scriniarius
scrinium



SCRINIARIUS, SCRINIUM. - A l'origine, le mot scrinium signifie proprement une boîte (cana), ou une armoire (armarium) qui contient les objets précieux et surtout les papiers, les documents. C'est ainsi que sur le scrinium et sur les rouleaux déposés au pied de la statue du patron ou secrétaire d'une corporation on peut lire l'inscription constitutiones corporis munimenta, qui désigne les statuts ou privilèges.

Par une extension naturelle, il a désigné rapidement un local d'archives (archivum, tabularium), les archives elles-mêmes de l'Empereur, un bureau, un office, une administration impériale.

Les quatre bureaux de la chancellerie impériale, désignés sous le Haut-Empire, ab epistulis, a libellis, a cognitionibus, a memoria, au Bas-Empire epistolarum, memoriae, libellorum et probablement dispositionum, constituent des 
scrinia dont les chefs s'appellent, au IVème siècle, les magistri scriniorum. Au début, les scriniarii ne sont probablement que les employés attachés aux archives impériales.

Au Bas-Empire, les affaires des principaux fonctionnaires sont réparties en un certain nombre de scrinia qui ont généralement à leur tête le primiscrinius ou le primicerius de tout l'office ou un primiscrinius pour chacun d'eux. Outre les quatre bureaux de la chancellerie, les 
sacra scrinia, par excellence, on trouve des scrinia auprès : des maîtres de la milice à la cour de Constantinople, d'Orient, de Thrace et d'Illyrie, du maître de la cavalerie à la cour de Rome, des comites thesaurorum, des ducs, du castrensis d'Orient et d'Occident, des proconsuls d'Asie et d'Afrique; auprès du comes sacrarum largitionum en Orient et en Occident, au nombre de neuf : canonum, tabulariorum, numerariorum, aureae massae, auri ad responsum, vestiarii sacri, argenti, a miliarensibus, a pecuniis; auprès du comes rei privatae en Orient et en Occident au nombre de quatre : beneficiorum, canonum, securitatum, largitionum privatorum. Auprès des préfectures du prétoire il y a probablement autant de scrinia que de diocèses et en outre des bureaux accessoires; ainsi la préfecture d'Illyrie a deux bureaux pour la Macédoine et la Dacie, un scrinium operarum et un scrinium auri; Justinien établit dans la préfecture d'Afrique six bureaux, dont un pour les opera et pour l'arca; et il est question de scriniarii pour toutes les préfectures. Celle d'Orient a quatre bureaux pour les diocèses d'Asie, de Pont, de Thrace et d'Orient et, en outre, le scrinium urbis pour Constantinople, le scrinium operum et le scrinium armorum. On connaît d'autres bureaux auprès du préfet et du vicaire de Rome, et il y en a vraisemblablement dans la plupart des autres services. Chaque scrinium paraît avoir a sa tête soit un primicerius ou primiscrinius, soit un numerarius; et il comprend différents employés parmi lesquels sont les scriniarii. Ceux-ci constituent dans la plupart des services une schola spéciale qui fournit, selon les besoins, aux chefs des bureaux soit de simples employés, soit des aides (adjutores) ou des chartularii. Les scriniarii sont à la fois scribes et comptables; auprès des préfets du prétoire en toutes matières, mais surtout en matière d'impôts. Pour prévenir leurs fraudes et leurs concussions, une loi de 415 ne les laisse que trois ans dans cette fonction.

                                                                       Ch. LÉCRIVAIN.

                                                                                                                                                                                                                      

Dictionnaires des Antiquités Grecques et Romaines