feralia


FERALIA.— Pris dans sa signification la plus étendue, ce mot désigne les fêtes que l'on célébrait à Rome, durant le mois de février, en l'honneur des morts; au sens restreint, il s'applique spécialement au dernier jour de ces fêtes, c'est-à-dire au jour où les Mânes étaient l'objet d'hommages publics, offerts par la cité entière : c'est, à proprement parler, le jour des Morts dans la religion romaine. A s'en rapporter aux Fastes d'Ovide, qui pèchent plus d'une fois par inexactitude, ce jour tomberait le 17 février; il le faut cependant reculer jusqu'au 21, sur la foi des calendriers conservés et d'un passage des lettres de Cicéron; écrivant à Atticus le sixième jour avant les nones de mars, il lui dit Omnia ante Nones sciemus; eodem die video Caesarem a Corfinio post meridiem profectum esse, id est Feralibus. La période complète des fêtes, dont ce jour était la conclusion, commençait le 13 par la parentatio virginis Vestalis; les jours qui suivaient étaient destinés à honorer les morts à titre privé; on ne les appelait Feralia ou Ferales dies que par confusion; leur appellation propre est PARENTALIA. Le langage vulgaire et celui des poètes substituait les deux expressions l'une à l'autre; chez Ovide, il faut entendre ferales dies de la période entière qui va du 13 au 21, sens qu'il maintient plus loin à parentales dies. Ausone fait la même confusion en attribuant aux Parentalia la signification précise des Feralia. D'autres y ont même compris la journée du 22, qui était celle de CARISTIA ou CARA COGNATIO, fête de famille destinée à resserrer l'affection entre les vivants au lendemain des hommages rendus aux morts. Dans les calendriers les plus récents, sans doute sous l'influence d'idées philosophiques qui précisèrent la croyance à la divinisation des Mânes, les Feralia s'appellent Genialia et les jeux, dont la fête devient l'occasion, sont dénommés : ludi genialici.

L'étymologie du mot Feralia est incertaine, et la quantité de la première syllabe varie. On le dérivait tantôt de fero : a ferendis epulis; tantôt de ferio : a feriendis pecudibus. Ovide a adopté la première étymologie et abrégé la syllabe fe qui est longue partout ailleurs : Hanc quia justa ferunt dixere Feralia lucem, ultima placandis manibus illa dies. Le mot est certainement en rapport avec inferi; car on appelait inferiae le sacrifice offert aux Mânes.

Au temps d'Auguste, on attribuait l'institution des Feralia à Enée qui les aurait célébrés pour la première fois, afin de perpétuer le souvenir de son père Anchise; la légende raconte que, tombées en désuétude, les pratiques en furent rétablies à la suite d'une peste par laquelle les Mânes se seraient vengés de l'oubli où on les avait laissés. Elles furent dès lors parmi les plus chères à la piété des Romains. Durant les Feralia, toutes les affaires vaquaient, les temples étaient fermés et les autels éteints; on s'abstenait de contracter mariage. Les offrandes faites aux Mânes étaient les mêmes que celles du NOVEMDIALE, c'est-à-dire de la cérémonie accomplie le neuvième jour après les funérailles. Les morts se contentaient de peu, de quelques fleurs placées dans les débris d'un vase, de fruits très ordinaires et de grains de sel, ce qui n'excluait pas, pour les riches, le luxe d'offrandes plus distinguées. Il va de soi qu'il se mêlait aux honneurs rituels un fort élément de pratiques superstitieuses. Ovide prend occasion des Feralia pour décrire un sacrifice étrange fait au nom d'un groupe de jeunes filles, par une sorte de vieille sorcière, à Tacite ou à Huta, qui n'est autre que Lara ou Larunda, la mère des Lares; toutefois, ces pratiques se donnaient plus libre cours dans la célébration des LEMURIA. Il est aussi question de Feralia célébrés en décembre; Cicéron les fait concorder avec les modifications introduites dans le calendrier par le roi Numa.  
                                                                                                        J.-A. Hild
 

Dictionnaires des Antiquités Grecques et Romaines