῶν ἀποικίας ἀπηλλάγημεν τοῦ πολέμου οὕτως, ἀγαπητῶς ἀπηλλάττοντο καὶ οἱ πολέμιοι : car nous gardâmes notre flotte, nos murs et nos propres colonies à l’issue des hostilités, tant les ennemis eux-mêmes étaient contents d’en avoir fini avec la guerre !




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Les cieux racontent la gloire de Dieu

    voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 224; éditions Gallimard.



 


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1. « Oἱ οὐρανοὶ διηγοῦνται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ.» 2. Πῶς, εἰπέ μοι, διηγοῦνται; φωνὴν οὐκ ἔχουσι, στόμα οὐ κέκτηνται, γλῶττα παρ’ αὑτοῖς οὐκ ἔστι· πῶς οὖν διηγοῦνται ; διὰ τῆς ὄψεως αὐτῆς.   […]  3. Σιγᾷ  ὁ οὐρανὸς, ἀλλ᾽ ἡ ὄψις αὐτοῦ φωνὴν σάλπιγγος λαμπροτέραν ἀφίησι, δι’ ὀφθαλμῶν ἡμᾶς, οὐ δι’ἀκοῆς, παιδεύουσα.  […]  4.  Εἰ μὲν γὰρ  διὰ  βιϐλίων ἐπαίδευσε καὶ διὰ γραμμάτων, ὁ μὲν εἰδὼς γράμματα ἔμαθεν ἂν τὰ γεγραμμένα, ὁ ὃὲ οὐχ εἰδὼς ἀπῆλθεν ἂν μηδὲν ἐκεῖθεν ὠφεληθείς, εἰ μή τις ἐνήγαγεν ἕτερος.  5. Καὶ ὃ μὲν εὔπορος ἐπρίατο ἂν τὸ βιϐλίον, ὁ δὲ πένης οὐχ ἂν ἴσχυσε κτήσασθαι.  […]  6.  ἐπὶ δὲ τοῦ οὐρανοῦ οὐκ ἔστι τοῦτο εἰπεῖν·  ἀλλὰ καὶ Σκύθης, καὶ βάρϐαρος, καὶ Ἰνδός, καὶ Αἰγύπτιος, καὶ πᾶς ἄνθρωπος ἐπὶ τῆς γῆς βαδίζων ταύτης, ἀκούσεται τῆς φωνῆς· 7. οὐ γὰρ δι’ ὥτων, ἀλλὰ καὶ δὶ ὄψεως εἰς τὴν διάνοιαν ἐμπίπτει τὴν ἡμετέραν. […].


Saint Jean Chrysostome, Neuvième Homélie au peuple d’Antioche.
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1. "Les cieux racontent la gloire de Dieu". 2. Comment, dis-moi, la racontent-t-ils ? ils n'ont pas de voix, ils ne possèdent pas de bouche, ils ne disposent pas de langue : comment donc racontent-ils la gloire de Dieu ? 3. Silencieux est le ciel, mais le spectacle qu'il offre emet un son plus éclatant que celui de la trompette; c'est par les yeux, ce n'est pas par l'ouïe qu'il nous instruit. 4. S'il nous avait instruit par l'intermédiaire des livres et de l'écriture, celui qui connaît l'écriture aurait compris le texte écrit, mais celui qui ne la connaît pas se serait éloigné sans en avoir tiré aucun profit, s'il n'y avait eu personne d'autre pour lui donner des conseils. 5. Et le riche aurait acheté le livre, le pauvre, lui, n'aurait pas été en mesure de l'acquérir. 6. Quand il s'agit du ciel, on ne peut pas en dire autant; mais un Scythe, un barbare, un Indien un Egyptien, tout homme qui chemine sur la terre entendra cette voix; 7. car ce n'est pas par les oreilles, mais par la vue qu'elle parvient à notre entendement.




διηγέομαι-οῦμαι (futur διἡγήσομαι, aor. διἡγησάμην, parf. διἥγημαι) : exposer en détail, raconter, décrire.
οὐρανός, οῦ (ὁ) : le ciel.
σάλπιγξ, ιγγος (ἡ) : trompette.
φωνή, ῆς (ἡ) : son, son clair et fort; voix.
στόμα, ατος (τὸ) : la bouche.
ὀφθαλμός, οῦ (ὁ) : l'œil.
ἀκοή, ῆς (ἡ) : l'ouïe; oreille, organe de l’ouïe.
παιδεύω (futur παιδεύσω, aor. ἐπαίδευσα, parf. πεπαίδευκα) : élever un enfant; élever, instruire, former.

εὔπορος, ος, ον : riche, qui a des ressources.
πρίαμαι (seul. aor.2 ἐπριάμην,  impér. πρίασο, inf. πρίασθαι) : acheter.
πένης, ητος, adj. m.  : pauvre, indigent.
ἰσχύω (futur ἰσχύσω, aor. ἴσχυσα, parf. ἴσχυκα) : être fort, robuste, vigoureux; être puissant; être capable de.
κτάομαι-ῶμαι (futur κτήσομαι, aor. ἐκτησάμην, inf. κτήσασθαι, parf. κέκτημαι : acquérir, se procurer.
καὶ ὃ μὲν εὔπορος ἐπρίατο ἂν τὸ βιϐλίον, ὁ δὲ πένης οὐχ ἂν ἴσχυσε κτήσασθαι : le riche aurait acheté le livre, le pauvre n'aurait pu se le procurer.

βαδίζω (futur βαδιοῦμαι, aor. ἐϐάδισα, parf. βεϐάδικα) : marcher, cheminer.
καὶ Σκύθης, καὶ βάρϐαρος, καὶ Ἰνδός, καὶ Αἰγύπτιος, καὶ πᾶς ἄνθρωπος ἐπὶ τῆς γῆς βαδίζων ταύτης, ἀκούσεται τῆς φωνῆς : un Scythe, un barbare, un Indien, un Egyptien, tout homme qui chemine sur la terre entendra cette voix.
οὖς, gén. ὠτός (τὸ) : oreille.
ὄψις, εως (ἡ) : action de voir, la vue.
διάνοια, ας (ἡ) : intelligence, pensée, entendement.
ἐμπίπτω (futur ἐμπεσοῦμαι, aor.2 ἐνέπεσον, parf. ἐμπέπτωκα): tomber dans ou sur; parvenir à, s'offrir à.
οὐ γὰρ δι’ ὥτων, ἀλλὰ καὶ δὶ ὄψεως εἰς τὴν διάνοιαν ἐμπίπτει τὴν ἡμετέραν : car ce n'est pas par les oreilles, mais par la vue qu'elle parvient à notre entendement.

« Les cieux racontent la gloire de Dieu.» Et comment, dis-moi, la racontent-ils ? ils n’ont ni voix, ni bouche, ni langue; comment donc peuvent-ils la raconter ? par la vue même des objets dont ils nous offrent le spectacle. Lorsque vous voyez leur beauté, leur grandeur, leur élévation, cet ordre, ce concert et cette harmonie qui subsistent depuis tant de siècles; instruit par cette vue, et comme si vous entendiez une voix retentir au loin,  vous adorez le créateur d’une machine belle et si extraordinaire.  

Le ciel se tait, mais la vue même du ciel fait entendre une voix plus éclatante que le son de la trompette; il nous instruit, non par les oreilles, mais par les yeux, dont le sentiment est plus sûr et plus manifeste. Dieu nous eût instruits par des livres et par des caractères alphabétiques, celui qui aurait connu les caractères aurait su ce qui est écrit dans les livres; celui qui ne les aurait pas connus n'en aurait tiré aucun secours, à moins qu’un autre ne les lui eût fait connaître. Le riche aurait acheté  le livre, Le pauvre n'aurait pu se le procurer. Celui qui aurait su la langue exprimée par les caractères aurait connu ce que le livre renferme; les Scythes, les Barbares, les Indiens, les Egyptiens. tous les  peuples qui auraient ignoré cette langue, n’y auraient rien appris. Mais pour le spectacle du ciel, les Scythes, les Barbares, les Indiens, les Egyptiens, tous les hommes qui marchent sur la terre, entendent son langage; langage qui parvient à notre esprit par les yeux et non par les oreilles : or, il n'y a pas différentes manières de voir, comme il y a différentes manières de parler. Les savans et les isnorans, les pauvres et les riches, peuvent lire également dans ce livre; et, partout où ils se transportent, levant les yeux au ciel, ils recoivent une instruction suffisante, de ce ciel même dont ils contemplent la beauté. C’est ce qu'annonce le prophète, lorsque, voulant montrer que les créatures tiennent un langage qui peut être facilement entendu des Grecs, des Barbares, et en général de tous les hommes , il s'exprime en ces mots : « Ce ne sont pas des paroles, ce n’est pas un langage qu’on n’entende point. » C’est comme s’il disait : Il n’est pas de nation, quelque langue qu’elle parle qui ne puisse comprendre le langage du monde visible ; et telle est la nature des sons qu’il prononce, qu'ils peuvent être entendus par tous les hommes.


Οὶ οὐρανοὶ διηγοῦνται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ : les cieux racontent la gloire de Dieu.

d'où par imitation et à propos du corps qui enferme l'intelligence :
τὸ σῶμα  διηγεῖται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ : le corps humain raconte la gloire de Dieu.
τὸ σῶμα μου διηγεῖται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ : corpus meum Dei gloriam narrat.
                                                         voilà ce qu'écrirait Ste Thérèse de Lisieux, inspirée par St Jean Chrysostome; c'est là comme un clin d'œil de mon icône.
cf. pour la syntaxe du  possessif τοῦτο έστιν τὸ σῶμα μου τὸ ὑπὲρ ὑμῶν διδόμενον· τοῦτο ποιεῖτε εἰς τὴν ἐμὴν ἀνάμνησιν : ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi. --- Vulg. Luc, 22, 19; voir grammaire grecque de Louvain.


             

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Un repos devenu nécessaire
 
    voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 247; éditions Gallimard.



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  (4.5.25) αἱ δ᾽ οἰκίαι ἦσαν κατάγειοι, τὸ μὲν στόμα ὥσπερ φρέατος, κάτω δ᾽ εὐρεῖαι· αἱ δὲ εἴσοδοι τοῖς μὲν ὑποζυγίοις ὀρυκταί, οἱ δὲ ἄνθρωποι κατέϐαινον ἐπὶ κλίμακος. ἐν δὲ ταῖς οἰκίαις ἦσαν αἶγες, οἶες, βόες, ὄρνιθες, καὶ τὰ ἔκγονα τούτων· τὰ δὲ κτήνη πάντα χιλῷ ἔνδον ἐτρέφοντο. (4.5.26) ἦσαν δὲ καὶ πυροὶ καὶ κριθαὶ καὶ ὄσπρια καὶ οἶνος κρίθινος ἐν κρατῆρσιν. ἐνῆσαν δὲ καὶ αὐταὶ αἱ κριθαὶ ἰσοχειλεῖς, καὶ κάλαμοι ἐνέκειντο, οἱ μὲν μείζους οἱ δὲ ἐλάττους, γόνατα οὐκ ἔχοντες· (4.5.27) τούτους ἔδει ὁπότε τις διψᾐη λαϐόντα εἰς τὸ στόμα μύζειν. καὶ πάνυ ἄκρατος ἦν, εἰ μή τις ὕδωρ ἐπιχέοι· καὶ πάνυ ἡδὺ συμμαθόντι τὸ πῶμα ἦν.
 
 (4.5.28) ὁ δὲ Ξενοφῶν τὸν ἄρχοντα τῆς κώμης ταύτης σύνδειπνον ἐποιήσατο καὶ θαρρεῖν αὐτὸν ἐκέλευε λέγων ὅτι οὔτε τῶν τέκνων στερήσοιτο τήν τε οἰκίαν αὐτοῦ ἀντεμπλήσαντες τῶν ἐπιτηδείων ἀπίασιν, ἢν ἀγαθόν τι τῷ στρατεύματι ἐξηγησάμενος φαίνηται ἔστ᾽ ἂν ἐν ἄλλῳ ἔθνει γένωνται. (4.5.29) ὁ δὲ ταῦτα ὑπισχνεῖτο, καὶ φιλοφρονούμενος οἶνον ἔφρασεν ἔνθα ἦν κατορωρυγμένος. ταύτην μὲν τὴν νύκτα διασκηνήσαντες οὕτως ἐκοιμήθησαν ἐν πᾶσιν ἀφθόνοις πάντες οἱ στρατιῶται, ἐν φυλακῇ ἔχοντες τὸν κώμαρχον καὶ τὰ τέκνα αὐτοῦ ὁμοῦ ἐν ὀφθαλμοῖς.
 
 [4,5,30] τῇ δ᾽ ἐπιούσῃ ἡμέρᾳ Ξενοφῶν λαϐὼν τὸν κώμαρχον πρὸς Χειρίσοφον ἐπορεύετο· ὅπου δὲ παρίοι κώμην, ἐτρέπετο πρὸς τοὺς ἐν ταῖς κώμαις καὶ κατελάμϐανε πανταχοῦ εὐωχουμένους καὶ εὐθυμουμένους, καὶ οὐδαμόθεν ἀφίεσαν πρὶν παραθεῖναι αὐτοῖς ἄριστον· (4.5.31) οὐκ ἦν δ᾽ ὅπου οὐ παρετίθεσαν ἐπὶ τὴν αὐτὴν τράπεζαν κρέα ἄρνεια, ἐρίφεια, χοίρεια, μόσχεια, ὀρνίθεια, σὺν πολλοῖς ἄρτοις τοῖς μὲν πυρίνοις τοῖς δὲ κριθίνοις. (4.5.32) ὁπότε δέ τις φιλοφρονούμενός τῳ βούλοιτο προπιεῖν, εἷλκεν ἐπὶ τὸν κρατῆρα, ἔνθεν ἐπικύψαντα ἔδει ῥοφοῦντα πίνειν ὥσπερ βοῦν. καὶ τῷ κωμάρχῳ ἐδίδοσαν λαμϐάνειν ὅ τι βούλοιτο. ὁ δὲ ἄλλο μὲν οὐδὲν ἐδέχετο, ὅπου δέ τινα τῶν συγγενῶν ἴδοι, πρὸς ἑαυτὸν ἀεὶ ἐλάμϐανεν. (4.5.33) ἐπεὶ δ᾽ ἦλθον πρὸς Χειρίσοφον, κατελάμϐανον κἀκείνους σκηνοῦντας ἐστεφανωμένους τοῦ ξηροῦ χιλοῦ στεφάνοις, καὶ διακονοῦντας Ἀρμενίους παῖδας σὺν ταῖς βαρϐαρικαῖς στολαῖς· τοῖς παισὶν ἐδείκνυσαν ὥσπερ ἐνεοῖς ὅ τι δέοι ποιεῖν.
                                                                                                                                                                                 Xénophon, Anabase  4, 5, 25.
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(4.5.25) Les maisons étaient pratiquées sous terre, et quoique leur ouverture ressemblât à celle d'un puits, l'étage inférieur était vaste. On avait creusé d'autres entrées pour les bestiaux, mais les hommes descendaient par des échelles. Il y avait dans ces espèces de cavernes des chèvres, des brebis, des bœufs, des volailles et des petits de toutes ces espèces : tout le bétail y était nourri au foin. On trouva du froment, de l'orge, des légumes et de grands vases qui contenaient de la bière faite avec de l'orge. Ce grain y était mêlé encore et s'élevait en surnageant jusqu'au bord de ces vases qui étaient pleins ; à leur surface nageaient aussi des chalumeaux, les uns plus petits, les autres plus grands : il fallait, quand on avait soif, en porter un à sa bouche et sucer. Cette boisson était forte si l'on n'y mêlait de l'eau ; mais on la trouvait très agréable dès qu'on s'y était accoutumé.

(4.5.28) Xénophon fit souper le magistrat avec lui, lui dit de se rassurer, lui promit que s'il rendait service à l'armée en lui servant de guide, jusqu'à ce qu'elle arrivât dans une autre province, on ne lui enlèverait pas ses enfants, et qu'on aurait soin avant de partir de remplir sa maison de vivres en dédommagement de ce qu'on aurait consommé. L'Arménien promit ce qu'on exigeait de lui, et pour commencer à montrer son zèle, il découvrit où l'on avait enfoui des tonneaux de vin. Les soldats passèrent cette nuit à leur cantonnement, plongés dans le repos et dans l'abondance ; ils tinrent le magistrat sous bonne garde, et eurent l'œil sur ses enfants.


[4,5,30] Le lendemain Xénophon prit avec lui le magistrat et alla trouver Chirisophe. Quand un village était près de son chemin, il le traversait. Partout il trouva les Grecs faisant des festins et livrés à la joie ; partout on chercha à le retenir, et on lui offrit à dîner; partout il vit servir sur la même table de l'agneau, du chevreau, du porc frais, du veau, de la volaille, et une grande quantité de pains de froment et de pains d'orge. Quand par bienveillance pour un ami on le pressait de boire, c'était en le traînant à une chaudière ; il fallait qu'il courbât sa tête et humât sa boisson comme un bœuf. On permit au magistrat du village que menait Xénophon de prendre tout ce qu'il souhaiterait : il n'accepta aucun présent ; mais dès qu'il voyait un de ses parents, il le prenait avec lui. Quand Xénophon et sa suite furent arrivés au village de Chirisophe, ils trouvèrent aussi les Grecs de ce cantonnement à table, couronnés de guirlandes de foin sec, et se faisant servir par des enfants arméniens vêtus d'habillements barbares : on leur désignait par signes comme à des sourds-muets ce qu'ils avaient à faire.



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κατάγαιος, ος, ον : souterrain; qui vit sur terre, terrestre.
ἐνεός ou ἐννεός, ά, όν : muet de naissance, d’ord. joint à κωφός «sourd»; sourd-muet; muet de stupeur ou d’effroi; stupide, imbécile; qui ne peut être d’aucun usage.




τοῖς παισὶν ἐδείκνυσαν ὥσπερ ἐνεοῖς ὅ τι δέοι ποιεῖν : on leur désignait par signes comme à des sourds-muets ce qu'ils avaient à faire.


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La traversée du pays des Chalibes et du celui des Taoques.

  voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 248; éditions Gallimard.



(4.7.19) ἐντεῦθεν διῆλθον σταθμοὺς τέτταρας παρασάγγας εἴκοσι πρὸς πόλιν μεγάλην καὶ εὐδαίμονα καὶ οἰκουμένην ἣ ἐκαλεῖτο Γυμνιάς. ἐκ ταύτης τῆς χώρας ὁ ἄρχων τοῖς Ἕλλησιν ἡγεμόνα πέμπει, ὅπως διὰ τῆς ἑαυτῶν πολεμίας χώρας ἄγοι αὐτούς. [4,7,20] ἐλθὼν δ᾽ ἐκεῖνος λέγει ὅτι ἄξει αὐτοὺς πέντε ἡμερῶν εἰς χωρίον ὅθεν ὄψονται θάλατταν· εἰ δὲ μή, τεθνάναι ἐπηγγείλατο. καὶ ἡγούμενος ἐπειδὴ ἐνέϐαλλεν εἰς τὴν ἑαυτοῦ πολεμίαν, παρεκελεύετο αἴθειν καὶ φθείρειν τὴν χώραν· ᾧ καὶ δῆλον ἐγένετο ὅτι τούτου ἕνεκα ἔλθοι, οὐ τῆς τῶν Ἑλλήνων εὐνοίας.

(4.7.21) καὶ ἀφικνοῦνται ἐπὶ τὸ ὄρος τῇ πέμπτῃ ἡμέρᾳ· ὄνομα δὲ τῷ ὄρει ἦν Θήχης. ἐπεὶ δὲ οἱ πρῶτοι ἐγένοντο ἐπὶ τοῦ ὄρους καὶ κατεῖδον τὴν θάλατταν, κραυγὴ πολλὴ ἐγένετο. (4.7.22) ἀκούσας δὲ ὁ Ξενοφῶν καὶ οἱ ὀπισθοφύλακες ᾠήθησαν ἔμπροσθεν ἄλλους ἐπιτίθεσθαι πολεμίους· εἵποντο γὰρ ὄπισθεν ἐκ τῆς καιομένης χώρας, καὶ αὐτῶν οἱ ὀπισθοφύλακες ἀπέκτεινάν τέ τινας καὶ ἐζώγρησαν ἐνέδραν ποιησάμενοι, καὶ γέρρα ἔλαϐον δασειῶν βοῶν ὠμοϐόεια ἀμφὶ τὰ εἴκοσιν.

(4.7.23) ἐπειδὴ δὲ βοὴ πλείων τε ἐγίγνετο καὶ ἐγγύτερον καὶ οἱ ἀεὶ ἐπιόντες ἔθεον δρόμῳ ἐπὶ τοὺς ἀεὶ βοῶντας καὶ πολλῷ μείζων ἐγίγνετο ἡ βοὴ ὅσῳ δὴ πλείους ἐγίγνοντο, (4.7.24) ἐδόκει δὴ μεῖζόν τι εἶναι τῷ Ξενοφῶντι, καὶ ἀναϐὰς ἐφ᾽ ἵππον καὶ Λύκιον καὶ τοὺς ἱππέας ἀναλαϐὼν παρεϐοήθει· καὶ τάχα δὴ ἀκούουσι βοώντων τῶν στρατιωτῶν - θάλαττα θάλαττα καὶ παρεγγυώντων. ἔνθα δὴ ἔθεον πάντες καὶ οἱ ὀπισθοφύλακες, καὶ τὰ ὑποζύγια ἠλαύνετο καὶ οἱ ἵπποι. (4.7.25) ἐπεὶ δὲ ἀφίκοντο πάντες ἐπὶ τὸ ἄκρον, ἐνταῦθα δὴ περιέϐαλλον ἀλλήλους καὶ στρατηγοὺς καὶ λοχαγοὺς δακρύοντες. καὶ ἐξαπίνης ὅτου δὴ παρεγγυήσαντος οἱ στρατιῶται φέρουσι λίθους καὶ ποιοῦσι κολωνὸν μέγαν. (4.7.26) ἐνταῦθα ἀνετίθεσαν δερμάτων πλῆθος ὠμοϐοείων καὶ βακτηρίας καὶ τὰ αἰχμάλωτα γέρρα, καὶ ὁ ἡγεμὼν αὐτός τε κατέτεμνε τὰ γέρρα καὶ τοῖς ἄλλοις διεκελεύετο. (4.7.27) μετὰ ταῦτα τὸν ἡγεμόνα οἱ Ἕλληνες ἀποπέμπουσι δῶρα δόντες ἀπὸ κοινοῦ ἵππον καὶ φιάλην ἀργυρᾶν καὶ σκευὴν Περσικὴν καὶ δαρεικοὺς δέκα· ᾔτει δὲ μάλιστα τοὺς δακτυλίους, καὶ ἔλαϐε πολλοὺς παρὰ τῶν στρατιωτῶν. κώμην δὲ δείξας αὐτοῖς οὗ σκηνήσουσι καὶ τὴν ὁδὸν ἣν πορεύσονται εἰς Μάκρωνας, ἐπεὶ ἑσπέρα ἐγένετο, ᾤχετο τῆς νυκτὸς ἀπιών.
                                                                                                                                                                                    Xénophon, Anabase  4, 7, 19-27





(4.7.19)
De là, ils parcoururent en quatre étapes vingt parasanges jusqu'à une ville importante et prospère, qui était habitée et s'appelait Gymnias. De celle-ci, le chef de la contrée envoie aux Grecs un guide, afin de leur faire traverser le pays de leurs propres ennemis.  [4,7,20] Dès son arrivée, le guide leur dit qu'il les conduira en cinq jours en un lieu d'où ils verront la mer; sinon, il acceptait de mourir. Et, leur montrant le chemin, après les avoir introduits sur le territoire des ennemis, il les engageaient à brûler et à dévaster le pays : ce qui fit voir clairement qu'il était venu dans ce but et non par sympathie pour les Grecs.

(4.7.21) Et ils arrivent sur la montagne le cinquième jour. Cette montagne s'appelait le Mont Techès. Quand les premiers soldats y furent parvenus, une grande clameur s'éleva. Entendant cela, Xénophon et ceux de l'arrière-garde crurent qu'à l'avant d'autres ennemis les attaquaient : car ils étaient talonnés par les gens du pays qu'ils avaient brûlé; les soldats de l'arrière-garde en avaient tué quelques-uns et ils avaient fait des prisonniers au cours d'une embuscade; ils leur avaient pris aussi des boucliers couverts de peaux de bœuf non tannés et garnis de leurs poils; il y en avait une vingtaine.

(4.7.23) Comme la clameur s'amplifiait en devenant plus proche, qu'à chaque fois, les nouveaux arrivants se précipitaient vers ceux qui criaient et que la clameur grandissait au fur et à mesure que les soldats devenaient plus nombreux. Xénophon eut l'impression qu'il se passait quelque chose d'important et, montant à cheval, il prit avec lui les cavaliers pour se porter à la rescousse; bientôt, ils entendent les soldats crier : la mer !  la mer ! et ils se passaient le mot de bouche en bouche. Alors, ce fut une course générale, même à l'arrière-garde; on pressait les attelages d'avancer, ainsi que les chevaux. Arrivés sur le sommet, tous alors s'embrassaient, ils embrassaient aussi les stratèges et leurs lochages en pleurant. Et, soudain, sans qu'on sût qui avait transmis le mot d'ordre, les soldats apportent des pierres et édifient un grand tertre ... Après quoi, les Grecs renvoient le guide en lui donnant comme présents pris sur le fonds commun un cheval, une coupe en argent, un vêtement perse et dix dariques; il demanda surtout aux soldats leurs anneux et il en reçut d'eux un grand nombre. Leur ayant indiqué un village où ils pourraient camper et la route qui les ménerait chez les Macron; lorsque le soir fut arrivé, il partit et s'en alla de nuit.




 






πρὸς πόλιν μεγάλην καὶ εὐδαίμονα καὶ οἰκουμένην ἣ ἐκαλεῖτο Γυμνιάς : (ils arrivèrent) à une grande ville opulente et peuplée qui s'appelait Gymnias.
ἐπαγγέλλω (futur ἐπαγγελῶ, aor. ἐπήγγειλα, parf. ἐπήγγελκα) : annoncer, déclarer, proclamer, promettre.
εἰ δὲ μή, τεθνάναι ἐπηγγείλατο : sinon il consent à être mis de mort.
ἀφικνοῦνται ἐπὶ τὸ ὄρος τῇ πέμπτῃ ἡμέρᾳ : ils arrivent à la montagne le cinquième jour.
ὄνομα δὲ τῷ ὄρει ἦν Θήχης : cette montagne s'appelait le Mont Techès.
οἴω, épq. ὀΐω, seules formes à l’act. et seul. en poésie; d’ord. moyen οἴομαι ou οἶμαι (imparf. ᾠόμην, mieux ᾤμην, futur οἰήσομαι, aor. ᾠήθην, réc. ᾠησάμην) : penser, présumer, croire.
ἔμπροσθεν, adv. et prép. : en avant, avant.
ὀπισθοφύλαξ, ακος (ὁ) : soldat ou troupe d’arrière-garde (ὄπισθε, φύλαξ).
οἱ ὀπισθοφύλακες : l'arrière-garde.
ἐξαπίνης adv. : subitement, soudain.
παρεγγυάω-ῶ (imparf. παρηγγύων, futur παρεγγυήσω, aor. παρηγγύησα): transmettre de bouche en bouche.
ὅτου δὴ παρεγγυήσαντος : un quelconque passant le mot d'ordre de bouche en bouche (sans qu'on sût qui en a donné l'ordre).
οἱ στρατιῶται φέρουσι λίθους καὶ ποιοῦσι κολωνὸν μέγαν : les soldats apportent des pierres et en élèvent un grand tas.
τὴν ὁδὸν ἣν πορεύσονται εἰς Μάκρωνας : (il montra) la route pour se rendre chez les Macrons.
μάκρων, ωνος (ὁ) : à longue tête.
 οἱ Μάκρωνες : les hommes à longue tête (peuple du Pont)..





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Les écuries d'Augias




[2,5,5] πέμπτον ἐπέταξεν αὐτῷ ἆθλον τῶν Αὐγείου βοσκημάτων ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ μόνον ἐκφορῆσαι τὴν ὄνθον. ἦν δὲ ὁ Αὐγείας βασιλεὺς Ἤλιδος, ὡς μέν τινες εἶπον, παῖς Ἡλίου, ὡς δέ τινες, Ποσειδῶνος, ὡς δὲ ἔνιοι, Φόρϐαντος, πολλὰς δὲ εἶχε βοσκημάτων ποίμνας. τούτῳ προσελθὼν Ἡρακλῆς, οὐ δηλώσας τὴν Εὐρυσθέως ἐπιταγήν, ἔφασκε μιᾷ ἡμέρᾳ τὴν ὄνθον ἐκφορήσειν, εἰ δώσει τὴν δεκάτην αὐτῷ τῶν βοσκημάτων. Αὐγείας δὲ ἀπιστῶν ὑπισχνεῖται. μαρτυράμενος δὲ Ἡρακλῆς τὸν Αὐγείου παῖδα Φυλέα, τῆς τε αὐλῆς τὸν θεμέλιον διεῖλε καὶ τὸν Ἀλφειὸν καὶ τὸν Πηνειὸν σύνεγγυς ῥέοντας παροχετεύσας ἐπήγαγεν, ἔκρουν δι᾽ ἄλλης ἐξόδου ποιήσας. μαθὼν δὲ Αὐγείας ὅτι κατ᾽ ἐπιταγὴν Εὐρυσθέως τοῦτο ἐπιτετέλεσται, τὸν μισθὸν οὐκ ἀπεδίδου, προσέτι δ᾽ ἠρνεῖτο καὶ μισθὸν ὑποσχέσθαι δώσειν, καὶ κρίνεσθαι περὶ τούτου ἕτοιμος ἔλεγεν εἶναι. καθεζομένων δὲ τῶν δικαστῶν κληθεὶς ὁ Φυλεὺς ὑπὸ Ἡρακλέους τοῦ πατρὸς κατεμαρτύρησεν, εἰπὼν ὁμολογῆσαι μισθὸν δώσειν αὐτῷ. ὀργισθεὶς δὲ Αὐγείας, πρὶν τὴν ψῆφον ἐνεχθῆναι, τόν τε Φυλέα καὶ τὸν Ἡρακλέα βαδίζειν ἐξ Ἤλιδος ἐκέλευσε. Φυλεὺς μὲν οὖν εἰς Δουλίχιον ἦλθε κἀκεῖ κατῴκει, Ἡρακλῆς δὲ εἰς Ὤλενον πρὸς Δεξαμενὸν ἧκε, καὶ κατέλαϐε τοῦτον μέλλοντα δι᾽ ἀνάγκην μνηστεύειν Εὐρυτίωνι Κενταύρῳ Μνησιμάχην τὴν θυγατέρα· ὑφ᾽ οὗ παρακληθεὶς βοηθεῖν ἐλθόντα ἐπὶ τὴν νύμφην Εὐρυτίωνα ἀπέκτεινεν. Εὐρυσθεὺς δὲ οὐδὲ τοῦτον ἐν τοῖς δέκα προσεδέξατο τὸν ἆθλον, λέγων ἐπὶ μισθῷ πεπρᾶχθαι

[2,5,6]
ἕκτον ἐπέταξεν ἆθλον αὐτῷ τὰς Στυμφαλίδας ὄρνιθας ἐκδιῶξαι. ἦν δὲ ἐν Στυμφάλῳ πόλει τῆς Ἀρκαδίας Στυμφαλὶς λεγομένη λίμνη, πολλῇ συνηρεφὴς ὕλῃ· εἰς ταύτην ὄρνεις συνέφυγον ἄπλετοι, τὴν ἀπὸ τῶν λύκων ἁρπαγὴν δεδοικυῖαι. ἀμηχανοῦντος οὖν Ἡρακλέους πῶς ἐκ τῆς ὕλης τὰς ὄρνιθας ἐκϐάλῃ, χάλκεα κρόταλα δίδωσιν αὐτῷ Ἀθηνᾶ παρὰ Ἡφαίστου λαϐοῦσα. ταῦτα κρούων ἐπί τινος ὄρους τῇ λίμνῃ παρακειμένου τὰς ὄρνιθας ἐφόϐει· αἱ δὲ τὸν δοῦπον οὐχ ὑπομένουσαι μετὰ δέους ἀνίπταντο, καὶ τοῦτον τὸν τρόπον Ἡρακλῆς ἐτόξευσεν αὐτάς.

[2,5,7]
ἕϐδομον ἐπέταξεν ἆθλον τὸν Κρῆτα ἀγαγεῖν ταῦρον. τοῦτον Ἀκουσίλαος μὲν εἶναί φησι τὸν διαπορθμεύσαντα Εὐρώπην Διί, τινὲς δὲ τὸν ὑπὸ Ποσειδῶνος ἀναδοθέντα ἐκ θαλάσσης, ὅτε καταθύσειν Ποσειδῶνι Μίνως εἶπε τὸ φανὲν ἐκ τῆς θαλάσσης. καί φασι θεασάμενον αὐτὸν τοῦ ταύρου τὸ κάλλος τοῦτον μὲν εἰς τὰ βουκόλια ἀποπέμψαι, θῦσαι δὲ ἄλλον Ποσειδῶνι· ἐφ᾽ οἷς ὀργισθέντα τὸν θεὸν ἀγριῶσαι τὸν ταῦρον. ἐπὶ τοῦτον παραγενόμενος εἰς Κρήτην Ἡρακλῆς, ἐπειδὴ συλλαϐεῖν ἀξιοῦντι Μίνως εἶπεν αὐτῷ λαμϐάνειν διαγωνισαμένῳ, λαϐὼν καὶ πρὸς Εὐρυσθέα διακομίσας ἔδειξε, καὶ τὸ λοιπὸν εἴασεν ἄνετον· ὁ δὲ πλανηθεὶς εἰς Σπάρτην τε καὶ Ἀρκαδίαν ἅπασαν, καὶ διαϐὰς τὸν Ἰσθμόν, εἰς Μαραθῶνα τῆς Ἀττικῆς ἀφικόμενος τοὺς ἐγχωρίους διελυμαίνετο.
                                                                                                                                                                                      Apollodore, la Bibliothèque, 2, 5, 5-7




[2,5,5] Le cinquième travail (d'Eurysthée) consista à nettoyer du fumier, en un seul jour, toutes les étables d'Augias. Augias était roi d'Élis, fils d'Hélios selon les uns, ou de Poséidon selon les autres, ou bien, selon d'autres encore, de Phorbas. Il possédait de très grands troupeaux de bétail. Héraclès alla le voir et, sans lui révéler l'ordre d'Eurysthée, il lui dit qu'en un seul jour il nettoierait tout le fumier si Augias lui donnait la dixième partie du bétail. Et le roi, considérant l'entreprise impossible, lui donna sa parole. Héraclès prit à témoin Philée, le fils d'Augias; puis il ouvrit une brèche dans l'enclos des étables, dévia le cours des deux fleuves voisins, l'Alphée et le Pénée, et, après avoir ouvert une autre brèche afin que l'eau puisse s'évacuer, il canalisa leurs eaux vers l'intérieur des étables. Il révéla alors à Augias qu'il avait accompli cette entreprise sur l'ordre d'Eurysthée; le roi refusa de lui donner la rémunération convenue, niant même la lui avoir jamais promise, et il déclara qu'il était tout à fait prêt à aller devant les tribunaux. Face aux juges, Héraclès appela Philée afin qu'il témoigne contre son père, et le jeune homme confirma que la rémunération lui était due. Augias, furieux, avant même que le verdict ne fût émis, ordonna à Héraclès et à Philée de quitter l'Élide. Philée, alors, gagna Doulichion et s'y établit; tandis qu'Héraclès se rendit à Olénos, auprès du roi Dexaménos. Il le trouva sur le point de donner en mariage, contre sa volonté, sa fille Mnésimaché au Centaure Eurytion. Alors le roi demanda l'aide d'Héraclès, et le héros tua Eurytion comme il rejoignait son épouse. Par la suite, Eurysthée refusa de prendre en compte ce travail, prétextant qu'il l'avait accompli pour de l'argent.

[2,5,6]
Le sixième travail consista à chasser les oiseaux de Stymphale. Non loin de la cité de Stymphale, en Arcadie, il y avait un marais appelé Stymphale, entouré d'une épaisse forêt. S'y étaient réfugiés quantité d'oiseaux, par crainte des loups. Héraclès se trouvait dans l'impossibilité de les faire sortir de la forêt ; alors Athéna lui donna des castagnettes de bronze qu'elle avait reçues d'Héphaïstos. Le héros monta sur une colline surplombant le marais, et agita les castagnettes : les oiseaux, effrayés, ne supportèrent pas le terrible grondement, et prirent leur envol. Ainsi Héraclès put-il finalement les tuer avec ses flèches.

[2,5,7]
Le septième travail consista à capturer le taureau de Crète. Acousilaos soutenait qu'il s'agissait du taureau envoyé par Zeus pour transporter Europe ; d'autres au contraire prétendent qu'il s'agissait de celui que Poséidon avait envoyé de la mer quand Minos promit de sacrifier au dieu ce qui viendrait de l'océan. Selon la légende, quand Minos vit la beauté de ce taureau, il l'enferma dans ses étables et en sacrifia un autre à Poséidon ; et le dieu, en colère, le fit devenir sauvage. Héraclès, donc, gagna la Crète pour ce taureau ; il demanda l'aide de Minos mais le roi lui répondit qu'il devait l'affronter tout seul. Héraclès le captura et le porta à Eurysthée, mais celui-ci, par la suite, le libéra. Le taureau s'en alla errant vers Sparte, puis à travers toute l'Arcadie ; il traversa l'isthme et gagna Marathon, en Attique, où il causa de grands dommages aux habitants de la région.




βόσκημα, ατος (τὸ) : animaux qui paissent, bestiaux, troupeau.
πέμπτος, η, ον : cinquième.
ὄνθος, ου (ὁ) : excrément des animaux, fiente, fumier
πέμπτον ἐπέταξεν αὐτῷ ἆθλον τῶν Αὐγείου βοσκημάτων ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ μόνον ἐκφορῆσαι τὴν ὄνθον : le cinquième travail (d'Eurysthée) consista à nettoyer du fumier, en un seul jour, toutes les étables d'Augias.
βαδίζω (futur βαδιοῦμαι, aor. ἐϐάδισα, parf. βεϐάδικα) : marcher.
τόν τε Φυλέα καὶ τὸν Ἡρακλέα βαδίζειν ἐξ Ἤλιδος ἐκέλευσε : il ordonna à Héraclès et à Philée de quitter l'Élide.
ἐκέλευσε τοὺς παῖδας τὰ ἡμίση λαϐόντας οἴκαδε κομίζειν πρὸς ἑαυτόν : il ordonna à ses esclaves d'en prendre la moitié et de les transporter chez lui.
κομίζω (futur κομιῶ, aor. ἐκόμισα, parf. κεκόμικα)  : prendre soin de, soigner avec sollicitude; emporter pour mettre en lieu sûr.
προσδέχομαι : accueillir, recevoir.
ἆθλον, ου (τὸ) : prix d’un combat, récompense.
Εὐρυσθεὺς δὲ οὐδὲ τοῦτον .... προσεδέξατο τὸν ἆθλον : Eurysthée refusa de prendre en compte ce travail.
ἐν τοῖς δέκα (ἆθλοις) : parmi les dix (travaux)
λέγων ἐπὶ μισθῷ πεπρᾶχθαι : prétextant qu'il l'avait accompli pour de l'argent.
ἐπὶ μισθῷ : moyennant salaire, en vue d'un salaire.










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La reine des abeilles




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δοκεῖ δέ μοι, ἔφην, καὶ ἡ τῶν μελιττῶν ἡγεμὼν τοιαῦτα ἔργα ὑπὸ τοῦ θεοῦ προστεταγμένα διαπονεῖσθαι. καὶ ποῖα δή, ἔφη ἐκείνη, ἔργα ἔχουσα ἡ τῶν μελιττῶν ἡγεμὼν ἐξομοιοῦται τοῖς ἔργοις οἷς ἐμὲ δεῖ πράττειν; (33) ὅτι, ἔφην ἐγώ, ἐκείνη γε ἐν τῷ σμήνει μένουσα οὐκ ἐᾷ ἀργοὺς τὰς μελίττας εἶναι, ἀλλ' ἃς μὲν δεῖ ἔξω ἐργάζεσθαι ἐκπέμπει ἐπὶ τὸ ἔργον, καὶ ἃ ἂν αὐτῶν ἑκάστη εἰσφέρῃ οἶδέ τε καὶ δέχεται, καὶ σῴζει ταῦτα ἔστ' ἂν δέῃ χρῆσθαι. ἐπειδὰν δὲ ἡ ὥρα τοῦ χρῆσθαι ἥκῃ, διανέμει τὸ δίκαιον ἑκάστῃ. (34) καὶ ἐπὶ τοῖς ἔνδον δ' ἐξυφαινομένοις κηρίοις ἐφέστηκεν, ὡς καλῶς καὶ ταχέως ὑφαίνηται, καὶ τοῦ γιγνομένου τόκου ἐπιμελεῖται ὡς ἐκτρέφηται: ἐπειδὰν δὲ ἐκτραφῇ καὶ ἀξιοεργοὶ οἱ νεοττοὶ γένωνται, ἀποικίζει αὐτοὺς σὺν τῶν ἐπιγόνων τινὶ ἡγεμόνι. (35) ἦ καὶ ἐμὲ οὖν, ἔφη ἡ γυνή, δεήσει ταῦτα ποιεῖν; δεήσει μέντοι σε, ἔφην ἐγώ, ἔνδον τε μένειν καὶ οἷς μὲν ἂν ἔξω τὸ ἔργον ᾖ τῶν οἰκετῶν, τούτους συνεκπέμπειν, οἷς δ' ἂν ἔνδον ἔργον ἐργαστέον, (36) τούτων σοι ἐπιστατητέον, καὶ τά τε εἰσφερόμενα ἀποδεκτέον καὶ ἃ μὲν ἂν αὐτῶν δέῃ δαπανᾶν σοὶ διανεμητέον, ἃ δ' ἂν περιττεύειν δέῃ, προνοητέον καὶ φυλακτέον ὅπως μὴ ἡ εἰς τὸν ἐνιαυτὸν κειμένη δαπάνη εἰς τὸν μῆνα δαπανᾶται. καὶ ὅταν ἔρια εἰσενεχθῇ σοι, ἐπιμελητέον ὅπως οἷς δεῖ ἱμάτια γίγνηται. καὶ ὅ γε ξηρὸς σῖτος ὅπως καλῶς ἐδώδιμος γίγνηται ἐπιμελητέον. (37) ἓν μέντοι τῶν σοὶ προσηκόντων, ἔφην ἐγώ, ἐπιμελημάτων ἴσως ἀχαριστότερον δόξει εἶναι, ὅτι, ὃς ἂν κάμνῃ τῶν οἰκετῶν, τούτων σοι ἐπιμελητέον πάντων ὅπως θεραπεύηται. νὴ Δί', ἔφη ἡ γυνή, ἐπιχαριτώτατον μὲν οὖν, ἂν μέλλωσί γε οἱ καλῶς θεραπευθέντες χάριν εἴσεσθαι καὶ εὐνούστεροι ἢ πρόσθεν ἔσεσθαι.
                                                                                                                                            Xénophon, Economique 7, 32 sq



Il me semble, dis-je encore, que, par un instinct divin, la reine des abeilles remplit des fonctions semblables aux tiennes. Quelles sont donc, demanda-t-elle, ces occupations de la reine des abeilles qui ressemblent à celles que j'ai à remplir ? - Elle garde la ruche, sans permettre aux abeilles de rester oisives; elle envoie aux champs celles qui sont destinées aux travaux du dehors; elle voit, elle reçoit ce que chacune d'elles apporte; elle garde les provisions pour un temps, et les distribue sagement lorsque le moment d'en faire usage est arrivé. Elle préside encore à la construction régulière et prompte des cellules, et prend soin de la nourriture des essaims qui viennent d'éclore. Les jeunes abeilles une fois élevées et en état de travailler, elle les envoie, sous la conduite de l'une d'entre elles, fonder une colonie. Est-ce qu'il faudra que je tienne la même conduite ? - Oui certes; il faudra que tu restes à la maison, que tu fasses accompagner ceux de tes domestiques chargés des travaux du dehors, que tu présides aux travaux de ceux qui restent dans l'intérieur. Tu recevras ce qu'on y apportera, tu distribueras les provisions qu'on doit employer. A l'égard du superflu, tu devras veiller et pourvoir à ce qu'on n'épuise pas dans un mois les provisions d'une année tout entière. Les laines apportées, tu feras filer des habits pour ceux à qui tu en dois fournir; tu auras encore à veiller à ce que les aliments secs soient bons à manger. Une des occupations qui t'incombent, poursuivis-je, te semblera peu-être assez désagréable; c'est que, si un des serviteurs tombe malade, tu seras obligée de mettre tous tes soins à le guérir. Par Zeus, s'écria ma femme, je le ferai très volontiers s'ils doivent m'être reconnaissants de les avoir bien soignés et s'ils se montrent plus dévoués qu'avant.


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ἐξομοιόω-ῶ : faire ressembler complètement.
passif être entièrement semblable
moyen exécuter d’une façon semblable à, Xén. Œc. 7, 32
ἡ τῶν μελιττῶν ἡγεμὼν ἐξομοιοῦται τοῖς ἔργοις οἷς ἐμὲ δεῖ πράττειν : la reine des abeilles exécute ses travaux tout comme moi je les exécute.
σμῆνος, εος-ους (τὸ)  : ruche.
ἃς μὲν δεῖ ἔξω ἐργάζεσθαι ἐκπέμπει ἐπὶ τὸ ἔργον : elle envoie aux champs celles qui sont destinées aux travaux du dehors.
ἐργάζομαι, futur ἐργάσομαι, aor. ἠργασάμην, parf. εἴργασμαι) : intr. travailler; faire du commerce; tr. faire en travaillant, façonner, fabriquer.
ἐργάζεσθαι γῆν καὶ ξύλα καὶ λίθους, Xén. Hell. 3, 3, 7 : travailler la terre, le bois et la pierre.
ἐπιχάριτος, ος, ον  ou  ἐπίχαρις, ις, ι, gén. ιτος : plaisant, agréable.
μὲν οὖν : plutôt.
οὖν, adv. et conj. touj. après un mot : sans doute, réellement, en effet, joint à d’autres particules : μὲν οὖν, particul. dans les réponses :
ἆρ’ οὐ τόδε ἦν τὸ δένδρον, ἐφ’ ὅπερ ἦγες ἡμᾶς; — τοῦτο μὲν οὖν αὐτό : Plat. Phædr. 230 a : n’est-ce pas là l’arbre vers lequel tu nous conduisais ? - précisément, c’est celui-là.
parf. οἶδα (οἶσθα, οἶδε, ἴσμεν, ἴστε, ἴσασι, ἴστον, ἴστον, impér. ἴσθι, sbj. εἰδῶ, opt. εἰδείην, inf. εἰδέναι, part. εἰδώς) : savoir, être informé de, instruit de.
χάριν οἶδα : j'ai de la reconnaissance.
χάριν εἴσεσθαι ---> inf. futur.








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Noël
La naissance de Jésus


Ἐγένετο δὲ ἐν ταῖς ἡμέραις ἐκείναις ἐξῆλθεν δόγμα παρὰ Καίσαρος Αὐγούστου ἀπογράφεσθαι πᾶσαν τὴν οἰκουμένην·
(αὕτη ἀπογραφὴ πρώτη ἐγένετο ἡγεμονεύοντος τῆς Συρίας Κυρηνίου·)
καὶ ἐπορεύοντο πάντες ἀπογράφεσθαι, ἕκαστος εἰς τὴν ἑαυτοῦ πόλιν.
Ἀνέϐη δὲ καὶ Ἰωσὴφ ἀπὸ τῆς Γαλιλαίας ἐκ πόλεως Ναζαρὲθ εἰς τὴν Ἰουδαίαν εἰς πόλιν Δαυὶδ ἥτις καλεῖται Βηθλέεμ, διὰ τὸ εἶναι αὐτὸν ἐξ οἴκου καὶ πατριᾶς Δαυίδ, ἀπογράψασθαι σὺν Μαριὰμ τῇ ἐμνηστευμένῃ αὐτῷ, οὔσῃ ἐγκύῳ.

ἐγένετο δὲ ἐν τῷ εἶναι αὐτοὺς ἐκεῖ ἐπλήσθησαν αἱ ἡμέραι τοῦ τεκεῖν αὐτήν, καὶ ἔτεκεν τὸν υἱὸν αὐτῆς τὸν πρωτότοκον, καὶ ἐσπαργάνωσεν αὐτὸν καὶ ἀνέκλινεν αὐτὸν ἐν φάτνῃ, διότι οὐκ ἦν αὐτοῖς τόπος ἐν τῷ καταλύματι. καὶ ποιμένες ἦσαν ἐν τῇ χώρᾳ τῇ αὐτῇ ἀγραυλοῦντες καὶ φυλάσσοντες φυλακὰς τῆς νυκτὸς ἐπὶ τὴν ποίμνην αὐτῶν.

Καὶ ἄγγελος κυρίου ἐπέστη αὐτοῖς καὶ δόξα κυρίου περιέλαμψεν αὐτούς, καὶ ἐφοβήθησαν φόβον μέγαν· καὶ εἶπεν αὐτοῖς ὁ ἄγγελος· Μὴ φοβεῖσθε, ἰδοὺ γὰρ εὐαγγελίζομαι ὑμῖν χαρὰν μεγάλην ἥτις ἔσται παντὶ τῷ λαῷ, ὅτι ἐτέχθη ὑμῖν σήμερον σωτὴρ ὅς ἐστιν χριστὸς κύριος ἐν πόλει Δαυίδ· καὶ τοῦτο ὑμῖν τὸ σημεῖον, εὑρήσετε βρέφος ἐσπαργανωμένον καὶ κείμενον ἐν φάτνῃ. καὶ ἐξαίφνης ἐγένετο σὺν τῷ ἀγγέλῳ πλῆθος στρατιᾶς οὐρανίου αἰνούντων τὸν θεὸν καὶ λεγόντων· Δόξα ἐν ὑψίστοις θεῷ καὶ ἐπὶ γῆς εἰρήνη ἐν ἀνθρώποις εὐδοκίας.

Καὶ ἐγένετο ὡς ἀπῆλθον ἀπ’ αὐτῶν εἰς τὸν οὐρανὸν οἱ ἄγγελοι, οἱ ποιμένες ἐλάλουν πρὸς ἀλλήλους· Διέλθωμεν δὴ ἕως Βηθλέεμ καὶ ἴδωμεν τὸ ῥῆμα τοῦτο τὸ γεγονὸς ὃ ὁ κύριος ἐγνώρισεν ἡμῖν. καὶ ἦλθαν σπεύσαντες καὶ ἀνεῦραν τήν τε Μαριὰμ καὶ τὸν Ἰωσὴφ καὶ τὸ βρέφος κείμενον ἐν τῇ φάτνῃ· ἰδόντες δὲ ἐγνώρισαν περὶ τοῦ ῥήματος τοῦ λαληθέντος αὐτοῖς περὶ τοῦ παιδίου τούτου. καὶ πάντες οἱ ἀκούσαντες ἐθαύμασαν περὶ τῶν λαληθέντων ὑπὸ τῶν ποιμένων πρὸς αὐτούς.

 Ἡ δὲ Μαρία πάντα συνετήρει τὰ ῥήματα ταῦτα συμϐάλλουσα ἐν τῇ καρδίᾳ αὐτῆς. καὶ ὑπέστρεψαν οἱ ποιμένες δοξάζοντες καὶ αἰνοῦντες τὸν θεὸν ἐπὶ πᾶσιν οἷς ἤκουσαν καὶ εἶδον καθὼς ἐλαλήθη πρὸς αὐτούς.
                                                                                                                                                                                                       Evangile, Luc, 2, 1-5


ἐξέρχομαι (futur ἔξειμι, aor.2 ἐξῆλθον, parf. ἐξελήλυθα) : aller hors de, sortir.
δόγμα, ατος (τὸ) : opinion; décision, décret, arrêt.
ἀπογράφω (f. ἀπογράψω, aor. ἀπέγραψα) : inscrire sur un registre, enregistrer.
οἰκέω-ῶ (futur οἰκήσω, aor. ᾤκησα, parf. ᾤκηκα) : vivre dans sa maison; habiter.

ἀναϐαίνω (futur ἀναϐήσομαι, aor.2 ἀνέϐην, parf. ἀναϐέϐηκα) : monter.
ἀπογράφω (futur ἀπογράψω, aor. ἀπέγραψα) : inscrire sur un registre, enregistrer.
μνηστεύω (futur μνηστεύσω, aor. ἐμνήστευσα, parf. μεμνήστευκα) : penser à, désirer; rechercher une femme en mariage.
σὺν Μαριὰμ τῇ ἐμνηστευμένῃ : avec Marie qui a été recherchée en mariage, avec Marie sa fiancée.


συντηρέω-ῶ : conserver; observer, surveiller.
ῥῆμα, ατος (τὸ) : mot, parole.
καρδία, ας (ἡ) : cœur.



  • En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre.
  • Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.
  • Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville.
  • Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David,
  • afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.

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    Jésus devant Pilate



    Πρωΐας δὲ γενομένης συμϐούλιον ἔλαϐον πάντες οἱ ἀρχιερεῖς καὶ οἱ πρεσϐύτεροι τοῦ λαοῦ κατὰ τοῦ Ἰησοῦ ὥστε θανατῶσαι αὐτόν·
    - Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple prirent une délibération contre Jésus pour le faire mourir.
    καὶ δήσαντες αὐτὸν ἀπήγαγον καὶ παρέδωκαν Πιλάτῳ τῷ ἡγεμόνι.
    - Et, après l'avoir lié, ils l'emmenèrent et le remirent à Ponce Pilate, le gouverneur.
    Τότε ἰδὼν Ἰούδας ὁ παραδιδοὺς αὐτὸν ὅτι κατεκρίθη μεταμεληθεὶς ἔστρεψεν τὰ τριάκοντα ἀργύρια τοῖς ἀρχιερεῦσιν καὶ πρεσϐυτέροις
    - Alors Judas, qui l'avait trahi, voyant qu'il était condamné, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens,
    λέγων· Ἥμαρτον παραδοὺς αἷμα ἀθῷον. οἱ δὲ εἶπαν· Τί πρὸς ἡμᾶς; σὺ ὄψῃ.
    - disant : " J'ai péché en livrant un sang innocent. " Ils dirent : " Qu'est-ce que cela nous fait ? A toi de voir ! "
    καὶ ῥίψας τὰ ἀργύρια εἰς τὸν ναὸν⸃ ἀνεχώρησεν, καὶ ἀπελθὼν ἀπήγξατο.
    - Alors, ayant jeté les pièces d'argent dans le sanctuaire, il se retira et alla se pendre.
    οἱ δὲ ἀρχιερεῖς λαϐόντες τὰ ἀργύρια εἶπαν· Οὐκ ἔξεστιν βαλεῖν αὐτὰ εἰς τὸν κορϐανᾶν, ἐπεὶ τιμὴ αἵματός ἐστιν·
    - Mais les grands prêtres prirent les pièces d'argent et dirent : " Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor, puisque c'est le prix du sang. "
    συμϐούλιον δὲ λαϐόντες ἠγόρασαν ἐξ αὐτῶν τὸν Ἀγρὸν τοῦ Κεραμέως εἰς ταφὴν τοῖς ξένοις.
    - Et, après avoir pris une délibération, ils achetèrent avec (cet argent) le champ du potier pour la sépulture des étrangers.
    διὸ ἐκλήθη ὁ ἀγρὸς ἐκεῖνος Ἀγρὸς Αἵματος ἕως τῆς σήμερον.
    - C'est pourquoi ce champ fut appelé Champ du sang, (et l'est) encore aujourd'hui.
    τότε ἐπληρώθη τὸ ῥηθὲν διὰ Ἰερεμίου τοῦ προφήτου λέγοντος· Καὶ ἔλαϐον τὰ τριάκοντα ἀργύρια, τὴν τιμὴν τοῦ τετιμημένου ὃν ἐτιμήσαντο ἀπὸ υἱῶν Ἰσραήλ,
    - Alors fut accomplie la parole du prophète Jérémie : Ils ont pris les trente pièces d'argent, prix de celui qui a été mis à prix, qu'ont mis à prix des enfants d'Israël,
    καὶ ἔδωκαν αὐτὰ εἰς τὸν ἀγρὸν τοῦ κεραμέως, καθὰ συνέταξέν μοι κύριος.
    - et ils les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'a ordonné.
    Ὁ δὲ Ἰησοῦς ἐστάθη ἔμπροσθεν τοῦ ἡγεμόνος· καὶ ἐπηρώτησεν αὐτὸν ὁ ἡγεμὼν λέγων· Σὺ εἶ ὁ βασιλεὺς τῶν Ἰουδαίων; ὁ δὲ Ἰησοῦς ἔφη· Σὺ λέγεις.
    - Jésus comparut devant le gouverneur, et le gouverneur l'interrogea, en disant : " Es-tu le roi des Juifs ? " Jésus dit : " Tu le dis. "
    καὶ ἐν τῷ κατηγορεῖσθαι αὐτὸν ὑπὸ τῶν ἀρχιερέων καὶ πρεσϐυτέρων οὐδὲν ἀπεκρίνατο.
    - Mais il ne répondait rien aux accusations des grands prêtres et des anciens.
    τότε λέγει αὐτῷ ὁ Πιλᾶτος· Οὐκ ἀκούεις πόσα σου καταμαρτυροῦσιν;
    - Alors Pilate lui dit : " N'entends-tu pas combien de témoignages ils portent contre toi ? "
    καὶ οὐκ ἀπεκρίθη αὐτῷ πρὸς οὐδὲ ἓν ῥῆμα, ὥστε θαυμάζειν τὸν ἡγεμόνα λίαν.
    - Mais il ne lui répondit sur aucun point, de sorte que le gouverneur était dans un grand étonnement.
    Κατὰ δὲ ἑορτὴν εἰώθει ὁ ἡγεμὼν ἀπολύειν ἕνα τῷ ὄχλῳ δέσμιον ὃν ἤθελον.
    - Or, à chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu'ils voulaient.
    εἶχον δὲ τότε δέσμιον ἐπίσημον λεγόμενον Ἰησοῦν Βαραϐϐᾶν.
    - Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas.
    συνηγμένων οὖν αὐτῶν εἶπεν αὐτοῖς ὁ Πιλᾶτος· Τίνα θέλετε ἀπολύσω ὑμῖν, Ἰησοῦν τὸν Βαραϐϐᾶν ἢ Ἰησοῦν τὸν λεγόμενον χριστόν;
    - Donc, quand ils furent rassemblés, Pilate leur dit : " Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas ou Jésus dit Christ ?
    ᾔδει γὰρ ὅτι διὰ φθόνον παρέδωκαν αὐτόν.
    - Il savait, en effet, que c'était par jalousie qu'ils l'avaient livré.
    Καθημένου δὲ αὐτοῦ ἐπὶ τοῦ βήματος ἀπέστειλεν πρὸς αὐτὸν ἡ γυνὴ αὐτοῦ λέγουσα· Μηδὲν σοὶ καὶ τῷ δικαίῳ ἐκείνῳ, πολλὰ γὰρ ἔπαθον σήμερον κατ’ ὄναρ δι’ αὐτόν.
    - Pendant qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui envoya dire : " N'aie pas affaire avec ce juste; car j'ai été aujourd'hui fort tourmentée en songe à cause de lui."
    Οἱ δὲ ἀρχιερεῖς καὶ οἱ πρεσβύτεροι ἔπεισαν τοὺς ὄχλους ἵνα αἰτήσωνται τὸν Βαραϐϐᾶν τὸν δὲ Ἰησοῦν ἀπολέσωσιν.
    - Mais les grands prêtres et les anciens persuadèrent aux foules de demander Barabbas, et de réclamer la mort de Jésus.
    ἀποκριθεὶς δὲ ὁ ἡγεμὼν εἶπεν αὐτοῖς· Τίνα θέλετε ἀπὸ τῶν δύο ἀπολύσω ὑμῖν; οἱ δὲ εἶπαν· Τὸν Βαραϐϐᾶν.
    - Le gouverneur, prenant la parole, leur dit : " Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? " Ils dirent : " Barabbas. "
    λέγει αὐτοῖς ὁ Πιλᾶτος· Τί οὖν ποιήσω Ἰησοῦν τὸν λεγόμενον χριστόν; λέγουσιν πάντες· Σταυρωθήτω.
    - Pilate leur dit : " Que ferai-je donc de Jésus dit Christ ? " Tous dirent : " Qu'il soit crucifié ! "
    ὁ ⸀δὲ ἔφη· Τί γὰρ κακὸν ἐποίησεν; οἱ δὲ περισσῶς ἔκραζον λέγοντες· Σταυρωθήτω.
    - Il dit " Qu'a-t-il donc fait de mal ? " Et ils crièrent encore plus fort : " Qu'il soit crucifié ! "
    ἰδὼν δὲ ὁ Πιλᾶτος ὅτι οὐδὲν ὠφελεῖ ἀλλὰ μᾶλλον θόρυϐος γίνεται λαϐὼν ὕδωρ ἀπενίψατο τὰς χεῖρας ἀπέναντι τοῦ ὄχλου λέγων· Ἀθῷός εἰμι ἀπὸ τοῦ αἵματος τούτου· ὑμεῖς ὄψεσθε.
    - Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant : " Je suis innocent du sang de ce juste; à vous de voir ! "
    καὶ ἀποκριθεὶς πᾶς ὁ λαὸς εἶπεν· Τὸ αἷμα αὐτοῦ ἐφ’ ἡμᾶς καὶ ἐπὶ τὰ τέκνα ἡμῶν.
    - Et tout le peuple répondit : " Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! "





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    Le mythe de Prométhée et Épiméthée




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    [320c] Ἦν γάρ ποτε χρόνος, ὅτε θεοὶ μὲν ἦσαν, θνητὰ δὲ γένη οὐκ ἦν. [d] Ἐπειδὴ δὲ καὶ τούτοις χρόνος ἦλθεν εἱμαρμένος γενέσεως, τυποῦσιν αὐτὰ θεοὶ γῆς ἔνδον ἐκ γῆς καὶ πυρὸς μίξαντες καὶ τῶν ὅσα πυρὶ καὶ γῇ κεράννυται. Ἐπειδὴ δ’ἄγειν αὐτὰ πρὸς φῶς ἔμελλον, προσέταξαν Προμηθεῖ καὶ Ἐπιμηθεῖ κοσμῆσαι τε καὶ νεῖμαι δυνάμεις ἑκάστοις ὡς πρέπει. Προμηθέα δὲ παραιτεῖται Ἐπιμηθεὺς αὐτὸς νεῖμαι· Νείμαντος δέ μου, ἔφη, ἐπίσκεψαι· καὶ οὕτως πείσας νέμει.



    Νέμων δὲ τοῖς μὲν ἰσχὺν ἄνευ τάχους προσῆπτεν, τοὺς δ’ ἀσθενεστέρους τάχει ἐκόσμει · [e] τοὺς δὲ ὥπλιζε, τοῖς δ’ ἄοπλον διδοὺς φύσιν ἄλλην τιν’ αὐτοῖς ἐμηχανᾶτο δύναμιν εἰς σωτηρίαν. Ἃ μὲν γὰρ αὐτῶν σμικρότητι ἤμπισχεν, πτηνὸν φυγὴν ἢ κατάγειον οἴκησιν ἔνεμεν· ἂ δὲ ηὖξε μεγέθει, τῷδε αὐτῷ αὐτὰ ἔσῳζεν · [321a] καὶ τἆλλα οὕτως ἐπανισῶν ἔνεμεν. Ταῦτα δὲ ἐμηχανᾶτο εὐλάϐειαν ἔχων μή τι γένος ἀϊστωθείη· ἐπειδὴ δὲ αὐτοῖς ἀλληλοφθοριῶν διαφυγὰς ἐπήρκεσε, πρὸς τὰς ἐκ Διὸς ὥρας εὐμαρίαν ἐμηχανᾶτο ἀμφιεννὺς αὐτὰ πυκναῖς τε θριξὶν καὶ στερεοῖς δέρμασιν, ἱκανοῖς μὲν ἀμῦναι χειμῶνα, δυνατοῖς δὲ καὶ καύματα, καὶ ἐξ εὐνὰς ἰοῦσιν ὅπως ὑπάρχοι τὰ αὐτὰ ταῦτα στρωμνὴ οἰκεία τε καὶ αὐτοφυὴς ἑκάστῳ · [b] καὶ ὑποδῶν τὰ μὲν ὁπλαῖς, τὰ δὲ θριξὶν καὶ δέρμασιν στερεοῖς καὶ ἀναίμοις. […]





    [c] Ἀποροῦντι δὲ αὐτῷ ἔρχεται Προμηθεὺς ἐπισκεψόμενος τὴν νομήν, καὶ ὀρᾷ τὰ μὲν ἄλλα ζῷα ἐμμελῶς πάντων ἔχοντα, τὸν δὲ ἄνθρωπον γυμνόν τε καὶ ἀνυπόδητον καὶ ἄστρωτον καὶ ἄοπλον· ἤδη δὲ καὶ ἡ εἱμαρμένη ἡμέρα παρῆν, ἐν ῇ ἔδει καὶ ἄνθρωπον ἐξιέναι ἐκ γῆς εἰς φῶς. Ἀπορίᾳ οὖν ἐχόμενος ὁ Προμηθεὺς ἥντινα σωτηρίαν τῷ ἀνθρώπῳ [d] εὕροι, κλέπτει Ἡφαίστου καὶ Ἀθηνᾶς τὴν ἔντεχνον σοφίαν σὺν πυρί – ἀμήχανον γὰρ ἦν ἄνευ πυρὸς αὐτὴν κτητήν τῳ ἢ χρησίμην γενέσθαι – καὶ οὕτω δὴ δωρεῖται ἀνθρώπῳ. Τὴν μὲν οὖν περὶ τὸν βίον σοφίαν ἄνθρωπος ταύτῃ ἔσχεν, τὴν δὲ πολιτικὴν οὐκ εἶχεν· ἦν γὰρ παρὰ τῷ Διί. Τῷ δὲ Προμηθεῖ εἰς μὲν τὴν ἀκρόπολιν τὴν τοῦ Διὸς οἴκησιν οὐκέτι ἐνεχώρει εἰσελθεῖν· πρὸς δὲ καὶ αἱ Διὸς φυλακαὶ φοϐεραὶ ἦσαν· εἰς δὲ τὸ τῆς Ἀθηνᾶς καὶ Ἡφαίστου οἴκημα τὸ κοινόν, ἐν ᾧ ἐφιλοτεχνείτην, λαθὼν εἰσέρχεται, [e] καὶ κλέψας τήν τε ἔμπυρον τέχνην τὴν τοῦ Ἡφαίστου καὶ τὴν ἄλλην τῆς Ἀθηνᾶς δίδωσιν ἀνθρώπῳ, καὶ ἐκ τούτου εὐπορία μὲν ἀνθρώπῳ τοῦ βίου γίγνεται, [322a] Προμηθέα δὲ δι’ Ἐπιμηθέα ὕστερον, ᾗπερ λέγεται, κλοπῆς δίκη μετῆλθεν.
                                                                                                 Platon, Protagoras, 320c-321 b et 321c-322a.



    [320c] C'était le temps où les dieux existaient déjà, mais où les races mortelles n'existaient pas encore. Quand vint le moment marqué par le destin pour la naissance de celle-ci, voilà que les dieux les façonnent à l'intérieur de la terre avec un mélange de terre et de feu et de toutes les substances qui se peuvent combiner avec le feu et la terre. Au moment de les produire à la lumière, les dieux ordonnèrent à Prométhée et à Epiméthée de distribuer convenablement entre elles toutes les qualités dont elles avaient à être pourvues. Epiméthée demanda à Prométhée de lui laissser le soin de faire lui-même la distribution : "Quand elle sera faite, dit-il, tu inspecteras mon œuvre." La permission accordée, il se met au travail.

    Dans cette distribution, il donna aux uns la force sans la vitesse; aux plus faibles, il attribue le privilège de la rapidité; [e] à certains il accorde des armes; pour ceux dont la nature est désarmée, il invente quelque autre qualité qui puisse assurer leur salut. A ceux qu'il revêt de petitesse, il attribue la fuite ailée ou l'habitation souterraine. Ceux qu'il grandit en taille, il les sauve par là même. Bref, entre toutes les qualités, il maintient un équilibre. En ces diverses inventions, il se préoccupait d'empêcher aucune race de disparaître.

    Après qu'il les eut prémunis suffisamment contre les destructions réciproques, il s'occupa de les défendre contre les intempéries qui viennent de Zeus, les revêtant de poils touffus et de peaux épaisses, abris contre le froid, abris aussi contre la chaleur, et F, quand ils iraient dormir, couvertures naturelles et propres à chacun. Il chaussa les uns de sabots, les autres de cuirs massifs et vides de sang. […]

    [c] Dans cet embarras, survient Prométhée pour inspecter le travail. Celui-ci voit toutes les autres races harmonieusement équipées, et l'homme nu, sans chaussures, sans couvertures, sans armes. Et le jour marqué par le destin était venu, où il fallait que l'homme sortît de la terre pour paraître à la lumière.

    Prométhée, devant cette difficulté, ne sachant quel moyen de salut trouver pour l'homme, [d] se décide à dérober l'habileté artiste d'Héphaestos et d'Athéna, et en même temps le feu, - car, sans le feu il était impossible que cette habileté fût acquise par personne ou rendît aucun service, - puis, cela fait, il en fit présent à l'homme.

    "C'est ainsi que l'homme fut mis en possession des arts utiles à la vie, mais la politique lui échappa : celle-ci en effet était auprès de Zeus; or Prométhée n'avait plus le temps de pénétrer dans l'acropole qui est le domaine de Zeus; en outre il y avait aux portes de Zeus des sentinelles redoutables. Mais il put pénétrer sans être vu dans l'atelier où Hephaestos et Athéna pratiquaient ensemble les arts qu'ils aiment; si bien qu'ayant volé à la fois les arts du feu qui appartiennent à Héphaestos et les autres qui appartiennent à Athéna, il put les donner à l'homme. C'est ainsi que l'homme se trouve avoir en sa possession toutes les ressources nécessaires à la vie, et que Prométhée, par la suite, fut, dit-on, accusé de vol.

                                                      trad. Alfred Croiset et Louis Bodin; éd. les belles lettres



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    νέμω (futur νεμῶ, aor. ἔνειμα, parf. νενέμηκα) : distribuer, partager; attribuer.
    κοσμέω, -ῶ : mettre en ordre; arranger, mettre en bon ordre, disposer; répartir, distribuer.
    νέμων δὲ τοῖς μὲν ἰσχὺν ἄνευ τάχους προσῆπτεν, τοὺς δ’ ἀσθενεστέρους τάχει ἐκόσμει : dans cette distribution, il donna aux uns la force sans la vitesse; aux plus faibles, il attribue le privilège de la rapidité.


    ὁπλίζω (imparf. ὥπλιζον, aor. ὥπλισα, pl. q. parf. ὡπλίκειν) : appareiller, mettre en état.
    ἄοπλος, ος, ον : sans armes.
    ἄναιμος, ος, ον : qui n’a pas de sang.
    ἀλληλοφθορία, ας (ἡ) : destruction mutuelle.
    ὁπλή, ῆς (ἡ) : corne, sabot du cheval et de l’âne.
    σῴζω (futur σώσω, aor. ἔσωσα, qqf. ἔσῳσα, parf. σέσωκα) : mettre à l’abri d’un danger, préserver ou tirer d’un danger, sauver.
    ἂ δὲ ηὖξε μεγέθει, τῷδε αὐτῷ αὐτὰ ἔσῳζεν : ceux qu'il grandit en taille, il les sauve par là même.
    θρίξ, gén. τριχός, dat. pl. θριξί (ἡ) : poil; au plur. cheveux.
    δέρμα, ατος (τὸ) : peau écorchée; cuir.
    στερεός, ά, όν :  solide; ferme, dur; massif.
    καὶ ὑποδῶν τὰ μὲν ὁπλαῖς, τὰ δὲ θριξὶν καὶ δέρμασιν στερεοῖς καὶ ἀναίμοις : il donna en outre comme chaussures, soit des sabots de corne, soit des peaux calleuses et dépourvues de sang.



    εὐπορία, ας (ἡ) : facilité pour faire quelque chose, faculté de; facilité, aisance, commodité.
    κλοπή, ῆς (ἡ) : vol, larcin.
    κλοπῆς δίκη : poursuite pour vol.
    μετέρχομαι (futur μετελεύσομαι, aor.2 μετῆλθον, etc.) : aller vers; aller chercher; suivre, aller à la recherche de, poursuivre qqn, le châtier.
    ἐκ τούτου εὐπορία μὲν ἀνθρώπῳ τοῦ βίου γίγνεται, Προμηθέα δὲ δι’ Ἐπιμηθέα ὕστερον, ᾗπερ λέγεται, κλοπῆς δίκη μετῆλθεν : c'est ainsi que l'homme se trouve avoir en sa possession toutes les ressources nécessaires à la vie, et que Prométhée, par la suite, fut, dit-on, accusé de vol.

                          





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    Le lion et le taureau

    Λέων καὶ ταῦρος.


    Λέων ταῦρῳ παμεμγέθει ἐπιϐουλεύων ἐϐουλήθη δόλῳ αὐτοῦ
    περιγενέσθαι. Διόπερ πρόϐατον τεθυκέναι φήσας ἐφ' ἑστίασιν αὐτὸν
    ἐκάλεσε, βουλόμενος κατακλιθέντα αὐτὸν καταγωνίσασθαι. Ὁ δὲ
    ἐλθὼν καὶ θεασάμενος λέϐητάς τε πολλοὺς καὶ ὀϐελίσκους
    μεγάλους, τὸ δὲ πρόϐατον οὐδαμοῦ, μηδὲν εἰπὼν ἀπηλλάττετο. Τοῦ
    δὲ λέοντος αἰτιωμένου αὐτὸν καὶ τὴν αἰτίαν πυνθανομένου δι' ἣν
    οὐδὲν δεινὸν παθὼν ἄλογος ἄπεισιν, ἔφη· "Ἀλλ' ἔγωγε οὐ μάτην
    τοῦτο ποιῶ· ὁρῶ γὰρ παρασκευὴν οὐχὶ ὡς εἰς πρόϐατον, ἀλλ' εἰς
    ταῦρον ἡτοιμασμένην."

    Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τοὺς φρονίμους τῶν ἀνθρώπων αἱ τῶν πονηρῶν
    τέχναι οὐ λανθάνουσιν.
                                                                                                                                                                                                               Esope, fable 211


    παμμεγέθης, ης, ες : tout à fait grand, énorme.
    ἐπιϐουλεύω : former un projet.
    περιγίγνομαι (futur περιγενήσομαι, aor.2 περιεγενόμην, parf. περιγέγονα) : devenir maître de, surpasser, être supérieur, l'emporter.
    θύω (futur θύσω, aor. ἔθυσα, parf. τέθυκα : offrir un sacrifice.




    [211] LE LION ET LE TAUREAU.
    Un lion, qui tramait la mort d'un taureau énorme, projeta de s'en rendre maître par la ruse. Il lui dit qu'il avait sacrifié un mouton et l'invita au festin; son intention était de le tuer, quand il serait couché à table. Le taureau vint; mais apercevant force bassins, de grandes broches, mais de mouton nulle part, il s'en alla sans mot dire. Le lion lui en fit des reproches et lui demanda pourquoi, n'ayant souffert aucun mal, il s'en allait sans raison. Il répondit : « Ce n'est pas sans raison que j'en use ainsi ; car je vois des ustensiles comme on en prépare non pour un mouton, mais pour un taureau.»

    Cette fable montre que les gens sensés ne se laissent pas prendre aux artifices des méchants.





    Alcibiade de Platon
    (quelques extraits)





                                                                                                                   










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    [4] ἐπεὶ δὲ πλησίον ἐγένοντο καὶ εἶδον ἀλλήλους, οἱ μὲν Ἰνδοὶ προτάξαντες τοὺς ἐλέφαντας ἐπῆγον τὴν φάλαγγα, ὁ Διόνυσος δὲ τὸ μέσον μὲν αὐτὸς εἶχε, τοῦ κέρως δὲ αὐτῷ τοῦ δεξιοῦ μὲν ὁ Σιληνός, τοῦ εὐωνύμου δὲ ὁ Πὰν ἡγοῦντο· λοχαγοὶ δὲ καὶ ταξίαρχοι οἱ Σάτυροι ἐγκαθειστήκεσαν· καὶ τὸ μὲν σύνθημα ἦν ἅπασι τὸ εὐοῖ. εὐθὺς δὲ τὰ τύμπανα ἐπαταγεῖτο καὶ τὰ κύμϐαλα τὸ πολεμικὸν ἐσήμαινε καὶ τῶν Σατύρων τις λαϐὼν τὸ κέρας ἐπηύλει τὸ ὄρθιον καὶ ὁ τοῦ Σιληνοῦ ὄνος ἐνυάλιόν τι ὠγκήσατο καὶ αἱ Μαινάδες σὺν ὀλολυγῇ ἐνεπήδησαν αὐτοῖς δράκοντας ὑπεζωσμέναι κἀκ τῶν θύρσων ἄκρων ἀπογυμνοῦσαι τὸν σίδηρον. οἱ Ἰνδοὶ δὲ καὶ οἱ ἐλέφαντες αὐτῶν αὐτίκα ἐγκλίναντες σὺν οὐδενὶ κόσμῳ ἔφευγον οὐδ´ ἐντὸς βέλους γενέσθαι ὑπομείναντες, καὶ τέλος κατὰ κράτος ἑαλώκεσαν καὶ αἰχμάλωτοι ἀπήγοντο ὑπὸ τῶν τέως καταγελωμένων, ἔργῳ μαθόντες ὡς οὐκ ἐχρῆν ἀπὸ τῆς πρώτης ἀκοῆς καταφρονεῖν ξένων στρατοπέδων.

    [6] Ἐγὼ δέ, ἐπειδήπερ ἔτι ἐν Ἰνδοῖς ἐσμέν, ἐθέλω καὶ ἄλλο ὑμῖν διηγήσασθαί τι τῶν ἐκεῖθεν, οὐκ ἀπροσδιόνυσον οὐδ´ αὐτό, οὐδ´ ὧν ποιοῦμεν ἀλλότριον. ἐν Ἰνδοῖς τοῖς Μαχλαίοις, οἳ τὰ λαιὰ τοῦ Ἰνδοῦ ποταμοῦ, εἰ κατὰ ῥοῦν αὐτοῦ βλέποις, ἐπινεμόμενοι μέχρι πρὸς τὸν Ὠκεανὸν καθήκουσι, παρὰ τούτοις ἄλσος ἐστὶν ἐν περιφράκτῳ, οὐ πάνυ μεγάλῳ χωρίῳ, συνηρεφεῖ δέ· κιττὸς γὰρ πολὺς καὶ ἄμπελοι σύσκιον αὐτὸ ἀκριϐῶς ποιοῦσιν. ἐνταῦθα πηγαί εἰσι τρεῖς καλλίστου καὶ διειδεστάτου ὕδατος, ἡ μὲν Σατύρων, ἡ δὲ Πανός, ἡ δὲ Σιληνοῦ. καὶ εἰσέρχονται εἰς αὐτὸ οἱ Ἰνδοὶ ἅπαξ τοῦ ἔτους ἑορτάζοντες τῷ θεῷ, καὶ πίνουσι τῶν πηγῶν, οὐχ ἁπασῶν ἅπαντες, ἀλλὰ καθ´ ἡλικίαν, τὰ μὲν μειράκια τῆς τῶν Σατύρων, οἱ ἄνδρες δὲ τῆς Πανικῆς, τῆς δὲ τοῦ Σιληνοῦ οἱ κατ´ ἐμέ.


    [4] Quand ils furent proches, en vue les uns des autres, alors que les Indiens avaient rangé leurs éléphants à l'avant et lançaient la phalange, Dyonysos lui-même s'était placé au centre, Silène commandait son aile  droite et Pan la gauche. Les Satyres étaient lochages et taxiarques, et le mot d'ordre général était évohé. (Tout à coup le tambour résonne, les cymbales font entendre un bruit guerrier. Un des Satyres, prenant une corne, sonne le nome orthien. L'âne de Silène se met à braire d'un ton martial. Les Ménades, ceintes de serpents, bondissent en hurlant, et mettent à nu le fer de leurs thyrses. Les Indiens et leurs éléphants ploient bientôt et prennent la fuite en désordre, sans oser s'avancer à la portée du trait. Enfin, ils sont complètement vaincus et emmenés prisonniers par ceux mêmes dont ils se moquaient tout à l'heure, apprenant par cette issue qu'il ne faut jamais mépriser, sur le bruit de la renommée, des troupes que l'on ne connaît pas).


    [6] (En tout cas, que ces gens-là fassent ce qu'ils veulent, l'audition  est libre !) Pour ma part, pendant que nous sommes encore chez les Indiens, je veux vous raconter une autre histoire de là-bas, qui n'est pas sans rapport avec Dionysos, ni étrangère à notre entreprise. Chez les Indiens Machléens, qui habitent la rive gauche de l'Indus (si l'on regarde le fleuve dans le sens du courant) et vivent jusqu'à l'Océan, se trouve un bois sacré, dans un enclos fortifié, un site qui n'est pas très grand et touffu (du lierre abondant et des vignes l'ombragent totalement). Ils renferment trois sources d'une eau très belle et très transparente. L'une est celle du satyre, la deuxième de Pan, la troisième de Silène. Les Indiens vont dans ce bois une fois  par an pour fêter le dieu. Ils boivent aux sources, mais non tous à chacune indistinctement. Ils choisissent en fonction de leur âge, les adolescents boivent à celle des  satyres, les adultes à celle de Pan, et à celle de Silène les hommes de ma génération
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    [7] Ce qui arrive aux enfants, quand ils ont bu ou ce qu'osent les adultes lorsqu'ils sont possédés par Pan, serait trop long à raconter. Mais ce que font les vieillards quand ils sont ivres d'eau n'est pas étranger à notre sujet. Quand un vieillard a bu et que Silène a pris possession de lui, il reste aussitôt incapable de parler pendant un long moment : il semble avoir la tête pesante et être plongé dans l'ivresse. Puis soudain sa voix devient éclatante, sa parole distincte, son souffle mélodieux, et de complètement muet qu'il était, le voici très bavard. Même si tu le bâillonnais, tu ne pourrais l'empêcher de discourir sans cesse et d'enchaîner de longues tirades. Cependant toutes ses phrases son intelligentes, ordonnées et semblables à celles de l'orateur homérique : elles se suivent.





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    [4]
    πλησίος, α, ον : proche, voisin. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
    ἐπεὶ δὲ πλησίον ἐγένοντο καὶ εἶδον ἀλλήλους : quand les deux partis furent proches et se virent l'un l'autre.
    εἶδον : --- voir dico Bailly
    φάλαγξ, αγγος (ἡ) : phalange, ligne de bataille. -- voir dico Bailly
    προτάσσω : ranger en avant, placer au premier rang.
    οἱ προτεταγμένοι, Xén. Hell. 2, 4, 15 : les combattants du premier rang.
    πρόταγμα, ατος (τὸ) : rang devant un autre, rang de devant.
    ἐπάγω (imparf. ἐπῆγον, f. ἐπάξω, aor. 2 ἐπήγαγον; passif futur ἐπαχθήσομαι, aor. ἐπήχθην) : amener, pousser contre.
    ἐπακτός, ός, όν : amené, amené du dehors, introduit, importé (eau, blé, etc.)

    ἐγκλίνω (futur ἐγκλινῶ : incliner, s'incliner, pencher, plier.
    κόσμος, ου (ὁ) : ordre.
    βέλος, εος-ους (τὸ) : ce qu’on lance, projectile, javelot, trait.
    ἐντός, adv. et prép.  à l’intérieur, en deça.
    ἐντὸς βέλους : en deça du trait, à la portée du trait. 
    ὑπομένω (futur ὑπομενῶ, aor. ὑπέμεινα, etc.) : rester en arrière, attendre.
    memento avec inf. οὐδ' ὑπέμεινε γνώμεναι : il n’attendit pas qu’on apprît à le connaître.
    οἱ Ἰνδοὶ δὲ καὶ οἱ ἐλέφαντες αὐτῶν αὐτίκα ἐγκλίναντες σὺν οὐδενὶ κόσμῳ ἔφευγον οὐδ´ ἐντὸς βέλους γενέσθαι ὑπομείναντες : les Indiens et leurs éléphants ploient bientôt et prennent la fuite en désordre, sans oser s'avancer à la portée du trait

    μανθάνω (futur μαθήσομαι, aor.2 ἔμαθον, parf. μεμάθηκα; passif parf. μεμάθημαι) : apprendre, étudier, s’instruire.
    ἔργον, ου (τὸ) : action; œuvre, ouvrage, occupation, travail; besoin, nécessité (cf. lat. opus).
    memento οὐδὲν ἔργον ἐστί + gén. ou inf. :  il n’y a aucun besoin de.
    ἀκοή, ῆς (ἡ) : ouïe; oreille.
    καταφρονέω-ῶ : mépriser, dédaigner, ne faire aucun cas de.
    στρατόπεδον, ου (τὸ) : le sol sur lequel campe une armée, campement, camp; troupe campée, armée dans un camp.
    ἔργῳ μαθόντες ὡς οὐκ ἐχρῆν ἀπὸ τῆς πρώτης ἀκοῆς καταφρονεῖν ξένων στρατοπέδων : apprenant par cette issue qu'il ne faut jamais mépriser, sur le bruit de la renommée, des troupes que l'on ne connaît pas.

    [6]   
    διηγέομαι-οῦμαι : exposer en détail, raconter, décrire.
    ἀπροσδιόνυσος, ος, ον : sans rapport avec la fête de Dionysos = de Bacchus); sans à-propos, à contretemps.
    ἀλλότριος, α, ον : qui concerne autrui, d’autrui; d’un autre pays, étranger; qui ne concerne pas, étranger à.
    Ἐγὼ δέ, ἐπειδήπερ ἔτι ἐν Ἰνδοῖς ἐσμέν, ἐθέλω καὶ ἄλλο ὑμῖν διηγήσασθαί τι τῶν ἐκεῖθεν, οὐκ ἀπροσδιόνυσον οὐδ´ αὐτό, οὐδ´ ὧν ποιοῦμεν ἀλλότριον : Mais, puisque nous sommes dans les Indes, je veux encore vous raconter une des merveilles du pays; elle n'est pas étrangère à Bacchus et rentre parfaitement dans notre sujet.
    ἀκριϐῶς  : tout à fait.
    ἐλεύθερος, α, ον : libre, d’où : libre, indépendant, p. opp. à δοῦλος.
    ἄλσος, εος-ους (τὸ) : bois, particul. bois sacré.
    ἄμπελος, ου (ἡ) : plant de vigne, vigne.
    ἄφνω, adv. : soudain, tout à coup.
    ἄφωνος, ος, ον : sans voix, aphone.
    βεϐαπτισμένος, η, ον : ivre.
    ἀνδροκτασία, ας, ion. ἀνδροκτασίη, ης (ἡ) : massacre d’hommes, carnage.

    [7] 
    Ἃ μὲν οὖν πάσχουσιν οἱ παῖδες ἐπειδὰν πίωσιν, ἢ οἷα οἱ ἄνδρες τολμῶσι κατεχόμενοι τῷ Πανί, μακρὸν ἂν εἴη λέγειν : ce qui arrive aux enfants, après qu'ils ont bu à leur source, ou quelle est l'audace des hommes qui ont puisé à celle de Pan, serait chose trop longue à vous dire.
    πίνω (futur πίομαι, postér. πιοῦμαι, aor.2 ἔπιον, parf. πέπωκα; passif aor. ἐπόθην, parf. πέπομαι) : boire.
    πηγή, ῆς (ἡ) : la source.
    ἅπας, -ασα, -αν, gén. ἅπαντος, άσης, -αντος : tout entier.
    au plur. ἅπαντες, -ασαι, -αντα : tous ensemble, tous sans exception.
    μειράκιον, ου (τὸ) : jeune garçon, adolescent.
    πίνουσι τῶν πηγῶν, οὐχ ἁπασῶν ἅπαντες, ἀλλὰ καθ´ ἡλικίαν, τὰ μὲν μειράκια τῆς τῶν Σατύρων, οἱ ἄνδρες δὲ τῆς Πανικῆς, τῆς δὲ τοῦ Σιληνοῦ οἱ κατ´ ἐμέ  : ils boivent à ces fontaines, non pas indistinctement, mais chacun suivant son âge, les jeunes gens à la fontaine des Satyres, les hommes faits à celle de Pan, et les vieillards de mon âge à celle de Silène.

    παράδοξος, ος, ον : étrange, bizarre, paradoxal; extraordinaire, merveilleux.
    τὸ μέντοι παραδοξότατον οὐδέπω εἶπον : je ne vous ai pourtant pas dit encore ce qu'il y a de plus merveilleux.
    ἀτελής, ής, ές (τέλος, fin) : sans fin, qui n’arrive pas à terme, qui n’aboutit pas; sans effet, sans résultat, vain; inachevé, incomplet, imparfait.
    μεταξύ adv. et prép. : dans l’intervalle, au milieu, en train de.
    καταλείπω (futur καταλείψω, aor.1 κατέλειψα, d’ord. aor.2 κατέλιπον, etc. ; passif aor. κατελείφθην, parf. καταλέλειμμαι)  : laisser, laisser derrière soi.
    διέξειμι (διά, à travers) : sortir ou passer à travers, parcourir, traverser; parcourir par la parole, exposer, raconter.
    (prés. ind. 3 sg. διέξεισι ; 1 plur. διέξιμεν; 3 plur. διεξίασι; inf. διεξιέναι (var. -ίμεναι); part. διεξιών;  1 plur. att. διεξῇμεν (pour διεξῄειμεν)
    πέρας, ατος (τὸ) : terme, fin, limite, extrémité.
    δύω (futur δύσω, aor.2 ἔδυν et parf. δέδυκα) : s’enfoncer, se plonger; se plonger (dans la mer), se coucher.
    ἐπεξέρχομαι (futur ἐπεξελεύσομαι, aor.2 ἐπεξῆλθον, parf. ἐπεξελήλυθα) : s’avancer contre, marcher contre; s'avancer jusqu'à.
    πέρυσι(ν) adv. : l’an passé; autrefois, auparavant.
    μέθη, ης (ἡ) : excès de boisson; ivresse.
    ἢν γὰρ ἀτελῆ ὁ γέρων μεταξὺ καταλίπῃ ὃν διεξῄει τὸν λόγον, δύντος ἡλίου κωλυθεὶς ἐπὶ πέρας αὐτὸν ἐπεξελθεῖν, ἐς νέωτα πιὼν αὖθις ἐκεῖνα συνάπτει ἃ πέρυσι λέγοντα ἡ μέθη αὐτὸν κατέλιπεν : c'est que, si le vieillard, forcé par le coucher du soleil d'interrompre son discours, le laisse inachevé, l'année suivante, en buvant à la même source, il le reprend à l'endroit même où l'ivresse qui l'inspirait l'avait abandonné.
    ἄφνω, adv. : soudain, tout à coup.
    ἄφωνος, ος, ον : sans voix, aphone.
    βεϐαπτισμένος, η, ον : ivre.
    ἐγγίγνομαι ou ἐγγίνομαι (fut. ἐγγενήσομαι, aor. ἐνεγενόμην) : naître dans, redevenir.
    impers. ἐγγίγνεται : se produire, d’où être possible, avec l’inf.
    λάλος, ος, ον : babillard, bavard. -- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco













       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 72; éditions Gallimard.








    Textes d'études : comparatifs et superlatifs

       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 100; éditions Gallimard.

    La beauté radieuse d'une jeune fille. ---- Sappho.

    γάλακτος λευκοτέρα,
    ὓδατος ἀπαλωτέρα,
    πηκτίδων ἐμμελεστέρα,
    ἵππου γαυροτέρα,
    ῥόδων ἁϐροτέρα,
    ἱματίου ἑανοῦ μαλακωτέρα,
    χρυσοῦ τιμιωτέρα

    γάλακτος λευκοτέρα : plus blanche que le lait.
    ἁπαλός, ή, όν : tendre, délicat; mou, efféminé.
    adv. ἁπαλὸν γελᾶν, Od. 14, 465 ; Hh. Merc. 281, etc. : rire d’un rire aimable.
    compar. ἁπαλώτερος, Xén. An. 1, 5, 2 ; Plat. Pol. 270 e; superl. ἁπαλώτατος,
    ἱμάτιον, ου (τὸ) : pièce de vêtement, pardessus, manteau.
    ἑανός, ή, όν : qui habille bien, d’où beau, brillant, en parl. de vêtements ou d’objets d’habillement.
    μαλακός, ή, όν : mou; mœlleux; doux, agréable. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
    μαλακὸς θάνατος, Od. 18, 202 : mort douce.
    μαλακὸς ὕπνος, Il. 10, 2 : sommeil qui détend.
    μαλακὰ φρονεῖν, Pd. N. 4, 95 : avoir des sentiments bienveillants.

    plus blanche que le lait
    plus douce que de l'eau
    plus mélodieuse que les lyres (harpes)
    plus fière qu'un cheval
    plus gracieuse que les roses
    plus moelleuse qu'un vêtement
    plus précieuse que l'or.





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    Eloge de Cyrus



      voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 100; éditions Gallimard.



     


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    [1,9,1] Κῦρος μὲν οὖν οὕτως ἐτελεύτησεν, ἀνὴρ ὢν Περσῶν τῶν μετὰ Κῦρον τὸν ἀρχαῖον γενομένων βασιλικώτατός τε καὶ ἄρχειν ἀξιώτατος, ὡς παρὰ πάντων ὁμολογεῖται τῶν Κύρου δοκούντων ἐν πείρᾳ γενέσθαι. (1.9.2) πρῶτον μὲν γὰρ ἔτι παῖς ὤν, ὅτʹ ἐπαιδεύετο καὶ σὺν τῷ ἀδελφῷ καὶ σὺν τοῖς ἄλλοις παισί, πάντων πάντα κράτιστος ἐνομίζετο. (1.9.3) πάντες γὰρ οἱ τῶν ἀρίστων Περσῶν παῖδες ἐπὶ ταῖς βασιλέως θύραις παιδεύονται · ἔνθα πολλὴν μὲν σωφροσύνην καταμάθοι ἄν τις, αἰσχρὸν δʹοὐδὲν οὔτʹἀκοῦσαι οὔτʹ ἰδεῖν ἔστι. (1.9.4) θεῶνται δʹοἱ παῖδες καὶ τιμωμένους ὑπὸ βασιλέως καὶ ἀκούουσι, καὶ ἄλλους ἀτιμαζομένους · ὥστε εὐθὺς παῖδες ὄντες μανθάνουσιν ἄρχειν τε καὶ ἄρχεσθαι.

    (1.9.5) ἔνθα Κῦρος αἰδημονέστατος μὲν πρῶτον τῶν ἡλικιωτῶν ἐδόκει εἶναι, τοῖς τε πρεσϐυτέροις καὶ τῶν ἑαυτοῦ ὑποδεεστέρων μᾶλλον πείθεσθαι, ἔπειτα δὲ φιλιππότατος καὶ τοῖς ἵπποις ἄριστα χρῆσθαι · ἔκρινον δ'αὐτὸν καὶ τῶν εἰς τὸν πόλεμον ἔργων, τοξικῆς τε καὶ ἀκοντίσεως, φιλομαθέστατον εἶναι καὶ μελετηρότατον. (1.9.6) ἐπεὶ δὲ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεπε, καὶ φιλοθηρότατος ἦν καὶ πρὸς τὰ θηρία μέντοι φιλοκινδυνότατος. καὶ ἄρκτον ποτὲ ἐπιφερομένην οὐκ ἔτρεσεν, ἀλλὰ συμπεσὼν κατεσπάσθη ἀπὸ τοῦ ἵππου, καὶ τὰ μὲν ἔπαθεν, ὧν καὶ τὰς ὠτειλὰς εἶχεν, τέλος δὲ κατέκανε · καὶ τὸν πρῶτον μέντοι βοηθήσαντα πολλοῖς μακαριστὸν ἐποίησεν.


    (1.9.7)
    ἐπεὶ δὲ κατεπέμφθη ὑπὸ τοῦ πατρὸς σατράπης Λυδίας τε καὶ Φρυγίας τῆς μεγάλης καὶ Καππαδοκίας, στρατηγὸς δὲ καὶ πάντων ἀπεδείχθη οἷς καθήκει εἰς Καστωλοῦ πεδίον ἁθροίζεσθαι, πρῶτον μὲν ἐπέδειξεν αὑτόν, ὅτι περὶ πλείστου ποιοῖτο, εἴ τῳ σπείσαιτο καὶ εἴ τῳ συνθοῖτο καὶ εἴ τῳ ὑπόσχοιτό τι, μηδὲν ψεύδεσθαι.
                                             Xénophon, Anabase, 1, 9, 1-7

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    [1,9,1] Telle fut donc la fin de Cyrus. Des Perses qui vécurent après Cyrus l'ancien il était le plus apte à régner et le plus apte à commander, de l'avis unanime de ceux qui estiment l'avoir bien connu. (1.9.2) Dès son jeune âge, quand il était élevé avec son frère et les autres enfants des Perses, on le tenait en tout pour supérieur à tous. (1.9.3) Les fils des Perses de distinction sont, en effet, élevés tous aux portes du Roi : là, on a les meilleures leçons de sagesse et de tenue et on ne peut rien entendre ni voir de déshonnête. (1.9.4) Ils ont sous les yeux, ces enfants, ils entendent nommer ceux que le Roi honore, ceux qui encouragent sa disgrâce; ainsi, dès leurs premiers ans,  ils apprennent à commander et à obéir.

    (1.9.5) Il paraissait le plus réservé de ceux de son âge; à l'égard de ceux qui étaient plus âgé que lui il montrait plus de soumission que même ceux qui lui étaient inférieurs. Plus tard, plus que personne il aima les chevaux et il les maniait avec une extrême habileté. On le jugeait aussi dans les exercices de guerre, le tir à l'arc, le jet de javelot, le plus ardent à s'instruire et à les pratiquer. (1.9.6) Quand l'âge le lui permit, il se montra passionné pour la chasse, passionné aussi, en face des bêtes sauvages,  pour le danger.  Un jour, un ours se jeta sur lui : il n'eut pas peur, chargea la bête, fut désarçonné par elle, en reçut des blessures dont il portait des cicatrices, mais, finalement, il la tua. Ce qui ne l'empêcha point de rendre bien des gens jaloux de celui qui  le premier accourut à son secours.

    (1.9.7) Quand il fut envoyé par son père pour être satrape de la Lydie, de la grande Phrygie et de la Cappadoce, et qu'il fut aussi nommé stratège de tous ceux qui doivent se rassembler à Castolou-pédion, il commença par montrer que ce qui lui tenait le plus à cœur, c'était dans les traités, dans les contrats, dans les promesses,  de ne jamais mentir.
                trad.  Paul Masqueray; éd. les belles lettres 




                                                                                                                                                                                                 

    Κῦρος μὲν οὖν οὕτως ἐτελεύτησεν : telle fut donc la mort de Cyrus.
    αἰδήμων, ων, ον, gén. ονος : discret, réservé.
    compar. αἰδήμονέστερος; superl. αἰδήμονέστατος, Xén. An. 1, 9, 5 (αἰδέομαι).
    αἰδέομαι-οῦμαι (futur αἰδέσομαι, aor. ᾐδεσάμην ou ᾐδέσθην, parf. ᾔδεσμαι) : éprouver un sentiment de honte, de pudeur, de respect; avoir de la pudeur; avoir honte, craindre de.
    φιλόθηρος, ος, ον : qui aime la chasse.
    superl. φιλόθηρότατος.
    φιλοκίνδυνος, ος, ον : qui aime le danger, hardi, téméraire.
    superl. φιλοκινδυνότατος.
    μέντοι : pourtant

    πρέπω (d’ord. seul. prés. et imparf., rar. fut. πρέψω et aor. ἔπρεψα, parf. inus.): se faire remarquer, se distinguer.
    πρέπει : il sied, il convient.
    ἐπεὶ δὲ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεπε : comme il convenait à son âge.
    ἐπεὶ δὲ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεπε, καὶ φιλοθηρότατος ἦν καὶ πρὸς τὰ θηρία μέντοι φιλοκινδυνότατος : quand son âge l'y autorisa, il aima aussi la chasse avec passion et, en face des bêtes sauvages, il était à coup sûr, le plus prompt à s'exposer au danger.

     


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    Textes d'étude : les propositions subordonnées compléments d'objet



       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 104; éditions Gallimard.

    La mort du cygne




     


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    17

    οἳ κύκνοι ἐπειδὰν αἴσθωνται ὅτι δεῖ αὐτοὺς ἀποθανεῖν, ᾄδοντες καὶ ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ, τότε δὴ πλεῖστα καὶ κάλλιστα ᾄδουσι, γεγηθότες ὅτι μέλλουσι παρὰ τὸν θεὸν ἀπιέναι οὗπέρ εἰσι θεράποντες. Οἱ δ᾽ ἄνθρωποι διὰ τὸ αὑτῶν δέος τοῦ θανάτου καὶ τῶν κύκνων καταψεύδονται, καί φασιν αὐτοὺς θρηνοῦντας τὸν θάνατον ὑπὸ λύπης ἐξᾴδειν, καὶ οὐ λογίζονται ὅτι οὐδὲν ὄρνεον ᾄδει ὅταν πεινῇ ἢ ῥιγῷ ἤ τινα ἄλλην λύπην λυπῆται, οὐδὲ αὐτὴ ἥ τε ἀηδὼν καὶ χελιδὼν καὶ ὁ ἔποψ, ἃ δή φασι διὰ λύπην θρηνοῦντα ᾄδειν. Ἀλλ᾽ οὔτε ταῦτά μοι φαίνεται λυπούμενα ᾄδειν οὔτε οἱ κύκνοι, ἀλλ᾽ ἅτε οἶμαι τοῦ Ἀπόλλωνος ὄντες, μαντικοί τέ εἰσι καὶ προειδότες τὰ ἐν Ἅιδου ἀγαθὰ ᾄδουσι καὶ τέρπονται ἐκείνην τὴν ἡμέραν διαφερόντως ἢ ἐν τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ.
                                                                                                                                                    Platon, Phédon, 35 passim
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    Quand les cygnes comprennent qu'il leur faut mourir, eux qui même auparavant chantaient, chantent ce jour-là plus souvent et plus fortement, heureux à l'idée qu'ils sont sur le point de partir rejoindre le dieu dont ils sont les servants. Mais les hommes calomnient les cygnes et prétendent qu'ils chantent sous l'effet du chagrin; et ils ne réfléchissent pas qu'aucun oiseau ne chante quand il éprouve quelque chagrin. Mais non, les cygnes sont devins, prévoyant le bonheur de l'au-delà, ils chantent et se réjouissent ce jour-là plus que dans le passé.



    voir hors site : le chant du cygne.

    κύκνος, ου (ὁ) : cygne.
    αἰσθάνομαι (imparf. ᾐσθανόμην, futur αἰσθήσομαι, aor. 2 ᾐσθόμην, parf. ᾔσθημαι) : percevoir par les sens, s'apercevoir, comprendre.
    λύπη, ης (ἡ) :  peine, p. opp. à ἡδονή, PLAT. Phil. 31 c, etc., d’où chagrin, tristesse, affliction.
    λυπέω-ῶ (futur λυπήσω, aor. inus., parf. λελύπηκα) : chagriner, affliger. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
    διαφερόντως, adv. : différemment, autrement; à un degré différent; avant tout, surtout, particulièrement.
    διαφερόντως ἤ : autrement que, différemment de.
    ἔμπροσθεν, adv. et prép. : en avant, avant.
    ἐν τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ : dans le passé.
    διαφερόντως ἤ ἐν τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ : autrement que dans le passé.

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    Socrate et l'ivrogne

       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 107; éditions Gallimard.


     


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    Ἔτυπτέ τις τὸν Σωφρονίσκου Σωκράτην εἰς αὐτὸ τὸ πρόσωπον ἐμπεσὼν ἀφειδῶς· ὁ δὲ οὐκ ἀντῆρεν, ἀλλὰ παρεῖχε τῷ παροινοῦντι τῆς ὀργῆς ἐμφορεῖσθαι, ὥστε ἐξοιδεῖν ἤδη καὶ ὕπουλον αὐτῷ τὸ πρόσωπον ὑπὸ τῶν πληγῶν εἶναι. 7 Ὡς δ´ οὖν ἐπαύσατο τύπτων, ἄλλο μὲν οὐδὲν ὁ Σωκράτης ποιῆσαι, ἐπιγράψαι δὲ τῷ μετώπῳ λέγεται, ὥσπερ ἀνδριάντι τὸν δημιουργόν, ὁ δεῖνα ἐποίει· καὶ τοσοῦτον ἀμύνασθαι.

    Ταῦτα σχεδὸν εἰς ταὐτὸν τοῖς ἡμετέροις φέροντα πολλοῦ ἄξιον εἶναι μιμήσασθαι τοὺς τηλικούτους φημί.
    8 Τουτὶ μὲν γὰρ τὸ τοῦ Σωκράτους ἀδελφὸν ἐκείνῳ τῷ παραγγέλματι, ὅτι τῷ τύπτοντι κατὰ τῆς σιαγόνος καὶ τὴν ἑτέραν παρέχειν προσῆκε, τοσούτου δεῖν ἀπαμύνασθαι, τὸ δὲ τοῦ Περικλέους ἢ τὸ Εὐκλείδου τῷ τοὺς διώκοντας ὑπομένειν καὶ πρᾴως αὐτῶν τῆς ὀργῆς ἀνέχεσθαι, καὶ τῷ τοῖς ἐχθροῖς εὔχεσθαι τὰ ἀγαθά, ἀλλὰ μὴ ἐπαρᾶσθαι.




    9
    Ὡς ὅ γε ἐν τούτοις προπαιδευθεὶς οὐκ ἔτ´ ἂν ἐκείνοις ὡς ἀδυνάτοις διαπιστήσειεν. 10 Οὐδ´ ἂν παρέλθοιμι τὸ τοῦ Ἀλεξάνδρου, ὃς τὰς θυγατέρας Δαρείου αἰχμαλώτους λαϐὼν θαυμαστόν τι οἷον τὸ κάλλος παρέχειν μαρτυρουμένας οὐδὲ προσιδεῖν ἠξίωσεν, αἰσχρὸν εἶναι κρίνων τὸν ἄνδρας ἑλόντα γυναικῶν ἡττηθῆναι. 11 Τουτὶ γὰρ εἰς ταὐτὸν ἐκείνῳ φέρει, ὅτι ὁ ἐμϐλέψας πρὸς ἡδονὴν γυναικί, κἂν μὴ τῷ ἔργῳ τὴν μοιχείαν ἐπιτελέσῃ, ἀλλὰ τῷ γε τὴν ἐπιθυμίαν τῇ ψυχῇ παραδέξασθαι, οὐκ ἀφίεται τοῦ ἐγκλήματος.




    12
    Τὸ δὲ τοῦ Κλεινίου, τῶν Πυθαγόρου γνωρίμων ἑνός, χαλεπὸν πιστεῦσαι ἀπὸ ταὐτομάτου συμϐῆναι τοῖς ἡμετέροις, ἀλλ´ οὐχὶ μιμησαμένου σπουδῇ. Τί δὲ ἦν ὃ ἐποίησεν ἐκεῖνος; Ἐξὸν δι´ ὅρκου τριῶν ταλάντων ζημίαν ἀποφυγεῖν, ὁ δὲ ἀπέτισε μᾶλλον ἢ ὤμοσε, καὶ ταῦτα εὐορκεῖν μέλλων, ἀκούσας ἐμοὶ δοκεῖν τοῦ προστάγματος τὸν ὅρκον ἡμῖν ἀπαγορεύοντος.
                                                                        Saint Basile de Césarée, Discours aux jeunes, 7, 1-12.

    ..
    Quelqu'un frappait en plein visage le fils de Sophronisque, Socrate, en faisant pleuvoir les coups sans répit. Lui, sans faire de résistance, laissait l'ivrogne se rassasier de colère, jusqu'à en avoir le visage tuméfié et meurtri sous les coups. 7 Lorsque l'homme eut cessé de frapper, Socrate ne fit rien, dit-on, sinon écrire sur son front, comme l'artisan sur une statue : "C'est Untel qui l'a fait". Et ce fut là toute sa vengeance. Ces exemples qui vont à peu près dans le même sens que nos préceptes, j'affirme qu'il est d'une grande valeur que les gens de votre âge les imitent. 8 Car l'exemple de Socrate dont je viens de parler est analogue au précepte qui dit que, à celui qui frappe la joue, il conviendrait de tendre l'autre joue aussi, bien loin d'en tirer vengeance, et l'exemple de Périclès ou d'Euclide l'est au précepte d'endurer les persécuteurs et de supporter leur colère avec douceur, ainsi qu'au précepte de prier pour le bien des ennemis et de ne pas les maudire.





    9
    Car celui qui est éduqué préalablement par le biais de ces exemples ne saurait plus se défier de nos préceptes, comme de choses impossibles. 10 Et je ne voudrais pas laisser de côté non plus l'exemple d'Alexandre : alors qu'il avait fait prisonnières les filles de Darius, connues pour leur beauté admirables entre toutes, il ne jugea pas bon ne serait-ce que de les voir, estimant honteux que celui qui l'a emporté sur des hommes soit vaincu par des femmes. 11 Cet exemple va dans le même sens que : "Celui qui a jeté les yeux sur une femme avec concupiscence, même s'il n'a pas accompli l'adultère en acte, n'échappe pas pour autant à l'accusation, pour avoir accueilli le désir en son âme.


    12
    Quant à l'exemple de Clinias, un des disciple de Pythagore, il est difficile de croire qu''il rencontre nos préceptes par le fait du hasard, et non pas parce qu'il les a imités intentionnellement. Qu'a-t-il fait, ce personnge ?  Alors qu'il pouvait éviter une amende de trois talents grâce à un serment, il préféra, lui, payer plutôt que jurer, quand bien même il était en mesure de jurer la vérité, parce qu'il avait entendu, me semble-t-il, le commandement qui nous interdit le serrment.
              trad. Arnaud Perrot; éd. les belles lettres




    τύπτω aor. 1 ἔτυψα, aor. 2 ἔτυπον ; passif aor. 2 ἐτύπην ; parf. τέτυμμαι; futur τυπτήσω, aor. ἐτύπτησα, parf. τετύπτηκα; passif futur τυπτήσομαι, parf. τετύπτημαι) : frapper de près, par opp. à βάλλω, frapper de loin; frapper, battre.
    ἀνταίρω (futur ἀνταρῶ, aor. ἀντῆρα, d’où inf. ἀντᾶραι) : lever contre.
    ἀνταίρειν χεῖράς τινι, Anth. 7, 139 : lever les mains contre qqn.
    ἀφειδῶς adv. : sans ménagement; sans compter, sans réserve; sans se ménager, avec zèle; sans merci, sans pitié.
    Ἔτυπτέ τις τὸν Σωφρονίσκου Σωκράτην εἰς αὐτὸ τὸ πρόσωπον ἐμπεσὼν ἀφειδῶς· : un homme frappait violemment et à plusieurs reprises sur le visage, Socrate, fils de Sophronisque

    παρέχω (futur παρέξω, aor. 2 παρέσχον, parf. παρέσχηκα) : fournir, procurer, permettre.
    ἐμφορέω-ῶ : porter dans ou sur; au passif être porté dans ou sur.
    moyen. (aor. ἐνεφορήθην, rar. ἐνεφορησάμην) : porter en soi sans mesure, c. à d. se remplir de
    ἐμφορεῖσθαι τιμωρίας, Plut. M. 551 a : se rassasier de vengeance.
    τῆς ὀργῆς ἐμφορεῖσθαι : assouvir sa vengeance.
    παροινέω-ῶ (imparf. ἐπαρῴνουν, aor. ἐπαρῴνησα, parf. πεπαρῴνηκα; aor. passif ἐπαρῳνήθην, parf. πεπαρῴνημαι) : dire ou faire, en état d’ivresse, des choses inconvenantes.
    ὕπουλος, ος, ον : litt. caché par une cicatrice, qui n’est cicatrisé qu’en dessus, qui continue de suppurer au dedans; qui n’est sain qu’en apparence.
    παρεῖχε τῷ παροινοῦντι τῆς ὀργῆς ἐμφορεῖσθαι, ὥστε ἐξοιδεῖν ἤδη καὶ ὕπουλον αὐτῷ τὸ πρόσωπον ὑπὸ τῶν πληγῶν εἶναι : il laissa ce furieux assouvir sa colère, jusqu'à ce qu'il sortît de ses mains le visage enflé et meurtri de coups.

    δεῖνα (ὁ, ἡ, τὸ) décl. ou indécl. toujours précédé de l’article : un tel, une telle ( ici un ivrogne)
    τοσοῦτον : tellement, à ce point.
    cf. ὅσον δυνατὸς ἦν ὠφελεῖν, τοσοῦτον κακὸς ἦν, Lys. 188, 1 : autant il était puissant pour rendre service, autant il était méchant.
    ἀμύνω (futur ἀμυνῶ, aor. ἤμυνα, parf. inus.) : écarter, d’où punir.
    τοσοῦτον ἀμύνασθαι : s'être vengé à ce point seulement (pas davantage).
    διώκω (futur διώξω ou διώξομαι, aor ἐδίωξα, parf. δεδίωχα ; passif aor. ἐδιώχθην, parf. δεδίωγμαι) : poursuivre.
    ἐπαράομαι-ῶμαι (aor. ἐπηρασάμην, parf. ἐπήραμαι) : faire des imprécations.
    μιμέομαι-οῦμαι : imiter. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco







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    Dialogues des morts : L'empoisonneur empoisonné
      
      voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 126; éditions Gallimard.



    ZÉNOPHANTE ET CALLIDÉMIDE, 17


    ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΥ ΚΑΙ ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΟΥ
    ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
    Σὺ δὲ͵ ὦ Καλλιδημίδη͵ πῶς ἀπέθανες; ἐγὼ μὲν γὰρ ὅτι παράσιτος ὢν Δεινίου πλέον τοῦ ἱκανοῦ ἐμφαγὼν ἀπεπνίγην͵ οἶσθα· παρῆς γὰρ
    ἀποθνήσκοντί μοι.
    ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
    Παρῆν͵ ὦ Ζηνόφαντε· τὸ δὲ ἐμὸν παράδοξόν τι ἐγένετο. οἶσθα γὰρ καὶ σύ που Πτοιόδωρον τὸν γέροντα;
    ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
    Τὸν ἄτεκνον͵ τὸν πλούσιον͵ ᾧ σε τὰ πολλὰ ᾔδειν συνόντα.
    ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
    Ἐκεῖνον αὐτὸν ἀεὶ ἐθεράπευον ὑπισχνούμενον ἐπ΄ ἐμοὶ τεθνήξεσθαι. ἐπεὶ δὲ τὸ πρᾶγμα εἰς μήκιστον ἐπεγίνετο καὶ ὑπὲρ τὸν Τιθωνὸν ὁ γέρων ἔζη͵ ἐπίτομόν τινα ὁδὸν ἐπὶ τὸν κλῆρον ἐξηῦρον· πριάμενος γὰρ φάρμακον ἀνέπεισα τὸν οἰνοχόον͵ ἐπειδὰν τάχιστα ὁ Πτοιόδωρος αἰτήσῃ πιεῖν͵ πίνει δὲ ἐπιεικῶς ζωρότερονἐμϐαλόντα εἰς κύλικα ἕτοιμον ἔχειν αὐτὸ καὶ ἐπιδοῦναι αὐτῷ· εἰ δὲ τοῦτο ποιήσει͵ ἐλεύθερον ἐπωμοσάμην ἀφήσειν αὐτόν.
    ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
    Τί οὖν ἐγένετο; πάνυ γάρ τι παράδοξον ἐρεῖν ἔοικας.
    ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
    Ἐπεὶ τοίνυν λουσάμενοι ἥκομεν͵ δύο δὴ ὁ μειρακίσκος κύλικας ἑτοίμους ἔχων τὴν μὲν τῷ Πτοιοδώρῳ τὴν ἔχουσαν τὸ φάρμακον͵ τὴν δὲ
    ἑτέραν ἐμοί͵ σφαλεὶς οὐκ οἶδ΄ ὅπως ἐμοὶ μὲν τὸ φάρμακον͵ Πτοιοδώρῳ δὲ τὸ ἀφάρμακτον ἔδωκεν· εἶτα ὁ μὲν ἔπινεν͵ ἐγὼ δὲ αὐτίκα μάλα ἐκτάδην ἐκείμην ὑποϐολιμαῖος ἀντ΄ ἐκείνου νεκρός. τί τοῦτο γελᾷς͵ ὦ Ζηνόφαντε; καὶ μὴν οὐκ ἔδει γε ἑταίρῳ ἀνδρὶ ἐπιγελᾶν.
    ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
    Ἀστεῖα γάρ͵ ὦ Καλλιδημίδη͵ πέπονθας. ὁ γέρων δὲ τί πρὸς ταῦτα;
    ΚΑΛΛΙΔΗΜΙΔΗΣ
    Πρῶτον μὲν ὑπεταράχθη πρὸς τὸ αἰφνίδιον͵ εἶτα συνείς͵ οἶμαι͵ τὸ γεγενημένον ἐγέλα καὶ αὐτός͵ οἷά γε ὁ οἰνοχόος εἴργασται.
    ΖΗΝΟΦΑΝΤΟΣ
    Πλὴν ἀλλ΄ οὐδὲ σὲ τὴν ἐπίτομον ἐχρῆν τραπέσθαι· ἧκε γὰρ ἄν σοι διὰ τῆς λεωφόρου ἀσφαλέστερον͵ εἰ καὶ ὀλίγῳ βραδύτερος ἦν.


    τὸ δὲ ἐμὸν : mon affaire à moi = mon sort.
    ὑπὲρ τὸν Τιθωνὸν : plus longtemps que Tithon = plus que Mathusalem.
    κλῆρος, ου (ὁ) : héritage..

    [17] ZÉNOPHANTE ET CALLIDÉMIDE.
    ZÉNOPHANTE.
    Et toi, comment es-tu mort, Callidémide ? Moi, qui étais parasite de Dinias, j'ai été étouffé pour avoir trop mangé; tu te le rappelles, tu étais présent à ma mort.
    CALLIDÉMIDE.
    Oui, Zénophante ; mais ce qui m'est arrivé est incroyable Tu connais, je crois, le vieux Ptoodore.
    ZÉNOPHANTE.
    Ce vieillard sans enfants, riche, et avec qui je te voyais souvent ?
    CALLIDÉMIDE.
    Lui-même ! Je lui faisais une cour assidue, et il me promettait que je ne perdrais rien à sa mort. Mais comme la chose traînait en longueur, et que le bonhomme vivait plus que Tithon, j'imaginai un chemin plus court pour arriver à l'héritage. J'achète du poison, j'engage l'échanson de Ptéodore à le mêler dans sa coupe, et, quand le vieillard, qui boit volontiers, demanderait à boire, à la tenir prête et à la lui présenter : je lui jure que, s'il le fait ainsi, je lui donnerai sa liberté.
    ZÉNOPHANTE.
    Eh bien ! qu'est-il arrivé ? Il me semble qu'il va se passer quelque chose d'extraordinaire.
    CALLIDÉMIDE.
    Quand nous fûmes revenu du bain, le jeune homme, qui déjà tenait les deux coupes toutes prêtes, l'une où était le poison pour Ptéodore, l'autre pour moi, me présenta, je ne sais par quelle erreur, la coupe empoisonnée, et à Ptéodore celle qui ne l'était pas. Il boit, et moi je tombe aussitôt à la renverse et j'expire à la place du vieillard. Eh quoi ! tu ris, Zénophante ? Tu ne devrais pas te moquer d'un ami !
    ZÉNOPHANTE.
    C'est que l'aventure est plaisante, cher Callidémide ! Et le vieillard ?
    CALLIDÉMIDE.
    D'abord cette mort soudaine le troubla; mais comprenant, je crois, ce qu'il en était, il se mit à rire du tour que m'avait joué l'échanson. ZÉNOPHANTE.
    Tu as eu tort de prendre le chemin le plus court ; la grande route était plus sûre, quoique un peu plus longue.






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    Le chat et les rats

          voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 137; éditions Gallimard.



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    [13] Αἴλουρος καὶ μύες. Ἔν τινι οἰκίᾳ πολλοὶ μύες ἦσαν. Αἴλουρος δὲ τοῦτο γνοὺς ἦκεν ἐνταῦθα καὶ συλλαμϐάνων ἕνα ἕκαστον κατήσθιεν. Οἱ δὲ μύες συνεχῶς ἀναλισκόμενοι κατὰ τῶν ὀπῶν ἔδυνον, καὶ ὁ αἴλουρος μηκέτι αὐτῶν ἐφικνεῖσθαι δυνάμενος, δεῖν ἔγνω δι' ἐπινοίας αὐτοὺς ἐκκαλεῖσθαι. Διόπερ ἀναϐὰς ἐπί τινα πάσσαλον καὶ ἑαυτὸν ἐνθένδε ἀποκρεμάσας προσεποιεῖτο τὸν νεκρόν. Τῶν δὲ μυῶν τις παρακύψας, ὡς ἐθεάσατο αὐτὸν, εἶπεν· "Ἀλλ', ὦ οὗτος, σοί γε, κἂν θύλαψ γένῃ, οὐ προσελεύσομαι." Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι οἱ φρόνιμοι τῶν ἀνθρώπων, ὅταν τῆς ἐνίων μοχθηρίας πειραθῶσιν, οὐκέτι αὐτῶν ταῖς ὑποκρίσεσιν ξαπατῶνται.
                                                                                                                                                                                                                              Esope



    [13] Une maison était infestée de rats. Un chat, l'ayant su, s'y rendit, et, les attrapant l'un après l'autre, il les mangeait. Or les rats, se voyant toujours pris, s'enfonçaient dans leurs trous. Ne pouvant plus les atteindre, le chat pensa qu'il fallait imaginer quelque ruse pour les en faire sortir. C'est pourquoi il grimpa à une cheville de bois et, s'y étant suspendu, il contrefit le mort. Mais un des rats sortant la tête pour regarder, l'aperçut et dit : « Hé ! l'ami, quand tu serais sac, je ne t'approcherais pas. » Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils ont éprouvé la méchanceté de certaines gens, ne se laissent plus tromper à leurs feintes.


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    αἴλουρος, ου (ὁ, ἡ) : chat, chatte.
    ion. αἰέλουρος
    γιγνώσκω (imparf. ἐγίγνωσκον, futur γνώσομαι, aor. 2 ἔγνων, parf. ἔγνωκα, pl. q. parf. ἐγνώκειν ; passif futur γνωσθήσομαι, aor. ἐγνώσθην, parf. ἔγνωσμαι) : apprendre à connaître; comprendre, reconnaître; se rendre compte.
    τοῦτο γνοὺς : l'ayant appris.
    γνῶθι σεαυτόν, Arstt. Rhet. 2, 21 : apprends à te connaître toi-même.
    ἀλλά : souvent dans le dialogue, au sens de eh bien mais ; eh bien !
    ἀγαθὸν εἰ βούλει με καλεῖν, ἀλλὰ βούλομαι, Plat. Gorg. 449 a, veux-tu m’appeler bon ? eh bien mais j’y consens
    Ἀλλ', ὦ οὗτος : eh toi !
    πάσσαλος, néo-att. πάτταλος, ου (ὁ) : piquet ou cheville de bois, clou pour suspendre qqe chose..
    ὑπόκρισις, εως (ἡ) : réponse, feinte, faux-semblant.





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    Le sang-froid est le propre du sage
        
       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 132; éditions Gallimard.




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    Σωκράτης μὲν γάρ, λακτίσαντος αὐτὸν νεανίσκου θρασέος μάλα καὶ βδελυροῦ, τοὺς ἀμφ´ αὑτὸν ὁρῶν ἀγανακτοῦντας καὶ σφαδᾴζοντας ὡς καὶ διώκειν αὐτὸν ἐθέλειν, "ἆρ´," ἔφησε, "καὶ εἴ μ´ ὄνος ἐλάκτισεν, ἀντιλακτίσαι τοῦτον ἠξιώσατ´ ἄν;" οὐ μὴν ἐκεῖνός γε παντελῶς κατεπροίξατο, πάντων δ´ αὐτὸν ὀνειδιζόντων καὶ λακτιστὴν ἀποκαλούντων ἀπήγξατο. Ἀριστοφάνους δέ, ὅτε τὰς Νεφέλας ἐξέφερε, παντοίως πᾶσαν ὕϐριν αὐτοῦ κατασκεδαννύντος, καί τινος τῶν παρόντων "κᾆτα τοιαῦτ´ ἀνακωμῳδοῦντος οὐκ ἀγανακτεῖς" εἰπόντος "ὦ Σώκρατες;" "μὰ Δί´ οὐκ ἔγωγ´," ἔφησεν· "ὡς γὰρ ἐν συμποσίῳ μεγάλῳ τῷ θεάτρῳ σκώπτομαι. " ἀδελφὰ τούτοις καὶ σύζυγα φανήσονται πεποιηκότες Ἀρχύτας ὁ Ταραντῖνος καὶ Πλάτων.
                                                                                                                                      Plutarque, de l'éducation des enfants, 10 C.




    Voyez Socrate. Un jeune insolent, d'une perversité inconcevable, lui avait donné des coups de pied; il vit que ceux qui l'entouraient étaient indignés et trépignaient au point de vouloir poursuivre l'agresseur. «Seriez-vous donc d'avis, dit-il, au cas où un âne m'aurait lancé des ruades, que je lui en rendisse à mon tour ?" Du reste, l'autre n'en fut pas complètement quitte à si bon marché. Tout le monde l'accablant de reproches et l'appelant «l'homme aux ruades», il se pendit. Aristophane, quand il représenta ses Nuées, fit pleuvoir sur le même Socrate toutes les injures imaginables. Pendant que le sage était ainsi joué sur la scène, un des assistants lui dit : «Tu ne t'indignes pas, ô Socrate ? - Non pas, en vérité, répondit-il : le théâtre me semble un grand festin où je suis le point de mire des railleurs». On reconnaîtra une similitude et une concordance parfaite avec ces principes dans ce que firent Archytas de Tarente et Platon.


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    νεανίσκος, ου, m. : jeune homme.
    βδελυρός, ά, όν : impudent, infâme; qui sent mauvais, fétide.
    θρασύς, εῖα, ύ : hardi, résolu; audacieux, arrogant.
    Σωκράτης ... λακτίσαντος αὐτὸν νεανίσκου θρασέος μάλα καὶ βδελυροῦ : un jeune homme particulièrement arrogant et effronté lui ayant donné un coup de pied, Socrate...
    ὄνος, ου : âne.
    παντοίως : de toutes les façons.

    παντελῶς : complètement.
    ἀντιλακτίσα : j'ai riposté (à qqn en donnant des coups de pieds).
    λακτιστής, οῦ, m. : qui rue, le rueur.
    λακτίζω (futur λακτίσω, att. λακτιῶ, aor. ἐλάκτισα, parf. λελάκτικα) : frapper du talon ou du pied, ruer.
    κατασκεδάννυμι, futur κατασκεδάσω, att. κατασκεδῶ : répandre sur + gén.
    κατασκεδαννύς, ύντος : répandant sur.
    μὰ Δία : par Zeus (juron).
    συμπόσιον, ου (τό) : banquet.
    σκώπτομαι : on se moque de moi
    ὡς ἐν συμποσίῳ μεγάλῳ τῷ θεάτρῳ σκώπτομαι : on se moque de moi au théâtre comme on le ferait dans un grand banquet.
    σύζυγος, ος, ον : uni sous le même joug; uni, accouplé.
    φαίνω (futur φανῶ; aor. ἔφηνα, parf. πέφαγκα, parf. 2 πέφηνα ; passif futur φανήσομαι, aor. 1 ἐφάνθην, aor. 2 ἐφάνην, parf. πέφασμαι, ασαι, ανται ou αται, etc.) : faire voir, montrer, manifester.
    ἀδελφός, οῦ (ὁ) : frère; adj. semblable, analogue.
    ἀδελφὰ τούτοις καὶ σύζυγα φανήσονται πεποιηκότες Ἀρχύτας ὁ Ταραντῖνος καὶ Πλάτων : on reconnaîtra une similitude et une concordance parfaite avec ces principes dans ce que firent Archytas de Tarente et Platon.









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    La biche borgne
        
       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 140; éditions Gallimard.




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    [105] Ἔλαφος πηρωθεῖσα.
    Ἔλαφος πηρωθεῖσα τὸν ἕτερον τῶν ὀφθαλμῶν παρεγένετο εἴς τινα εἰγιαλὸν καὶ ἐνταῦθα ἐνέμετο, τὸν μὲν ὁλόκληρον πρὸς τὴν γῆν ἔχουσα καὶ τὴν τῶν κυνηγῶν ἔφοδον παρατηρουμένη, τὸν δὲ πεπηρωμένον πρὸς τὴν θάλασσαν· ἔνθεν γὰρ οὐδένα ὑφωρᾶτο κίνδυνον. Καὶ δή τινες παραπλέοντες ἐκεῖνον τὸν τόπον καὶ θεασάμενοι αὐτὴν κατηυστόχησαν. Καὶ ἐπειδὴ ἐλιποψύχει, εἶπε πρὸς αὑτήν· Ἀλλ' ἐγὼ ἀθλία, ἥτις τὴν γῆν ὡς ἐπίϐουλον φυλαττομένη πολὺ χαλεπωτέραν ἔσχον τὴν θάλασσαν ἐφ' ἣν κατέφυγον.

    Οὕτω πολλάκις παρὰ τὴν ἡμετέραν ὑπόληψιν τὰ μὲν χαλεπὰ τῶν πραγμάτων δοκοῦντα εἶναι ὠφέλιμα εὑρίσκεται, τὰ δὲ σωτήρια νομιζόμενα ἐπισφαλῆ.
                                                                                                                                                                                                                                         Esope, 105




    [105] Une biche qui avait un œil crevé se rendit sur le rivage de la mer et se mit à y paître, tournant son oeil intact vers la terre pour surveiller l'arrivée des chasseurs, et l'oeil mutilé vers la mer, d'où elle ne soupçonnait aucun danger. Mais voilà que des gens qui naviguaient le long de cet endroit l'aperçurent, l'ajustèrent et l'abattirent. Tout en rendant l'âme, elle se dit à elle-même : « Vraiment je suis bien malheureuse; je surveillais la terre que je croyais pleine d'embûches, et la mer, où je comptais trouver un refuge, m'a été beaucoup plus funeste.»

    C'est ainsi que souvent notre attente est trompée : les choses qui nous semblaient fâcheuses tournent à notre avantage, et celles que nous tenions pour salutaires se montrent préjudiciables.



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    Ἀλλ' ἐγὼ ἀθλία : eh bien !
    ἔλαφος, ου (ὁ, ἡ) : cerf, biche.
    πηρόω-ῶ : estropier, mutiler, priver de l’usage d’un ou de plusieurs membres.
    au passif être estropié.
    τὴν χεῖρα πεπηρῶσθαι, Dém. 247, 12 : être manchot.
    λιποψυχέω-ῶ, mieux que λειποψυχέω-ῶ : perdre ses sens, s’évanouir; perdre courage. (λείπω, ψυχή).

    ἄθλιος, α, ον : contr. de l’épq. et ion. ἀέθλιος : qui lutte pour un prix, qui remporte le prix; qui lutte, qui souffre, malheureux, misérable. --- voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
    καταφεύγω (futur καταφεύξομαι, aor.2 κατἔφυγον, parf. καταπέφευγα, passif aor. κατἐφεύχθην, parf. καταπέφυγμαι) : se réfugier.
    Ἀλλ' ἐγὼ ἀθλία, ἥτις τὴν γῆν ὡς ἐπίϐουλον φυλαττομένη πολὺ χαλεπωτέραν ἔσχον τὴν θάλασσαν ἐφ' ἣν κατέφυγον : vraiment je suis bien malheureuse; je surveillais la terre que je croyais pleine d'embûches, et la mer, où je comptais trouver un refuge, m'a été beaucoup plus funeste.

    ὑπόληψις, εως (ἡ) : succession, remplacement; supposition, croyance, conjecture, attente.
    ὠφέλιμος, ος, ον : secourable; utile, avantageux, profitable.
    ἐπισφαλής, ής, ές : sujet à glisser, chancelant, instable, hasardeux, préjudiciable. --- voir dico Bailly
    οὕτω πολλάκις παρὰ τὴν ἡμετέραν ὑπόληψιν τὰ μὲν χαλεπὰ τῶν πραγμάτων δοκοῦντα εἶναι ὠφέλιμα εὑρίσκεται, τὰ δὲ σωτήρια νομιζόμενα ἐπισφαλῆ : c'est ainsi que souvent notre attente est trompée : les choses qui nous semblaient fâcheuses tournent à notre avantage, et celles que nous tenions pour salutaires se montrent préjudiciables.







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    Acccusé de mener une vie dissolue, un Athénien essaie de montrer que sa conduite dans le passé a été irréprochable

       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 141; éditions Gallimard.




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    16 ἐγὼ τοίνυν, ὦ ἄνδρες δικασταί, μεθ᾽ ὑμῶν διατρίϐων ἐν τῇ πόλει τὸν ἅπαντα χρόνον, οὔτε αἰτίαν πονηρὰν οὐδεμίαν πώποτ᾽ ἔλαϐον, οὔτ᾽ ἔγκλημά μοι πρὸς οὐδένα τῶν πολιτῶν γέγονεν, οὐδὲ πέφευγα δίκην οὐδεμίαν, οὐδ᾽ ἕτερον δεδίωχα, ἱπποτροφῶν δὲ διατετέλεκα φιλοτίμως τὸν ἅπαντα χρόνον παρὰ δύναμιν καὶ ὑπὲρ τὴν οὐσίαν τὴν ἐμαυτοῦ. ἐστεφάνωμαι δ᾽ ὑπό τε τῶν ἱππέων πάντων ἀνδραγαθίας ἕνεκα, καὶ ὑπὸ τῶν συναρχόντων.

    17 ὑμεῖς γάρ με, ὦ ἄνδρες δικασταί, πρῶτον μὲν φύλαρχον ἐχειροτονήσατε, ἔπειτα εἰς Λῆμνον ἵππαρχον : καὶ ἦρξα μὲν αὐτόθι δύ᾽ ἔτη τῶν πώποθ᾽ ἱππαρχηκότων μόνος, προσκατέμεινα δὲ αὐτόθι τὸν τρίτον ἐνιαυτόν, οὐ βουλόμενος πολίτας ἄνδρας ἐπὶ κεφαλὴν εἰσπράττειν τὸν μισθὸν τοῖς ἱππεῦσιν ἀπόρως διακειμένους.

    18 καὶ ἐν τούτῳ μοι τῷ χρόνῳ ἔγκλημα μὲν οὐδεὶς τῶν ἐκεῖ ἐνεκάλεσεν οὔτε ἰδίᾳ οὔτε δημοσίᾳ, στεφάνοις δὲ τρισὶν ἐστεφανώθην ὑπὸ τοῦ δήμου τοῦ ἐν Ἡφαιστίᾳ καὶ ἑτέροις ὑπὸ τοῦ ἐν Μυρίνῃ. ἃ χρὴ τεκμήρια ὑμῖν εἶναι εἰς τοῦτον τὸν ἀγῶνα, ὡς ψευδεῖς κατ᾽ ἐμοῦ αἱ αἰτίαι εἰσίν.
                                                                                                                                                                                              Hypéride, pour Lycophon, 16-18




    16 Pour ma part, juges, ayant vécu continuellement parmi vous, dans la cité, je n'ai jamais encouru une accusation infamante, je n'ai mis en accusation aucun de mes concitoyens, je n'ai jamais été traduit en justice, je n'ai exercé de poursuite contre personne. C'est à l'élevage des chevaux que je me suis adonné sans relâche, en y mettant mon point d'honneur, au-delà de mes possibilités et d'une manière qui dépassait mes moyens d'existence.


    17 Quant à vous, juges, vous m'avez élu tout d'abord phylarque, puis hipparque pour Lemnos. Et j'ai exercé mon commandement pendant deux ans. Et, pendant ce temps, aucun des habitants de là-bas n'a intenté d'accusation contre moi, que ce fût à titre privé ou au nom de la cité, mais, à trois reprises, le peuple d'Héphestia m'a attribué une couronne et j'en ai reçu d'autres du peuple de Mérina. Ce sont là des faits qui doivent, pour ce procès,  vous apporter la preuve que les accusations dont je suis l'objet sont mensongères.



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    ἔγκλημα, ατος (τὸ) : chef d’accusation, grief, accusation.
    οὐδεὶς τῶν ἐκεῖ : aucun des habitants de là-bas.

    ἔγκλημα μὲν οὐδεὶς τῶν ἐκεῖ ἐνεκάλεσεν οὔτε ἰδίᾳ οὔτε δημοσίᾳ : aucun des habitants de là-bas n'a intenté d'accusation que ce fût à titre privé ou au nom de la cité.
    δημόσιος, α, ον : de l’État; qui appartient à l’État, public, p. opp. à ἴδιος,.








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    Xerxès, roi de Perse, veut soumettre la Grèce

       voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 142; éditions Gallimard.




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    τοῖς μὲν ναυάρχοις παρήγγειλεν ἀθροίζειν τὰς ναῦς εἰς Κύμην καὶ Φώκαιαν, αὐτὸς δ´ ἐξ ἁπασῶν τῶν σατραπειῶν συναγαγὼν τὰς πεζὰς καὶ ἱππικὰς δυνάμεις, προῆγεν ἐκ τῶν Σούσων. ὡς δ´ ἧκεν εἰς Σάρδεις, κήρυκας ἐξέπεμψεν εἰς τὴν Ἑλλάδα, προστάξας εἰς πάσας τὰς πόλεις ἰέναι καὶ τοὺς Ἕλληνας αἰτεῖν ὕδωρ καὶ γῆν. τὴν δὲ στρατιὰν διελόμενος ἐξαπέστειλε τοὺς ἱκανοὺς ζεῦξαι μὲν τὸν Ἑλλήσποντον, διασκάψαι δὲ τὸν Ἄθω κατὰ τὸν αὐχένα τῆς Χερρονήσου, ἅμα μὲν ταῖς δυνάμεσιν ἀσφαλῆ καὶ σύντομον τὴν διέξοδον ποιούμενος, ἅμα δὲ τῷ μεγέθει τῶν ἔργων ἐλπίζων προκαταπλήξεσθαι τοὺς Ἕλληνας. οἱ μὲν οὖν πεμφθέντες ἐπὶ τὴν κατασκευὴν τῶν ἔργων ταχέως ἤνυον διὰ τὴν πολυχειρίαν τῶν ἐργαζομένων. οἱ δ´ Ἕλληνες πυθόμενοι τὸ μέγεθος τῆς τῶν Περσῶν δυνάμεως, ἐξέπεμψαν εἰς Θετταλίαν μυρίους ὁπλίτας...

    μετὰ δὲ ταῦτα τῶν παρὰ Ξέρξου πρέσϐεων ἐπιόντων τὴν Ἑλλάδα καὶ γῆν καὶ ὕδωρ αἰτούντων, αἱ πόλεις ἅπασαι διὰ τῶν ἀποκρίσεων ἀπεδείκνυντο τὴν περὶ τῆς κοινῆς ἐλευθερίας σπουδήν. Ξέρξης δὲ ὡς ἐπύθετο τὸν Ἑλλήσποντον ἐζεῦχθαι καὶ τὸν Ἄθω διεσκάφθαι, προῆγεν ἐκ τῶν Σάρδεων ἐφ´ Ἑλλησπόντου τὴν πορείαν ποιούμενος· ὡς δὲ ἧκεν εἰς Ἄϐυδον, διὰ τοῦ ζεύγματος τὴν δύναμιν διήγαγεν εἰς τὴν Εὐρώπην.
                                                                                                                     Diodore de Sicile, 11, 2 (passim) et 11, 3 (passim)


    Xerxès ordonna à ses amiraux de concentrer les navires à Kymé et à Phocée; lui-même, après avoir rassemblé l'infanterie et la cavalerie, se mit en marche avec elles au départ de Suze. Une fois parvenu à Sardes, il dépêcha en Grèce des hérauts, leur prescrivant de se rendre dans toutes les villes et de demander aux Grecs l'eau et la terre. Après avoir divisé son armée, il en fit partir un contingent suffisamment important, qui devait, d'une part, construire un pont de bateaux sur l'Hellespont, d'autre part, creuser un canal à travers le massif de l'Athos, là où la Chersonèse forme un isthme : par ce moyen, il permettait à ses troupes de disposer d'un itinéraire sûr et court, mais en même temps, il espérait, par l'étendue de ces travaux, frapper les Grecs d'épouvante avant son arrivée. Ceux-ci, informés de l'importance numérique des troupes perses, envoyèrent en Thessalie dix mille hoplites...

    Après ces événements, quand les envoyés de Xerxès leur demandèrent la terre et l'eau, toutes les cités manifestèrent par leur réponse leur attachement à la liberté commune. Quant à Xerxès, une fois arrivé à Abidos, il fit franchir à son armée le pont de bateaux et la transféra en Europe.



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    τοῖς μὲν ναυάρχοις παρήγγειλεν ἀθροίζειν τὰς ναῦς εἰς Κύμην καὶ Φώκαιαν : ordonna à ses amiraux de concentrer les navires à Kymé et à Phocée.
    παραγγέλλω (aor. παρήγγειλα) : annoncer à côté, c. à d. de l’un à l’autre; faire savoir dans son entourage, transmettre un avis, une nouvelle;  prescrire, ordonner, enjoindre.










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    Le vrai stoïcien




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    Τηρεῖτε οὕτως ἑαυτοὺς ἐν οἷς ἐπράσσετε καὶ εὑρήσετε τίνος ἔσθ´ αἱρέσεως. τοὺς πλείστους ὑμῶν Ἐπικουρείους εὑρήσετε, ὀλίγους τινὰς Περιπατητικοὺς καὶ τούτους ἐκλελυμένους. ποῦ γὰρ ἵν´ ὑμεῖς τὴν ἀρετὴν πᾶσιν τοῖς ἄλλοις ἴσην ἢ καὶ κρείττονα ἔργῳ ὑπολάϐητε; Στωικὸν δὲ δείξατέ μοι, εἴ τινα ἔχητε. ποῦ ἢ πῶς; ἀλλὰ τὰ λογάρια τὰ Στωικὰ λέγοντας μυρίους. τὰ γὰρ Ἐπικούρεια αὐτοὶ οὗτοι χεῖρον λέγουσι; τὰ γὰρ Περιπατητικὰ οὐ καὶ αὐτὰ ὁμοίως ἀκριϐοῦσιν; τίς οὖν ἐστι Στωικός; ὡς λέγομεν ἀνδριάντα Φειδιακὸν τὸν τετυπωμένον κατὰ τὴν τέχνην τὴν Φειδίου, οὕτως τινά μοι δείξατε κατὰ τὰ δόγματα ἃ λαλεῖ τετυπωμένον. δείξατέ μοί τινα νοσοῦντα καὶ εὐτυχοῦντα, κινδυνεύοντα καὶ εὐτυχοῦντα, ἀποθνῄσκοντα καὶ εὐτυχοῦντα, πεφυγαδευμένον καὶ εὐτυχοῦντα, ἀδοξοῦντα καὶ εὐτυχοῦντα. δείξατ´· ἐπιθυμῶ τινα νὴ τοὺς θεοὺς ἰδεῖν Στωικόν. ἀλλ´ οὐκ ἔχετε τὸν τετυπωμένον δεῖξαι· τόν γε τυπούμενον δείξατε, τὸν ἐπὶ ταῦτα κεκλικότα. εὐεργετήσατέ με· μὴ φθονήσητε ἀνθρώπῳ γέροντι ἰδεῖν θέαμα, ὃ μέχρι νῦν οὐκ εἶδον. οἴεσθε ὅτι τὸν Δία τὸν Φειδίου δείξετε ἢ τὴν Ἀθηνᾶν, ἐλεφάντινον καὶ χρυσοῦν κατασκεύασμα. ψυχὴν δειξάτω τις ὑμῶν ἀνθρώπου θέλοντος ὁμογνωμονῆσαι τῷ θεῷ καὶ μηκέτι μήτε θεὸν μήτ´ ἄνθρωπον μέμφεσθαι, μὴ ἀποτυχεῖν τινος, μὴ περιπεσεῖν τινι, μὴ ὀργισθῆναι, μὴ φθονῆσαι, μὴ ζηλοτυπῆσαι (τί γὰρ δεῖ περιπλέκειν;), θεὸν ἐξ ἀνθρώπου ἐπιθυμοῦντα γενέσθαι καὶ ἐν τῷ σωματίῳ τούτῳ τῷ νεκρῷ περὶ τῆς πρὸς τὸν Δία κοινωνίας βουλευόμενον. δείξατε. ἀλλὰ οὐκ ἔχετε.
                                                                                                                                                                           Arrien, les entretiens d'Epictète, 2, 19



    Observez-vous vous-mêmes d'après cela quand vous agissez, et vous trouverez à quelle Ecole vous appartenez. Vous trouverez que la plupart d'entre vous sont Epicuriens, quelques-uns Péripatéticiens, mais bien relâchés ceux-là. Où est-ce, en effet, que dans la pratique vous tenez la vertu pour égale et même supérieure à tout le reste! Montrez-moi un Stoïcien, si vous en avez un. Où, et comment le feriez-vous ? Vous me montrerez, il est vrai, des milliers d'individus parlant le langage du Stoïcisme. Mais ces mêmes gens parlent-ils moins bien le langage d'Epicure ? N'expliquent-ils pas aussi parfaitement le Péripatétisme lui-même ? Où donc est le Stoïcien ? De même que nous appelons statues Phidiaques celles qui sont faites d'après le système de Phidias, montrez-moi un homme qui se trouve fait sur le patron des maximes qu'il énonce en babillant. Montrez-moi un homme qui soit à la fois malade et heureux, en péril et heureux, mourant et heureux, exilé et heureux, flétri et heureux. Montrez-le moi. De par tous les dieux, je voudrais voir un Stoïcien ! Si vous ne pouvez m'en montrer un tout fait, montrez-m'en un qui soit en train de se faire, un qui penche vers cette manière d'être. Soyez bons pour moi. Ne refusez pas à ma vieillesse la vue d'un spectacle que je n'ai pas encore eu sous les yeux. Croyez-vous que ce que vous avez à me montrer, ce soit le Jupiter ou la Minerve de Phidias, ouvrages d'or et d'ivoire ? Non. Que quelqu'un d'entre vous me montre une âme d'homme, qui veuille être en communauté de pensées avec Dieu, n'accuser ni Dieu ni homme, n'être frustrée de rien, n'aller se heurter contre rien, n'avoir ni colère, ni haine, ni jalousie; une âme qui veuille (car à quoi bon tant d'ambages) devenir un Dieu au lieu d'un homme, et qui songe, dans ce misérable corps périssable, à vivre en société avec Jupiter. Montrez-m'en une. Vous ne le pouvez pas.



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    τηρέω-ῶ (futur -ήσω, aor. ἐτήρησα, parf. τετήρηκα) : avoir la garde de, veiller sur; observer, épier, guetter.
    πράσσω, att. réc. πράττω (futur πράξω, aor. ἔπραξα, parf. πέπραχα, πέπραγα; passif futur πραχθήσομαι, f. πραγήσομαι, aor. ἐπράχθην, aor. 2 ἐπράγην  parf. πέπραγμαι : aller à travers, traverser, faire, exécuter; faire payer.
    τὰ ἑαυτοῦ πράττειν : s’occuper de ses propres affaires; ne pas faire de politique.
    εὖ πράττειν, Pd. O. 4, 7, etc. ; Eschl. Sept. 77 ; Hdt. 1, 24, etc. : faire bien ses affaires, réussir, être heureux.
    πράττειν κακῶς : échouer.
    αἵρεσις, εως (ἡ) : action de prendre; choix.
    ἐκλύω : délier, c. à d. délivrer, affranchir.
    ἐκλύεσθαι : être relâché, être épuisé.
    ἔχω (imparf. εἶχον ; fut. ἕξωou σχήσω ; aor. 2 ἔσχον, d’où impér. σχές, sbj. σχῶ, opt. σχοίην, inf. σχεῖν, part. σχών ;
    parf. ἔσχηκα ; pl. q. pf. ἐσχήκειν. Pass. prés. ἔχομαι, imparf. εἰχόμην, f. ἕξομαι, aor. ἐσχέθην, parf. ἔσχημαι : tenir, avoir, garder;
    ἔχειν τι χερσίν, Il. 1, 463 ; ἐν χερσίν, Il. 18, 105 ; Eschl. fr. 51 ; μετὰ χερσίν, Il. 11, 484 ; διὰ χερῶν, Eschl. Suppl. 193 ; ou διὰ χειρός, Thc.
    2, 13, 76 : porter qqe ch. dans les mains.
    πρός τινα τὸν νοῦν ἔχειν, Thc. 3, 22 ; ou πρός τινα τὴν γνώμην ἔχειν, Thc. 3, 25 ; πρός τι τὸν νοῦν ἔχειν, Thc. 7, 19 ; ou ἐπί τινι, Att. porter son attention, son esprit sur qqn ou sur qqe ch. ; abs. à l’impér. ἔχε au sens de ἄγε, allons ! eh bien ! voyons ! d’ord. avec une particule : ἔχε
    δὴ καλῶς γὰρ λέγεις, Plat. Gorg. 460 a, eh bien, voyons, car tu parles bien.
    εὖ ἔχειν, Od. 24, 245 ; Plat. Rsp. 330 a, etc. ; καλῶς ἔχειν, Soph. El. 816, etc. : être en bon état, se bien porter.
    οὕτως ἔχει (s. e. τὰ πράγματα) Xén. Cyr. 2, 1, 8, etc. ; AR. Pl. 110, etc. il en est ainsi ; οὕτως ἐχόντων, Xén. An. 3, 2, 10 ; ou ὡς οὕτως ἐχόντων, Hdt. 8, 144 ; ou ὡς ὧδ’ ἐχόντων, Hdt. 1, 126 ; Soph. Aj. 981 : les affaires étant ainsi (lat. cum res ita se habeant)..






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    La pratique de l'agriculture selon Socrate

      voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 146; éditions Gallimard.



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    (8) καὶ δραμεῖν δὲ καὶ βαλεῖν καὶ πηδῆσαι τίς ἱκανωτέρους τέχνη γεωργίας παρέχεται; τίς δὲ τοῖς ἐργαζομένοις πλείω τέχνη ἀντιχαρίζεται; τίς δὲ ἥδιον τὸν ἐπιμελόμενον δέχεται προτείνουσα προσιόντι λαβεῖν ὅ τι χρῄζει; τίς δὲ ξένους ἀφθονώτερον δέχεται; (9) χειμάσαι δὲ πυρὶ ἀφθόνῳ καὶ θερμοῖς λουτροῖς ποῦ πλείων εὐμάρεια ἢ ἐν χώρῳ τῳ; ποῦ δὲ ἥδιον θερίσαι ὕδασί τε καὶ πνεύμασι καὶ σκιαῖς ἢ κατ' ἀγρόν; (10) τίς δὲ ἄλλη θεοῖς ἀπαρχὰς πρεπωδεστέρας παρέχει ἢ ἑορτὰς πληρεστέρας ἀποδεικνύει; τίς δὲ οἰκέταις προσφιλεστέρα ἢ γυναικὶ ἡδίων ἢ τέκνοις ποθεινοτέρα ἢ φίλοις εὐχαριστοτέρα; (11) ἐμοὶ μὲν θαυμαστὸν δοκεῖ εἶναι εἴ τις ἐλεύθερος ἄνθρωπος ἢ κτῆμά τι τούτου ἥδιον κέκτηται ἢ ἐπιμέλειαν ἡδίω τινὰ ταύτης ηὕρηκεν ἢ ὠφελιμωτέραν εἰς τὸν βίον.

    (12) ἔτι δὲ ἡ γῆ θεὸς οὖσα τοὺς δυναμένους καταμανθάνειν καὶ δικαιοσύνην διδάσκει· τοὺς γὰρ ἄριστα θεραπεύοντας αὐτὴν πλεῖστα ἀγαθὰ ἀντιποιεῖ. (13) ἐὰν δ' ἄρα καὶ ὑπὸ πλήθους ποτὲ στρατευμάτων τῶν ἔργων στερηθῶσιν οἱ ἐν τῇ γεωργίᾳ ἀναστρεφόμενοι καὶ σφοδρῶς καὶ ἀνδρικῶς παιδευόμενοι, οὗτοι εὖ παρεσκευασμένοι καὶ τὰς ψυχὰς καὶ τὰ σώματα, ἂν μὴ θεὸς ἀποκωλύῃ, δύνανται ἰόντες εἰς τὰς τῶν ἀποκωλυόντων λαμϐάνειν ἀφ' ὧν θρέψονται. πολλάκις δ' ἐν τῷ πολέμῳ καὶ ἀσφαλέστερόν ἐστι σὺν τοῖς ὅπλοις τὴν τροφὴν μαστεύειν ἢ σὺν τοῖς γεωργικοῖς ὀργάνοις.
                                                                                                                                                                              Xénophon, Economique 5, 8-13.


    Quel art paie plus généreusement de retour ceux qui l'exercent ? Lequel accueille plus agréablement celui qui s'y adonne ? Pour passer l'hiver avec un bon feu et des bains chauds, où peut-on trouver plus de commodité que dans un domaine de campagne ? Où peut-on passer l'été plus plaisamment  qu'aux champs  en jouissant de la fraîcheur des eaux, des souffles du vent et de l'ombre ? Quel autre métier permet d'offrir aux dieux  des prémices plus dignes d'eux ou de célébrer des fêtes plus sompteuses ?  Quel art est plus attrayant pour des serviteurs, plus agréable pour une femme, plus désirable pour des enfants,  plus de charme pour les amis ?   Il me paraît surprenant qu'un homme de condition libre  puisse posséder un bien plus plaisant que celui-ci ou qu'il ait trouvé une activité plus plaisante que celle-ci  et plus avantageuse pour son existence.

    (12) En outre la terre, étant une déesse, enseigne aussi la justice à ceux qui peuvent s'en instruire, car à ceux qui l'entourent de la plus grande sollicitude, elle accorde en retour de très nombreux avantages.



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    ἀντιχαρίζομαι : témoigner en retour sa reconnaissance.
    ἐργάζομαι : accomplir, pratiquer (un art, un métier).
    ἄφθονος, ος, ον : qui n’envie pas, exempt d’envie; libéral, bienfaisant; abondant, copieux.
    ἄφθονα πάντα παρέσται, Hh. Ap. 536 : tous les biens seront fournis en abondance.
    εὐμάρεια, ας (ἡ) : commodité, facilité.
    εὐμαρειά (ἐστιν) χειμάσαι : il est commode de passer l'hiver.
    χειμάσαι δὲ πυρὶ ἀφθόνῳ καὶ θερμοῖς λουτροῖς ποῦ πλείων εὐμάρεια ἢ ἐν χώρῳ τῳ (= τινί) : en hiver, où trouvera-t-on plus de facilité qu'à la campagne pour avoir un bon feu et des bains chauds ?
    χῶρος, ου (ὁ) : espace; emplacement déterminé, lieu limité; domaine (de campagne).
    προσφιλής, ής, ές : plein d’amitié ou de bienveillance pour; attrayant.
    τίς δὲ (τέχνη) οἰκέταις προσφιλεστέρα : lequel (métier) est plus attrayant.
    εὔχαρις, ις, ι, gén. ιτος : gracieux, qui a bonne grâce, aimable; agréable, charmant.
    (τέχνη) εὐχαριστοτέρα : métier plus charmant.









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    Excellence des lois de Minos

      voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 166; éditions Gallimard.

    ΣΩΚΡΑΤΗΣ

    Τίς δὲ λέγεται τῶν παλαιῶν βασιλέων ἀγαθὸς νομοθέτης γεγονέναι, οὗ ἔτι καὶ νῦν τὰ νόμιμα μένει ὡς θεῖα ὄντα;

    ΕΤΑΙΡΟΣ
    Οὐκ ἐννοῶ.

    ΣΩΚΡΑΤΗΣ
    Οὐκ οἶσθα τίνες παλαιοτάτοις νόμοις χρῶνται τῶν Ἑλλήνων;

    ΕΤΑΙΡΟΣ
    Ἆρα Λακεδαιμονίους λέγεις καὶ Λυκοῦργον τὸν νομοθέτην;

    ΣΩΚΡΑΤΗΣ
    Ἀλλὰ ταῦτά γε οὐδέπω ἴσως ἔτη τριακόσια ἢ ὀλίγῳ τούτων πλείω. ἀλλὰ τούτων τῶν νομίμων τὰ βέλτιστα πόθεν (318d) ἥκει; Οἶσθα;

    ΕΤΑΙΡΟΣ
    Φασί γε ἐκ Κρήτης.

    ΣΩΚΡΑΤΗΣ
    Οὐκοῦν οὗτοι παλαιοτάτοις νόμοις χρῶνται τῶν Ἑλλήνων;

    ΕΤΑΙΡΟΣ
    Ναί.

    ΣΩΚΡΑΤΗΣ
    Οἶσθα οὖν τίνες τούτων ἀγαθοὶ βασιλῆς ἦσαν; Μίνως καὶ Ῥαδάμανθυς, οἱ Διὸς καὶ Εὐρώπης παῖδες, ὧν οἵδε εἰσὶν οἱ νόμοι.

    ΕΤΑΙΡΟΣ
    Ῥαδάμανθύν γέ φασιν, ὦ Σώκρατες, δίκαιον ἄνδρα, τὸν δὲ Μίνων ἄγριόν τινα καὶ χαλεπὸν καὶ ἄδικον.

    ΣΩΚΡΑΤΗΣ
    Ἀττικόν, ὦ βέλτιστε, λέγεις μῦθον καὶ τραγικόν. [...] Ὅμηρος γὰρ περὶ Κρήτης λέγων ὅτι πολλοὶ ἄνθρωποι ἐν αὐτῇ εἰσιν καὶ ἐνενήκοντα πόληες, τῇσι δέ, φησίν· Ἔνι Κνωσὸς μεγάλη πόλις, ἔνθα τε Μίνως ἐννέωρος βασίλευε Διὸς μεγάλου ὀαριστής. [...] Καὶ Ὀδυσσείας ἐν Νεκυίᾳ δικάζοντα χρυσοῦν σκῆπτρον ἔχοντα πεποίηκε τὸν Μίνων.
                                                                                                                                     Platon, Minos 318 et 319 (passim).


    ἀγαθὸς νομοθέτης : bon législateur.
    ἔτι καὶ νῦν : encore maintenant.
    οὐδέπω : ne ... pas encore.

    ταῦτά γε οὐδέπω ἴσως ἔτη τριακόσια ἢ ὀλίγῳ τούτων πλείω : ce sont là des textes de lois qui, peut-être, ne remontent pas encore à trois cents ans ou à peine au-delà.
    τὰ νόμιμα μένει ὡς θεῖα ὄντα : les prescriptions demeurent comme divines.
    Ἆρα Λακεδαιμονίους λέγεις καὶ Λυκοῦργον τὸν νομοθέτην; : Veux-tu parler des Lacédémoniens et de Lycurgue, leur législateur ?
    ὧν οἵδε εἰσὶν οἱ νόμοι : c'est à eux que l'on doit ces lois.
    ὀαριστής, οῦ (ὁ) : qui vit en commerce intime avec, compagnon familier; familier avec.
    Διὸς μεγάλου ὀαριστής : confident du grand Zeus..



    Socrate
    Quel est, parmi les anciens rois, celui qui passe pour avoir été un bon législateur et dont les prescriptions subsistent encore aujourd'hui, parce qu'on les considèrent comme divines ?
    le disciple
    Je ne comprends pas.
    Socrate
    Ne sais-tu pas quels sont les peuples parmi les Grecs qui possèdent les lois très anciennes ?
    le disciple
    Veux-tu parler des Lacédémoniens et de Lycurgue, leur législateur ?
    Socrate
    Voyons ! Ce sont là  des textes de lois qui, peut-être, ne remontent pas encore à trois cents ans ou à peine au-delà. Mais les meilleures de ces prescriptions, d'où viennent-elles ? Le sais-tu ? 
    le disciple
    On dit que c'est de Crète.
    Socrate
    Sais-tu quels ont été les bons rois de ces peuples ? Minos et Rhadamanthe, fils de Zeus et d'Europe; c'est à eux que l'on doit ces lois.
    le disciple
    Rhadamanthe était, dit-on, un homme juste, mais Minos quelqu'un de farouche, de peu accommodant et d'injuste.
    Socrate
    C'est une légende attique, mon cher, dont tu me parles, d'une légende faite pour la tragédie. En effet, Homère, disant de la Crète qu'elle a une population nombreuse et "quatre-vingt dix villes" et ajoute : ""parmi elles, Cnossos, une grande cité où régnait Minos, tous les neuf ans confident du grand Zeus". Et  dans l'évocation des morts de l'Odyssée, il a représenté Minos en train de juger, le sceptre d'or entre les mains.
     






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    L'éducation du jeune Athénien.
         
          voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 189; éditions Gallimard.




    οἵ τ᾽ αὖ κιθαρισταί, ἕτερα τοιαῦτα, σωφροσύνης τε ἐπιμελοῦνται καὶ ὅπως ἂν οἱ νέοι μηδὲν κακουργῶσιν · πρὸς δὲ τούτοις, ἐπειδὰν κιθαρίζειν μάθωσιν, ἄλλων αὖ ποιητῶν ἀγαθῶν ποιήματα διδάσκουσι μελοποιῶν, εἰς τὰ [326b] κιθαρίσματα ἐντείνοντες, καὶ τοὺς ῥυθμούς τε καὶ τὰς ἁρμονίας ἀναγκάζουσιν οἰκειοῦσθαι ταῖς ψυχαῖς τῶν παίδων, ἵνα ἡμερώτεροί τε ὦσιν, καὶ εὐρυθμότεροι καὶ εὐαρμοστότεροι γιγνόμενοι χρήσιμοι ὦσιν εἰς τὸ λέγειν τε καὶ πράττειν
    · πᾶς γὰρ ὁ βίος τοῦ ἀνθρώπου εὐρυθμίας τε καὶ εὐαρμοστίας δεῖται.

    ἔτι τοίνυν πρὸς τούτοις εἰς παιδοτρίϐου πέμπουσιν, ἵνα τὰ σώματα βελτίω ἔχοντες ὑπηρετῶσι τῇ διανοίᾳ χρηστῇ [326c] οὔσῃ, καὶ μὴ ἀναγκάζωνται ἀποδειλιᾶν διὰ τὴν πονηρίαν τῶν σωμάτων καὶ ἐν τοῖς πολέμοις καὶ ἐν ταῖς ἄλλαις πράξεσιν. καὶ ταῦτα ποιοῦσιν οἱ μάλιστα δυνάμενοι μάλιστα· μάλιστα δὲ δύνανται οἱ πλουσιώτατοι· καὶ οἱ τούτων ὑεῖς, πρῳαίτατα εἰς διδασκάλων τῆς ἡλικίας ἀρξάμενοι φοιτᾶν, ὀψιαίτατα ἀπαλλάττονται.

    ἐπειδὰν δὲ ἐκ διδασκάλων ἀπαλλαγῶσιν, ἡ πόλις αὖ τούς τε νόμους ἀναγκάζει μανθάνειν καὶ κατὰ τούτους ζῆν κατὰ παράδειγμα, [326d] ἵνα μὴ αὐτοὶ ἐφ᾽ αὑτῶν εἰκῇ πράττωσιν, ἀλλ᾽ ἀτεχνῶς ὥσπερ οἱ γραμματισταὶ τοῖς μήπω δεινοῖς γράφειν τῶν παίδων ὑπογράψαντες γραμμὰς τῇ γραφίδι οὕτω τὸ γραμματεῖον διδόασιν καὶ ἀναγκάζουσι γράφειν κατὰ τὴν ὑφήγησιν τῶν γραμμῶν, ὣς δὲ καὶ ἡ πόλις νόμους ὑπογράψασα, ἀγαθῶν καὶ παλαιῶν νομοθετῶν εὑρήματα, κατὰ τούτους ἀναγκάζει καὶ ἄρχειν καὶ ἄρχεσθαι, ὃς δ᾽ ἂν ἐκτὸς βαίνῃ τούτων, κολάζει.
                                                                                                                                                                                                Platon, Protagoras, 326.





    Les citharistes, à leur tour, prennent le même soin s'inspirer la sagesse à l'enfant et de le détourner du mal; en outre quand l'élève sait jouer de son instrument, le maître lui fait connaître d'autres belles œuvres, celles des poètes lyriques, qu'il lui fait exécuter sur la cithare, obligeant ainsi les âmes des enfants à se pénétrer des rythmes et des mélodies, à se les assimiler de telle sorte qu'ils deviennent plus apprivoisés et que, sous l'influence du rythme et de l'harmonie, ils se forment à la parole et à l'action : car toute la vie humaine a besoin d'harmonie et de rythme.

    Plus tard encore, on envoie l'enfant chez le pédotribe, afin que son intelligence une fois formée ait à son service un corps également sain, et qu'il ne soit pas forcé par sa défaillance physique à reculer devant les devoirs de la guerre et devant le autres formes de l'action. Les plus empressés à suivre cet usage sont ceux qui en ont le plus les moyens; or ceux-là, ce sont les plus riches : les fils de riches, envoyés dans les écoles plus tôt que les autres, en sotent plus tard.

    Quand ils sont libérés de l'école, la cité à son tour les force à apprendre les lois et à y conformer leur vie. Elle ne leur permet pas d'agir librement à leur fantaisie; mais, de même que le maître d'écriture, pour les enfants qui ne savent pas encore écrire, trace d'abord les lettres avec son stylet et leur remet ensuite la page où ils devront suivre docilement l'esquisse des lettres; ainsi la cité, traçant à l'avance le texte des lois, œuvre des bons et anciens législateurs, oblige ceux qui commandent et ceux qui obéissent à s'y conformer. Celui qui s'en écarte est frappé d'une sanction, et cette sanction, redressement opéré par la justice, s'appelle chez vous comme ailleurs la reddition de comptes. Et c'est en présence d'un tel effort public et privé en faveur de la vertu que tu te récries, Socrate, et que tu te demandes si la vertu peut s'enseigner ? L'étonnant, ce serait bien plutôt qu'elle ne pût pas s'enseigner.

             trad. Alfred Croiset et Louis Bodin; éd. les belles lettres





    κιθαριστής, οῦ (ὁ) : joueur de cithare.
    τοίνυν : certes en effet, certes; donc, ainsi donc.
    ἔλεγες τοίνυν δὴ ὅτι, Plat. Gorg. 459 a : tu disais donc justement que ...
    εἰς παιδοτρίϐου : chez le pédotribe (le maître de gymnastique)

    ἵνα τὰ σώματα βελτίω ἔχοντες ὑπηρετῶσι τῇ διανοίᾳ χρηστῇ οὔσῃ : afin qu'améliorant l'état de leur corps, ils se mettent au service d'une intelligence bien formée.
    χρηστός, ή, όν : dont on peut se servir, de bonne qualité, bien formé.
    διάνοια, ας (ἡ) : intelligence, pensée.
    τῇ διανοίᾳ χρηστῇ οὔσῃ : d'une intelligence bien formée.
    δέω (imparf. ἔδεον, futur δεήσω, aor. ἐδέησα, parf. δεδέηκα): manquer, avoir besoin de.
    moyen δέομαι (futur δεήσομαι, aor. ἐδεήθην, parf. δεδέημαι) : avoir besoin (τινος : de qqn ou de qqe chose).
    οἱ μάλιστα δυνάμενοι : ceux qui ont le plus de moyens.
    πᾶς γὰρ ὁ βίος τοῦ ἀνθρώπου εὐρυθμίας τε καὶ εὐαρμοστίας δεῖται : car toute la vie humaine a besoin de rythme et d'harmonie.
    εἰς διδασκάλων : chez les maîtres d'école.
    πώ, adv. encl. : encore, de quelque manière.
    οὔπω, μήπω : pas encore.
    οὐδέπω, μηδέπω : pas encore.
    οὐπώποτε, μηπώποτε : encore jamais.


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    Connais-toi toi-même.

         voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 217; éditions Gallimard.




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    Σχεδὸν γάρ τι ἔγωγε αὐτὸ τοῦτό φημι εἶναι σωφροσύνην, τὸ γιγνώσκειν ἑαυτόν, καὶ συμφέρομαι τῷ ἐν Δελφοῖς ἀναθέντι τὸ τοιοῦτον γράμμα. Καὶ γὰρ τοῦτο οὕτω μοι δοκεῖ τὸ γράμμα ἀνακεῖσθαι, ὡς δὴ πρόσρησις οὖσα τοῦ θεοῦ τῶν εἰσιόντων ἀντὶ τοῦ χαῖρε, ὡς (164e) τούτου μὲν οὐκ ὀρθοῦ ὄντος τοῦ προσρήματος, τοῦ χαίρειν, οὐδὲ δεῖν τοῦτο παρακελεύεσθαι ἀλλήλοις ἀλλὰ σωφρονεῖν. Οὕτω μὲν δὴ ὁ θεὸς προσαγορεύει τοὺς εἰσιόντας εἰς τὸ ἱερὸν διαφέρον τι ἢ οἱ ἄνθρωποι, ὡς διανοούμενος ἀνέθηκεν ὁ ἀναθείς, ὥς μοι δοκεῖ· καὶ λέγει πρὸς τὸν ἀεὶ εἰσιόντα οὐκ ἄλλο τι ἢ Σωφρόνει, φησίν. Αἰνιγματωδέστερον δὲ δή, ὡς μάντις, λέγει· τὸ γὰρ Γνῶθι σαυτόν καὶ τὸ Σωφρόνει ἔστιν (165a) μὲν ταὐτόν, ὡς τὰ γράμματά φησιν καὶ ἐγώ, τάχα δ' ἄν τις οἰηθείη ἄλλο εἶναι, ὃ δή μοι δοκοῦσιν παθεῖν καὶ οἱ τὰ ὕστερον γράμματα ἀναθέντες, τό τε μηδὲν ἄγαν καὶ τὸ Ἐγγύη πάρα δ' ἄτη. Καὶ γὰρ οὗτοι συμϐουλὴν ᾠήθησαν εἶναι τὸ Γνῶθι σαυτόν, ἀλλ' οὐ τῶν εἰσιόντων (ἕνεκεν) ὑπὸ τοῦ θεοῦ πρόσρησιν· εἶθ' ἵνα δὴ καὶ σφεῖς μηδὲν ἧττον συμϐουλὰς χρησίμους ἀναθεῖεν, ταῦτα γράψαντες ἀνέθεσαν. Οὗ δὴ οὖν ἕνεκα λέγω, ὦ Σώκρατες, ταῦτα πάντα, τόδ' ἐστίν· τὰ μὲν (165b) ἔμπροσθέν σοι πάντα ἀφίημι - ἴσως μὲν γάρ τι σὺ ἔλεγες περὶ αὐτῶν ὀρθότερον, ἴσως δ' ἐγώ, σαφὲς δ' οὐδὲν πάνυ ἦν ὧν ἐλέγομεν - νῦν δ' ἐθέλω τούτου σοι διδόναι λόγον, εἰ μὴ ὁμολογεῖς σωφροσύνην εἶναι τὸ γιγνώσκειν αὐτὸν ἑαυτόν.
                                                                                                                                                                         Platon, Charmide, 164d ...


     Je prétends pour ma part que c'est équilibre de l'âme que de se connaîtrre soi-même et j'approuve pleinement celui qui, à Delphes, a fait graver cette inscription. En effet, cette inscription me semble être là exactement comme un salut donné par le dieu à ceux qui entrent dans le temple, au lieu du traditionnel "bonjour". Et, c'est bien sûr, ainsi, de la part du dieu une façon de s'adresser aux visiteurs du temple bien supérieure à celle des hommes; voilà ce qu'avait en tête, à mon avis, celui qui fit graver cette inscription. Et le dieu à chaque arrivant ne dit rien d'autre que : "trouve ton équilibre". Mais, bien sûr, en devin qu'il est, il le dit d'une façon plus énigmatique. Car "trouve ton équilibre" et "connais-toi toi même", c'est bien la même chose, comme je le soutiens en accord avec l'inscription, mais l'on pourrait croire que c'est chose différente et c'est ce qui est arrivé à ceux qui plus tard ont fait graver d'autres inscriptions. Car ils ont cru que "connais-toi toi-même" était un conseil et non un salut du dieu aux arrivants. Ensuite, pour apporter des conseils qui fussent tout aussi utiles, ils firent graver des inscriptions allant dans ce sens. L'intention de tout ce discours, Socrate, la voici : je renonce, en ta faveur, à tous mes propos antérieurs; peut-être était-ce toi qui avais raison, peut-être était-ce moi, mais rien n'était bien clair dans nos affirmations. Mais je veux argumenter avec toi si tu ne conviens pas que la connaissance qu'on a de soi-même est équilibre de l'âme.




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    σχεδόν, adv. litt. en tenant à, d’où proche, près; presque.
    σωφροσύνη, ης (ἡ) : litt. état sain de l’esprit ou du cœur; bon sens, prudence, sagesse.  ---
    voir dico Bailly version établie par Gérard Gréco
    ὁμολογέω-ῶ (imparf. ὡμολόγουν, futur ὁμολογήσω, aor. ὡμολόγησα, parf. ὡμολόγηκα; pl.q.parf. ὡμολογήκειν; passif futur ὁμολογηθήσομαι, aor. ὡμολογήθην, parf. ὡμολόγημαι, pl.q.parf. ὡμολογήμην): être d’accord.

    ἔμπροσθέν :  devant, avant, précédemment.
    ἀφίημι (imparf. ἀφίην ou ἠφίην, futur ἀφήσω, aor.1 ἀφῆκα, parf. ἀφεῖκα; passif ἀφίεμαι, imparf. ἀφιέμην, ou ἠφιέμην, futur ἀφεθήσομαι, aor. ἀφείθην, parf. ἀφεῖμαι, pl.q.parf. ἀφείμην : lâcher, abandonner, rejeter.
    οὗ δὴ οὖν ἕνεκα λέγω, ὦ Σώκρατες, ταῦτα πάντα, τόδ' ἐστίν· τὰ μὲν ἔμπροσθέν σοι πάντα ἀφίημι : pour quelle raison je te dis tout cela, Socrate, le voici : tout ce qui a été dit précédemment, je te l'abandonne.
    νῦν δ' ἐθέλω τούτου σοι διδόναι λόγον, εἰ μὴ ὁμολογεῖς σωφροσύνην εἶναι τὸ γιγνώσκειν αὐτὸν ἑαυτόν : mais à présent, je suis prêt à m'expliquer avec toi, si tu n'admets pas qu'être sage, c'est se connaître soi-même.




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    Les cieux racontent la gloire de Dieu

        voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 224; éditions Gallimard.



     


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    1. « Oἱ οὐρανοὶ διηγοῦνται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ.» 2. Πῶς, εἰπέ μοι, διηγοῦνται; φωνὴν οὐκ ἔχουσι, στόμα οὐ κέκτηνται, γλῶττα παρ’ αὑτοῖς οὐκ ἔστι· πῶς οὖν διηγοῦνται ; διὰ τῆς ὄψεως αὐτῆς.   […]  3. Σιγᾷ  ὁ οὐρανὸς, ἀλλ᾽ ἡ ὄψις αὐτοῦ φωνὴν σάλπιγγος λαμπροτέραν ἀφίησι, δι’ ὀφθαλμῶν ἡμᾶς, οὐ δι’ἀκοῆς, παιδεύουσα.  […]  4.  Εἰ μὲν γὰρ  διὰ  βιϐλίων ἐπαίδευσε καὶ διὰ γραμμάτων, ὁ μὲν εἰδὼς γράμματα ἔμαθεν ἂν τὰ γεγραμμένα, ὁ ὃὲ οὐχ εἰδὼς ἀπῆλθεν ἂν μηδὲν ἐκεῖθεν ὠφεληθείς, εἰ μή τις ἐνήγαγεν ἕτερος.  5. Καὶ ὃ μὲν εὔπορος ἐπρίατο ἂν τὸ βιϐλίον, ὁ δὲ πένης οὐχ ἂν ἴσχυσε κτήσασθαι.  […]  6.  ἐπὶ δὲ τοῦ οὐρανοῦ οὐκ ἔστι τοῦτο εἰπεῖν·  ἀλλὰ καὶ Σκύθης, καὶ βάρϐαρος, καὶ Ἰνδός, καὶ Αἰγύπτιος, καὶ πᾶς ἄνθρωπος ἐπὶ τῆς γῆς βαδίζων ταύτης, ἀκούσεται τῆς φωνῆς· 7. οὐ γὰρ δι’ ὥτων, ἀλλὰ καὶ δὶ ὄψεως εἰς τὴν διάνοιαν ἐμπίπτει τὴν ἡμετέραν. […]. ..
    1. "Les cieux racontent la gloire de Dieu". 2. Comment, dis-moi, la racontent-t-ils ? ils n'ont pas de voix, ils ne possèdent pas de bouche, ils ne disposent pas de langue : comment donc racontent-ils la gloire de Dieu ? 3. Silencieux est le ciel, mais le spectacle qu'il offre emet un son plus éclatant que celui de la trompette; c'est par les yeux, ce n'est pas par l'ouïe qu'il nous instruit. 4. S'il nous avait instruit par l'intermédiaire des livres et de l'écriture, celui qui connaît l'écriture aurait compris le texte écrit, mais celui qui ne la connaît pas se serait éloigné sans en avoir tiré aucun profit, s'il n'y avait eu personne d'autre pour lui donner des conseils. 5. Et le riche aurait acheté le livre, le pauvre, lui, n'aurait pas été en mesure de l'acquérir. 6. Quand il s'agit du ciel, on ne peut pas en dire autant; mais un Scythe, un barbare, un Indien un Egyptien, tout homme qui chemine sur la terre entendra cette voix; 7. car ce n'est pas par les oreilles, mais par la vue qu'elle parvient à notre entendement.


    Saint Jean Chrysostome,  Neuvième Homélie au peuple d’Antioche.


    διηγέομαι-οῦμαι (futur διἡγήσομαι, aor. διἡγησάμην, parf. διἥγημαι) : exposer en détail, raconter, décrire.
    οὐρανός, οῦ (ὁ) : le ciel.
    σάλπιγξ, ιγγος (ἡ) : trompette.
    φωνή, ῆς (ἡ) : son, son clair et fort; voix.
    στόμα, ατος (τὸ) : la bouche.
    ὀφθαλμός, οῦ (ὁ) : l'œil.
    ἀκοή, ῆς (ἡ) : l'ouïe; oreille, organe de l’ouïe.
    παιδεύω (futur παιδεύσω, aor. ἐπαίδευσα, parf. πεπαίδευκα) : élever un enfant; élever, instruire, former.


    εὔπορος, ος, ον : riche, qui a des ressources.
    πρίαμαι (seul. aor.2 ἐπριάμην,  impér. πρίασο, inf. πρίασθαι) : acheter.
    πένης, ητος, adj. m.  : pauvre, indigent.
    ἰσχύω (futur ἰσχύσω, aor. ἴσχυσα, parf. ἴσχυκα) : être fort, robuste, vigoureux; être puissant; être capable de.
    κτάομαι-ῶμαι (futur κτήσομαι, aor. ἐκτησάμην, inf. κτήσασθαι, parf. κέκτημαι : acquérir, se procurer.
    καὶ ὃ μὲν εὔπορος ἐπρίατο ἂν τὸ βιϐλίον, ὁ δὲ πένης οὐχ ἂν ἴσχυσε κτήσασθαι : le riche aurait acheté le livre, le pauvre n'aurait pu se le procurer.

    βαδίζω (futur βαδιοῦμαι, aor. ἐϐάδισα, parf. βεϐάδικα) : marcher, cheminer.
    καὶ Σκύθης, καὶ βάρϐαρος, καὶ Ἰνδός, καὶ Αἰγύπτιος, καὶ πᾶς ἄνθρωπος ἐπὶ τῆς γῆς βαδίζων ταύτης, ἀκούσεται τῆς φωνῆς : un Scythe, un barbare, un Indien, un Egyptien, tout homme qui chemine sur la terre entendra cette voix.
    οὖς, gén. ὠτός (τὸ) : oreille.
    ὄψις, εως (ἡ) : action de voir, la vue.
    διάνοια, ας (ἡ) : intelligence, pensée, entendement.
    ἐμπίπτω (futur ἐμπεσοῦμαι, aor.2 ἐνέπεσον, parf. ἐμπέπτωκα): tomber dans ou sur; parvenir à, s'offrir à.
    οὐ γὰρ δι’ ὥτων, ἀλλὰ καὶ δὶ ὄψεως εἰς τὴν διάνοιαν ἐμπίπτει τὴν ἡμετέραν : car ce n'est pas par les oreilles, mais par la vue qu'elle parvient à notre entendement.

    « Les cieux racontent la gloire de Dieu.» Et comment, dis-moi, la racontent-ils ? ils n’ont ni voix, ni bouche, ni langue; comment donc peuvent-ils la raconter ? par la vue même des objets dont ils nous offrent le spectacle. Lorsque vous voyez leur beauté, leur grandeur, leur élévation, cet ordre, ce concert et cette harmonie qui subsistent depuis tant de siècles; instruit par cette vue, et comme si vous entendiez une voix retentir au loin,  vous adorez le créateur d’une machine belle et si extraordinaire.  

    Le ciel se tait, mais la vue même du ciel fait entendre une voix plus éclatante que le son de la trompette; il nous instruit, non par les oreilles, mais par les yeux, dont le sentiment est plus sûr et plus manifeste. Dieu nous eût instruits par des livres et par des caractères alphabétiques, celui qui aurait connu les caractères aurait su ce qui est écrit dans les livres; celui qui ne les aurait pas connus n'en aurait tiré aucun secours, à moins qu’un autre ne les lui eût fait connaître. Le riche aurait acheté  le livre, Le pauvre n'aurait pu se le procurer. Celui qui aurait su la langue exprimée par les caractères aurait connu ce que le livre renferme; les Scythes, les Barbares, les Indiens, les Egyptiens. tous les  peuples qui auraient ignoré cette langue, n’y auraient rien appris. Mais pour le spectacle du ciel, les Scythes, les Barbares, les Indiens, les Egyptiens, tous les hommes qui marchent sur la terre, entendent son langage; langage qui parvient à notre esprit par les yeux et non par les oreilles : or, il n'y a pas différentes manières de voir, comme il y a différentes manières de parler. Les savans et les isnorans, les pauvres et les riches, peuvent lire également dans ce livre; et, partout où ils se transportent, levant les yeux au ciel, ils recoivent une instruction suffisante, de ce ciel même dont ils contemplent la beauté. C’est ce qu'annonce le prophète, lorsque, voulant montrer que les créatures tiennent un langage qui peut être facilement entendu des Grecs, des Barbares, et en général de tous les hommes , il s'exprime en ces mots : « Ce ne sont pas des paroles, ce n’est pas un langage qu’on n’entende point. » C’est comme s’il disait : Il n’est pas de nation, quelque langue qu’elle parle qui ne puisse comprendre le langage du monde visible ; et telle est la nature des sons qu’il prononce, qu'ils peuvent être entendus par tous les hommes.


    Οὶ οὐρανοὶ διηγοῦνται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ : les cieux racontent la gloire de Dieu.

    d'où par imitation et à propos du corps qui enferme l'intelligence :
    τὸ σῶμα  διηγεῖται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ : le corps humain raconte la gloire de Dieu.
    τὸ σῶμα μου διηγεῖται τὴν δόξαν τοῦ Θεοῦ : corpus meum Dei gloriam narrat.

                                                             voilà ce qu'écrirait Ste Thérèse de Lisieux, inspirée par St Jean Chrysostome; c'est là comme un clin d'œil de mon icône.
    cf. pour la syntaxe du  possessif τοῦτο έστιν τὸ σῶμα μου τὸ ὑπὲρ ὑμῶν διδόμενον· τοῦτο ποιεῖτε εἰς τὴν ἐμὴν ἀνάμνησιν : ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi. --- Vulg. Luc, 22, 19; voir grammaire grecque de Louvain.

                 




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    La traversée du pays des Chalibes et du celui des Taoques.

      voir "le grec par les textes", 4/3 ème; Gravil et Maurois, page 248; éditions Gallimard.



    [2,5,5] πέμπτον ἐπέταξεν αὐτῷ ἆθλον τῶν Αὐγείου βοσκημάτων ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ μόνον ἐκφορῆσαι τὴν ὄνθον. ἦν δὲ ὁ Αὐγείας βασιλεὺς Ἤλιδος, ὡς μέν τινες εἶπον, παῖς Ἡλίου, ὡς δέ τινες, Ποσειδῶνος, ὡς δὲ ἔνιοι, Φόρϐαντος, πολλὰς δὲ εἶχε βοσκημάτων ποίμνας. τούτῳ προσελθὼν Ἡρακλῆς, οὐ δηλώσας τὴν Εὐρυσθέως ἐπιταγήν, ἔφασκε μιᾷ ἡμέρᾳ τὴν ὄνθον ἐκφορήσειν, εἰ δώσει τὴν δεκάτην αὐτῷ τῶν βοσκημάτων. Αὐγείας δὲ ἀπιστῶν ὑπισχνεῖται. μαρτυράμενος δὲ Ἡρακλῆς τὸν Αὐγείου παῖδα Φυλέα, τῆς τε αὐλῆς τὸν θεμέλιον διεῖλε καὶ τὸν Ἀλφειὸν καὶ τὸν Πηνειὸν σύνεγγυς ῥέοντας παροχετεύσας ἐπήγαγεν, ἔκρουν δι᾽ ἄλλης ἐξόδου ποιήσας. μαθὼν δὲ Αὐγείας ὅτι κατ᾽ ἐπιταγὴν Εὐρυσθέως τοῦτο ἐπιτετέλεσται, τὸν μισθὸν οὐκ ἀπεδίδου, προσέτι δ᾽ ἠρνεῖτο καὶ μισθὸν ὑποσχέσθαι δώσειν, καὶ κρίνεσθαι περὶ τούτου ἕτοιμος ἔλεγεν εἶναι. καθεζομένων δὲ τῶν δικαστῶν κληθεὶς ὁ Φυλεὺς ὑπὸ Ἡρακλέους τοῦ πατρὸς κατεμαρτύρησεν, εἰπὼν ὁμολογῆσαι μισθὸν δώσειν αὐτῷ. ὀργισθεὶς δὲ Αὐγείας, πρὶν τὴν ψῆφον ἐνεχθῆναι, τόν τε Φυλέα καὶ τὸν Ἡρακλέα βαδίζειν ἐξ Ἤλιδος ἐκέλευσε. Φυλεὺς μὲν οὖν εἰς Δουλίχιον ἦλθε κἀκεῖ κατῴκει, Ἡρακλῆς δὲ εἰς Ὤλενον πρὸς Δεξαμενὸν ἧκε, καὶ κατέλαϐε τοῦτον μέλλοντα δι᾽ ἀνάγκην μνηστεύειν Εὐρυτίωνι Κενταύρῳ Μνησιμάχην τὴν θυγατέρα· ὑφ᾽ οὗ παρακληθεὶς βοηθεῖν ἐλθόντα ἐπὶ τὴν νύμφην Εὐρυτίωνα ἀπέκτεινεν. Εὐρυσθεὺς δὲ οὐδὲ τοῦτον ἐν τοῖς δέκα προσεδέξατο τὸν ἆθλον, λέγων ἐπὶ μισθῷ πεπρᾶχθαι
    [2,5,6] ἕκτον ἐπέταξεν ἆθλον αὐτῷ τὰς Στυμφαλίδας ὄρνιθας ἐκδιῶξαι. ἦν δὲ ἐν Στυμφάλῳ πόλει τῆς Ἀρκαδίας Στυμφαλὶς λεγομένη λίμνη, πολλῇ συνηρεφὴς ὕλῃ· εἰς ταύτην ὄρνεις συνέφυγον ἄπλετοι, τὴν ἀπὸ τῶν λύκων ἁρπαγὴν δεδοικυῖαι. ἀμηχανοῦντος οὖν Ἡρακλέους πῶς ἐκ τῆς ὕλης τὰς ὄρνιθας ἐκϐάλῃ, χάλκεα κρόταλα δίδωσιν αὐτῷ Ἀθηνᾶ παρὰ Ἡφαίστου λαϐοῦσα. ταῦτα κρούων ἐπί τινος ὄρους τῇ λίμνῃ παρακειμένου τὰς ὄρνιθας ἐφόϐει· αἱ δὲ τὸν δοῦπον οὐχ ὑπομένουσαι μετὰ δέους ἀνίπταντο, καὶ τοῦτον τὸν τρόπον Ἡρακλῆς ἐτόξευσεν αὐτάς.
    [2,5,7] ἕϐδομον ἐπέταξεν ἆθλον τὸν Κρῆτα ἀγαγεῖν ταῦρον. τοῦτον Ἀκουσίλαος μὲν εἶναί φησι τὸν διαπορθμεύσαντα Εὐρώπην Διί, τινὲς δὲ τὸν ὑπὸ Ποσειδῶνος ἀναδοθέντα ἐκ θαλάσσης, ὅτε καταθύσειν Ποσειδῶνι Μίνως εἶπε τὸ φανὲν ἐκ τῆς θαλάσσης. καί φασι θεασάμενον αὐτὸν τοῦ ταύρου τὸ κάλλος τοῦτον μὲν εἰς τὰ βουκόλια ἀποπέμψαι, θῦσαι δὲ ἄλλον Ποσειδῶνι· ἐφ᾽ οἷς ὀργισθέντα τὸν θεὸν ἀγριῶσαι τὸν ταῦρον. ἐπὶ τοῦτον παραγενόμενος εἰς Κρήτην Ἡρακλῆς, ἐπειδὴ συλλαϐεῖν ἀξιοῦντι Μίνως εἶπεν αὐτῷ λαμϐάνειν διαγωνισαμένῳ, λαϐὼν καὶ πρὸς Εὐρυσθέα διακομίσας ἔδειξε, καὶ τὸ λοιπὸν εἴασεν ἄνετον· ὁ δὲ πλανηθεὶς εἰς Σπάρτην τε καὶ Ἀρκαδίαν ἅπασαν, καὶ διαϐὰς τὸν Ἰσθμόν, εἰς Μαραθῶνα τῆς Ἀττικῆς ἀφικόμενος τοὺς ἐγχωρίους διελυμαίνετο.
                                                                                                                                                                                          Apollodore, la Bibliothèque, 2, 5, 5-7





    [2,5,5] Le cinquième travail (d'Eurysthée) consista à nettoyer du fumier, en un seul jour, toutes les étables d'Augias. Augias était roi d'Élis, fils d'Hélios selon les uns, ou de Poséidon selon les autres, ou bien, selon d'autres encore, de Phorbas. Il possédait de très grands troupeaux de bétail. Héraclès alla le voir et, sans lui révéler l'ordre d'Eurysthée, il lui dit qu'en un seul jour il nettoierait tout le fumier si Augias lui donnait la dixième partie du bétail. Et le roi, considérant l'entreprise impossible, lui donna sa parole. Héraclès prit à témoin Philée, le fils d'Augias; puis il ouvrit une brèche dans l'enclos des étables, dévia le cours des deux fleuves voisins, l'Alphée et le Pénée, et, après avoir ouvert une autre brèche afin que l'eau puisse s'évacuer, il canalisa leurs eaux vers l'intérieur des étables. Il révéla alors à Augias qu'il avait accompli cette entreprise sur l'ordre d'Eurysthée; le roi refusa de lui donner la rémunération convenue, niant même la lui avoir jamais promise, et il déclara qu'il était tout à fait prêt à aller devant les tribunaux. Face aux juges, Héraclès appela Philée afin qu'il témoigne contre son père, et le jeune homme confirma que la rémunération lui était due. Augias, furieux, avant même que le verdict ne fût émis, ordonna à Héraclès et à Philée de quitter l'Élide. Philée, alors, gagna Doulichion et s'y établit; tandis qu'Héraclès se rendit à Olénos, auprès du roi Dexaménos. Il le trouva sur le point de donner en mariage, contre sa volonté, sa fille Mnésimaché au Centaure Eurytion. Alors le roi demanda l'aide d'Héraclès, et le héros tua Eurytion comme il rejoignait son épouse. Par la suite, Eurysthée refusa de prendre en compte ce travail, prétextant qu'il l'avait accompli pour de l'argent.
    [2,5,6] Le sixième travail consista à chasser les oiseaux de Stymphale. Non loin de la cité de Stymphale, en Arcadie, il y avait un marais appelé Stymphale, entouré d'une épaisse forêt. S'y étaient réfugiés quantité d'oiseaux, par crainte des loups. Héraclès se trouvait dans l'impossibilité de les faire sortir de la forêt ; alors Athéna lui donna des castagnettes de bronze qu'elle avait reçues d'Héphaïstos. Le héros monta sur une colline surplombant le marais, et agita les castagnettes : les oiseaux, effrayés, ne supportèrent pas le terrible grondement, et prirent leur envol. Ainsi Héraclès put-il finalement les tuer avec ses flèches.
    [2,5,7] Le septième travail consista à capturer le taureau de Crète. Acousilaos soutenait qu'il s'agissait du taureau envoyé par Zeus pour transporter Europe ; d'autres au contraire prétendent qu'il s'agissait de celui que Poséidon avait envoyé de la mer quand Minos promit de sacrifier au dieu ce qui viendrait de l'océan. Selon la légende, quand Minos vit la beauté de ce taureau, il l'enferma dans ses étables et en sacrifia un autre à Poséidon ; et le dieu, en colère, le fit devenir sauvage. Héraclès, donc, gagna la Crète pour ce taureau ; il demanda l'aide de Minos mais le roi lui répondit qu'il devait l'affronter tout seul. Héraclès le captura et le porta à Eurysthée, mais celui-ci, par la suite, le libéra. Le taureau s'en alla errant vers Sparte, puis à travers toute l'Arcadie ; il traversa l'isthme et gagna Marathon, en Attique, où il causa de grands dommages aux habitants de la région.





    πρὸς πόλιν μεγάλην καὶ εὐδαίμονα καὶ οἰκουμένην ἣ ἐκαλεῖτο Γυμνιάς : (ils arrivèrent) à une grande ville opulente et peuplée qui s'appelait Gymnias.
    ἐπαγγέλλω (futur ἐπαγγελῶ, aor. ἐπήγγειλα, parf. ἐπήγγελκα) : annoncer, déclarer, proclamer, promettre.
    εἰ δὲ μή, τεθνάναι ἐπηγγείλατο : sinon il consent à être mis de mort.
    ἀφικνοῦνται ἐπὶ τὸ ὄρος τῇ πέμπτῃ ἡμέρᾳ : ils arrivent à la montagne le cinquième jour.
    ὄνομα δὲ τῷ ὄρει ἦν Θήχης : cette montagne s'appelait le Mont Techès.
    οἴω, épq. ὀΐω, seules formes à l’act. et seul. en poésie; d’ord. moyen οἴομαι ou οἶμαι (imparf. ᾠόμην, mieux ᾤμην, futur οἰήσομαι, aor. ᾠήθην, réc. ᾠησάμην) : penser, présumer, croire.
    ἔμπροσθεν, adv. et prép. : en avant, avant.
    ὀπισθοφύλαξ, ακος (ὁ) : soldat ou troupe d’arrière-garde (ὄπισθε, φύλαξ).
    οἱ ὀπισθοφύλακες : l'arrière-garde.
    ἐξαπίνης adv. : subitement, soudain.
    παρεγγυάω-ῶ (imparf. παρηγγύων, futur παρεγγυήσω, aor. παρηγγύησα): transmettre de bouche en bouche.
    ὅτου δὴ παρεγγυήσαντος : un quelconque passant le mot d'ordre de bouche en bouche (sans qu'on sût qui en a donné l'ordre).
    οἱ στρατιῶται φέρουσι λίθους καὶ ποιοῦσι κολωνὸν μέγαν : les soldats apportent des pierres et en élèvent un grand tas.
    τὴν ὁδὸν ἣν πορεύσονται εἰς Μάκρωνας : (il montra) la route pour se rendre chez les Macrons.
    μάκρων, ωνος (ὁ) : à longue tête.
     οἱ Μάκρωνες : les hommes à longue tête (peuple du Pont)..


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    Les écuries d'Augias



    [2,5,5] πέμπτον ἐπέταξεν αὐτῷ ἆθλον τῶν Αὐγείου βοσκημάτων ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ μόνον ἐκφορῆσαι τὴν ὄνθον. ἦν δὲ ὁ Αὐγείας βασιλεὺς Ἤλιδος, ὡς μέν τινες εἶπον, παῖς Ἡλίου, ὡς δέ τινες, Ποσειδῶνος, ὡς δὲ ἔνιοι, Φόρϐαντος, πολλὰς δὲ εἶχε βοσκημάτων ποίμνας. τούτῳ προσελθὼν Ἡρακλῆς, οὐ δηλώσας τὴν Εὐρυσθέως ἐπιταγήν, ἔφασκε μιᾷ ἡμέρᾳ τὴν ὄνθον ἐκφορήσειν, εἰ δώσει τὴν δεκάτην αὐτῷ τῶν βοσκημάτων. Αὐγείας δὲ ἀπιστῶν ὑπισχνεῖται. μαρτυράμενος δὲ Ἡρακλῆς τὸν Αὐγείου παῖδα Φυλέα, τῆς τε αὐλῆς τὸν θεμέλιον διεῖλε καὶ τὸν Ἀλφειὸν καὶ τὸν Πηνειὸν σύνεγγυς ῥέοντας παροχετεύσας ἐπήγαγεν, ἔκρουν δι᾽ ἄλλης ἐξόδου ποιήσας. μαθὼν δὲ Αὐγείας ὅτι κατ᾽ ἐπιταγὴν Εὐρυσθέως τοῦτο ἐπιτετέλεσται, τὸν μισθὸν οὐκ ἀπεδίδου, προσέτι δ᾽ ἠρνεῖτο καὶ μισθὸν ὑποσχέσθαι δώσειν, καὶ κρίνεσθαι περὶ τούτου ἕτοιμος ἔλεγεν εἶναι. καθεζομένων δὲ τῶν δικαστῶν κληθεὶς ὁ Φυλεὺς ὑπὸ Ἡρακλέους τοῦ πατρὸς κατεμαρτύρησεν, εἰπὼν ὁμολογῆσαι μισθὸν δώσειν αὐτῷ. ὀργισθεὶς δὲ Αὐγείας, πρὶν τὴν ψῆφον ἐνεχθῆναι, τόν τε Φυλέα καὶ τὸν Ἡρακλέα βαδίζειν ἐξ Ἤλιδος ἐκέλευσε. Φυλεὺς μὲν οὖν εἰς Δουλίχιον ἦλθε κἀκεῖ κατῴκει, Ἡρακλῆς δὲ εἰς Ὤλενον πρὸς Δεξαμενὸν ἧκε, καὶ κατέλαϐε τοῦτον μέλλοντα δι᾽ ἀνάγκην μνηστεύειν Εὐρυτίωνι Κενταύρῳ Μνησιμάχην τὴν θυγατέρα· ὑφ᾽ οὗ παρακληθεὶς βοηθεῖν ἐλθόντα ἐπὶ τὴν νύμφην Εὐρυτίωνα ἀπέκτεινεν. Εὐρυσθεὺς δὲ οὐδὲ τοῦτον ἐν τοῖς δέκα προσεδέξατο τὸν ἆθλον, λέγων ἐπὶ μισθῷ πεπρᾶχθαι
    [2,5,6] ἕκτον ἐπέταξεν ἆθλον αὐτῷ τὰς Στυμφαλίδας ὄρνιθας ἐκδιῶξαι. ἦν δὲ ἐν Στυμφάλῳ πόλει τῆς Ἀρκαδίας Στυμφαλὶς λεγομένη λίμνη, πολλῇ συνηρεφὴς ὕλῃ· εἰς ταύτην ὄρνεις συνέφυγον ἄπλετοι, τὴν ἀπὸ τῶν λύκων ἁρπαγὴν δεδοικυῖαι. ἀμηχανοῦντος οὖν Ἡρακλέους πῶς ἐκ τῆς ὕλης τὰς ὄρνιθας ἐκϐάλῃ, χάλκεα κρόταλα δίδωσιν αὐτῷ Ἀθηνᾶ παρὰ Ἡφαίστου λαϐοῦσα. ταῦτα κρούων ἐπί τινος ὄρους τῇ λίμνῃ παρακειμένου τὰς ὄρνιθας ἐφόϐει· αἱ δὲ τὸν δοῦπον οὐχ ὑπομένουσαι μετὰ δέους ἀνίπταντο, καὶ τοῦτον τὸν τρόπον Ἡρακλῆς ἐτόξευσεν αὐτάς.
    [2,5,7] ἕϐδομον ἐπέταξεν ἆθλον τὸν Κρῆτα ἀγαγεῖν ταῦρον. τοῦτον Ἀκουσίλαος μὲν εἶναί φησι τὸν διαπορθμεύσαντα Εὐρώπην Διί, τινὲς δὲ τὸν ὑπὸ Ποσειδῶνος ἀναδοθέντα ἐκ θαλάσσης, ὅτε καταθύσειν Ποσειδῶνι Μίνως εἶπε τὸ φανὲν ἐκ τῆς θαλάσσης. καί φασι θεασάμενον αὐτὸν τοῦ ταύρου τὸ κάλλος τοῦτον μὲν εἰς τὰ βουκόλια ἀποπέμψαι, θῦσαι δὲ ἄλλον Ποσειδῶνι· ἐφ᾽ οἷς ὀργισθέντα τὸν θεὸν ἀγριῶσαι τὸν ταῦρον. ἐπὶ τοῦτον παραγενόμενος εἰς Κρήτην Ἡρακλῆς, ἐπειδὴ συλλαϐεῖν ἀξιοῦντι Μίνως εἶπεν αὐτῷ λαμϐάνειν διαγωνισαμένῳ, λαϐὼν καὶ πρὸς Εὐρυσθέα διακομίσας ἔδειξε, καὶ τὸ λοιπὸν εἴασεν ἄνετον· ὁ δὲ πλανηθεὶς εἰς Σπάρτην τε καὶ Ἀρκαδίαν ἅπασαν, καὶ διαϐὰς τὸν Ἰσθμόν, εἰς Μαραθῶνα τῆς Ἀττικῆς ἀφικόμενος τοὺς ἐγχωρίους διελυμαίνετο.
                                                                                                                                                                                          Apollodore, la Bibliothèque, 2, 5, 5-7




    [2,5,5] Le cinquième travail (d'Eurysthée) consista à nettoyer du fumier, en un seul jour, toutes les étables d'Augias. Augias était roi d'Élis, fils d'Hélios selon les uns, ou de Poséidon selon les autres, ou bien, selon d'autres encore, de Phorbas. Il possédait de très grands troupeaux de bétail. Héraclès alla le voir et, sans lui révéler l'ordre d'Eurysthée, il lui dit qu'en un seul jour il nettoierait tout le fumier si Augias lui donnait la dixième partie du bétail. Et le roi, considérant l'entreprise impossible, lui donna sa parole. Héraclès prit à témoin Philée, le fils d'Augias; puis il ouvrit une brèche dans l'enclos des étables, dévia le cours des deux fleuves voisins, l'Alphée et le Pénée, et, après avoir ouvert une autre brèche afin que l'eau puisse s'évacuer, il canalisa leurs eaux vers l'intérieur des étables. Il révéla alors à Augias qu'il avait accompli cette entreprise sur l'ordre d'Eurysthée; le roi refusa de lui donner la rémunération convenue, niant même la lui avoir jamais promise, et il déclara qu'il était tout à fait prêt à aller devant les tribunaux. Face aux juges, Héraclès appela Philée afin qu'il témoigne contre son père, et le jeune homme confirma que la rémunération lui était due. Augias, furieux, avant même que le verdict ne fût émis, ordonna à Héraclès et à Philée de quitter l'Élide. Philée, alors, gagna Doulichion et s'y établit; tandis qu'Héraclès se rendit à Olénos, auprès du roi Dexaménos. Il le trouva sur le point de donner en mariage, contre sa volonté, sa fille Mnésimaché au Centaure Eurytion. Alors le roi demanda l'aide d'Héraclès, et le héros tua Eurytion comme il rejoignait son épouse. Par la suite, Eurysthée refusa de prendre en compte ce travail, prétextant qu'il l'avait accompli pour de l'argent.
    [2,5,6] Le sixième travail consista à chasser les oiseaux de Stymphale. Non loin de la cité de Stymphale, en Arcadie, il y avait un marais appelé Stymphale, entouré d'une épaisse forêt. S'y étaient réfugiés quantité d'oiseaux, par crainte des loups. Héraclès se trouvait dans l'impossibilité de les faire sortir de la forêt ; alors Athéna lui donna des castagnettes de bronze qu'elle avait reçues d'Héphaïstos. Le héros monta sur une colline surplombant le marais, et agita les castagnettes : les oiseaux, effrayés, ne supportèrent pas le terrible grondement, et prirent leur envol. Ainsi Héraclès put-il finalement les tuer avec ses flèches.
    [2,5,7] Le septième travail consista à capturer le taureau de Crète. Acousilaos soutenait qu'il s'agissait du taureau envoyé par Zeus pour transporter Europe ; d'autres au contraire prétendent qu'il s'agissait de celui que Poséidon avait envoyé de la mer quand Minos promit de sacrifier au dieu ce qui viendrait de l'océan. Selon la légende, quand Minos vit la beauté de ce taureau, il l'enferma dans ses étables et en sacrifia un autre à Poséidon ; et le dieu, en colère, le fit devenir sauvage. Héraclès, donc, gagna la Crète pour ce taureau ; il demanda l'aide de Minos mais le roi lui répondit qu'il devait l'affronter tout seul. Héraclès le captura et le porta à Eurysthée, mais celui-ci, par la suite, le libéra. Le taureau s'en alla errant vers Sparte, puis à travers toute l'Arcadie ; il traversa l'isthme et gagna Marathon, en Attique, où il causa de grands dommages aux habitants de la région.







    βόσκημα, ατος (τὸ) : animaux qui paissent, bestiaux, troupeau.
    πέμπτος, η, ον : cinquième.
    ὄνθος, ου (ὁ) : excrément des animaux, fiente, fumier

    πέμπτον ἐπέταξεν αὐτῷ ἆθλον τῶν Αὐγείου βοσκημάτων ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ μόνον ἐκφορῆσαι τὴν ὄνθον : le cinquième travail (d'Eurysthée) consista à nettoyer du fumier, en un seul jour, toutes les étables d'Augias.
    βαδίζω (futur βαδιοῦμαι, aor. ἐϐάδισα, parf. βεϐάδικα) : marcher.
    τόν τε Φυλέα καὶ τὸν Ἡρακλέα βαδίζειν ἐξ Ἤλιδος ἐκέλευσε : il ordonna à Héraclès et à Philée de quitter l'Élide.
    ἐκέλευσε τοὺς παῖδας τὰ ἡμίση λαϐόντας οἴκαδε κομίζειν πρὸς ἑαυτόν : il ordonna à ses esclaves d'en prendre la moitié et de les transporter chez lui.
    κομίζω (futur κομιῶ, aor. ἐκόμισα, parf. κεκόμικα)  : prendre soin de, soigner avec sollicitude; emporter pour mettre en lieu sûr.
    προσδέχομαι : accueillir, recevoir.
    ἆθλον, ου (τὸ) : prix d’un combat, récompense.
    Εὐρυσθεὺς δὲ οὐδὲ τοῦτον .... προσεδέξατο τὸν ἆθλον : Eurysthée refusa de prendre en compte ce travail.
    ἐν τοῖς δέκα (ἆθλοις) : parmi les dix (travaux)
    λέγων ἐπὶ μισθῷ πεπρᾶχθαι : prétextant qu'il l'avait accompli pour de l'argent.
    ἐπὶ μισθῷ : moyennant salaire, en vue d'un salaire.








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    Insolence d'Alcibiade envers ses amants, sauf pour un métèque






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    [4] (5) ἐτύγχανε μὲν γὰρ ἐρῶν τοῦ Ἀλκιϐιάδου, ξένους δέ τινας ἑστιῶν ἐκάλει κἀκεῖνον ἐπὶ τὸ δεῖπνον. ὁ δὲ τὴν μὲν κλῆσιν ἀπείπατο, μεθυσθεὶς δ´ οἴκοι μετὰ τῶν ἑταίρων, ἐκώμασε πρὸς τὸν Ἄνυτον, καὶ ταῖς θύραις ἐπιστὰς τοῦ ἀνδρῶνος καὶ θεασάμενος ἀργυρῶν ἐκπωμάτων καὶ χρυσῶν πλήρεις τὰς τραπέζας, ἐκέλευσε τοὺς παῖδας τὰ ἡμίση λαϐόντας οἴκαδε κομίζειν πρὸς ἑαυτόν, εἰσελθεῖν δ´ οὐκ ἠξίωσεν, ἀλλ´ ἀπῆλθε ταῦτα πράξας. (6) τῶν οὖν ξένων δυσχεραινόντων καὶ λεγόντων, ὡς ὑϐριστικῶς καὶ ὑπερηφάνως εἴη τῷ Ἀνύτῳ κεχρημένος ὁ Ἀλκιϐιάδης, "ἐπιει κῶς μὲν οὖν" ὁ Ἄνυτος ἔφη "καὶ φιλανθρώπως· ἃ γὰρ ἐξῆν αὐτῷ λαϐεῖν ἅπαντα, τούτων ἡμῖν τὰ ἡμίση καταλέλοιπεν."

    [5] (1) Οὕτω δὲ καὶ τοῖς ἄλλοις ἐρασταῖς ἐχρῆτο, πλὴν ἕνα μετοικικὸν ὥς φασιν ἄνθρωπον οὐ πολλὰ κεκτημένον, ἀποδόμενον δὲ πάντα καὶ τὸ συναχθὲν εἰς ἑκατὸν στατῆρας τῷ Ἀλκιϐιάδῃ προσφέροντα καὶ δεόμενον λαϐεῖν, γελάσας καὶ ἡσθεὶς ἐκάλεσεν ἐπὶ δεῖπνον. (2) ἑστιάσας δὲ καὶ φιλοφρονηθεὶς τό τε χρυσίον ἀπέδωκεν αὐτῷ καὶ προσέταξε τῇ ὑστεραίᾳ τοὺς ὠνουμένους τὰ τέλη τὰ δημόσια ταῖς τιμαῖς ὑπερϐάλλειν ἀντωνούμενον. (3) παραιτουμένου δὲ τοῦ ἀνθρώπου διὰ τὸ πολλῶν ταλάντων εἶναι τὴν ὠνήν, ἠπείλησε μαστιγώσειν εἰ μὴ ταῦτα πράττοι· καὶ γὰρ ἐτύγχανεν ἐγκαλῶν τι τοῖς τελώναις ἴδιον. (4) ἕωθεν οὖν προελθὼν ὁ μέτοικος εἰς ἀγορὰν ἐπέθηκε τῇ ὠνῇ τάλαντον. ἐπεὶ δ´ οἱ τελῶναι συστρεφόμενοι καὶ ἀγανακτοῦντες ἐκέλευον ὀνομάζειν ἐγγυητήν, ὡς οὐκ ἂν εὑρόντος, θορυϐουμένου τοῦ ἀνθρώπου καὶ ἀναχωροῦντος ἑστὼς ὁ Ἀλκιϐιάδης ἄπωθεν πρὸς τοὺς ἄρχοντας "ἐμὲ γράψατε" εἶπεν, "ἐμὸς φίλος ἐστίν, ἐγγυῶμαι." (5) τοῦτ´ ἀκούσαντες οἱ τελῶναι πάντες ἐξηπορήθησαν. εἰωθότες γὰρ ἀεὶ ταῖς δευτέραις ὠναῖς χρεωλυτεῖν τὰς πρώτας, οὐχ ἑώρων ἀπαλλαγὴν οὖσαν αὑτοῖς τοῦ πράγματος. ἐδέοντο δὴ τοῦ ἀνθρώπου διδόντες ἀργύριον· ὁ δ´ Ἀλκιϐιάδης οὐκ εἴα λαϐεῖν ἔλαττον ταλάντου. διδόντων δὲ τὸ τάλαντον ἐκέλευσεν ἀποστῆναι λαϐόντα. κἀκεῖνον μὲν οὕτως ὠφέλησεν.
                                                                                                                                                                            Plutarque, Vie d'Alcibiade, 4, 5 et 6; 5, 1-5



    [4] (5) Il se trouvait qu'Anytos, amoureux d'Alcibiade, l'avait invité à dîner un jour qu'il recevait des hôtes. Alcibiade refusa l'invitation mais, après s'être saoulé chez lui, il se rendit avec ses compagnons en cortège chez Anytos. S'étant présenté à la porte de l'appartement des hommes et ayant jeté un coup d'œil sur les tables chargées de coupes d'argent et d'or, il ordonna à ses esclaves d'en prendre la moitié et de les transporter chez lui, sans même juger bon d'entrer; sur quoi, il s'en alla. (6) Les invités, indignés, dénoncèrent l'excessive insolence dont Alcibiade avait fait montre à l'endroit d'Anytos; mais ce dernier affirma : "Disons plutôt qu'il a fait montre de mesure et d'humanité : alors qu'il lui était loisible de prendre le tout, il nous en a laissé une partie !"

    [5] (1) C'est ainsi qu'il traitait ses autres amants, à l'exception d'un seul : un métèque, dit-on, peu fortuné mais qui avait vendu tous ses biens et en avait apporté le montant, environ cent statères, à Alcibiade, en le priant d'accepter; Alcibiade se mit à rire et, charmé, l'invita à dîner. (2) Après l'avoir régalé et traité en ami, il lui rendit son or et lui enjoignit d'enchérir dès le lendemain sur les prix offerts par les fermiers de l'impôt public et de leur rafler l'affaire. (3) Comme l'autre refusait, vu que le prix du fermage se montait à plusieurs talents, Alcibiade le menaça du fouet s'il ne s'exécutait pas - c'est que lui-même, justement, se trouvait avoir un grief personnel contre les percepteurs d'impôts ! (4) Dès l'aube, donc, le métèque se rendit au marché et renchérit d'un talent sur le prix du fermage. Les percepteurs se groupent et, furieux, lui enjoignent de désigner un garant, dans la pensée qu'il n'en trouverait pas; tout troublé, l'homme veut se retirer, mais Alcibiade se lève et, de loin, lance aux gouvernants : "Inscrivez-moi, c'est un ami à moi, je m'en porte garant". (5) Entendant cela, tous les fermiers se trouvèrent bien embarrassés : habitués qu'ils étaient à toujours régler la première adjudication avec le produit des suivantes, ils ne voyaient pas d'échappatoire à l'affaire et priaient l'homme de s'en aller, contre compensation pécuniaire. Alcibiade ne lui permit pas de prendre moins d'un talent; ils lui donnent alors ce talent, qu'Alcibiade lui enjoint d'accepter avant de se retirer. Voilà de quelle manière il vint en aide à cet homme-là.


    ..



    ἐράω-ῶ (seul. prés. et impf. ἤρων)  : aimer d’amour, être épris de.
    ὁ ἐρῶν : l’amant.
    ἑστιάω-ῶ (imparf. εἱστίων, futur ἑστιάσω, aor. εἱστίασα, parf. εἱστίακα; passif aor. εἱστιάθην, parf. εἱστίαμαι) : recevoir à son foyer, donner l’hospitalité à; recevoir à sa table.
    ξένος, η, ον : étranger, qui n’est pas du pays.
    ξένος : l'hôte.
    καλέω-ῶ (futur καλέσω, att. καλῶ, aor. ἐκάλεσα, parf. κέκληκα ; passif futur κληθήσομαι, aor. ἐκλήθην, parf. κέκλημαι) : appele; appeler à soi; convoquer; convier à un repas, inviter
    ξένους τινας  ἐκάλει κἀκεῖνον ἐπὶ τὸ δεῖπνον : (Anytos) invita à dîner quelques hôtes et lui aussi (= Alcibiade).


    moyen χράομαι-ῶμαι (futur χρήσομαι, aor. ἐχρησάμην, parf. κέχρημαι) : se servir de, faire usage de, traiter; emprunter.
    κτάομαι, -ῶμαι (futur κτήσομαι, aor. ἐκτησάμην, parf. κέκτημαι) : acquérir, gagner.
    οὕτω δὲ καὶ τοῖς ἄλλοις ἐρασταῖς ἐχρῆτο, πλὴν ἕνα μετοικικὸν ὥς φασιν ἄνθρωπον οὐ πολλὰ κεκτημένον : c'est ainsi qu'il traitait ses autres amants, à l'exception d'un seul : un métèque, dit-on, peu fortuné.



     













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    Noël
    La naissance de Jésus


    Ἐγένετο δὲ ἐν ταῖς ἡμέραις ἐκείναις ἐξῆλθεν δόγμα παρὰ Καίσαρος Αὐγούστου ἀπογράφεσθαι πᾶσαν τὴν οἰκουμένην·
    (αὕτη ἀπογραφὴ πρώτη ἐγένετο ἡγεμονεύοντος τῆς Συρίας Κυρηνίου·)
    καὶ ἐπορεύοντο πάντες ἀπογράφεσθαι, ἕκαστος εἰς τὴν ἑαυτοῦ πόλιν.
    Ἀνέϐη δὲ καὶ Ἰωσὴφ ἀπὸ τῆς Γαλιλαίας ἐκ πόλεως Ναζαρὲθ εἰς τὴν Ἰουδαίαν εἰς πόλιν Δαυὶδ ἥτις καλεῖται Βηθλέεμ, διὰ τὸ εἶναι αὐτὸν ἐξ οἴκου καὶ πατριᾶς Δαυίδ, ἀπογράψασθαι σὺν Μαριὰμ τῇ ἐμνηστευμένῃ αὐτῷ, οὔσῃ ἐγκύῳ.

    ἐγένετο δὲ ἐν τῷ εἶναι αὐτοὺς ἐκεῖ ἐπλήσθησαν αἱ ἡμέραι τοῦ τεκεῖν αὐτήν, καὶ ἔτεκεν τὸν υἱὸν αὐτῆς τὸν πρωτότοκον, καὶ ἐσπαργάνωσεν αὐτὸν καὶ ἀνέκλινεν αὐτὸν ἐν φάτνῃ, διότι οὐκ ἦν αὐτοῖς τόπος ἐν τῷ καταλύματι. καὶ ποιμένες ἦσαν ἐν τῇ χώρᾳ τῇ αὐτῇ ἀγραυλοῦντες καὶ φυλάσσοντες φυλακὰς τῆς νυκτὸς ἐπὶ τὴν ποίμνην αὐτῶν.

    Καὶ ἄγγελος κυρίου ἐπέστη αὐτοῖς καὶ δόξα κυρίου περιέλαμψεν αὐτούς, καὶ ἐφοβήθησαν φόβον μέγαν· καὶ εἶπεν αὐτοῖς ὁ ἄγγελος· Μὴ φοβεῖσθε, ἰδοὺ γὰρ εὐαγγελίζομαι ὑμῖν χαρὰν μεγάλην ἥτις ἔσται παντὶ τῷ λαῷ, ὅτι ἐτέχθη ὑμῖν σήμερον σωτὴρ ὅς ἐστιν χριστὸς κύριος ἐν πόλει Δαυίδ· καὶ τοῦτο ὑμῖν τὸ σημεῖον, εὑρήσετε βρέφος ἐσπαργανωμένον καὶ κείμενον ἐν φάτνῃ. καὶ ἐξαίφνης ἐγένετο σὺν τῷ ἀγγέλῳ πλῆθος στρατιᾶς οὐρανίου αἰνούντων τὸν θεὸν καὶ λεγόντων· Δόξα ἐν ὑψίστοις θεῷ καὶ ἐπὶ γῆς εἰρήνη ἐν ἀνθρώποις εὐδοκίας.

    Καὶ ἐγένετο ὡς ἀπῆλθον ἀπ’ αὐτῶν εἰς τὸν οὐρανὸν οἱ ἄγγελοι, οἱ ποιμένες ἐλάλουν πρὸς ἀλλήλους· Διέλθωμεν δὴ ἕως Βηθλέεμ καὶ ἴδωμεν τὸ ῥῆμα τοῦτο τὸ γεγονὸς ὃ ὁ κύριος ἐγνώρισεν ἡμῖν. καὶ ἦλθαν σπεύσαντες καὶ ἀνεῦραν τήν τε Μαριὰμ καὶ τὸν Ἰωσὴφ καὶ τὸ βρέφος κείμενον ἐν τῇ φάτνῃ· ἰδόντες δὲ ἐγνώρισαν περὶ τοῦ ῥήματος τοῦ λαληθέντος αὐτοῖς περὶ τοῦ παιδίου τούτου. καὶ πάντες οἱ ἀκούσαντες ἐθαύμασαν περὶ τῶν λαληθέντων ὑπὸ τῶν ποιμένων πρὸς αὐτούς.

     Ἡ δὲ Μαρία πάντα συνετήρει τὰ ῥήματα ταῦτα συμϐάλλουσα ἐν τῇ καρδίᾳ αὐτῆς. καὶ ὑπέστρεψαν οἱ ποιμένες δοξάζοντες καὶ αἰνοῦντες τὸν θεὸν ἐπὶ πᾶσιν οἷς ἤκουσαν καὶ εἶδον καθὼς ἐλαλήθη πρὸς αὐτούς.
                                                                                                                                                                                                           Evangile, Luc, 2, 1-5


    ἐξέρχομαι (futur ἔξειμι, aor.2 ἐξῆλθον, parf. ἐξελήλυθα) : aller hors de, sortir.
    δόγμα, ατος (τὸ) : opinion; décision, décret, arrêt.
    ἀπογράφω (f. ἀπογράψω, aor. ἀπέγραψα) : inscrire sur un registre, enregistrer.
    οἰκέω-ῶ (futur οἰκήσω, aor. ᾤκησα, parf. ᾤκηκα) : vivre dans sa maison; habiter.

    ἀναϐαίνω (futur ἀναϐήσομαι, aor.2 ἀνέϐην, parf. ἀναϐέϐηκα) : monter.
    ἀπογράφω (futur ἀπογράψω, aor. ἀπέγραψα) : inscrire sur un registre, enregistrer.
    μνηστεύω (futur μνηστεύσω, aor. ἐμνήστευσα, parf. μεμνήστευκα) : penser à, désirer; rechercher une femme en mariage.
    σὺν Μαριὰμ τῇ ἐμνηστευμένῃ : avec Marie qui a été recherchée en mariage, avec Marie sa fiancée.


    συντηρέω-ῶ : conserver; observer, surveiller.
    ῥῆμα, ατος (τὸ) : mot, parole.
    καρδία, ας (ἡ) : cœur.



  • En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre.
  • Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.
  • Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville.
  • Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David,
  • afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.

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    Jésus devant Pilate



    Πρωΐας δὲ γενομένης συμϐούλιον ἔλαϐον πάντες οἱ ἀρχιερεῖς καὶ οἱ πρεσϐύτεροι τοῦ λαοῦ κατὰ τοῦ Ἰησοῦ ὥστε θανατῶσαι αὐτόν·
    - Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple prirent une délibération contre Jésus pour le faire mourir.
    καὶ δήσαντες αὐτὸν ἀπήγαγον καὶ παρέδωκαν Πιλάτῳ τῷ ἡγεμόνι.
    - Et, après l'avoir lié, ils l'emmenèrent et le remirent à Ponce Pilate, le gouverneur.
    Τότε ἰδὼν Ἰούδας ὁ παραδιδοὺς αὐτὸν ὅτι κατεκρίθη μεταμεληθεὶς ἔστρεψεν τὰ τριάκοντα ἀργύρια τοῖς ἀρχιερεῦσιν καὶ πρεσϐυτέροις
    - Alors Judas, qui l'avait trahi, voyant qu'il était condamné, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens,
    λέγων· Ἥμαρτον παραδοὺς αἷμα ἀθῷον. οἱ δὲ εἶπαν· Τί πρὸς ἡμᾶς; σὺ ὄψῃ.
    - disant : " J'ai péché en livrant un sang innocent. " Ils dirent : " Qu'est-ce que cela nous fait ? A toi de voir ! "
    καὶ ῥίψας τὰ ἀργύρια εἰς τὸν ναὸν⸃ ἀνεχώρησεν, καὶ ἀπελθὼν ἀπήγξατο.
    - Alors, ayant jeté les pièces d'argent dans le sanctuaire, il se retira et alla se pendre.
    οἱ δὲ ἀρχιερεῖς λαϐόντες τὰ ἀργύρια εἶπαν· Οὐκ ἔξεστιν βαλεῖν αὐτὰ εἰς τὸν κορϐανᾶν, ἐπεὶ τιμὴ αἵματός ἐστιν·
    - Mais les grands prêtres prirent les pièces d'argent et dirent : " Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor, puisque c'est le prix du sang. "
    συμϐούλιον δὲ λαϐόντες ἠγόρασαν ἐξ αὐτῶν τὸν Ἀγρὸν τοῦ Κεραμέως εἰς ταφὴν τοῖς ξένοις.
    - Et, après avoir pris une délibération, ils achetèrent avec (cet argent) le champ du potier pour la sépulture des étrangers.
    διὸ ἐκλήθη ὁ ἀγρὸς ἐκεῖνος Ἀγρὸς Αἵματος ἕως τῆς σήμερον.
    - C'est pourquoi ce champ fut appelé Champ du sang, (et l'est) encore aujourd'hui.
    τότε ἐπληρώθη τὸ ῥηθὲν διὰ Ἰερεμίου τοῦ προφήτου λέγοντος· Καὶ ἔλαϐον τὰ τριάκοντα ἀργύρια, τὴν τιμὴν τοῦ τετιμημένου ὃν ἐτιμήσαντο ἀπὸ υἱῶν Ἰσραήλ,
    - Alors fut accomplie la parole du prophète Jérémie : Ils ont pris les trente pièces d'argent, prix de celui qui a été mis à prix, qu'ont mis à prix des enfants d'Israël,
    καὶ ἔδωκαν αὐτὰ εἰς τὸν ἀγρὸν τοῦ κεραμέως, καθὰ συνέταξέν μοι κύριος.
    - et ils les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'a ordonné.
    Ὁ δὲ Ἰησοῦς ἐστάθη ἔμπροσθεν τοῦ ἡγεμόνος· καὶ ἐπηρώτησεν αὐτὸν ὁ ἡγεμὼν λέγων· Σὺ εἶ ὁ βασιλεὺς τῶν Ἰουδαίων; ὁ δὲ Ἰησοῦς ἔφη· Σὺ λέγεις.
    - Jésus comparut devant le gouverneur, et le gouverneur l'interrogea, en disant : " Es-tu le roi des Juifs ? " Jésus dit : " Tu le dis. "
    καὶ ἐν τῷ κατηγορεῖσθαι αὐτὸν ὑπὸ τῶν ἀρχιερέων καὶ πρεσϐυτέρων οὐδὲν ἀπεκρίνατο.
    - Mais il ne répondait rien aux accusations des grands prêtres et des anciens.
    τότε λέγει αὐτῷ ὁ Πιλᾶτος· Οὐκ ἀκούεις πόσα σου καταμαρτυροῦσιν;
    - Alors Pilate lui dit : " N'entends-tu pas combien de témoignages ils portent contre toi ? "
    καὶ οὐκ ἀπεκρίθη αὐτῷ πρὸς οὐδὲ ἓν ῥῆμα, ὥστε θαυμάζειν τὸν ἡγεμόνα λίαν.
    - Mais il ne lui répondit sur aucun point, de sorte que le gouverneur était dans un grand étonnement.
    Κατὰ δὲ ἑορτὴν εἰώθει ὁ ἡγεμὼν ἀπολύειν ἕνα τῷ ὄχλῳ δέσμιον ὃν ἤθελον.
    - Or, à chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu'ils voulaient.
    εἶχον δὲ τότε δέσμιον ἐπίσημον λεγόμενον Ἰησοῦν Βαραϐϐᾶν.
    - Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas.
    συνηγμένων οὖν αὐτῶν εἶπεν αὐτοῖς ὁ Πιλᾶτος· Τίνα θέλετε ἀπολύσω ὑμῖν, Ἰησοῦν τὸν Βαραϐϐᾶν ἢ Ἰησοῦν τὸν λεγόμενον χριστόν;
    - Donc, quand ils furent rassemblés, Pilate leur dit : " Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas ou Jésus dit Christ ?
    ᾔδει γὰρ ὅτι διὰ φθόνον παρέδωκαν αὐτόν.
    - Il savait, en effet, que c'était par jalousie qu'ils l'avaient livré.
    Καθημένου δὲ αὐτοῦ ἐπὶ τοῦ βήματος ἀπέστειλεν πρὸς αὐτὸν ἡ γυνὴ αὐτοῦ λέγουσα· Μηδὲν σοὶ καὶ τῷ δικαίῳ ἐκείνῳ, πολλὰ γὰρ ἔπαθον σήμερον κατ’ ὄναρ δι’ αὐτόν.
    - Pendant qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui envoya dire : " N'aie pas affaire avec ce juste; car j'ai été aujourd'hui fort tourmentée en songe à cause de lui."
    Οἱ δὲ ἀρχιερεῖς καὶ οἱ πρεσβύτεροι ἔπεισαν τοὺς ὄχλους ἵνα αἰτήσωνται τὸν Βαραϐϐᾶν τὸν δὲ Ἰησοῦν ἀπολέσωσιν.
    - Mais les grands prêtres et les anciens persuadèrent aux foules de demander Barabbas, et de réclamer la mort de Jésus.
    ἀποκριθεὶς δὲ ὁ ἡγεμὼν εἶπεν αὐτοῖς· Τίνα θέλετε ἀπὸ τῶν δύο ἀπολύσω ὑμῖν; οἱ δὲ εἶπαν· Τὸν Βαραϐϐᾶν.
    - Le gouverneur, prenant la parole, leur dit : " Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? " Ils dirent : " Barabbas. "
    λέγει αὐτοῖς ὁ Πιλᾶτος· Τί οὖν ποιήσω Ἰησοῦν τὸν λεγόμενον χριστόν; λέγουσιν πάντες· Σταυρωθήτω.
    - Pilate leur dit : " Que ferai-je donc de Jésus dit Christ ? " Tous dirent : " Qu'il soit crucifié ! "
    ὁ ⸀δὲ ἔφη· Τί γὰρ κακὸν ἐποίησεν; οἱ δὲ περισσῶς ἔκραζον λέγοντες· Σταυρωθήτω.
    - Il dit " Qu'a-t-il donc fait de mal ? " Et ils crièrent encore plus fort : " Qu'il soit crucifié ! "
    ἰδὼν δὲ ὁ Πιλᾶτος ὅτι οὐδὲν ὠφελεῖ ἀλλὰ μᾶλλον θόρυϐος γίνεται λαϐὼν ὕδωρ ἀπενίψατο τὰς χεῖρας ἀπέναντι τοῦ ὄχλου λέγων· Ἀθῷός εἰμι ἀπὸ τοῦ αἵματος τούτου· ὑμεῖς ὄψεσθε.
    - Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant : " Je suis innocent du sang de ce juste; à vous de voir ! "
    καὶ ἀποκριθεὶς πᾶς ὁ λαὸς εἶπεν· Τὸ αἷμα αὐτοῦ ἐφ’ ἡμᾶς καὶ ἐπὶ τὰ τέκνα ἡμῶν.
    - Et tout le peuple répondit : " Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! "





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    νέμω (futur νεμῶ, aor. ἔνειμα, parf. νενέμηκα) : distribuer, partager; attribuer.
    κοσμέω, -ῶ : mettre en ordre; arranger, mettre en bon ordre, disposer; répartir, distribuer.
    νέμων δὲ τοῖς μὲν ἰσχὺν ἄνευ τάχους προσῆπτεν, τοὺς δ’ ἀσθενεστέρους τάχει ἐκόσμει : dans cette distribution, il donna aux uns la force sans la vitesse; aux plus faibles, il attribue le privilège de la rapidité.


    ὁπλίζω (imparf. ὥπλιζον, aor. ὥπλισα, pl. q. parf. ὡπλίκειν) : appareiller, mettre en état.
    ἄοπλος, ος, ον : sans armes.
    ἄναιμος, ος, ον : qui n’a pas de sang.
    ἀλληλοφθορία, ας (ἡ) : destruction mutuelle.
    ὁπλή, ῆς (ἡ) : corne, sabot du cheval et de l’âne.
    σῴζω (futur σώσω, aor. ἔσωσα, qqf. ἔσῳσα, parf. σέσωκα) : mettre à l’abri d’un danger, préserver ou tirer d’un danger, sauver.
    ἂ δὲ ηὖξε μεγέθει, τῷδε αὐτῷ αὐτὰ ἔσῳζεν : ceux qu'il grandit en taille, il les sauve par là même.
    θρίξ, gén. τριχός, dat. pl. θριξί (ἡ) : poil; au plur. cheveux.
    δέρμα, ατος (τὸ) : peau écorchée; cuir.
    στερεός, ά, όν :  solide; ferme, dur; massif.
    καὶ ὑποδῶν τὰ μὲν ὁπλαῖς, τὰ δὲ θριξὶν καὶ δέρμασιν στερεοῖς καὶ ἀναίμοις : il donna en outre comme chaussures, soit des sabots de corne, soit des peaux calleuses et dépourvues de sang.



    εὐπορία, ας (ἡ) : facilité pour faire quelque chose, faculté de; facilité, aisance, commodité.
    κλοπή, ῆς (ἡ) : vol, larcin.
    κλοπῆς δίκη : poursuite pour vol.
    μετέρχομαι (futur μετελεύσομαι, aor.2 μετῆλθον, etc.) : aller vers; aller chercher; suivre, aller à la recherche de, poursuivre qqn, le châtier.
    ἐκ τούτου εὐπορία μὲν ἀνθρώπῳ τοῦ βίου γίγνεται, Προμηθέα δὲ δι’ Ἐπιμηθέα ὕστερον, ᾗπερ λέγεται, κλοπῆς δίκη μετῆλθεν : c'est ainsi que l'homme se trouve avoir en sa possession toutes les ressources nécessaires à la vie, et que Prométhée, par la suite, fut, dit-on, accusé de vol.

                          





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    Le lion et le taureau

    Λέων καὶ ταῦρος.


    Λέων ταῦρῳ παμεμγέθει ἐπιϐουλεύων ἐϐουλήθη δόλῳ αὐτοῦ
    περιγενέσθαι. Διόπερ πρόϐατον τεθυκέναι φήσας ἐφ' ἑστίασιν αὐτὸν
    ἐκάλεσε, βουλόμενος κατακλιθέντα αὐτὸν καταγωνίσασθαι. Ὁ δὲ
    ἐλθὼν καὶ θεασάμενος λέϐητάς τε πολλοὺς καὶ ὀϐελίσκους
    μεγάλους, τὸ δὲ πρόϐατον οὐδαμοῦ, μηδὲν εἰπὼν ἀπηλλάττετο. Τοῦ
    δὲ λέοντος αἰτιωμένου αὐτὸν καὶ τὴν αἰτίαν πυνθανομένου δι' ἣν
    οὐδὲν δεινὸν παθὼν ἄλογος ἄπεισιν, ἔφη· "Ἀλλ' ἔγωγε οὐ μάτην
    τοῦτο ποιῶ· ὁρῶ γὰρ παρασκευὴν οὐχὶ ὡς εἰς πρόϐατον, ἀλλ' εἰς
    ταῦρον ἡτοιμασμένην."

    Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τοὺς φρονίμους τῶν ἀνθρώπων αἱ τῶν πονηρῶν
    τέχναι οὐ λανθάνουσιν.
                                                                                                                                                                                                               Esope, fable 211


    παμμεγέθης, ης, ες : tout à fait grand, énorme.
    ἐπιϐουλεύω : former un projet.
    περιγίγνομαι (futur περιγενήσομαι, aor.2 περιεγενόμην, parf. περιγέγονα) : devenir maître de, surpasser, être supérieur, l'emporter.
    θύω (futur θύσω, aor. ἔθυσα, parf. τέθυκα : offrir un sacrifice.




    [211] LE LION ET LE TAUREAU.
    Un lion, qui tramait la mort d'un taureau énorme, projeta de s'en rendre maître par la ruse. Il lui dit qu'il avait sacrifié un mouton et l'invita au festin; son intention était de le tuer, quand il serait couché à table. Le taureau vint; mais apercevant force bassins, de grandes broches, mais de mouton nulle part, il s'en alla sans mot dire. Le lion lui en fit des reproches et lui demanda pourquoi, n'ayant souffert aucun mal, il s'en allait sans raison. Il répondit : « Ce n'est pas sans raison que j'en use ainsi ; car je vois des ustensiles comme on en prépare non pour un mouton, mais pour un taureau.»

    Cette fable montre que les gens sensés ne se laissent pas prendre aux artifices des méchants.





    Alcibiade de Platon
    (quelques extraits)