deditio

La capitulation était à peu près le seul moyen pour les vaincus de sauver leurs personnes et leurs biens. Les Romains l'acceptaient assez souvent, sous le nom de deditio in fidem : c'était en principe une remise solennelle par le peuple vaincu (ou mis dans une situation d'infério­rité) de la totalité de ses personnes, de ses biens et de ses dieux, à la discrétion (« bonne foi ») du peuple romain. Ce dernier, en général, accomplissait immédiatement une redditio qui rendait aux déditices, outre la disposition de leurs personnes la plus grande partie de leurs biens, déduc­tion faite d'une portion (biens matériels ou territoires) prélevée par Rome.
                     Nicolet,  Le métier de citoyen dans la Rome républicaine 2° éd revue et corrigée Gallimard 1979 p. 160.

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Le but ultime de la guerre pour les Romains était la deditio in fidem des vaincus, par laquelle ceux-ci s'abandonnaient totalement à la bonne volonté et à la bonne foi des vainqueurs romains, leur laissant la libre disposition de leurs biens et de leur population. A cette deditio répondait la receptio in fidem de la part des autorités romaines. Notons que des cités qui n'étaient pas en guerre contre Rome pouvaient déclarer leur deditio in fidem si elles y trouvaient quelque avantage .
Et c'est ici que l'attitude romaine devient intéressante. Il est bien évident que, suivant le degré de résistance offert par l'ex-ennemi, elle variait d'abord de l'extrême sévérité à la mansuétude. On vendait donc une partie des vaincus comme esclaves, on puisait sans vergogne dans leurs biens, on confisquait des terres. Mais, ensuite, la cité vaincue était maintenue dans  ses cadres politiques, sociaux et religieux et conservait ses magistrats et institutions. Par contre, son autonomie en matière militaire et diplomatique lui échappait : c'était désormais Rome qui décidait en ces domaines essentiels. En échange, Rome lui assurait aide et protection, avantage non négligeable dans un environnement italien où la guerre était un état courant.
                    cf. :  http://www.locusdanielis.eu/CAHannBar.html

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Les gentes et la guerre

Les gentes ne se réduisent pas à être des groupes de parenté, la soumission des clients n'est pas seulement une soumission de nature filiale. La double formule de l'entrée en clientèle d'un individu et de sa réception par un patron - in fidem clientelamque venire - et - in fidem clientelamque recipere - est riche d'enseignements. M. Torelli a récemment souligné la forte similitude entre de telles expressions, et les formules de la soumission des vaincus à l'égard de leurs vainqueurs, depuis un passé très lointain : il n'est guère douteux que la deditio in fidem, après le combat, a fourni ses modèles à l'entrée en clientèle de ceux qu'avaient vaincu, dans la vie quotidienne, les revers de la Fortune.
                 La république des tribus... par Janine Cels-Saint-Hilaire